Décembre
30 décembre
Fête de la sainte Famille « Les parents de Jésus le trouvèrent au milieu des docteurs de la Loi » |
Montée à Jérusalem (2,41-45)
41 Et ses parents se rendaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. 42 Et lorsqu'il arriva [à l'âge] de douze ans, eux étaient montés selon la coutume de la fête 43 et ayant achevé les jours, pendant que eux s'en retournaient, Jésus l'enfant-serviteur, resta en arrière à Jérusalem et ses parents ne le connurent pas. 44 Or, ayant supposé qu'il était dans la caravane, ils allèrent une journée de chemin et le cherchaient parmi leurs parents et leurs connaissances, 45 et ne l'ayant pas trouvé, ils retournaient vers Jérusalem le recherchant.
Les parents du petit enfant — au sens de père et mère —, allaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Ils accomplissaient ainsi le plus important des trois pèlerinages prescrits par la Loi (Ex 23, 14; 34, 23; Dt 16, 16). Habitant loin de Jérusalem, il n'est pas sûr qu'ils s'y rendaient trois fois par an. Ils y restèrent toute la semaine (Ex 12, 15), puis revinrent à Nazareth. Luc nous dit alors que l'enfant-serviteur reste en arrière. Il avait douze ans et n'était plus un petit enfant (v. 40), car c'était l'âge de la majorité religieuse juive. Si l'enfant reste en arrière, cela suppose qu'il avait accompagné ses parents, bien que Luc ne l'ait pas mentionné. Au verset 39 d'ailleurs, il avait fait de même: les parents de Jésus «retournèrent vers la Galilée»; Jésus n'était pas mentionné, mais il est évident qu'ils n'avaient pas laissé Jésus à Jérusalem.
Jésus reste donc en arrière, sans le dire à ses parents. Ceux-ci s'aperçoivent qu'il n'est pas à leurs côtés, mais le supposent dans la caravane. Ils font donc une journée de route tout en le cherchant parmi ceux qui faisaient route avec eux: leurs parents et connaissances. Mais leur recherche reste infructueuse. Ils rebroussent donc chemin et retournent à Jérusalem, toujours à sa recherche le long de la route, parmi les groupes qu'ils rencontrent et qui avaient quitté la ville après eux. Ils font donc en sens inverse le chemin parcouru le premier jour. Cherchant toujours, ils finissent par arriver à Jérusalem.
Dans le Temple (2,46-49)
46 Et il arriva après trois jours [qu']ils le trouvèrent dans le Temple assis au milieu des docteurs et les écoutant et les interrogeant. 47 or tous ceux qui l'écoutaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. 48 Et l'ayant vu, ils furent frappés de stupeur et sa mère lui dit: Enfant, pour quoi as-tu agi envers nous ainsi? Voici: ton père et moi, tourmentés, nous te cherchions. 49 Et il leur dit: Pour quoi donc me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je sois dans les choses de mon Père?
Après trois jours, leur recherche aboutit: ils trouvent l'enfant dans le Temple. La section sur les origines de Jésus a donc commencé dans le Temple, avec le service liturgique accompli par Zacharie, et s'achève dans le Temple.
Marie et Joseph y découvrent une scène inouïe: Jésus est assis au milieu des docteurs et discutent avec eux. Ce n'est plus la liturgie mais Jésus qui se trouve au centre. Il a pris place dans une assemblée de docteurs de la Loi et, malgré son jeune âge, y participe activement: il écoute et interroge. Les docteurs sont stupéfaits: ils ne comprennent pas comment un enfant si jeune pouvait avoir une intelligence aussi pénétrante de la Torah. Et alors qu'il interrogeait les docteurs, ceux-ci prennent les questions pour des réponses. La profondeur des questions posées était un véritable enseignement si bien qu'elles apparaissaient comme des réponses données par un maître. La source de cette sagesse se dévoile un peu avec l'arrivée de ses parents. Voyant la scène étonnante, ils sont à leur tour «frappés de stupeur». Marie interroge son fils: elle se situe au niveau de la filiation charnelle. En effet, «enfant» indique ici le lien à la mère. Marie veut connaître la raison de l'attitude de Jésus qui a provoqué une recherche pleine d'angoisse pour Joseph et pour elle. Elle est déconcertée par ce qui est totalement inhabituel chez lui, rempli de sagesse. C'est alors au tour de Jésus de s'étonner devant l'attitude de ses parents. Pour quoi l'avoir cherché avec tant d'inquiétude? dans quel but? Tous deux connaissent le mystère de sa conception et le lien unique qui le relie à Dieu et que, pour la première fois, il dévoile clairement: il appelle Dieu son Père. Ils savent bien que toute sa vie est ordonnée aux choses de son Père qui sont sa vie. Et le Temple, la Loi, sont bien de cet ordre: la volonté de son Père s'y dévoile.
La sagesse de Dieu se manifeste en lui, elle est celle du Fils qui vit en communion avec son Père. Cette sagesse n'est pas un simple enseignement, mais une parole-événement: elle jaillit de la relation qui unit le Fils à son Père et ne se traduit pas seulement en paroles, mais aussi dans une manière d'être, d'agir; aussi les parents de Jésus ne comprennent-ils pas. Jésus déconcerte, il plante un glaive au plus profond de relations familiales paisibles, comme l'avait prophétisé Syméon.
Retour à Nazareth (2,50-52)
50 Et eux ne comprirent pas la parole-événement qu'il leur adressa. 51 Puis il descendit avec eux et vint à Nazareth et il leur était soumis.
Et sa mère gardait avec soi toutes ces paroles-événements dans son cœur. 52 Et Jésus grandissait en sagesse et en taille et grâce auprès de Dieu et des hommes.
Jésus ne reste pas dans le Temple de Jérusalem, contrairement au jeune Samuel qui était resté à Silo. Il revient à Nazareth et l'étape de sa vie qui s'ouvre peut se résumer en quelques mots: la soumission à ses parents. Il n'est pas question d'obéissance, car Jésus est encore un enfant: il exécute la volonté de ses parents sans exercer son jugement à l'égard de ce qui lui est demandé.
Quant à Marie, elle fait acte de mémoire: elle garde en son cœur tout ce qui concerne Jésus (cf. 2, 19. C'est plus que d'en garder le souvenir d'un fait passé. Les «paroles-événements» sont la vie de jésus dans sa totalité: paroles, attitudes, gestes, comportements, etc. Marie porte tout cela en elle et en vit; elle en est habitée et transmettra plus tard toute la richesse de son expérience spirituelle.
