Bon carême avc Louis de Grenade!
14 avril
Vendredi saint |
Saint Chrysostome s'étonne que le bon larron, voyant le Sauveur partager son supplice, et n'apercevant dans son extérieur que du sang et des blessures, l'ait cependant appelé roi. C'est que ces blessures non méritées, mais endurées par l'innocent agneau pour le salut des hommes, comme le Saint-Esprit le révéla à cet heureux larron, furent pour lui un signe de dignité royale. De là ces mots que lui prête le même saint Chrysostome: «Je l'appelle roi, parce que je le vois crucifié; je l'appelle empereur, parce qu'il a donné sa vie pour nous.»
Ce n'est pas seulement de la royauté de Jésus-Christ, c'est aussi de sa divinité que la croix est le signe. Les Juifs disaient: «S'il est le Fils de Dieu, qu'il descende de la croix, et nous croirons en lui» (Mt 27, 40). Disons plutôt : S'il est le Fils de Dieu, qu'il ne descende pas de la croix, de peur qu'il ne laisse imparfait l'ouvrage de notre salut. Car il est de l'homme de se lasser, de faiblir, de s'arrêter, de reculer dans la carrière de la vertu; mais il est digne de Dieu de faire du bien aux hommes sans se fatiguer jamais, «d'atteindre avec force depuis une extrémité jusqu'à l'autre» (Sg 7, 1) et de ne se laisser effrayer par aucun obstacle. C'est ce que montre le supplice même de la croix, dans lequel notre Seigneur se laissa clouer les pieds et les mains, afin de ne pouvoir se servir ni de ses pieds pour fuir, ni de ses mains pour se défendre. Cette posture nous représente la constance de son cœur aussi ferme et inébranlable que son corps l'était au moyen des clous; et l'évangéliste a indiqué cette persévérance de son amour, lorsqu'il a dit: «Il les aima jusqu'à la fin.» D'où il suit que nous ne pouvons rien imaginer qui s'élève au-dessus de cette charité, soit que nous en considérions la constance et la grandeur, soit que nous considérions la multitude des bienfaits et des souffrances qui en ont découlé.
Ce n'est pas assez de reconnaître et d'adorer l'auteur de notre salut au milieu des opprobres qu'il a endurées. Nous devons imiter autant qu'il dépend de nous cet amour immense. Mais, me direz-vous, comment cela est-il possible? D'abord, comme Jésus-Christ notre Seigneur, malgré notre indignité, nous a aimés à ce point par déférence et par amour pour son Père, et a considéré non ce que nous méritions, mais ce que ce Père bien-aimé lui ordonnait, ainsi en pratiquant l'amour du prochain, ne considérons ni le mérite personnel, ni la parenté, ni l'amitié, ni l'intérêt, ni les services qu'on nous a rendus; ne nous laissons arrêter ni par la bassesse de la condition, ni par le tort qu'on nous a fait ni par les injures, ni par la mauvaise conduite; mais, passant par-dessus tout cela, ne voyant que le Seigneur, ne regardant que lui, sa majesté souveraine, ses lois saintes, ses bienfaits admirables, son immense charité à notre égard, aimons pour lui les hommes les plus vils et les plus indignes de notre amour. De même que Dieu le Père appelle à lui des indignes pour les enrichir de ses dons, et cela à cause de Jésus-Christ, embrassons par la charité chrétienne, à cause du même Jésus-Christ, les hommes les plus dégradés; car ce qu'ils n'ont pas mérité, Jésus-Christ le mérite. Si cette raison ne vous touche pas, de quel front demandez-vous le pardon de vos péchés à cause des mérites de Jésus-Christ, vous qui ne reconnaissez à ses mérites aucune valeur.
13 avril
Jeudi saint |
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Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin (Jn 13, 1).
Le saint évangéliste exprime en un seul mot la grandeur de la charité de Jésus-Christ, lorsqu'après avoir dit : «Comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde», il ajoute: «II les aima jusqu'à la fin.» En effet, ce mot jusqu'à la fin, emporte une idée de perfection et de plénitude. L'Apôtre dit en ce sens, à propos des esprits obstinés des Juifs: «La colère de Dieu est tombée sur eux jusqu'à la fin» (1Th 2, 16). C'est-à-dire, la colère de Dieu ne se reposera pas jusqu'à ce qu'elle ait tiré de leurs crimes une pleine vengeance, et qu'elle ait triomphé d'eux comme de ses ennemis. Voilà pourquoi dans certains psaumes, qui ont pour titre Jusqu'à la fin, quelques interprètes traduisent: Au vainqueur. Ce qui donne à entendre qu'il s'agit d'un chant triomphal, dans lequel on célèbre quelqu'insigne victoire de David ou de Jésus-Christ, ou les admirables bienfaits de ce divin Sauveur. En effet, ceux qui méditeront attentivement jusqu'où la charité de Jésus-Christ est allée en ce jour, n'auront pas de peine à comprendre quel triomphe complet la charité a remporté sur lui. Puisqu'elle l'a poussé aujourd'hui à laver les pieds de pauvres pêcheurs, et même du traître Judas, et à se donner en nourriture à nous tous, puisqu'elle le conduira demain à travers Jérusalem, les mains liées, comme pour étaler ses douleurs, ne peut-on pas dire qu'elle a triomphé de Celui qu'elle a ainsi vaincu, ainsi abaissé, ainsi contraint à tout souffrir pour le salut du genre humain? Ne voit-on pas dans ce tableau la puissance admirable et le triomphe de la charité? Lorsque les généraux romains, après avoir conquis des provinces et remporté des victoires, obtenaient les honneurs du triomphe, ils entraient dans la ville de Rome en grande pompe, et au milieu d'une foule innombrable; les rois qu'ils avaient vaincus marchaient enchaînés devant leur char. Zénobie elle-même, célèbre reine d'Asie, fut menée ainsi avec une chaîne d'or; et Cléopâtre, reine d'Egypte, pour échapper à cette honte, se fit mordre par un aspic. En outre, les étendards pris sur l'ennemi étaient traînés par terre et balayaient le sol. Tel était l'appareil du triomphe. En voyant donc, au saint jour de la passion, notre Seigneur chargé de chaînes, battu de verges, couronné d'épines, couvert de crachats, portant sa croix sur ses épaules déchirées, et marchant vers le Calvaire dans cet appareil, à travers Jérusalem, au milieu d'une foule innombrable, n'a-t-on pas sous les yeux autant d'indices d'un admirable triomphe de la charité sur lui?
Nous pouvons nous écrier ici avec saint Bernard: «Quoi de plus puissant que l'amour? Il triomphe de Dieu même. Quoi cependant de moins despotique? Qu'est-ce que cette force si habituée au triomphe, et si incapable de violence?» Dans ces paroles le saint docteur s'étonne de ce nouveau genre de puissance. Car si l'amour est ce qu'il y a de plus fort, ce n'est point par la violence physique, ni par les armes, c'est par une douce et suave influence qu'il triomphe et qu'il obtient d'un cœur aimant tout ce qu'il veut. Par quelle autre puissance Dalila obtint-elle de Samson ce que ni un père ni une mère n'avaient pu obtenir? Ce héros, que nulle armée ennemie n'avait dompté, fut vaincu par les larmes et par l'amour d'une épouse chérie. C'est donc l'admirable triomphe de la charité du Sauveur que saint Jean a voulu exprimer, quand il a dit que le Sauveur avait aimé ses disciples jusqu'à la fin.
11 avril
Chemin de croix avec Louis de Grenade
Le coup de lance donné au Sauveur
Comme s'il n'avait pas suffi à ces furieux soldats des tourments que le Sauveur avait soufferts avant de mourir, ils voulurent encore assouvir leur rage sur son cadavre. Jésus avait déjà rendu le dernier soupir, lorsqu'un des soldats lui perça d'un coup de lance la poitrine et il en sortit aussitôt du sang et de l'eau, pour le baptême et la purification du monde. Lève-toi, maintenant, épouse du Christ; place dans cette plaie ton nid, comme la colombe dans le creux des roches; mets là ta demeure, comme le passereau; caches-y tes petits.
Dans la loi mosaïque, le Seigneur avait ordonné qu'il y ait certaines villes où les malfaiteurs trouvent un asile. Dans la loi de grâce les endroits où doivent se réfugier les pécheurs sont les plaies sacrées du Christ. Ils y seront à l'abri des dangers et des persécutions du monde. Ce refuge, ils le trouveront particulièrement dans la plaie de son côté précieux. Elle était figurée par cette fenêtre latérale de l'arche qui devait y introduire les animaux dérobés aux eaux du déluge.
O vous qui êtes affligés par la tribulation, vous qui êtes battus par les eaux troubles et amères de ce siècle orageux, vous qui désirez la paix et le calme véritables, accourez vers cette issue, pénétrez dans cette arche de repos. La porte de ce côté adorable vous est ouverte. Qu'il soit votre retraite, votre demeure, votre paradis, votre temple, et le lieu de votre repos éternel.
