Février
29 février
Mystère glorieux
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La Résurrection
Vous cherchez Jésus, le Nazarénien, le crucifié; il est ressuscité, il n'est pas ici (Mc 16,6).
Ô divine Vierge, vous avez enfanté deux fois votre Fils Jésus: premièrement dans l'étable de Bethléem; deuxièmement, en quelque façon, par vos prières et par vos larmes dans le sépulcre. Le premier enfantement a été sans douleur, le second a été précédé de grandes angoisses.
Que ta gloire se révèle à nos cœurs, Seigneur, lorsque le poids de l'épreuve nous accable.
L’Ascension
Le Seigneur Jésus, après avoir parlé à ses apôtres, fut enlevé dans le ciel et s'assit à la droite de Dieu (Mc 16,19).
Le Père éternel a reçu son Fils dans son sein et dans son cœur paternel, avec un très grand amour, au jour de son Ascension.
Seigneur Jésus, notre intercesseur auprès du Père, accorde l'espérance aux opprimés et la dignité aux plus démunis.
La Pentecôte
Dans les derniers jours, dit Dieu, je verserai mon Esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront (Ac 2,17).
Après que Notre Seigneur soit monté au ciel, le Saint-Esprit est venu en ce monde, pour y former et y établir le corps de Jésus Christ, qui est son Eglise, et pour lui appliquer le fruit de sa vie, de son sang, de sa passion et de sa mort.
Répands dans nos cœurs, Seigneur, la charité de ton Esprit, et guéris nos cœurs blessés par la jalousie et la haine.
L’Assomption
Un grand signe apparut dans le ciel, une femme revêtue du soleil, la lune sous ses pieds et sur sa tête une couronne de douze étoiles (Ap 12,1).
Les joies que Marie possède dans le ciel sont inconcevables; la première est la joie qu'elle a de se voir élevée dans la gloire, et si proche du trône de la très sainte Trinité qu'il n'y a que Dieu seul au-dessus d'elle.
A l'exemple de ta Mère, accorde-nous Seigneur, de rechercher sans cesse les réalités d'en haut.
Le Couronnement de Marie
Toutes les générations me diront bienheureuse, car le Puissant a fait pour moi de grandes choses (Lc 1,48-49).
La quatrième joie de Marie vient de ce que les citoyens de la Jérusalem céleste l'honorent et la louent incessamment comme leur Reine, comme leur Mère et comme la Mère de leur Rédempteur.
Par l'intercession de la Reine des cieux, Seigneur prends pitié de nous, pécheurs.
25 février
La transfiguration de Jésus Mc 9, 2-10 |
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2 Et après six jours, Jésus prend [avec] lui Pierre, et Jacques et Jean, et il les emmène sur une montagne élevée, à l'écart, seuls. Et il fut transfiguré devant eux, 3 et ses vêtements devinrent resplendissants, tout à fait blancs, tel qu'un foulon sur la terre ne peut blanchir ainsi. 4 Et leur apparut Elie avec Moïse, et ils étaient à parler avec Jésus. 5 Et répondant, Pierre dit à Jésus: «Rabbi, il est bon pour nous d'être ici, et faisons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie». 6 En effet il ne savait pas ce qu'il avait répondu, en effet il arriva [qu'ils étaient] saisis de terreur.
7 Et arriva une nuée les couvrant de son ombre
et arriva de la nuée une voix: «Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé, entendez-le».
8 Et soudain en regardant autour [d'eux] ils ne virent plus personne, mais Jésus seul avec eux-mêmes.
9 Et comme il descendait de la montagne, il leur recommanda de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu, sinon quand le Fils de l'homme se serait dressé d'entre les morts. 10 Et ils gardèrent la parole, discutant entre eux: «qu'est-ce que ‟se dresser d'entre les mortsˮ»?
La vision du Royaume de Dieu (Mc 9, 2-6)
«Six jours après»…, après l'annonce que Jésus vient de faire. Mais cette notation temporelle a aussi un arrière-fond vétéro-testamentaire.
Tout d'abord on peut y voir un renvoi à la fête des tentes, Souccot, célébrée le quinzième jour du septième mois, soit six jours après la fête de Yom Kippour, la fête du Grand Pardon, célébrée le dixième jour de ce même mois (Lv 23, 27.34). Or cette fête a une coloration messianique; elle rappelle que «le Messie est celui qui conduira toute l'humanité à se repentir de ses péchés devant Dieu». Cette fête fait mémoire de la pérégrination du peuple au désert, temps pendant lequel il expérimenta une totale dépendance par rapport au Seigneur et une totale liberté par rapport au créé. Ce jour-là la liturgie prescrivait la construction de souca, cabanes en branchages à travers lesquelles on peut voir le ciel, rappelant que Dieu a protégé son peuple qui avait mis en lui toute sa confiance. Cette fête a une tonalité joyeuse.