Pour terminer, Luc revient sur la croissance de Jésus qui tient lieu de refrain en quelque sorte, emprunté à la vie du jeune Samuel (1 S 2, 16); il présente ainsi Jésus comme un prophète. Il devient un adulte en taille et Dieu met en lui sa faveur. Il croît aussi en sagesse. Jésus, en effet, est rempli de la sagesse du Fils qui vit dans l'intimité de son Père. Au terme de cette croissance, il sera prêt à parler de son Père. Il est précisé que cette croissance se fait sous le regard de Dieu et sous celui des hommes (cf. Pr 3, 4).
27 décembre
Prier le Rosaire avec une moniale dominicaine Mystères glorieux |
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La Résurrection
«Les disciples d’Emmaüs se disaient l’un à l’autre: “Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures?”» (Lc 24,32).
Sans savoir comment, les disciples se retrouvent à Pâques, n’osant pas y croire; le Seigneur est là, leur cœur est tout brûlant. Alors Jésus se dérobe à leur regard.
Encore aujourd’hui, le Ressuscité se reconnaît à travers le signe de sa Parole, mais aussi du pain et du vin, qui brûlent notre cœur.
Demandons pour tous les chrétiens de connaître la joie de la présence du Ressuscité et d’en témoigner dans le monde.
L’Ascension
«Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde» (Mt 28,20).
Jésus monte auprès de son Père, mais il demeure pour toujours avec nous. Désormais sa présence n’est plus à l’extérieur, comme sur les routes de Galilée. Par l’Esprit qu’il nous a donné, il est au milieu de nous, au-dedans de nous. Sa présence n’est plus limitée par un lieu.
Le bruit et l’agitation de notre monde détournent l’attention de la présence du Ressuscité. Que l’Esprit Saint éveille les jeunes à cette présence, source de toute fraternité évangélique.
La Pentecôte
Le Père «vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais» (Jn 14,16).
Remplis de l’Esprit Saint qui leur est donné, les disciples sont tout joyeux de souffrir pour le Nom. La souffrance n’est plus le cauchemar, qu’à Gethsémani, ils cherchaient à oublier dans le sommeil. Ils savent maintenant que le Seigneur est passé par la croix pour eux; et, dans leur joie, ils mettent leurs pas dans les siens.
Prions pour tous les malades. Que l’Esprit Saint soit leur guide et les conduise de Gethsémani à la joie de Pâques.
L’Assomption
«Qui est celle-ci qui paraît comme une aurore?» (Ct 6,10).
Marie est belle; sa lumière, comme une aurore, annonce le plein jour. Elle annonce le jour où, comme elle, nous serons semblables au Seigneur parce que nous le verrons face à face.
Marie est louée pour sa beauté et sa beauté n’engendre pas la jalousie, car c’est la beauté de l’amour.
Pour tous les chrétiens qui croient en la réincarnation. Que la beauté de Marie dans la gloire, ouvre leurs yeux à la splendeur qui leur est promise.
Le Couronnement de Marie
«Une femme ! … Le soleil l’enveloppe… Douze étoiles couronnent sa tête» (Ap 12,1).
Marie est reine. Sa couronne, ce sont les douze tribus d’Israël que Joseph avait vues en songe comme des étoiles. La gloire de Marie, c’est de resplendir de la lumière de Dieu au cœur du peuple de Dieu.
Prions pour tous les hommes sans espérance, enfermés dans la peur de la mort. Que Marie soit pour eux l’étoile qui leur montre la lumière de la vie.
25 décembre
Nativité du Seigneur "Il nous a été donné", |
Bergers, ses premiers visiteurs, vous connaissez toutes vos brebis et vos brebis vous connaissent. Vous les appelez chacune par son nom et elles savent que vous les appelez. Jésus, devenu grand, dira qu'il connaît de même toutes les âmes dont il est le berger, celles qui sont répandues dans le monde entier à l'heure où il parle, et les hommes qui ne sont pas encore nés mais dont il a la prescience. J'ai d'autres brebis; il faut que je les mène. Il pense cela dès maintenant: Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères. Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire. Il les discerne d'avance, il les appelle à leur tour, puis il les justifie, enfin il les glorifie.
Entrons dans cette grotte avec ces pensées présentes à l'esprit. Et c'est en notre coeur une émotion pareille à celle qui nous étreint, quand aprs un long voyage, nous pénétrons un jour dans la chambre d'un ami défunt et que nous considérons ces murs qui encadraient sa vie, ce siège où il avait l'habitude de s'asseoir, cette table d'où il nous écrivait. Voilà pareillement où reposait le petit Enfant dont l'âme était occupée de penser à chacun de nous et de nous aimer. Le Père de Foucauld résidant au pays de la divine enfance aimait à raviver sa charité par de telles considérations: «Notre Seigneur, écrivait-il à la fin de l'année 1896, ne voyait pas seulemetn sa mère et saint Joseph, et les anges qui l'adoraient; il voyait le présent et le futur, et tous les instants de la vie de tous les hommes, et son coeur aimait chacun des hommes, et son coeur sacré éprouvait déjà cette douleur immense qui a été son partage durant toute sa vie mortelle, à la vue des péchés, des ingratitudes, de la damnation de tant d'âmes; et il éprouvait aussi, à côté de la consolation profonde que lui donnait la sainteté de sa mère, une consolation moindre, mais réelle, à la vue de toutes les âmes des saints, de toutes les âmes qui l'avaient aimé et qui l'aimeraient un jour; de tous les coeurs qui s'uniraient à Marie pour s'efforcer de ne battre que pour lui... Serons-nous de ces derniers? Serons-nous pour ce sauveur béni, pour ce Dieu qui se fait petit enfant pour nous, qui veut être l'époux de nos âmes, serons-nous pur lui une consolation ou une peine?» Une consolation finalement, il faut l'espérer. Mais nous lui avons été une peine aussi à cause des péchés que nous avons commis, hélas!
C'est là d'ailleurs ce qui met en pleine lumière la divine bénignité et la miséricorde de Dieu pour les hommes, qui nous apparaissent en notre sauveur, suivant les termes de la liturgie de Noël empruntés à saint Paul. Sa douceur, qui le rend accessible comme tout petit enfant, se rencontre en ce petit enfant-là avec une science parfaite de ce que nous sommes, nous pécheurs, qui nous approchons de lui. Néanmoins il se done, il nous est donné.
Il nous est donné en cette crèche où nous le contemplons, notre pensée rejoignant la sienne après une attente deux fois millénaire. «Que m'offres-tu pour mon jour de naissance? C'est la question que l'enfant Jésus aurait posé à saint Jérôme dans l'étable de Bathléem, une nuit de Noël. - Divin Enfant, je vous donne mon coeur. - C'est bien, mais donne-moi encore quelque chose... Donne-moi tes péchés afin que je te les pardonne tous. - O Divin Enfant, vous me faites pleurer!»