La sépulture du Sauveur
Nous avons encore à considérer la piété et la compassion avec lesquelles on descendit de la croix le corps du Sauveur, les larmes et la douleur avec lesquelles sa tendre Mère le reçut dans ses bras, les regrets du disciple bien-aimé, de Madeleine et des saintes femmes; le soin avec lequel ou l'enveloppa dans un blanc linceul, on couvrit sa face d'un suaire et enfin on le déposa dans le jardin où était le sépulcre. C'est dans un jardin que commença la passion du Fils de Dieu; c'est dans un jardin qu'elle finit. C'est de la sorte qu'il expia la faute commise dans le jardin du paradis et qu'il nous ouvrit la porte du jardin du ciel.
O bon Jésus, si j'ai été iudigne d'assister corporellement à ces tristes obsèques, faites du moins que je les médite et que je m'en occupe dans mon cœur avec foi et amour, et que j'éprouve quelque chose de la compassion que votre innocente Mère et la bienheureuse Madeleine ont ressenti en ce jour.
9 avril
Dimanche des Rameaux Sermon de Louis de Grenade |
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Dès que notre Seigneur approcha de la ville, une grande foule, qui avait entendu parler de la résurrection de Lazare, et que ce prodige avait remplie d'admiration, s'avança au -devant de lui avec de tels sentiments de respect que les uns étendaient leurs habits sur la route, «les autres coupaient des branches d'arbres et les jetaient dans le chemin; et tous ensemble, tant ceux qui allaient devant lui, que ceux qui le suivaient, criaient: Hosanna au fils de David, etc.» Ce que voyant, les enfants suivirent l'exemple de leurs pères et se mirent à crier avec eux: «Hosanna au fils de David.» On voit par là combien les exemples des pères influent sur les enfants. Il est dans la nature que les fils prennent pour règle ce qu'ils remarquent dans la conduite de leurs parents. Comme ils prennent leur langage en les entendant parler, ils prennent leur genre de vie en les voyant agir. S'ils les voient prier, ils prient; s'ils les voient faire l'aumône, ils la font eux-mêmes; si au contraire ils les voient se livrer au jeu, au parjure, à des imprécations contre les serviteurs, ils en font autant: c'est pourquoi des parents pieux doivent s'efforcer, dans l'intérêt de leurs enfants, comme dans le leur propre, de se maintenir dans le devoir, et surtout de ne parler qu'avec mesure.
Au reste les Pharisiens, aveuglés selon leur habitude par la lumière même et aiguillonnés par l'envie, n'eurent pas plutôt entendu les enfants et les disciples pousser des acclamations en l'honneur du Sauveur, qu'ils lui demandèrent: «Entendez-vous bien ce qu'ils disent?» Et il leur répondit: «N'avez-vous jamais lu que Dieu tire la louange la plus parfaite de la bouche des petits enfants et de ceux qui sont à la mamelle?» Passage emprunté au Psalmiste et qui signifie que la bonté divine éclate si vivement dans l'œuvre de la rédemption, que non seulement les adultes, mais les enfants eux-mêmes, poussés par le Saint-Esprit, la célébreraient par leurs acclamations. Le Sauveur ajouta: «Je vous déclare que si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes crieront.» Quoique ces paroles paraissent n'être qu'une figure destinée à montrer la grandeur du bienfait du salut, elles ne laissent pas d'être vraies, car dans la passion les pierres se fendirent et proclamèrent ainsi, autant qu'elles le purent, l'immensité de ce bienfait. Pour la célébrer dignement, les prophètes ont coutume de faire appel aux fleuves, aux montagnes, aux collines et aux forêts. Ils font comprendre par là ce que Dieu a fait pour les hommes dans la rédemption et ce que les hommes, sauvés et rachetés de cette manière, doivent à Dieu.
En effet, comme dit saint Augustin, telle est l'immensité de ce bienfait, qu'en comparaison de lui, tous les autres, si nombreux et si grands, dont le Seigneur nous comble, semblent perdre en quelque sorte leur éclat et leur dignité. C'est ce que Dieu lui-même atteste en ces termes par l'organe de Jérémie : «Le temps vient, dit le Seigneur, qu'on ne dira plus: Vive le Seigneur qui a tiré de l'Egypte les enfants d'Israël, mais: Vive le Seigneur qui a tiré et qui a ramené les enfants de la maison d'Israël de la terre d'aquilon et de tous les pays où je les avais exilés». Tous les interprètes disent que ces paroles doivent s'entendre, non de la délivrance de la captivité de Babylone (qui ne peut être comparée pour la grandeur des prodiges avec la sortie d'Egypte), mais de la délivrance de l'esclavage du démon, dont la captivité de Babylone était la figure. Quand le Seigneur délivra de cette dernière les enfants d'Israël, ils chantèrent ce cantique: «Lorsque le Seigneur a fait revenir ceux de Sion qui étaient captifs, nous avons été comblés de consolations.»
7 avril
Chemin de croix avec Louis de Grenade
La crucifixion du Sauveur
Considérez les sept paroles que Jésus prononça sur la croix. Les dernières paroles qui sortent de la bouche des hommes au moment de quitter la vie, attirent d'ordinaire une attention spéciale et obtiennent un souvenir particulier, surtout lorsqu'elles sortent de la bouche de nos parents, de nos amis ou de personnages illustres. Si donc Jésus, le sage, l'ami, le père par excellence, a prononcé quelques paroles à son heure dernière, il est juste que nous, ses enfants spirituels, les gravions dans notre mémoire et les observions durant toute la vie. Admirez la charité avec laquelle il recommande ses ennemis à son Père, la miséricorde avec laquelle il accueille la confession du bon larron, la tendresse avec laquelle il confie sa mère à son disciple chéri, l'ardeur avec laquelle il désire le salut des hommes, l'accent de douleur avec lequel il offre sa prière et exprime ses angoisses en présence de Dieu, l'obéissance parfaite avec laquelle il suit jusqu'à la fin la volonté de son Père, et enfin la résignation avec laquelle il remet son esprit entre ses mains bénies.
L'on voit assez par là que chacune de ses paroles renferme une leçon particulière de vertu. La première nous enseigne la charité envers nos ennemis; la seconde, la miséricorde envers les pécheurs; la troisième, la tendresse envers nos parents; la quatrième, le désir du salut du prochain; la cinquième, la prière dans les tribulations; la sixième, la persévérance dans l'obéissance; la septième, la parfaite résignation entre les mains de Dieu, qui renferme l'abrégé de toute la perfection.
Le Sauveur meurt sur la croix
En prononçant cette dernière parole, le Sauveur consomma avec sa vie l'œuvre de notre rédemption et la tâche d'obéissance qui lui avait été confiée. Fils soumis, il inclina la tête, et l'écartant du titre pompeux qui surmontait la croix, il rendit l'esprit dans le sein de son Père. Aussitôt le voile du temple se déchira en deux parties, la terre trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres furent ouverts. Le plus beau des enfants des hommes, les yeux éteints, le visage couvert de la pâleur de la mort, venait de s'offrir pour nous comme un holocauste d'une agréable odeur, et de détourner la colère divine de notre tête. O Père saint, jetez les yeux des profondeurs de votre sanctuaire sur la face de votre Christ. Regardez la victime sacrée que ce Pontife suprême vous offre pour nos péchés.
Considère aussi de ton côté, homme racheté par ce sacrifice, la dignité de celui qui est pendu à cette croix. Sa mort ressuscite les morts, les cieux pleurent son trépas, les pierres et les éléments sont sensibles à ses douleurs. Et toi, ô cœur humain, tu seras plus dur que ces rochers si, en présence d'un tel spectacle, tu es inaccessible au sentiment de la crainte, et aux émotions de la compassion et de la piété.
4 avril
Chemin de croix avec Louis de Grenade
Le Sauveur porte sa croix sur ses épaules
Aucune des espérances de Pilate ne fut justifiée, et il finit par ordonner la mort de l'innocent. Afin que rien ne manquât à ses souffrances, les ennemis de Jésus exigèrent qu'il porte lui-même la croix sur laquelle il allait mourir. Ils prennent donc ce bois long de quinze pieds et en chargent ses divines épaules. Peu leur importe qu'il soit exténué par les douleurs de la nuit passée et du jour présent, qu'il ait perdu une grande partie de son sang, et qu'il ait à peine la force de se tenir debout et de porter son propre corps: ils n'hésitent pas un moment à l'accabler de ce pesant fardeau. Voilà encore un genre de cruauté inouïe parmi les hommes. C'est un usage à peu près général de dérober à la vue des condamnés les instruments de leur supplice. On bande les yeux de celui qui doit perdre la tête, afin qu'il ne voie pas l'épée dont il va être frappé. Mais ici, loin d'éloigner des yeux du Sauveur la croix où il sera doué, on en charge ses épaules; de telle sorte qu'il souffre en son âme, par la perspective des horreurs dont elle lui offrait la perspective, et en son corps qui est accablé sous le faix. Nous ne lisons pas dans l'Evangile qu'on ait assujetti au même traitement les deux larrons condamnés au même supplice. Sans doute que cette différence était destinée à déclarer que le crime du Sauveur était en proportion de son châtiment, ajoutant ainsi une nouvelle injure à tant d'autres injures.