«Six jours après»…, rappelle aussi la révélation de Dieu à Moïse sur le Sinaï: «Six jours après, le Seigneur appela Moïse du milieu de la nuée. L'aspect de la gloire du Seigneur était aux yeux des Israélites celui d'une flamme dévorante au sommet de la montagne» (Ex 24, 16).
Après six jours donc, Jésus prend avec lui les trois apôtres privilégiés, Pierre, Jacques et Jean, qui ont assisté à la résurrection de la fille de Jaïre (5, 37) et qui seront présents lors de son agonie (14, 33). Il les emmène sur une montagne, lieu des révélations divines, comme il l'avait fait pour l'institution des Douze. Ils vont donc à l'écart, et l'on peut prévoir que quelque chose d'important va se passer, en vue de l'enseignement des disciples (cf. 4, 10.33; 6, 31.32). La montagne est élevée, ce qui est une allusion au Sinaï et confirme le sens des six jours comme un rappel de la révélation de Dieu à Moïse.
Pierre, dont Marc était un disciple, fait un rappel de la transfiguration dans sa deuxième épître. Il écrit: «Nous étions avec lui sur la montagne sainte» (2 P 1, 18); la montagne est dite «sainte» ce qui est encore une allusion au Sinaï. Dieu en effet avait demandé à Moïse de délimiter le pourtour de la montagne où il allait descendre (Ex 9, 11-12). Car la sainteté de Dieu implique la séparation du profane: la majesté de Dieu, sa sainteté sont inaccessibles; d'où l'interdiction de se rendre sur les lieux où il se rend présent.
«Et Jésus est transfiguré devant eux»: Marc a retenu la blancheur de ses vêtements, symbole du caractère divin de la transfiguration; cette blancheur si pure n'existe nulle part sur la terre, aucun foulon le peut la produire. Les disciples voient le Royaume de Dieu (9, 1) dont Jésus venait de parler devant la foule et tous ses disciples. Mais il n'avait pas divulgué ce qui allait se passer, et qui le verrait: «Il devait leur montrer dans sa transfiguration avec quelle gloire il doit venir dans son second avènement. La transfiguration n'était, en effet, que la prophétie figurative du second avènement, dans lequel brilleront les saints et le Christ» (Théophile). Après ce qu'ils ont vu, les apôtres ont dû mesurer à quel point la foule fait erreur en prenant Jésus pour Elie ou l'un des prophètes; seul Jésus resplendit de la blancheur qu'ils ont sous leurs yeux. Et leur confession de Jésus comme Messie fait tout à coup pâle figure!
«Et leur apparut Elie avec Moïse». Malachie avait annoncé le retour d'Elie: «Voici que je vais vous envoyer Elie le prophète» (Ml 3, 23). Quant à Moïse, Dieu lui avait dit: «Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai» (Dt 18, 18). Mais Elie et Moïse résument en quelque sorte l'attente messianique d'Israël. Tous deux parlent maintenant avec Jésus. Luc nous rapporte que la conversation tournait autour «de l'exode qu'il allait accomplir à Jérusalem» (Lc 9, 31). Mais les disciples n'entendent pas leur échange.
«Il nous est bon d'être ici». Pierre, avec ses deux compagnons, est dans la joie d'avoir goûté quelque chose du Royaume de Dieu venu avec puissance. Il propose à Jésus de construire des tentes, une pour lui et une pour chacun de ses deux visiteurs. Ces tentes pourraient être un rappel de la fête de souccot, bien connue de Pierre, et qui lui paraît en totale adéquation avec la situation dans laquelle il se trouve: introduit dans la sphère divine, il est coupé du créé, ou plutôt il est entré en contact avec le créé transfiguré.
L'atmosphère est bien la même que lors de la fête des tentes, mais les paroles de Pierre sont totalement inadaptées pour exprimer ce qu'il ressent. Il aimerait pourtant garder vive en lui, pendant six jours — la durée passée sous des huttes lors de la fête de Souccot — la joie que lui procure ce qu'il a devant les yeux.
«Arriva qu'ils étaient saisis de terreur» devant une pareille vision. Ils avaient été saisis de stupeur devant la résurrection de la fille de Jaïre, mais il voient maintenant la gloire même de la résurrection, sans le savoir; aussi la stupeur fait place à la terreur. Si la gloire qui entourait Moïse était telle que «les fils d'Israël ne pouvaient fixer les yeux sur le visage de Moïse à cause de la gloire de son visage» (2 Co 3, 7), on comprend que les apôtres soient terrassés par la gloire du Christ transfiguré, par la gloire de Dieu. Isaïe avait réagi d'une façon semblable; en voyant la gloire du Seigneur dans le temple, il s'était écrié: «Malheur à moi! je suis perdu, […] mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers!» (Is 6, 5).