C'est avec la même mansuétude qu'il nous est donné en l'eucharistie où se perpétue sa douce enfance. «Que reçoit-on quand on communie? - Le petit Jésus», répondent les enfants, et c'est la réponse qui convient le mieux, d'après ce que nous avons dit de la présence eucharistique. De même que Siméon reçut l'enfant Jésus dans ses bras, nous le recevons et mieux encore. Et comme il est dit de Siméon que tenant ainsi Jésus il bénit Dieu, bénissons le Seigneur.
Le Seigneur nous a bénis en nous comblant de biens, et toutes ses bénédictions spirituelles se résument en ce petit Enfant qui nous est donné. Nous le bénissons à notre tour en reconnaissant que tout bien nous vient de lui, et notre bénédiction n'est digne de sa bonté que si nous lui offrons ce petit enfant Jésus. Offrons l'amour de son coeur qui aimait Dieu en notre nom à tous, offrons les peines de son humanité douloureuse qu'il supportait déjà pour tous nos péchés. Pour nous Jésus enfant versait des pleurs en attendant de verser son sang. «Pour toi, un tel, à qui je pensais déjà, j'ai versé telle larme dans ma crèche avant de verser telle goutte de mon sang sur la croix.»
23 décembre
4ème dimanche de l'Avent « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1, 39-45) |
39 S'étant dressée en ces jours-là, Marie fit route avec hâte vers la région montagneuse, vers une ville de Juda et 40 entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. 41 Et il arriva lorsque Elisabeth entendit la salutation de Marie, que le fœtus bondit dans son ventre et qu'Elisabeth fut remplie d'Esprit Saint, 42 et elle éleva la voix [avec] un grand cri et dit: Bénie sois-tu parmi les femmes et béni le fruit de ton ventre. 43 Et d'où m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne auprès de moi? 44 Car voici: lorsque la voix de ta salutation est arrivée à mes oreilles, le fœtus a bondi de joie dans mon ventre. 45 Et heureuse celle qui a cru qu'aura lieu la consommation pour ce qui lui avait été dit de la part du Seigneur.
Sa mission terminée, l'ange se retire et Marie part elle aussi, mais pas aussitôt: «en ces jours-là». Elle quitte la Galilée pour se rendre dans les montagnes de Juda, lieu où habitent Zacharie et Elisabeth dont l'ange lui a parlé. Elle a hâte de propager la parole de révélation reçue; son désir est donc grand d'arriver le plus rapidement possible chez sa parente. Elle entre dans leur demeure et salue Elisabeth.
Marie se dresse, comme Jésus après son ensevelissement: elle porte la Vie, la Vie qui renouvelle sa vie. Elle se met en route vers la région montagneuse pour porter cette vie à sa cousine Elisabeth dont l'ange lui a parlé. Elle se hâte, car elle sait où elle va et ne veut pas perdre son temps. Elle n'a pas fait la route seule, mais l'évangile ne dit rien de ce qui ont fait le trajet avec elle. Marie était entièrement tendue vers le but de sa visite à sa cousine. Elle allait, présente à la Présence invisible qui l'accompagnait au plus profond d'elle-même; là était tout son bonheur, elle le savourait en silence. Elle arrive donc à la ville où habitait sa cousine, dans le pays de Juda; elle entre chez elle et la salue. Ce qu'elle a dit n'est pas rapporté, mais cela a peut d'importance: la voix a plus d'importance que les paroles comme la suite le montre.
Il arriva… Les deux femmes sont maintenant en présence l'une de l'autre et il se passe quelque chose d'imprévisible: le fœtus qu'Elisabeth porte a bondi en elle et elle-même est remplie de l'Esprit Saint. Elisabeth répond à la salutation de Marie avec un grand cri: l'Esprit Saint lui donne l'intelligence de ce qui s'est passé.
Le secret de Marie lui est révélé: comme Jaël qui a sauvé sa peuple en tuant Sisera: Bénie soit parmi les femmes Yaël, la femme de Hèber, le Qénite; parmi les femmes qui vivent sous la tente, bénie soit-elle! (Jg 5, 24), Marie est bénie entre les femmes. Mais elle œuvre au salut du peuple d'une façon toute particulière: elle a conçu un enfant qui lui aussi est béni. Elisabeth mesure la grâce qui lui est faite dans la visite de sa cousine: c'est la mère de son Seigneur qui vient vers elle: l'enfant que porte Marie est Seigneur, comme l'ange l'annoncera peu après aux bergers (2, 11). Mais Elisabeth n'a pas été avertie par un ange du mystère qui habite Marie, mais par l'Esprit Saint qui lui a révélé la raison pour laquelle l'enfant a bondi d'allégresse en elle; il a reconnu que le Seigneur le visitait. Sarah déjà, lorsque ses jumeaux «s'agitaient en ses entrailles», avait perçu qu'un mystère était caché dans ce fait: «Cela devait-il m'arriver? pourquoi cela m'arrive-t-il? Et elle s'en alla interroger le Seigneur» (Gn 25, 22). Elisabeth, au contraire, comprend par une révélation de l'Esprit. La voix de Marie est parvenue aux oreilles d'Elisabeth, mais elle a atteint son enfant provoquant un bondissement. Qu'avait donc la voix de Marie de si particulier? En fait la voix ne profère pas que des sons et des paroles, elle les colore de ce qui est le plus profond de la personne, elle met en contact avec celui qui parle. Or Marie est unie à Jésus, au Fils de Dieu. Quand elle parle, la Parole s'unit à sa parole et lui donne une densité inhabituelle. C'est cela que le fœtus a perçu par un effet de la grâce. Il a reconnu à travers la salutation la présence du Seigneur qu'elle a mission de donner au monde.
L'Esprit donne encore à Elisabeth de comprendre la source de tout cela: la foi de Marie. Elisabeth a connaissance de l'annonce que l'ange à faite à sa cousine de la part du Seigneur et de la foi de Marie qui a cru que cette parole s'accomplirait. Elle marche sur les pas de son aïeule Sarah qui «par la foi reçut la vertu de concevoir […] elle estima fidèle celui qui avait promis» (He 11, 11). C'est bien ce qu'a fait Marie; c'est pourquoi Elisabeth fait de sa foi une béatitude. Le chemin du bonheur n'est plus la liturgie célébrée dans le Temple, mais la foi.