O bon Jésus, qui me donnera de pouvoir vous être de quelque utilité dans cette voie laborieuse! Pendant la nuit entière, vous avez veillé; et vos barbares persécuteurs n'ont cessé de vous rassasier de traitements brutaux et ignominieux. Et après un si long martyre, après avoir perdu des ruisseaux de sang sous le coup des fouets, on ose vous obliger à porter sur vos faibles épaules, la croix qui doit servir à votre sacrifice! O corps si délicat de mon Sauveur, de quel poids êtes-vous chargé? Où allez-vous, Seigneur, avec ce fardeau? Que marquent ces douloureux insignes? Quoi! c'est vous-même qui portez l'instrument de votre passion! Regarde, ô mon âme, ton Rédempteur sur le chemin du Calvaire: regarde la lourde charge sous laquelle il est courbé. Tu es toi-même une partie de cette charge; car tu l'aggraves par tes péchés dont un seul pèse plus que le monde entier. Rends grâces au bon pasteur qui porte ainsi sur ses épaules et ramène au bercail la brebis égarée.
Le Sauveur rencontre sa mère
Ici s'offre encore une circonstance non moins douloureuse, je veux parler de la rencontre et de l'entrevue de Marie et de son divin Fils. On montre encore aujourd'hui à Jérusalem, l'endroit où cette entrevue se passa. Quelle langue expliquera l'immense douleur dont Jésus fut pénétré quand il aperçut sa mère bénie, et qu'il vit son cœur maternel percé d'un glaive de douleur! Il aimait tant sa mère, et elle méritait tant d'être aimée! Et le cœur si tendre de la sainte Vierge qu'éprouva-t-il à la vue de cet innocent Agneau abandonné à une troupe de loups ravissants, une couronne de douleurs sur la tête, courbé sous un effrayant fardeau, le visage défait et trahissant par sa pâleur les plus horribles souffrances, et par-dessus tout cela condamné publiquement à subir le supplice de la croix. Oh! c'est alors que se représentèrent à sa pensée les prédictions de saint Siméon, et qu'elle expérimenta les tortures que le vieillard lui avait annoncées! Que sont devenues, Vierge bénie, ces promesses de l'ange: «II sera grand et il sera appelé le Fils du Très-Haut, et le Seigneur lui donnera le trône de David son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob» (Lc 1, 32). Où est ce royaume? Où est ce diadème? Où est ce trône de la maison de David?
Apprenons ici, nous tous qui avons mis notre confiance dans le Seigneur, à attendre avec patience et longanimité l'accomplissement de ses promesses. Comme le disait un prophète, que celui qui espère ne se presse pas. En cet exemple-ci comme en bien d'autres, Dieu nous montre qu'il diffère quelquefois d'accorder ce qu'il a promis, et conséquemment que l'on a tort de perdre courage parce que l'on éprouve du retard à obtenir ce que l'on désire. Il avait promis à David la royauté; et avant de la posséder ce prince dut traverser de grandes épreuves (1 R 16; 2 R 1-2). De même il différa de donner au règne du Christ, véritable Seigneur et monarque de la maison de David, l'étendue et la magnificence qu'il devait avoir dans son Eglise. De là cet avis du prophète: «II paraîtra à la fin, et il ne trompera pas. S'il tarde un peu, attendez-le; car il viendra certainement, et il ne saurait différer» (Ha 2, 3). Nous recevons le même conseil de l'Apôtre dans son épître aux Hébreux, et à bon droit parce que l'espérance ne se soutiendrait pas si elle cessait d'avoir pour base la patience (He 6; 11; 12).
Suis donc, ô mon âme, avec la Vierge, le Sauveur dans ce douloureux chemin.
2 avril
Cinquième dimanche de Carême Sermon de Louis de Grenade |
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«Jésus fut ému en lui-même, et se troubla, et il dit: Où l'avez-vous mis? Ils dirent: Seigneur, venez et voyez. Et Jésus pleura.» Pourquoi, mes frères, des sentiments si opposés en apparence? Le trouble est un signe d'irritation, les larmes sont un signe de sensibilité et de tendre pitié. Comment donc se fait-il que le Sauveur se trouble et pleure en même temps? C'est, je crois, pour nous montrer que l'indignation des bons contre les méchants doit être tempérée par le sentiment de la miséricorde et de la compassion. Vous connaissez, sans doute, cette mémorable parole de saint Grégoire que «la vraie piété est compatissante, et la fausse sans pitié. Les justes, en effet, tout en cédant à la légitime indignation que leur inspirent les crimes si nombreux des méchants, ne se défendent jamais d'un sentiment de pitié, ils s'affligent du sort misérable de ceux qui violent si facilement les préceptes de la loi divine, et jamais le sentiment d'indignation qu'ils éprouvent, ne va jusqu'à leur faire oublier que si Dieu les abandonnait un seul instant, eux aussi tomberaient inévitablement dans les mêmes fautes. Car ils ont ce conseil de l'Apôtre profondément gravé dans leur cœur : «Mes frères, si quelqu'un est tombé par surprise en quelque péché, vous autres qui êtes spirituels, ayez soin de le relever dans un esprit de douceur, chacun de vous faisant réflexion sur soi-même, et craignant d'être tenté aussi bien que lui.»
Mais nous ne signalons qu'en passant ce point de vue, et nous avons à pénétrer plus avant dans les raisons pour lesquelles le divin Sauveur a pleuré. Car, assurément, ce n'est pas sans sujet ou pour peu de chose que le Maître de toutes choses a répandu des larmes. L'homme pleure souvent pour rien; «il s'inquiète et se trouble inutilement», dit le Prophète; mais il n'est pas possible d'admettre qu'il en soit de même du Fils de Dieu, c'est-à-dire de la souveraine Sagesse, lui qui, au milieu des douleurs de la flagellation et du couronnement d'épines, n'a pas même versé une larme!
La sainte Ecriture nous apprend que le Sauveur a pleuré dans trois circonstances seulement: la première fois, lorsque Marthe lui apprit en quel lieu on avait mis Lazare; la seconde lorsque, voyant Jérusalem, il prédit la ruine prochaine de cette malheureuse ville; la troisième enfin, lorsque, au moment de consommer son sacrifice sur la croix, il poussa un grand cri. Voilà bien l'amour du Fils de Dieu, mes frères! Jamais il ne pleure pour ses propres douleurs, souvent il pleure pour les nôtres.
Afin de mieux comprendre encore le motif de ces larmes divines, il faut savoir que les sages diffèrent des insensés sur bien
des points, mais surtout en ce que ceux-ci ne voient les choses qu'à la surface, c'est-à-dire telles qu'elles leur apparaissent, tandis que ceux-là pénètrent jusqu'au fond, et partent de ce qu'ils voient pour arriver à ce qu'ils ne voient pas, remontant ainsi des effets aux causes. Dans le cas dont il s'agit aujourd'hui, le Sauveur entendant parler de mort et d'ensevelissement, arrêta tout de suite sa pensée sur le péché qui est la cause de la mort, la vraie raison de ce châtiment terrible. Car par la malice du démon, «le péché est entré dans le monde, et la mort par le péché.» Lors donc qu'on lui eût montré le lieu où le mort avait été enterré, il eut aussitôt à l'esprit le terrible anathème porté contre le premier homme à cause de son péché: «Vous êtes poussière, et vous retournerez en poussière.»
Saint Pierre Chrysologue explique de la même manière les larmes du Sauveur: «En faisant, dit-il, cette question aux sœurs du mort: "Où l'avez-vous mis?" le Sauveur leur demandait la foi et il leur donnait la science. Il apprenait à tous ceux qui étaient là, que la mort, que le tombeau, que la corruption, que la pourriture, que la puanteur, sont entrés dans le monde, non par la volonté de Dieu, mais par le péché de l'homme. Car en disant: "Où l'avez-vous mis?" il accuse, il condamne les pieuses femmes, comme s'il disait: Celui que j'avais placé dans le paradis terrestre, dans la région de la vie, voilà donc où vous l'avez mis! S'il fait, en effet, cette question, ce n'est pas qu'il ignore où l'on a mis Lazare, lui qui sait tout ce que recèlent les entrailles de la terre.» Ainsi parle saint Pierre Chrysologue.
Les sœurs de Lazare et les Juifs pleuraient, celles-ci un frère, ceux-là un ami. Mais le Sauveur ne pouvait pas s'affliger pour ce motif, puisqu'il allait arracher Lazare à la mort, comme si elle n'était qu'un sommeil. Ce n'est pas la mort de ce juste qui tire des larmes de ses yeux; elle était précieuse devant Dieu, et ne pouvait être un sujet d'affliction; mais la mort étant la tille aînée du péché, l'effet du péché, il reconnaît la cause dans l'effet, lamère dans la fille, c'est-à-dire, le péché d'où est venu la mort. Il pleure donc sur cette double misère de l'homme, le péché et la peine du péché; et il voit dans la laideur de la mort la laideur du péché qui en est la cause. Quoi de plus hideux qu'un cadavre? de plus repoussant que son aspect? de plus contagieux que l'odeur qu'il répand? Eh bien! c'est dans ce miroir fidèle, que le Sauveur a reconnu le péché, et il en a eu horreur. Car de même que dans les choses corporelles il n'est rien de plus affreux que la rnort; de même dans les choses spirituelles, dont la nature est bien plus élevée, le péché est tout ce qu'il y a de plus épouvantable et de plus horrible; et si les méchants le commettent avec une si grande facilité, c'est que le prince de ce monde, le démon, les a frappés d'aveuglement. En tout cela, mes frères, il y a bien de quoi faire répandre des larmes, même à l'auteur de la vie et du salut.