21 décembre
Prier le Rosaire avec une moniale dominicaine Mystères douloureux |
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L’Agonie
«Jésus vient vers ses disciples et leur dit: “Désormais vous pouvez dormir et vous reposer; voici toute proche l’heure où le Fils de l’homme va être livré”» (Mt 26,45).
L’angoisse, la tristesse, l’abandon par tous, ne conduisent pas le Seigneur au désespoir. Tout son être reste ouvert vers le haut ; mais ses disciples sont faibles et tirés vers le bas. Le Seigneur les aimes pourtant dans leur faiblesse et ouvre pour eux, dans l’épaisseur de l’angoisse, un chemin d’espérance.
Demandons au Seigneur de ne pas se laisser rebuter par les belles paroles de fidélité que la fuite remplace, lorsque la difficulté ou l’angoisse sont là.
La Flagellation
«Après avoir fait flageller Jésus, Pilate le livra pour être crucifié» (Mc 15,15).
Le récit fait monter la révolte. Pourquoi la révolte? Parce qu’on se scandalise de l’attitude de ceux qui sont violents, injustes, et s’en prennent à un innocent.
Mais si je perçois que c’est pour moi que le Seigneur a voulu accepter ce chemin, la révolte se tait et la compassion naît.
Prions pour tous les chrétiens torturés pour leur foi. Que la Mère des douleurs leur partage un peu de sa compassion.
Le Couronnement d’épines
«Quand ils se furent moqués de lui, il lui ôtèrent la pourpre et lui remirent ses vêtements» (Mc 15,20).
On se moque de Jésus, on le tourne en dérision. Personne ne comprend qu’il est venu pour aimer. Mais au milieu des outrages, il continue à aimer. Il souffrait tout pour mes péchés.
Prends-nous, Seigneur, avec toi; que ton salut, ton amour, nous rejoignent au creux de notre faiblesse, au creux de notre péché.
Le Portement de croix
«Ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon et le requirent pour porter la croix de Jésus» (Mt 27,32).
Un étranger porte la croix. On ne lui a pas demandé son avis, on n’a pas sollicité sa compassion pour un condamné; on lui a imposé un fardeau. Mais qu’il le sache ou non, ce fardeau, c’est la croix du Seigneur. Ainsi, sans le savoir, il collabore au salut, il participe à la passion d’amour de Jésus.
Seigneur, regarde le poids qui pèse sur les épaules de tant de condamnés, de tant de méprisés. Fais-en un poids d’amour en l’unissant à ton amour.
Le crucifiement et la mort de Jésus
«Père, en tes mains je remets mon esprit» (Lc 23,46).
Les derniers mots de Jésus s’adressent à son Père. «Père», c’est pour lui un cri viscéral. Toute sa vie y est condensée; sa vie, mais aussi sa mission, sa prédication. Qu’avait-il d’autre à dire que de révéler le Père?
Père, lorsque la mort manifestera ce à quoi est attaché le cœur de tes enfants, que ton Nom et celui de ton Fils soient leur dernier cri, peut-être par la médiation du nom de Marie.
20 décembre
La prière de demande
Pourquoi donner une si grande place à la prière de demande?
Que demander? Comment demander?
Une moniale témoigne
Jésus a enseigné la prière de demande à ses disciples: Eh bien, moi, je vous dis : demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira (Lc 11,9). Il semblerait que la louange aurait dû avoir la première place, Mais il n'en est rien. On lit aussi dans l'évangile de saint Marc: Alors Jésus, prenant la parole, leur dit : «Ayez foi en Dieu. Amen, je vous le dis : quiconque dira à cette montagne : “Enlève-toi de là, et va te jeter dans la mer”, s’il ne doute pas dans son cœur, mais s’il croit que ce qu’il dit arrivera, cela lui sera accordé ! C’est pourquoi, je vous le dis : tout ce que vous demandez dans la prière, croyez que vous l’avez obtenu, et cela vous sera accordé» (Mc 11,22-24). Croire en Dieu, c'est croire qu'il peut agir. En lui demandant quelque chose, je crois que j'ai reçu ce que j'ai demandé et cela me sera donné puisque je l'ai déjà obtenu.
La prière de demande est donc un baromètre de notre foi. Trois attitudes, en effet, peuvent sous-tendre la prière de demande.
La première s'apparente à la magie: c'est une pratique centrée sur soi qui a pour but de demander à Dieu de nous tirer d'affaire: Dieu se doit d'intervenir quand je le lui demande. La prière de demande est alors, comme la magie, une pratique destinée à intervenir de façon surnaturelle sur le cours des événements ou sur le comportement d'autrui, par l'intermédiaire de Dieu. Tout ce dont nous avons besoin défile alors dans la prière au fil des jours: la santé, la fortune, le bien-être, le travail, la délivrance des ennemis… Sûrs de la puissance de la prière, nous ne pouvons pas ne pas le recevoir, pensons-nous alors. C'est le Dieu tout puissant, capable de tout qui est invoqué. Il suffit que je le lui demande pour qu'il le fasse: magie.
La seconde attitude qui anime la prière de demande, peut être un manque de foi: je n'y crois pas vraiment, mais dans le doute, je peux essayer de demander… au cas où cela marcherait. Je n'y crois pas trop, mais peut-être que Dieu m'accordera ce dont j'ai besoin? Cette seconde attitude diffère peu de la première, mais cette fois je ne suis pas sûr d'avoir un pouvoir sur Dieu.
Quant à la troisième attitude, c'est la foi. C'est la prière de demande que Jésus nous a enseignée. Le plus bel exemple est celui qu'il nous en a donné à Gethsémani: «Père, que ta volonté soit faite… non pas ma volonté, mais la tienne». Et il a obtenu le salut du monde. C'est une adhésion personnelle à Dieu, une communion, qui est au fondement. Non seulement je crois que Dieu vient à mon aide, mais qu'il le fait pour que je sois au service du Royaume. Dieu sait tout, il peut tout, mais pour accomplir son œuvre il veut avoir besoin de notre prière. Participer à la puissance de Dieu en quelque sorte, est un don fait en réponse à notre prière. Si notre volonté est unie à celle de Dieu, alors il n'est pas besoin de demander plusieurs fois la même chose: une fois suffit, le reste appartient à Dieu.
Cela fait partie de la vocation même d'une moniale de mener le combat que demande la prière de demande qui va de pair avec une conversion de chaque instant: renoncer à sa volonté pour ne chercher que celle de Dieu ne se fait pas en un jour. Il n'est donc pas trop de toute une vie pour passer d'une forme de prière qui par bien des côtés s'apparente à la magie, à une prière où la volonté de Dieu est devenue le moteur de la vie.
19 décembre
La Vénérable Mère de Saint-Catherine
Professe du Monastère de Langres (1646)
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16 décembre
3ème dimanche de l'Avent Lc 3, 10-18 |
Les réactions face à l'invitation à la pénitence de Jean Baptiste
10 Et les foules le questionnaient disant: Que [devons]-nous donc faire? 11 Or, ayant répondu, il leur dit: celui qui a deux tuniques, qu'il partage [avec] celui qui n'[en] a pas et celui qui a de la nourriture, qu'il fasse de même.
12 Vinrent aussi les publicains [pour] être baptisés et ils lui dirent: Maître, que [devons]-nous faire? Celui-ci leur dit: Rien de plus que ce qu'il vous a été ordonné de faire.
14 Des soldats aussi, le questionnant, disent: Que [devons]-nous faire, nous aussi? Et il leur dit: N'extorquez [rien] à personne et n'accusez pas à tort et contentez-vous de vos soldes.
Les foules venues pour recevoir le baptême, parmi lesquelles se trouvaient publicains et pécheurs et encore des soldats, questionnent Jean sur ce qu'il faut faire pour produire un beau fruit. La réponse qu'il donne est différente pour chaque catégorie de personnes. Aux premières, Jésus indique le partage des vêtements ou de la nourriture avec celui qui est démuni, si l'on a plus que lui (Is 58, 7; Jb 31, 16-20). Il ne s'agit pas de se dépouiller de ses biens, mais de donner une tunique lorsqu'on en a deux. La tunique étant le vêtement de dessous, indispensable pour se vêtir. Aux second, il ne demande pas de quitter leur travail, mais de ne percevoir que la somme prescrite pour les impôts, rien de plus; quant aux soldats qui exerçaient une fonction proche de celle des publicains si l'on en croit la réponse qu'ils reçoivent, il est demandé de ne pas prendre de l'argent en usant d'intimidation, de ne pas accuser quelqu'un de fraude injustement et enfin de se contenter de l'argent légitimement gagné par leur travail.
Une bonne nouvelle
15 Or le peuple étant dans l'attente et tous se demandant dans leurs cœurs au sujet de Jean si par hasard il ne serait pas le Messie, 16 Jean répondit en disant à tous: Moi, je vous baptise d'eau; le plus fort que moi vient, dont je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales; lui vous baptisera dans [l']Esprit Saint et [le] feu; 17 [lui] dont la pelle à vanner est dans sa main, pour purifier à fond son aire et pour rassembler le blé dans son grenier; or la paille, il la consumera au feu qui ne s'éteint pas. 18 Exhortant [avec] beaucoup d'autres [propos] il annonçait au peuple la bonne nouvelle.
Foules, publicains et soldats font place maintenant au peuple (1, 10.21): ils sont maintenant regardés comme le rassemblement de ceux qui partagent la même foi. Et tout naturellement, en présence d'un nouveau prophète, la question du Messie surgit. Jean ne serait-il pas le Messie attendu? Il est vrai qu'il n'a accompli aucun des signes qui doivent accompagner sa venue, mais sa prédication, dans la veine de celle des grands prophètes, pourrait bien être un signe?
Jean sait que le Messie vient après lui et ce sera la fin des temps. Le Messie est plus fort que lui: il a le pouvoir d'accorder le salut avec surabondance et de transformer les cœurs. Jean se situe dans une attitude d'humilité devant lui: il n'est même pas digne de délier la courroie de ses sandales; sa mission ne peut en rien être comparée à celle de celui qui vient. Le baptême qu'il donnera sera un baptême qui purifie les consciences dans leur profondeur: il baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. Esprit Saint désigne la force de Dieu, sa puissance; c'est l'Esprit que Dieu devait répandre sur toute chair (Jl 3, 2); il est le signe de Dieu est sur les justes pour les sauver (Ps Salomon 15, 6). Jésus expliquera peu avant son départ, qu'il s'agit du Saint-Esprit répandu lors de la Pentecôte: «Jean, lui, a baptisé d'eau, mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés sous peu de jours» (Ac 1, 5; 11, 16). Le baptême dans l'Esprit Saint est une plongée dans l'Esprit qui imprègnera tout l'être. Quant au feu, c'est un feu purificateur qui opère un discernement. Amos parle du feu pour chacune des nations contre lesquelles s'exercera le jugement de Dieu. Mais les justes seront comme les grains engrangés dans un grenier lors de la récolte, ce qui n'est pas sans rappeler les paroles du prophète Michée: «Il a rassemblé des nations nombreuses comme les gerbes sur l'aire» (Mi 4, 12). Quant à la paille qui reste dans le champ après que les épis aient été moissonnés, elle sera consumée par le feu: il ne s'agit plus du feu purificateur, mais du feu destructeur, du châtiment annoncé par les prophètes: «J'enverrai le feu…» (Am 1, 4.7.10.12.14; 2, 2.5).
Là n'est pas tout l'enseignement de Jean sur le Messie; il a abordé bien d'autres points qui ne sont pas rapportés par Luc. Le tout constitue la bonne nouvelle (Is 40, 9; 52, 7) qu'il annonce au peuple.
14 décembre
La Vénérable Catherine Garcia d'Aumale (1675)
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11 décembre
Prier le Rosaire avec une moniale dominicaine Mystères lumineux |
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Le Baptême
«Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l’eau» (Mt 3,16).
Toute notre vie est récapitulée ici par le baptême du Christ; notre péché est englouti, le salut nous fait émerger du péché et les cieux nous sont ouverts. A notre regard ainsi purifié, se découvre alors notre lien avec Dieu: nous sommes fils en Jésus, par le don de l’Esprit. La vie trinitaire s’engouffre dans notre monde pécheur.
Pour tous ceux qui se préparent au baptême. Que Marie les conduise jusqu’à l’eau qui les purifiera et fera de leur vie une vie filiale.
Cana
«Puisez et portez-en au maître du repas» (Jn 2,8).
Jésus est habité par son Heure. Il connaît le vin qui manque aux convives: son sang versé. Il ne peut pas encore le leur partager, mais il leur en donne un signe. Il transforme l’eau en vin des noces : c’est le signe du bon vin qu’il apporte, de l’amour qui donne la joie.
Pour tous les hommes de bonne volonté; que le Seigneur, par la prière de Marie, transforme leur quête de vérité, leur désir de faire le bien, en vin d’amour.
L’Annonce du Royaume
«Il en est du Royaume de Dieu comme d’un homme qui aurait jeté du grain en terre» (Mc 4,26).