31 mars
Chemin de croix avec Louis de Grenade
L'Ecce homo
Pilate ayant reconnu clairement l'innocence de Jésus, et voyant que sa condamnation avait pour cause unique la haine de ses ennemis, cherchait toute sorte d'expédients afin de le délivrer de leurs mains. 11 lui sembla qu'il suffirait de le présenter au peuple dans l'état horrible où il se trouvait, pour toucher tous les cœurs de compassion et apaiser leur furie. O mon âme, tâche, toi aussi, d'assister à ce douloureux spectacle, et regarde attentivement dans quel état s'offre aux regards du peuple ce Sauveur, la splendeur même de la gloire du Père, la parfaite image de sa substance.
Vois sa confusion de paraître devant une telle foule, les épaules couvertes d'un manteau dérisoire, les mains attachées, la couronne d'épines sur la tête, un roseau en sa main, le corps brisé par la flagellation, ensanglanté et souillé de mille manières. Contemple sa divine face, meurtrie de coups, salie par les crachats, déchirée par les épines, ruisselant d'un sang frais et vermeil et couverte aussi d'un sang noir et livide. Et comme l'usage de ses mains lui était refusé, ses yeux dégouttants de sang et de larmes étaient en quelque façon aveuglés et ne formaient qu'une masse de chair. En un mot tel était son aspect que, loin de paraître ce qu'il était, il n'avait même pas la figure d'un homme. C'était un tableau de douleurs digne de la main de ses bourreaux et de ce mauvais juge qui comptait sur l'excès de ses souffrances pour fléchir ses ennemis.
La comparaison du Sauveur avec Barabbas
On avait coutume aux fêtes de Pâques de faire grâce à quelque condamné à mort. Afin de l'arracher à une condamnation capitale, Pilate désigna au peuple Jésus et en même temps Barabbas, malfaiteur insigne qui, dans une sédition dont il était fauteur, avait commis quelque homicide. Sans doute il se flattait que l'on n'hésiterait pas à préférer le Sauveur à ce criminel dont tout le monde devait désirer l'exécution. Il fallait être trop insensé, trop aveugle pour juger ce séditieux plus digne de conserver la vie que Jésus le plus doux des hommes. Voilà comment ce malheureux juge pensait délivrer l'innocence.
Considérez ici l'extrême humilité du divin Maître qui daigne être comparé à Barabbas et lui disputer publiquement la faveur de conserver ses jours. Il ne s'arrêta pas là. Dans cette comparaison ce fut lui qui fut condamné; ce fut Barabbas qui fut absous. Qui ne sera pas épouvanté en quelque sorte de cet abaissement du Fils de Dieu? Je n'égalerai même pas à cet abaissement l'abaissement de la croix. S'il fut attaché à la croix entre deux malfaiteurs, c'était comme l'un de leurs pareils. Mais ici, on le compare à un malfaiteur et le résultat de cette comparaison prononcé et acclamé par le peuple déclare Jésus pire que Barabbas. O Roi de gloire, quelle sera donc la limite de votre humilité, la limite de votre patience, la limite de votre charité? Dites-moi ce qu'il faut penser d'un orgueil qui a eu besoin d'un tel remède, et que néanmoins vous ne guérissez pas? Dites-moi le cas qu'il faut faire des jugements du monde, en voyant comment il s'est prononcé dans cette cause, et dans la cause des apôtres, des prophètes et des martyrs, qu'il a injustement condamnés? Que vous surpreniez un de vos serviteurs en flagrant délit de mensonge, et vous n'ajouterez plus foi à ses paroles; et vous jugez, parce qu'il vous a déjà menti, qu'il vous mentira toujours. Appliquez au monde la même règle, et après tant d'injustes sentences sorties de sa bouche, appréciez la confiance qu'il mérite. Voyez comment il a jugé tant de saints; voyez surtout le jugement odieux qu'il fait du Verbe éternel, en l'estimant au-dessous de Barabbas. Il devrait certainement nous suffire de cet exemple pour fermer les yeux et les oreilles aux actes et aux paroles de ce monstre à plusieurs têtes, dont les sentences ne respirent que fureur, aveuglement et folie.
28 mars
Chemin de croix avec Louis de Grenade
La flagellation du Sauveur
Les soldats - ministres du mal - accourent, enlèvent à Jésus ses vêtements, l'attachent à une colonne, et font pleuvoir sur sa chair mise à nu une frêle de coups. Aucun traitement ne pouvait être à la fois plus douloureux et plus infamant. Ce traitement qui n'était jamais infligé aux personnes honorables et nobles, était réservé aux esclaves, aux voleurs, aux malfaiteurs publics. C'est pourquoi à Rome, on avait porté une loi qui défendait de battre de verges un citoyen romain quel que fût son crime, tant ce châtiment paraissait bas et honteux! Aussi le grand Cicéron, pour faire ressortir la tyrannie d'un juge, rapportait qu'il avait fait battre un citoyen, lequel au milieu des coups s'écriait: Je suis citoyen romain. Mais quelle autre indignité présente ce même traitement infligé au maître de l'univers! Quelle indignité, ô mon âme, de le voir lié à une colonne et flagellé comme le dernier des criminels! Quels devaient être les sentiments des anges lorsque ce grand Dieu dont ils connaissaient clairement la majesté souffrait ces ignominies? O mon souverain Roi, quel est donc ce châtiment, quelle est donc cette expiation? Quel crime avez-vous commis, ô mon Seigneur, pour être ainsi puni? Ah! ce sont mes crimes et non les vôtres qui vous ont attiré cette flagellation. De même que par un effet de votre charité immense, vous avez pris notre humanité, vous avez pris en même temps les obligations et les dettes qui lui étaient imposées; et c'est pour les payer que vous avez enduré ces tourments. Ils me montrent clairement qui vous êtes, et qui je suis; qui je suis, parce que mes péchés les avaient mérités; qui vous êtes, parce que vous en avez pris tout le faix.
Et maintenant, regarde, malheureux, toi qui es la véritable cause de ces tortures, combien de raisons t'excitent à aimer, à craindre un si bon Maître, à mettre ta confiance en lui, et à compatir à ses souffrances; à l'aimer, puisqu'il a tant souffert pour toi; à le craindre, puisqu'il châtie si rigoureusement sur lui-même des péchés qu'il n'a pas commis; à mettre en lui toute confiance, puisqu'il nous offre une rédemption et une satisfaction si abondantes; à compatir à ses souffrances, puisqu'elles ont été si nombreuses et si cruelles.
Le couronnement d'épines
Au tourment de la flagellation succéda un tourment non moins injurieux, celui du couronnement d'épines. Les soldats de Pilate refaisant un jeu des tortures du Sauveur, tressèrent une couronne d'épines et la lui mirent sur la tête, tant pour accroître ses douleurs que ses ignominies. De ces épines, les unes se rompaient en pénétrant dans la tête du divin Maître, d'autres pénétraient jusqu'aux os et brisaient en plusieurs endroits l'enveloppe du cerveau. Non contents de ce traitement outrageant, ils le revêtirent d'un vieux lambeau de pourpre, ils lui mirent en guise de sceptre un roseau dans la main; et fléchissant le genou, ils couvraient son visage de crachats et de coups; puis, avec le même roseau qu'il avait en sa main, ils lui frappaient la tête en lui disant: Je te salue, roi des Juifs. Il ne semble pas possible que des inventions si cruelles aient pu sortir d'un cœur humain. On aurait beau traiter ainsi le plus mortel de ses ennemis que l'on serait soi-même attendri. Mais c'était le démon qui inspirait ces raffinements d'atrocité, et un Dieu qui les souffrait: et si la haine et la malice de l'un ne se déclaraient satisfaites par aucun genre de torture, l'amour et la tendresse de l'autre n'exigeaient pas de moindres épreuves.
Déterminer ce qui l'emporte de la douleur ou de l'affront que le Sauveur reçut en ce moment, je ne le saurais. Nous voyons tous les jours mettre des couronnes sur la tête des malfaiteurs en signe d'ignominie. Du moins si ces couronnes infligent le déshonneur, elles ne font pas couler le sang et elles ne causent pas de souffrances. Mais enfoncer une couronne d'épines dans la tête, de manière à déshonorer et à tourmenter à la fois, qui jamais a été le témoin ou a oui parler d'un spectacle semblable ? Ce n'est pas assez pour ces âmes basses et féroces des tourments usités et connus à toutes le» époques du monde; il leur faut des tourments nouveaux et inconnus, qui unissent la souffrance au déshonneur. Que dirai-je des autres traitements qui servirent, pour ainsi parler, d'assaisonnement à ce dernier déjà si amer par lui-même? Que dirai-je de ce manteau royal jeté sur les épaules de notre Rédempteur, de ce roseau mis en sa main, de ces genoux fléchis devant lui, des coups qu'on lui donne sur la tête et sur le visage? Où a-t-on jamais vu un amusement si ingénieux de cruauté et de barbarie ? Nous ne lisons rien de pareil dans les récits où il est question des combats des martyrs, et des supplices des grands criminels. Les uns et les autres ont été quelquefois marqués par une cruauté des plus ingénieuses ; mais nulle part elle n'est arrivée au point où nous la voyons dans la passion du Sauveur.