Jésus annonce le Royaume; il sème son amour sur les pauvres, les malades, les pécheurs, les prostituées ; et la graine jetée en terre germe et devient une plante. Lorsque l’amour grandit dans le cœur, le Royaume est déjà au milieu de nous.
Prions le Seigneur pour tous ceux qui ne le connaissent pas encore. Que la graine de sa Parole tombe un jour dans leur cœur et y fasse grandir le Royaume.
La Transfiguration
«Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur, écoutez-le» (Mt 17,5).
«Ecoutez-le». Que nous dit-il? Sortez de vos tombeaux, venez à la vie. Aimez vos ennemis. Soyez miséricordieux, comme le Père est miséricordieux.
Prions le Père, par l’intercession de Marie, pour ceux qui lisent la Bible sans la comprendre. Qu’il leur fasse un jour la grâce d’y entendre la voix de son Fils et de l’écouter.
L’Eucharistie
«Prenez, mangez, ceci est mon corps… Buvez-en tous, ceci est mon sang» (Mt 26,26).
Jésus nous donne son corps et son sang. Son corps nourrit notre corps; son sang se mêle à notre sang. L’eucharistie ne nourrit pas seulement notre cœur. De dimanche en dimanche, elle dépose aussi dans notre corps un germe de résurrection.
Prions pour les défunts; que l’eucharistie qui les a nourris sur la terre les conduise à la résurrection, pour la vie.
9 décembre
2ème dimanche de l'Avent « Tout être vivant |
3 1 Or la quinzième année du gouvernement de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, et Hérode étant tétrarque de la Galilée, Philippe, son frère, étant tétrarque du pays d'Iturée et de Trachonitide, et Lysanias, étant tétrarque d'Abilène, 2 sous le Grand Prêtre Anne et Caïphe, une parole-événement de Dieu arriva sur Jean, le fils de Zacharie, dans le désert. 3 Et il vint dans toute la région du Jourdain proclamant un baptême de conversion pour la rémission des péchés, 4 comme il a été écrit dans le livre des paroles d'Isaïe le prophète: Voix de celui qui proclame dans le désert: Apprêtez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. 5 Tout ravin sera comblé, et toute montagne et colline sera abaissée; et les chemins tortueux seront redressés, et les raboteux deviendront des voies aplanies. 6 Et toute chair verra le salut de Dieu.
Zacharie avait annoncé que Jean serait prophète (1, 76); sa prophétie se réalise. Pour le dire, Luc emprunte les termes mêmes utilisés pour annoncer la vocation prophétique de Jérémie. En effet, le livre de Jérémie commence ainsi: «La parole-événement de Dieu qui arriva sur Jérémie […]» (Jr 1, 2 LXX). Dieu intervient donc dans la vie de Jean et l'envoie porter la parole — une parole qui est un appel à la conversion —, alors qu'il était dans le désert. Et Jean quitte le désert. Quel désert? Le désert de Judée probablement, mais ce n'est pas dit; en effet il vivait dans les déserts, et devait donc en changer. C'est l'heure de sa manifestation à Israël, annoncé en 1, 80; l'heure de l'accomplissement du dessein de Dieu. Il vient donc dans toute la région du Jourdain, partie sud du cours du Jourdain, beaucoup plus large que la partie nord. Elle était fertile tout autour, mais désertique le long des rives.
Cette vocation prophétique est située dans un cadre à la fois politique et religieux. Ponce Pilate et Hérode, qui sont cités ici, seront mêlés au procès de Jésus. Quant au grand Prêtre, Luc reste évasif. Il donne deux noms, ce qui laisse penser que les deux étaient influents, même si un seul portait officiellement cette charge; il fera de même lors du procès de Jésus.
Le contenu de sa vocation? annoncer un baptême pour la conversion des péchés. Mais l'accent est mis sur la prédication de la conversion plus que sur le baptême, comme le montre le passage d'Isaïe utilisé par Luc: «On entend la voix de celui qui crie dans le désert: Apprêtez le chemin du Seigneur, redressez les sentiers de notre Dieu. Toute vallée sera remplie, toute montagne sera abaissée; les chemins tortueux seront redressés, ceux qui étaient raboteux seront aplanis. Et la gloire du Seigneur se manifestera, et toute chair verra le salut de Dieu» (Is 40, 3-4, LXX). Ces paroles s'adressent aux Israélites exilés à Babylone qui espéraient le retour sur la Terre. Une voix crie dans le désert appelant à la conversion condition de la restauration espérée. Or cette voix qui appelle à la conversion, c'est Jean. Il annonce le salut de Dieu, salut déjà vu par Syméon (2, 30) mais à dimension universaliste puisque destiné à toute chair.
8 décembre
L'immaculée Conception
de la Vierge Marie
Fête de notre monastère
Notre monastère a été placé sous le vocable de Marie Immaculée Le monastère seulement le 31 mai 1899, lorsque Marie Immaculée a été nommée « première prieure du monastère, spécialement au chœur. » Mais il y avait tout un contexte. Il ne faut pas oublier, en effet, que Marie s'est désignée comme l'Immaculée Conception lors de ses apparitions à Bernadette en 1858, quatre ans après la proclamation du dogme par Pie IX. De plus, à cette occasion, des dominicains avaient fait des recherches pour connaître la pensée de l'Ordre sur cette question depuis ses origines.
Après avoir compulsé les Archives de l'Ordre, feuilleté chaque page de ses Annales, un Procureur général écrivait au XIXe siècle, non sans une légitime fierté, au sujet de la foi en l'Immaculée Conception de la Vierge Marie : « Lisez attentivement, je vous prie, notre Droit écrit ; je veux dire, étudiez dans tous les sens nos Constitutions, les ordonnances de nos Chapitres, les décrets de nos Maîtres Généraux. Trouverez-vous un seul mot qui vous fasse soupçonner soit un ordre jamais intimé .aux Frères de tenir pour souillée la conception de la Vierge ou des privilèges pour les opposants, soit des peines édictées contre les défenseurs de la pieuse croyance, ou tout autre acte de ce genre pouvant fournir des témoignages authentiques de l'Ordre contre l'immunité de l'auguste Mère de Dieu ? » Et il concluait par ces paroles : « L'Immaculée Conception n'est-elle pas le sentiment de l'Ordre des Frères Prêcheurs ? Le soutenir, n'est-ce pas servir la gloire de cet Ordre ? ».