Mais il convenait qu'il en fût ainsi dans l'œuvre de notre salut. Satisfaisant pour les péchés des hommes, Jésus expiait par la grandeur de ses souffrances la multitude de nos plaisirs, et par ses ignominies notre orgueil insatiable. Sa charité et sa bonté sont telles qu'il ne se contente pas simplement de mourir pour nous. 11 choisit la mort la plus amère, la plus ignominieuse, la plus déshonorante : et afin que notre rédemption soit encore plus abondante, il veut que sa mort soit précédée et accompagnée des traitements les plus affreux. Une raison qui montre également en ceci l'effet de la charité et de la bonté immense de notre Sauveur, se tire de la différence prodigieuse qui existait entre son amour et la haine du démon à notre égard. Si la haine de l'un l'a conduit à découvrir des genres de torture inouïs, l'amour de l'autre l'a conduit non-seulement à les souffrir, mais encore à les désirer.
26 mars
Quatrième dimanche de Carême L'aveugle-né Sermon de Louis de Grenade |
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Devant la guérison de l'aveugle-né, les Pharisiens de la loi exprimèrent divers avis, tour à tour admirateurs du miracle, envieux de la gloire du Christ, acharnés à le déprécier, et se plaignant hypocritement de la violation du sabbat.
Pendant qu'ils restent plongés dans d'épaisses ténèbres, notre pauvre aveugle devient si clairvoyant, que non seulement il possède pour lui-même, mais qu'il découvre aux autres la lumière de la foi et de la sagesse. Le raisonnement qu'il fait aux Pharisiens est des plus judicieux et des plus solides: «II est surprenant que vous ne sachiez pas d'où il est, lui qui m'a ouvert les yeux; nous savons que Dieu n'exauce point les pécheurs; mais celui qui l'honore et qui fait sa volonté, c'est celui-là qu'il exauce. Jamais on n'a ouï dire que personne ait ouvert les yeux à un aveugle-né. Si cet homme n'était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.» Assurément, la conclusion est on ne peut plus rigoureuse et plus certaine. Mais les Pharisiens fermèrent encore les yeux à l'éclat de cette lumière, et leur aveuglement n'en devint que plus profond et plus coupable.
Laissons donc les Pharisiens, mes frères, et considérons la foi admirable de l'aveugle. Le miracle de sa guérison l'avait si solidement établi dans la foi en Jésus-Christ, que malgré les protestations et les malédictions du sénat tout entier des Juifs, il persista inébranlablement dans la vérité qui lui avait été révélée, et que non seulement il la «crut de cœur pour être justifié, mais qu'il la confessa de bouche pour obtenir le salut» (Rm 10, 10). 11 ne faut donc pas s'étonner que ceux qui ont eu le bonheur de recevoir l'abondante lumière de la grâce divine, après avoir longtemps vécu dans les ténèbres du péché, se trouvent par la vertu de ces dons précieux solidement établis dans la foi. Nous ne pouvons douter que la lumière de l'âme ne surpasse en valeur et en éclat la lumière du corps: si donc l'aveugle de l'évangile, qui n'a reçu que la lumière du corps, a été par là fortifié dans la foi, que ne doit pas attendre celui qui, ayant longtemps vécu dans les ténèbres de l'iniquité, a le bonheur de recevoir, malgré l'abus qu'il en avait fait une première fois, l'ineffable lumière de la grâee. Eclairé des rayons de cette lumière nouvelle, il se sent tellement transformé dans tout son être intérieur, dans toutes ses inclinations, que c'est à ses yeux un véritable miracle, dont l'effet est d'augmenter et d'affermir en lui la foi. Lui qui avalait l'iniquité comme l'eau et qui, sans motif comme sans remords, se précipitait tête baissée dans l'abîme du péché, le voilà maintenant si différent de lui-même, que s'il avait à choisir entre un péché mortel et tous les supplices des martyrs, il n'hésiterait pas un instant à accepter tous les supplices plutôt que de commettre un seul péché. A quoi donc attribuer un changement si admirable, sinon à la lumière de la grâce de Dieu? Cette lumière, qui est celle de l'Esprit Saint avec ses dons et ses fruits, lui découvre la malice et la laideur du péché, qu'on ne peut pas voir quand on est aveugle, et le lui fait haïr. Car il n'est pas possible que connaissant la malice du péché, il ne le haïsse pas, la haine naissant dans le cœur, de la connaissance du mal, comme l'amour de la connaissance du bien. Il sent qu'il aime toutes les choses qui ne lui inspiraient que du dégoût, et qu'il méprise et dédaigne celles pour lesquelles il se passionnait. Rien ne pèse autant à l'homme charnel et esclave du péché, que la prière, les saintes lectures, la méditation, le silence, la solitude, le jeûne, et toute espèce de commerce avec Dieu: et tout cela est devenu pour lui plein de charmes et de douceur, en sorte qu'il peut s'écrier avec le Prophète: «Que tes paroles me sont douces, plus douces que le miel ne l'est à ma bouche!» (Ps 118, 103). De même, il n'avait auparavant d'autre pensée, d'autre souci, d'autre jouissance que d'amasser des richesses, que de parvenir aux honneurs, que de vivre dans les délices: et maintenant toutes ces choses lui sont un sujet de peine et de dégoût. Mais si la volonté est changée à ce point, c'est que l'intelligence l'a été la première; et l'intelligence ne l'a été que parce que Dieu a chassé les ténèbres qui la couvraient: d'où le pécheur converti peut conclure combien est grand le bienfait de la divine lumière. Le renouvellement qui s'est opéré dans sa vie lui enseigne le prix de cette lumière, et cette lumière, à son tour, lui fait reconnaître la puissance de Dieu et adhérer avec certitude à la vérité de la foi. Ce qui arrive à l'aveugle de l'Evangile en est une image frappante. C'est parce qu'il a reçu le don de la lumière, que la foi en Jésus-Christ pénètre dans son âme, et qu'elle y est si vive et si ferme qu'il la confesse hautement et sans crainte.
24 mars
Chemin de croix avec Louis de Grenade
Le Sauveur conduit devant le Grand Prêtre
Mais Jésus gardait le silence. Le grand prêtre lui dit: «Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu.» Jésus lui répond: «C’est toi-même qui l’as dit! En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel.» Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant: «Il a blasphémé! Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous venez d’entendre le blasphème! (Mt 26, 63-65).
Considérez ce que le Sauveur eut à souffrir lorsqu'il a été conduit à la maison de Caïphe qui était grand prêtre cette année-là, et ce qu'il lui répondit lorsqu'il lui demanda qui il était. Ce ne fut pas un seul individu, mais tous les serviteurs présents qui se précipitèrent en furieux sur lui, et le frappèrent sans pitié. Les uns le souffletaient; d'autres lui crachaient au visage; d'autres arrachaient ses cheveux; d'autres l'accablaient d'insultes et de railleries. Et c'était la face que les anges adorent, la beauté dont la vue transporte de bonheur la cour céleste, qui était traitée avec cette indignité! C'était le Maître souverain de l'unives que l'on qualifiait de sacrilège et de blasphémateur, et qui néanmoins supportait tout cela avec douceur et sérénité! Ajoutez à ces persécutions celles dont parle saint Luc. Durant cette même nuit, les soldats qui le gardaient faisaient du Sauveur un objet de moquerie; ils lui couvraient la tête et le frappaient en lui disant: «Devine, Christ, celui qui t'a frappé.» Ajoutez à ces persécutions celles encore dont les évangélistes ne parlent pas. Mais la patience et la charité de Notre Seigneur, d'un côté; de l'autre, la cruauté et la fureur infernale de ses bourreaux vous permettront de comprendre quelle fut pour Jésus cette nuit épouvantable.
Le Sauveur conduit devant Pilate
Le matin du jour qui suivit cette nuit remplie de tant de douleurs et de tant d'ignominies, on conduisit le Sauveur chargé de liens auprès de Pilate qui commandait au nom des Romains en cette province, et on demanda avec instance sa condamnation à mort. On se mit à l'accuser à grands cris, et à produire contre lui mille allégations fausses et mensongères. A ce tumulte et à ces calomnies cet innocent agneau n'opposait ni une excuse, ni une défense, mais un silence et une gravité dont le juge lui-même fut frappé: quoiqu'il connaisse le véritable mobile de ces réclamations, c'est-à-dire la haine; cependant dominé par sa pusillanimité et le respect humain, et croyant peut-être apaiser la fureur populaire, il ordonna de dépouiller le Sauveur et de le flageller.