Mais on trouve aussi des arguments positifs chez des membres de la famille dominicaine les plus éminents en sainteté, dignité ou valeur doctrinale. Leurs témoignages ont été réunis par le P. Spada, autre Procureur Général des Frères Prêcheurs, dans une brochure publiée l'an 1862, en réponse à Mgr Malou, évêque de Bruges, qui accusait dans son ouvrage L'Immaculée-Conception, etc., l'Ordre de Saint Dominique d'avoir été « hostile en corps et d'une manière constante » au privilège de la conception immaculée de Marie.
On sait la filiale dévotion du fondateur des Frères Prêcheurs pour la Bienheureuse Vierge Marie, on connaît aussi sa croisade apostolique contre les tenants de l'erreur albigeoise. Fréquemment il eut à discuter avec eux sur les gloires et les privilèges de l'auguste Mère de Dieu, car ces hérétiques, nouveaux manichéens, niaient en principe le mystère de l'Incarnation.
Un jour, dans la petite ville de Fanjeaux, ils provoquèrent Dominique à une controverse dogmatique. Le défi fut accepté par le Saint.
Après plusieurs entretiens contradictoires, les arbitres, ne pouvant s'entendre sur une décision, proposèrent aux deux parties de mettre leurs arguments par écrit, afin de les soumettre au jugement du feu. « Le mémoire, disaient-ils, qu'épargneront les flammes devra être regardé comme renfermant la vraie doctrine. » Cette sorte d'arbitrage, opposée aux règles de la saine théologie, était assez en usage au moyen âge. Dans la circonstance présente, saint Dominique, par une inspiration spéciale de Dieu, s'y conforma.
On allume donc un grand feu; on y jette à la fois le manuscrit de l'homme apostolique et celui des Albigeois. Le volume des hérétiques est consumé en un instant : celui de saint Dominique non seulement demeure intact, mais est projeté au loin, et cela à trois reprises différentes. Notre liturgie mentionne le miracle dans le troisième Répons des Matines, à l'office propre de saint Dominique.
Ter in flammas libellus traditus
Ter exivit illaesus penitus.
Quelle vérité dogmatique était contenue sur ce parchemin ? D'après une tradition antique et vénérable, c'était la conception immaculée de la divine Marie, Mère de Dieu.
A l'appui de cette tradition, un recueil de pièces relatives à l'Immaculée Conception, publié à Palerme en 1742, renferme une lettre du P. Alexandre Santo-Canale, jésuite, où il est dit:
« Le grand Patriarche des Prêcheurs a toujours montré un zèle courageux pour défendre l'immaculée conception de Marie. Nous le voyons par la controverse qu'il soutint si glorieusement, à son honneur et à celui de l'Eglise. Les archives publiques de Barcelone possèdent une très ancienne plaquette, datant presque de l'époque de saint Dominique et conservée soigneusement jusqu'à ce jour. Ce monument relate la discussion du Saint avec les hérétiques, et le triomphe de la vérité confirmé par un éclatant miracle. Trois fois le manuscrit de Dominique fut jeté au feu et trois fois les flammes le repoussèrent. L'inscription parle ainsi de ce livre : la thèse roulait sur l'humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ et défendait l'immaculée conception de sa Mère contre les hérétiques prétendant que la Vierge avait été conçue dans le péché originel. Le Bienheureux démontrait dans son manuscrit que leur proposition était fausse, Marie étant celle dont parle l'Esprit saint par Salomon, quand il dit : Vous êtes toute belle, ma bien-aimée, et il n'y a pas de tache en -vous! On y lisait, en outre, le passage suivant des Actes de l'apôtre saint André, appliqué comme développement de la pensée de saint Dominique : Le premier Adam fut for me d'une terre vierge, qui n'avait pas été maudite, de même convenait-il qu'il en fût ainsi du second Adam, Jésus-Christ, dont la terre, la Vierge Mère, n'a jamais encouru de malédiction. » On ne saurait être plus explicite.
Le Docteur Angélique, saint Thomas d'Aquin, a eu diverses fois à traiter du péché originel et de la sanctification. D'après lui, l'idée de sanctification n'implique pas nécessairement la préexistence du péché dans le sujet qui reçoit la grâce de sanctification. Parlant de la très Sainte Vierge : « Elle a reçu, dit-il, une si grande plénitude de grâces qu'elle en avait assez pour suffire au salut de tous les hommes. Voilà pourquoi elle fut associée à son divin Fils, comme corédemptrice du genre humain.— Telle fut sa pureté qu'elle a été exempte du péché originel et du péché actuel. — Talis fuit puritas Beatae Virginis, quœ a peccato originali et actuali immunis fuit. »
Le Jésuite Eusèbe Nieremberg, auteur de divers mémoires en vue d'obtenir la définition dogmatique de l'Immaculée-Conception, sous Alexandre VII, soutient, en s'appuyant sur les plus graves autorités, que saint Raymond de Pennafort a prêché, l'an 1265, la « Conception très pure de Marie, Mère de Dieu »; que saint Pierre martyr et saint Hyacinthe ont donné aussi cet enseignement. Saint Vincent Ferrier, dans ses courses apostoliques, a prêché que Marie fut conçue d'une manière merveilleuse. Il compare sa naissance à celle de Notre Seigneur et ajoute : « Oh ! quelle joie ce fut pour tous les Esprits bienheureux! Si, d'après Jésus-Christ lui-même, il y a grande joie au ciel parmi les Anges pour un seul pécheur rentré en grâce, combien plus pour la Vierge Marie, qui n'a jamais péché!... Ne croyez pas qu'il en fût comme pour nous, qui sommes conçus dans le péché, qui naissons, qui grandissons dans le péché; mais sitôt que son corps fut formé et son âme créée, alors elle fut sanctifiée. Les Anges célébrèrent donc aussitôt la fête de sa Conception. »
6 décembre
Prier le Rosaire avec une moniale dominicaine Mystères joyeux |
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L’Annonciation
«Réjouis-toi, comblée de grâce… L’être saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1,28.35).
Le Fils de Dieu descend vers la Vierge Marie et reçoit en elle l’hospitalité pendant neuf mois. Il accomplit ainsi le dessein d’amour conçu par le Père de toute éternité: venir habiter chez les hommes pour y faire sa demeure.
Prions pour tous ceux qui vivent comme une boule lancée au hasard dans l’existence, qui ne connaissent pas l’amour dont ils ont été enveloppés avant même d’exister.
La Visitation
«Dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein » (Lc 1,44).
Le son de la voix de Marie suffit pour mettre Jean en contact avec le Christ qu’elle porte en elle. L’enfant encore incapable de penser, perçoit le Christ par ses sens et exulte de joie.
Par la médiation de la Vierge Marie, Seigneur, ouvre les cœurs à ta Parole, à ta présence.