21 mars
Chemin de croix avec Louis de Grenade
La prière du Sauveur au jardin des Oliviers
Quand le Sauveur eut accompli les mystères et le discours de la dernière cène, il se rendit au jardin de Gethsémani pour y prier avant de commencer sa glorieuse passion (Mt 26, 36). Les sacrifices de l'ancienne loi arrivés à leur fin, et le sacrifice de la nouvelle établi, il ne restait à Jésus-Christ qu'à s'offrir aux douleurs auxquelles son âme et son corps étaient réservés. Il prit avec lui trois de ses plus chers disciples; et bientôt il tomba dans une tristesse et des angoisses qui lui arrachèrent ces douloureuses paroles: «Mon âme est triste jusqu'à la mort.» Et elle y aurait effectivement succombé si elle n'avait dû vivre pour endurer de plus longues souffrances. S'étant retiré un peu à l'écart, il se mit en prière; et lorsqu'il répéta pour la troisième fois les paroles qu'il adressait à son Père, il était en proie à l'agonie la plus affreuse; témoin ces gouttes précieuses de sang qui découlaient de tout son corps. Cette sueur inouïe jusque-là montrait bien l'excès de tristesse auquel il était réduit. Où a-t-il jamais été fait mention d'une sueur qui s'écoule en ruisseaux de sang jusqu'à terre? C'est qu'une semblable sueur était le signe de l'agonie intérieure qu'éprouvait l'âme de notre Rédempteur; et si le monde n'avait jamais connu un fait de cette nature, il n'avait non plus jamais connu une douleur aussi extraordinaire.
Cette circonstance de la passion du divin Maître vous offre en même temps, ô mon frère, et une matière de méditation, et un modèle de prière. Il vous enseigne à recourir en tous vos besoins au Seigneur, comme au plus tendre des pères. Souvent il ne nous soumet aux afflictions que pour nous fournir une occasion de nous jeter dans ses bras et d'expérimenter sa providence toute paternelle. Il vous enseigne de plus à persévérer dans la prière, et à ne pas vous désister de votre demande parce que vous ne serez pas exaucé au gré de vos désirs. Voyez le Sauveur: il répète jusqu'à trois fois la même prière. Plus d'une fois Dieu nous accorde à la fin ce qu'il nous a refusé au commencement. Il nous enseigne enfin à prier, d'une part avec une cofiance sans bornes, de l'autre avec une obéissance et une résignation parfaites à la volonté du Seigneur. Il nous enseigne la confiance en se servant de ce terme, mon Père, si touchant et si propre à exprimer ce sentiment. Il nous enseigne la résignation quand il ajoute: «Que votre volonté soit faite et non pas la mienne.»
L'arrestation du Sauveur
A la vue de l'arrestation du Sauveur, ses disciples l'abandonnèrent et s'enfuirent. Nous sommes tous plus ou moins leurs imitateurs en ce point; car tous, plus ou moins, nous fuyons tout ce qui est pénible. Les apôtres accompagnent Jésus-Christ à la dernière cène; ils le laissent seul dans sa passion. Nous aussi nous le laissons poursuivre sa route vers la croix, tout en désirant le suivre quand il entre dans son royaume. Que si nous le suivons quelquefois, nous faisons comme les disciples qui ne le suivaient que de loin; nous ne nous soumettons pour son amour qu'aux plus petites épreuves. Je comprends à la rigueur, ô mon Maître, la fuite de vos disciples, en présence du danger. Mais moi, je fuis sans danger aucun qui m'y oblige, que dis-je? je vous fuis au risque reconnu de perdre, en me séparant de vous, la lumière, la vie, la paix et tous les biens. Oh! combien ma faute l'emporte en gravité sur la faute de vos apôtres.
Les disciples avaient à peine tourné le dos que cette troupe de loups affamés se précipite sur l'agneau sans tache resté seul et sans défense. Comment écouter sans douleur le récit de la cruauté avec laquelle ils étendirent leurs mains sacrilèges pour lier les mains de ce doux Sauveur, qui n'opposait ni une parole, ni une résistance? Ainsi garrotté, ils le traînèrent au milieu d'un concours nombreux, à travers les places publiques, en toute hâte jusqu'à la maison du Grand Prêtre. Sans doute qu'en ce moment ses disciples éprouvèrent la peine la plus profonde en voyant leur divin Maître arrêté et traîné brutalement après avoir été trahi par l'un d'entre eux. Il n'y eut pas jusqu'au traître qui ne sentît l'horreur de sa conduite; désespéré du mal qu'il avait fait, il se pendit. Il faudrait être bien dur pour ne pas être touché de compassion à la pensée de ce Sauveur si saint et si bon, qui avait répandu sur la terre toute sorte de bienfaits, chassé les démons, guéri les malades, enseigné une admirable doctrine, conduit dans les rues de Jérusalem, une corde au cou, et les mains liées avec ignominie. O cœurs de pierre, comment une pareille mansuétude n'excite-t-elle pas votre pitié? Comment pouvez-vous rendre le mal à un Dieu qui vous a fait tant de biens? Comment ne fixez-vous pas vos regards sur cet innocent agneau qui ne répond à tous ces outrages ni par les menaces, ni par les plaintes, ni par l'indignation?
19 mars
Troixième dimanche de Carême La samaritaine Sermon de Louis de Grenade |
Le Seigneur dit à cette femme : «Donne-moi à boire. — Comment toi qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis Samaritaine? — Si tu connaissais le don de Dieu, et quel est celui qui te dit : Donne-moi à boire, peut-être lui aurais-tu fait la même demande, et il t'aurait donné de l'eau vive» (Jn 4). II est à remarquer que l'adverbe de doute, peut-être, se rapporte, non pas au don de Dieu, mais à la demande de la femme. Ce mot nous fait entendre que l'incertitude d'obtenir a sa raison non pas dans un si libéral donateur, mais dans la volonté de celui qui demande. Car il est douteux que nous voulions demander, comme il convient; mais si nous demandons ainsi, nul doute qu'il ne soit fait droit à notre demande. En effet, il ne peut tromper celui qui dit : «Quiconque demande, reçoit; qui cherche, trouve» (Lc 11, 10). Il faut donc accuser notre négligence à demander, et non l'hésitation de Dieu à donner. Certes, vous recevrez l'eau vive, quand vous la lui demanderez avec un cœur suppliant. Mais qu'est-ce que l'eau vive, sinon la grâce du Saint-Esprit, qui donne à l'âme la véritable vie?
Au reste, cette femme ignorante et charnelle, qui ne pouvait pas comprendre la nature de cette eau céleste, et qui n'en connaissait pas d'autre que l'eau corporelle, répondit au Seigneur qui lui promettait cette eau mystique: «Seigneur, tu n'as pas de quoi puiser, et le puits est profond; comment aurais-tu l'eau viv?» II y en a pourtant beaucoup qui à l'occasion d'une autre espèce d'eau ont l'ignorance et la stupidité de cette femme. Travaillés d'une soif inextinguible de bonheur, ils s'imaginent qu'il n'y a pas d'autre eau que celle de ce monde, c'est-à-dire, pas d'autres biens que ceux de ce monde, pour éteindre la soif ardente de leur âme. Non moins que cette femme, ils ignorent, les insensés et les stupides, que le Seigneur tient en réserve pour ses amis une manne cachée, qui apaise la soif et la faim de notre cœur, et qui surpasse toutes les douceurs et toutes les délices du monde. Et pour que cela ne vous paraisse pas incroyable, parcourez des yeux tout ce que le monde offre d'attrayant ou de beau. Qu'est-ce que tout cela, sinon des ombres, des gouttes, moins que des gouttes, qui dérivent de cet océan de tous les biens? Si ces gouttes microscopiques seules vous charment tant, que sera-ce de la mer elle-même? Si vous êtes épris des ombres, que sera-ce de la réalité? Si l'effet vous impressionne tant, que ne fera pas la première de toutes les causes? Car que peuvent donner toutes les œuvres de Dieu, qui ne se trouve en lui bien plus pleinement et plus complètement? De même que l'eau de la mer surpasse hors de toute proportion les eaux de tous les fleuves et de toutes les sources, répandues sur toute la surface de la terre; ainsi cet océan immense et infini de biens surpasse infiniment la somme de tous les biens du monde, et peut verser dans les cœurs des justes plus de joie que n'en sauraient donner tous ces derniers biens réunis ensemble. Mais cette femme grossière et matérielle étant incapable de s'élever à cette philosophie sublime, et de comprendre ce que le Seigneur entendait par eau vive, répondit par ces mots pleins de naïveté: «Seigneur, tu n'as pas de quoi puiser, et le puits est profond; comment aurais-tu de l'eau vive?» (Jn 4).
Le Seigneur continue donc, et il achève de donner l'explication de cette eau mystique: «Quiconque boit de cette eau aura encore soif, au lieu que celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais soif; mais l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source qui jaillira jusque dans la vie éternelle.»
17 mars
Prier le rosaire avec Louis de Grenade Les mystères glorieux |
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La Résurrection
Marie-Madeleine se retourna, et elle voit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c'était Jésus (Jn 20, 14).
Marie Madeleine était malade d’amour et cette maladie lui avait tellement troublé la vue qu’elle n’apercevait pas ce qu’elle voyait de ses yeux : voyant Jésus, elle ne le reconnaît pas. Pourquoi ? Parce qu’elle trouve vivant celui qu’elle cherchait mort. Elle cherchait Jésus et ne cherchait pas Jésus. Elle cherchait ce qu’il n’était pas et ne cherchait pas ce qu’il était.
A l’exemple de Marie Madeleine, apprends-nous Seigneur à aimer Jésus, à espérer Jésus, à chercher Jésus, à ne recevoir aucune consolation, si ce n’est en Jésus.
L’Ascension
Ce Seigneur que vous avez vu s’élever au-dessus des nuées, reviendra de la même façon quand il viendra pour juger le monde (Mt 28, 20).
Une immense fête eu lieu dan le ciel à l’arrivée du Seigneur, vainqueur du diable, du péché, de la mort et des enfers, accompagné de tous ceux qu’il avait sauvés. Chants, musiques et louanges, acclament le Seigneur qui va s’asseoir à la droite du Père.
Demandons au Seigneur de ne pas nous laisser orphelins, de ne pas nous laisser sans Pasteur. Implorons le don de l’Esprit.
La Pentecôte
Le Père vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais (Jn 14, 16).
La Vierge Marie était avec les apôtres au Cénacle, leur apprenant à persévérer dans la prière et les préparant à recevoir l’Esprit. Elle savait d’expérience combien la prière et le recueillement étaient nécessaires pour accueillir un tel hôte.
Prions le Seigneur de préparer nos cœurs à la venue de l’Esprit pour que nous sachions annoncer ses merveilles.
L’Assomption
Qui est celle-ci qui s’élève du désert, comme une colonne de fumée et qui s’appuie sur son bien-aimé ? (Ct 3, 6).
Marie reçoit la récompense accordée pour tous les services rendus à son Fils : elle a été pour lui une maison, elle l’a emmailloté de langes, elle l’a déposé dans une crèche, elle l’a nourri de son lait, elle l’a suivi jusqu’à la croix, elle l’a reçu mort dans ses bras et l’a accompagné jusqu’à sa sépulture.
Prions le Seigneur toujours vivant pour intercéder auprès de son Père et supplions sa Mère, pour ceux qui se préparent au passage de la mort.
Le Couronnement de Marie
Je me suis reposée à l’ombre de mon bien-aimé; son fruit est doux à mon palais (Ct 3, 3).
Quelle joie éprouva le cœur maternel de Marie, quand elle vit de ses yeux son Fils bien-aimé et tant désiré; quand elle l’adora, l’embrassa et lui donna le baiser de paix; quand il l’appela doucement, l’invitant à s’asseoir auprès de lui.
Prions le Seigneur, par l’intercession de la Reine des Anges, de combler les pécheurs de sa miséricorde.
14 mars
Prier le rosaire avec Louis de Grenade Les mystères douloureux |
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L’Agonie
Père, non pas comme je veux, mais comme tu veux (Mt 26, 39).
Jésus nous apprend à persévérer dans la prière. Nous ne devons pas l’abandonner quand nous ne sommes pas exaucés mais la continuer à son exemple : il répéta par trois fois la même prière. Il arrive souvent en effet que soit accordé à la fin ce qui semblait être refusé au commencement.
Demandons au Seigneur de mettre en nous le désir de prier son Père sans relâche, comme il nous l’a enseigné.
La Flagellation
Après avoir fait flageller Jésus, Pilate le livra pour être crucifié (Mc 15, 15).
Rempli de pusillanimité et de respect humain, Pilate commanda que Jésus soit flagellé : Jésus est dépouillé de ses habits et attaché à la colonne. La cause des coups de fouets, ce sont nos péchés, mais le Seigneur les a voulus à cause de sa charité démesurée et de son infinie bonté.
Prions le Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, de mettre en notre cœur une vraie contrition pour nos péchés.
Le Couronnement d’épines
Les soldats, tressant une couronne avec des épines, la posèrent sur la tête de Jésus, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre (Jn 19, 2).
Considère quel était ce divin visage, enfoncé de coups, égratigné d’épines, arrosé de sang que ce saint Agneau ne pouvait essuyer. Sa figure était telle qu’il n’était plus reconnaissable, et à peine paraissait-il un homme, lui, la splendeur de la gloire du Père et le miroir de sa beauté.
Nous te prions Seigneur, à la prière de ta mère, prends pitié de tous ceux qui sont défigurés par la souffrance.
Le Portement de croix
Jésus sortit, portant sa croix, et vint au lieu dit du Crâne — ce qui se dit en hébreu Golgotha (Jn 19, 17).
Après le long martyre de la nuit, on charge une croix sur les épaules de Jésus et on le conduit au Golgotha. Sur le chemin, il rencontre sa Mère : le glaive de douleur annoncé par Syméon transperça son cœur en voyant son fils défiguré portant un si pesant fardeau.
Seigneur, nous te supplions pour tous les chrétiens persécutés pour avoir rendu témoignage à ton Nom, pour tous ceux qui subissent le martyre.
Le crucifiement et la mort de Jésus
Père, en tes mains je remets mon esprit (Lc 23, 46).
Par sa dernière parole, le Seigneur achève l’œuvre de notre rédemption, dans une totale obéissance à son Père. En quelques mots, il nous donne un abrégé de la perfection chrétienne.
Père, par le regard que nous portons sur la Passion de ton Fils, détruis en nous toute recherche des honneurs, tout désir de la richesse et tout amour des plaisirs.
12 mars
Deuxième dimanche de Carême La transfiguration Sermon de Louis de Grenade |
Toutefois pour tenir sa promesse et pour fortifier la foi de ses disciples, que la croix et la passion pouvaient offusquer, il laisse aujourd'hui se répandre sur son corps la source de sa gloire, qu'un miracle tenait fermée; tous les dehors de son humanité en sont tellement transformés, que son visage resplenssait comme le soleil, et que ses vêtements devinrent blancs commemme la neige. Quand on compare à ces choses son visage et ses vêtements, ce n'est pas à dire qu'ils ne les surpassaient point en blancheur et en éclat, c'est que sur notre terre il n'y a rien de plus éclatant que le soleil, de plus blanc que la neige. D'ailleurs le Sauveur lui-même dit des corps des justes, qu'ils brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père( Mt13, 43); et cependant, comparés à Jésus-Christ, ils ne sont que comme des étoiles, irradiées par ce Soleil de justice. S'il y a entre Notre Seigneur Jésus-Christ et tons les saints le même rapport qu'entre le soleil et les étoiles, et si les saints brillent comme le Soleil, combien n'est pas plus éclatant le Soleil même de justice! Néanmoins cette splendeur ne blessait pas de sa vive lumière les faibles yeux des disciples, au contraire elle les inondait de je ne sais quelle volupté divine. Il n'y avait pas que l'éclat du soleil qui brillait sur le visage de Jésus-Christ; on y voyait une grâce, une beauté ineffable; la beauté de toutes les choses créées, terrestres ou célestes, convergerait en un seul point, qu'elle n'approcherait pas de la beauté du Seigneur, qu'elle n'exercerait pas sur les yeux sa douce et séduisante fascination. L'inexprimable joie de Pierre en est une preuve: «Prenant en pitié, dit le pape saint Léon, toutes les choses humaines, et franchissant tout ce qui est terrestre, il était transporté, par un ravissement ineffable, vers un désir enthousiaste des choses éternelles; hors de lui, il ne savait ce qu'il disait.» Or une telle extase était produite non par le seul éclat de la lumière, mais par cette admirable beauté du Sauveur. Ici se manifestent toute sa bonté et toute sa tendresse; lui qui pouvait briller toujours d'une telle gloire, lui-même néanmoins spontanément a retenu les émanations, les rayons de cette splendeur, afin de pouvoir souffrir pour nous de cruelles douleurs, et donner pour nos péchés satisfaction à la majesté lésée. A cette pensée, qui ne s'embraserait d'amour pour un tel Sauveur? qui n'admirerait l'ineffable puissance de celui de qui il dépendait d'être toujours entouré de cette étincelante auréole?qui ne répondrait à une telle bonté, laquelle, par un miracle spécial, se dépouillait de sa gloire, pour s'occuper de notre salut? Voiler les irradiations de cette gloire fut un plus grand miracle que de les montrer toujours, puisque la gloire des âmes bienheureuses rejaillit et se répand d'elle-même sur le corps qui leur est uni.
10 mars
Prier le rosaire avec Louis de Grenade Les mystères lumineux |
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Le Baptême
Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui (Mt 3, 16).
Jésus s’approche des publicains, des pécheurs et des pharisiens, comme s’il était leur semblable, attendant son tour pour être baptisé. Et, comme chaque fois que Notre Seigneur s’humilie, il reçoit une grande gloire : baptisé en qualité de pécheur parmi les autres pécheurs, il est proclamé Fils de Dieu.
Prions le Seigneur pour tous les catéchumènes : que Jésus les purifie de tous leurs péchés et leur accorde la gloire des fils de Dieu.
Cana
Il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: “Ils n'ont plus de vin” (Jn 2, 1-3).
Marie prit en pitié la confusion des gens, parce qu'elle était miséricordieuse. Est-il étonnant que les entrailles de bonté produisent la bonté ? Si quelqu'un conservait un fruit dans sa main une demi-journée entière, ne garderait-il pas le parfum du fruit tout le reste du jour ? A quelle profondeur la Bonté n'a-t-elle donc pas imprégné de sa vertu le sein de la Vierge où elle a reposé durant neuf mois ?