La visite des mages au nouveau-né
«Les mages virent l’enfant avec Marie sa mère et, se prosternant, ils lui rendirent hommage» (Mt 2,11).
Tout le monde s’agite à cause d’un enfant dont il est à peine question; chacun réagit selon ses préoccupations: les mages suivent une étoile nouvelle, les scribes et les grands prêtres consultent les Ecritures, Hérode craint pour son pouvoir. Personne ne met en doute que l’enfant soit roi, mais seuls les mages croient et adorent.
Que la Vierge Marie aide les malades à habiter dans la paix, le calme et le silence de l’adoration, loin de l’agitation de surface et de l’angoisse.
La Présentation de Jésus
«Joseph et Marie emmenèrent l’enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur» (Lc 2,22).
Le Christ est offert au Père, lui, le Fils du Père.
Il obéit à la Loi, lui, le salut.
Marie offre le sacrifice de purification, elle qui est entièrement purifiée du péché.
Que la Vierge Marie nous aide à offrir notre vie, à chercher et à faire la volonté de Dieu, dans le silence.
Le Recouvrement de Jésus au Temple
«Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père?» (Lc 2,49).
Jésus rappelle à ses parents son lien avec le Père, qui l’emporte sur tout. Mais il est tellement semblable aux autres enfants que ses parents ne comprennent pas. Et de retour de Jérusalem, il leur est à nouveau soumis, il reprend sa vie d’enfant.
Sa vie silencieuse dans l’humilité met en relief ce qui est au cœur de sa vie: son lien avec le Père.
Que la Vierge Marie accompagne les enfants dans leur croissance, dans leur découverte du Père qui les aime.
4 décembre
La vénérable sœur Vincente
Professe du Monastère de Saint-Mathias, de Bologne (1543)
Pour lire sa vie, cliquez ici!
2 décembre
1er dimanche de l'Avent « Votre rédemption approche » |
25 Et il y aura des signes dans le soleil, et la lumière et les étoiles, et sur la terre angoisse des nations, épouvantées par le fracas de la mer et des flots, 26 les humains expireront de crainte et d'attente des choses qui surviendront au monde habité, car les puissances des cieux seront secouées. [...]
27 Et alors on verra le Fils de l'homme venant sur une nuée avec puissance et grande gloire.
28 Or [quand] ces choses commenceront à arriver, dressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche. […]
34 Or prenez garde à vous-mêmes de peur que vos cœurs ne soient accablés par [la] débauche et [l']ivrognerie et [les] soucis de la vie et que ce jour-là ne fonde soudain sur vous 35 comme un filet; car il surviendra sur tous ceux qui sont assis à la surface de la terre. 36 Or veillez, priant en tout temps, pour que vous soyez forts pour échapper à tout ce qui doit arriver, et restiez debout devant le Fils de l'homme.
Les signes qui précèderont la destruction du Temple (v. 25-26)
La dimension cosmique renvoie aux signes qui accompagneront le Jour du Seigneur. Ils se produiront dans le ciel (cf. Is 13, 10; Ez, 32, 7), mais aussi sur la terre: la mer déchaînée épouvantera les nations (cf. Ps 46, 2-4). Un ébranlement mondial annoncera la destruction de Jérusalem et les hommes auront peur de l'attente de ce qui doit arriver, effrayés par l'ébranlement qui se produira dans les étoiles (Is 34, 4; Ag 2, 6.21). Toute la nature sera associée à l'épreuve qui surviendra à Jérusalem.
Le cadre posé est cosmique, comme le sera celui de la crucifixion de Jésus (24, 44-45): la mort de Jésus se prolonge dans notre histoire et lui donne sens. C'est à cette lumière que doit se lire la destruction du Temple.
La venue du Fils de l'homme dans l'histoire des hommes (27-28.34-36)
Les versets 27 à 36 forment une inclusion marquée par la reprise de Fils de l'homme (v. 27.36).
Ce n'est pas la première fois que Jésus annonce la ruine de Jérusalem: il l'avait déjà fait au chapitre 13 (13, 35) et l'avait associée à la venue de «celui qui vient au nom du Seigneur» (13, 35); cette venue avait un caractère eschatologique. La même association se retrouve au chapitre 21. La venue du Fils de l'homme suivra la ruine de Jérusalem (v. 27). Il viendra sur une nuée comme l'avait prophétisé le prophète Daniel (Dn 3, 13) Le Fils de l'homme, celui qui partagera la condition des hommes jusqu'à la mort comme Jésus l'a annoncé à plusieurs reprises, viendra dans l'histoire des hommes en buttes à de grands drames, et y apportera l'espérance. Il sera investi de la puissance et de la gloire de sa résurrection. Augustin disait que sa majesté et sa puissance se manifesteront davantage pour donner aux saints plus de courage, afin qu'ils ne soient pas vaincus par la violence de la persécution.
La ruine de Jérusalem sera elle-même un signe: signe de la délivrance prochaine pour les disciples de Jésus; ils se dresseront en effet après les épreuves annoncées, comme Jésus après sa mort (cf. 18, 33). Ils seront le Temple de Dieu, le lieu où le ressuscité, le Fils de l'homme, viendra pour agir. La venue du Fils de l'homme annoncée, est sa venue sur notre terre.
Jésus termine par une déclaration solennelle: il confirme l'accomplissement de ses paroles: ceux qui l'écoutent en seront les témoins (cf. 9, 27). Tout ce qu'il a dit s'accomplira, aussi certainement que la création aura une fin.
Jésus donne ensuite un conseil. Rien en effet n'indique la venue du Fils de l'homme; le risque est donc grand de se laisser absorber par les soucis de la vie, par toutes les préoccupations ordinaires, au lieu de vivre dans la sobriété pour avoir le cœur prêt à l'accueillir. D'où la mise en garde de Jésus. Ce jour de la venue du Fils de l'homme en effet est comparable à un filet (cf. Is 24, 17) caché, que l'on voit uniquement quand on est pris dedans. Jésus je parle pas ici que pour ses disciples: tous les hommes sont concernés. La venue du Fils de l'homme qui se fait dans l'histoire des hommes, a ici une portée eschatologique.
Quand le Fils de l'homme arrivera, il sera donc trop tard pour se préparer. La veille, accompagnée d'une prière continuelle (cf. 18, 1) donnera la force de tenir dans l'épreuve, de ne pas se laisser surprendre lorsque les événements annoncés arriveront, pour ne pas en être écrasés. Ainsi sera-t-il possible de rester en présence du Fils de l'homme, debout, devant celui qui donne sens à nos existence.