Prions le Seigneur pour tous ceux qui se préparent au sacrement de mariage. Que la bonté de la Vierge Marie les accompagne tout au long de leur vie.
L’Annonce du Royaume
Beaucoup se rassemblèrent [autour de Jésus] et il leur annonçait la Parole (Mc 2, 2).
Le Fils de Dieu nous a enseigné la plus haute perfection où puisse parvenir une créature en cette vie : occuper son esprit de la contemplation et de l’amour des choses célestes. Il n’est pas de plus parfaite doctrine que celle qui nous apprend à nous unir à Dieu, à ne faire qu’un seul esprit avec lui.
Demandons au Seigneur de nous apprendre à écouter et méditer sa Parole et à la mettre en pratique.
La Transfiguration
Il advint que Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier; et pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement prit une couleur étincelante(Lc 9, 28).
Le Seigneur fut transfiguré alors qu’il était en prière ; il nous apprend ainsi que, dans la prière, nous recevons un nouvel esprit, une nouvelle clarté, un nouveau courage, une nouvelle pureté de vie. Nous recevons aussi un cœur si fortifié et si transformé qu’il ne paraît plus être le même qu’auparavant, parce que Dieu l’a changé et transfiguré.
Prions le Seigneur de garder tous les chrétiens fidèles à la prière.
L’Eucharistie
Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin (Jn 13, 1).
Le principal effet du véritable amour, c’est de vouloir s’unir à l’objet aimé. Notre Seigneur nous a montré le principal effet de son amour dans le sacrement de l’eucharistie. Il a voulu, par là, nous incorporer à lui pour que nous fassions une seule chose avec lui. En effet, comme il se fait une même chose entre le pain et celui qui le mange, il se fait une même chose du Seigneur et de celui qui le reçoit.
Prions le Seigneur pour que l’eucharistie devienne un jour le signe visible de l’unité des chrétiens.
7 mars
Prier le rosaire avec Louis de Grenade Les mystères joyeux |
L’Annonciation
Réjouis-toi, comblée de grâce… L’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu (Lc 1,28.35).
Dieu a préparé un lieu pour accueillir son Fils : le corps et l’âme de la très sainte Vierge Marie. De même qu’il avait trouvé bon de donner une maison terrestre au premier Adam tiré de la terre, de même il fallait qu’il donne à celui qui descendait du ciel, une maison céleste : parée des vertus et des dons célestes.
Prions notre Père de sanctifier notre cœur pour que son Fils puisse y naître.
La Visitation
Dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein (Lc 1, 44).
En entendant la voix de Marie, Jean a eu la connaissance du Seigneur qui venait, et du mystère de son incarnation. Son âme en a conçu une joie telle, qu’elle s’est répandue jusque dans son corps et le fit tressaillir.
Par Marie, notre avocate, demandons au Seigneur d’éclairer de sa lumière ceux qui doutent et de les remplir de la joie du salut.
La naissance du Sauveur
Marie enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une crèche, parce qu'ils manquaient de place dans la salle (Lc 2, 7).
Le Roi du ciel a choisi une pauvre maison, une pauvre couche, une pauvre Mère, un pauvre équipage, pour y enfermer un trésor de miséricorde, de douceur, de sainteté et de rédemption.
Accorde-nous, Seigneur, de grandir dans l’humilité et la charité pour que notre cœur devienne une crèche où tu puisses reposer.
La Présentation de Jésus
Joseph et Marie emmenèrent l’enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur (Lc 2, 22).
Avec humilité et charité, le Fils de Dieu s’offre pour nous dans le Temple. Avec joie et promptitude, le Fils premier-né de Dieu s’offre à son Père pour le salut des hommes, lui qui est descendu sur la terre pour les sauver.
Avec la Vierge Marie, demandons au Seigneur de nous apprendre à unir nos prières et notre vie à son offrande.
Le Recouvrement de Jésus au Temple
Quand ses parents virent Jésus dans le temple, ils furent saisis d'étonnement, et sa mère lui dit: “Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous? Vois, ton père et moi, nous te cherchions avec angoisse” (Lc 2, 48).
La Vierge Marie ressentit une grande douleur quand elle se vit si rapidement dépossédée de son riche trésor. Elle ne pouvait trouver de repos jusqu’à ce qu’elle ait trouvé le Bien-aimé de son âme. Pendant trois jours, elle supporta la douleur de l’absence et chercha de tous côtés le joyau perdu.
Par la Vierge Marie, demandons au Seigneur de venir au secours de toutes les mères qui souffrent pour leur enfant.
5 mars
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Premier dimanche de Carême Les tentations de Jésus au désert Sermon de Louis de Grenade |
Examinons en quel temps surtout le diable s'attaque au Seigneur. C'est lorsque après avoir jeûné, il eut faim. Voyez-vous cette autre ruse du démon? Il saisit l'occasion de la faim, afin d'irriter le désir de manger, d'un côté? par la faim naturelle, de l'autre, par ses excitations. C'est un moyen qu'il emploie souvent pour perdre nos âmes. Aussi saint Bernard dit-il: «Le diable étudie toutes nos habitudes, il scrute nos préoccupations, il fouille nos affections, et cherche à nous nuire, dès qu'il nous voit quelque ardente convoitise.» Avec une vigilance incroyable il épie toutes les passions de notre âme, il tourne autour, semblable à un ennemi habile qui explore les murailles d'une forteresse, afin de tenter l'attaque par le côté .le plus faible. La tendance qu'il remarque en nous vers quelque vice, il la surexcite et l'enflamme. De même que ceux qui veulent tirer du feu d'Un caillou en le frappant de l'acier, examinent bien de quel côté il est préférable d'attaquer le silex, pour en faire jaillir l'étincelle qui enflammera le combustible, ainsi le rusé tentateur, ayant reconnu la disposition et la nature d'un individu, frappe plus vivement le penchant qui le porte aux vices, pour qu'enfin l'étincelle d'un consentement coupable ayant jailli, allume la flamme du péché qui dévore tout. Ecoutez saint Grégoire: «D'abord notre adversaire étudie le caractère de chacun: puis il dirige en conséquence les pièges de la tentation. L'un est gai, l'autre est triste; celui-ci est timide, celui-là, emporté. Pour les prendre facilement, l'ennemi occulte ourdit des déceptions analogues aux tempéraments. Le plaisir étant voisin de la joie , il propose la luxure à ceux qui ont l'humeur joyeuse; la tristesse dégénérant bientôt en haine, il inocule aux tristes le péché de la rancune; les timides redoutant les supplices, il les effraie par la peur; et comme les emportés et les fiers sont sensibles à la gloire, avec des honneurs il en fait ce qu'il veut.»
[…] «Si vous êtes le Fils de Dieu, dites que ces pierres deviennent les pains.» Quoique le diable soit menteur, et père du mensonge, ci cependant sans le savoir il nous présente une vérité salutaire. Car entre toutes les œuvres des enfants de Dieu, celle qui leur est vraiment propre consiste à transformer des pierres en pains. Quand quelqu'un t'accable d'injures et d'outrages, que fait-il autre chose que te jeter des pierres, pour mettre à l'épreuve, et tâcher d'ébranler ta constance et ta vertu? Une injure et un outrage blessent plus que ne blesse une pierre. Car il est écrit : «Un coup de fouet fait une meurtrissure, mais un coup de langue brise les os» (Si28, 21). Au reste, si tu souffres patiemment, si tu réponds à l'outrage, non par un outrage» mais par un bienfait, d'une pierre tu fais un pain, puisque tu changes une chose dure et stérile en une vertu, en un aliment spirituel. Car cet outrage enduré avec patience est l'aliment spirituel qui nourrît l'âme, et non la pierre qui blesse. Agir ainsi, c'est agir en enfante de Dieu, et prouver cette filiation.
[…] Vaincu donc par le Seigneur dans ce premier combat, il l'attaque autrement: «Le diable le transporte alors dans la ville sainte, et le mettant sur le haut du temple, lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas; car il est écrit: II a ordonné à ses anges d'avoir soin de vous, etc.» Comme le Seigneur l'avait terrassé par le témoignage des saintes Ecritures, il abuse contre lui du témoignage de la même Ecriture, mal entendue. Cette tentation, comme la précédente, est spirituelle. C'est par des tentations de cette sorte que l'esprit méchant attaque les hommes spirituels. Car, comme les oiseleurs emploient différentes amorces, selon la nature des oiseaux qu'ils veulent prendre, ainsi ce rusé ennemi emploie, suivant les caractères, divers appâts pour enlacer les âmes.
[…] Le tentateur ayant donc attaqué ainsi le Seigneur, celui-ci répondit : «II est écrit, tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.» Tenter le Seigneur, c'est vouloir faire par un miracle ce qui peut se faire par d'autres moyens. — Puisque je puis descendre autrement, qu'ai-je besoin de me jeter en bas? — Vaincu et terrassé par cette réponse, le démon eût pu cesser la lutte, puisqu'il avait rencontré un athlète si fort et si invincible; mais la passion et le besoin de nuire faisaient qu'il ne se rebutait point.