La théophanie (Mc 9, 7-8)
«Arriva une nuée les couvrant de son ombre». La nuée est un signe de la présence de Dieu. Dans le désert, sur le Sinaï, «une épaisse nuée» (Ex 19, 16) avait recouvert la montagne et Dieu était descendu sur la montagne (Ex 19, 18). «Le Seigneur appela alors Moïse au sommet de la montagne et Moïse monta» (Ex 19, 20) et Dieu prononça les dix Paroles. De la nuée, Dieu a parlé et a donné ses commandements. De même pour la conclusion de l'alliance, Moïse monta à nouveau sur la montagne: «La nuée recouvrit la montagne, la gloire du Seigneur demeura sur la montagne du Sinaï, que la nuée recouvrit pendant six jours. […] Moïse entra dans la nuée» (Ex 24, 15-16.18).
«et arriva de la nuée une voix…» Comme lors du baptême de Jésus (1, 11), une voix se fait entendre. La voix, en hébreu, a un sens beaucoup plus souple que le mot français «voix», comme nous l'avons dit. La voix sort de la nuée, comme au Sinaï: «le Seigneur vous a parlé du milieu du feu; le son de ses paroles, vous l’entendiez, mais vous n’avez vu aucune forme; rien qu’une voix!» (Dt 4, 12). La parole suit la voix. Au Sinaï, Dieu avait donné les dix paroles (Ex 20, 1-17); ici, il proclame que Jésus est le Fils, le bien-aimé.
«Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé, entendez-le». Au lieu de s'adresser à Jésus, comme lors du baptême (1, 11), la voix s'adresse aux trois disciples pour leur parler de Jésus, pour leur faire faire un pas de plus dans la foi. Le Messie confessé par Pierre peu auparavant est le Fils de Dieu: «mon Fils». Dieu se présente comme Père — source, origine — qui a envoyé son Fils; Jésus, le Fils, est donc entièrement tourné vers lui. Ce Fils est le bien-aimé comme lors du baptême. «Le bien-aimé»: c'est ainsi que Dieu a nommé Isaac (Gn 22, 2) lorsqu'il a demandé à Abraham de le lui offrir en sacrifice. Dire que «mon Fils» est le bien-aimé, c'est indiquer sa mission: devenir le serviteur souffrant dont Jésus vient de parler à ses disciples, se livrer pour la vie du monde. Le Père ajoute: «Entendez-le». Entendre est le verbe qui revenaient presque comme un leitmotiv dans le discours en paraboles, car «entendre» est la condition même de la foi. Le Père demande aux disciples d'écouter Jésus parce qu'il leur révèle qui il est, ce qu'il a appris auprès de lui, et la mission qu'il lui a confiée. Dans le contexte où se situe la théophanie de la transfiguration, il est urgent que les disciples entendent l'enseignement nouveau que Jésus vient de dispenser: il doit souffrir, être tué, se dresser d'entre les morts après trois jours; et ceux qui veulent le suivre doivent porter leur croix. Le Père lui-même confirme donc le message donné par Jésus et demande aux trois apôtres de le faire leur. C'est la condition pour que leur foi puisse grandir.
L'énigme de la résurrection (Mc 9, 9-10)
Les apôtres, malgré la vision dont ils ont été favorisés, buttent toujours sur l'enseignement tout nouveau que Jésus leur a donné avant la transfiguration.
Soudain, c'est pour les disciples le retour à la réalité ordinaire: Jésus est seul avec eux. La voix s'est tue, Elie et Moïse ont disparu. Jésus redescend alors avec eux de la montagne et leur demande de ne rien dire à personne (9, 9) comme après la résurrection de la fille de Jaïre (5, 43) et la profession de foi de Pierre (8, 30). Une différence pourtant; la consigne de silence est accompagnée d'une restriction: ils pourront raconter ce qu'ils ont vu quand le Fils de l'homme se sera dressé d'entre les morts, ce qui sous-entend la réalisation prochaine de ce qu'il leur a enseigné peu avant (8, 31), mais ils ne comprennent pas. Que veulent dire les paroles de Jésus: «se dresser d'entre les morts»? Les apôtres viennent de le voir en gloire; d'autre part, ils croient, comme Jésus et comme les Pharisiens, à la résurrection pour la fin du monde (12, 18-27); ils savent aussi que le Fils de l'homme viendra sur les nuées du ciel et qu'il lui sera «conféré empire, honneur et royaume» (Dn 7, 14). Mais ce qu'ils ne peuvent envisager, c'est que Jésus — qu'ils ont reconnu comme le Messie (8, 29) — passe par la mort. Ils n'ont pas réalisé que tout ce que Jésus leur a annoncé, ses souffrances et sa mort, lui arriverait réellement. Ils discutent donc entre eux sur la parole énigmatique de Jésus, mais ne l'interrogent pas.
23 février
Mystère douloureux
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L’Agonie
Entré en agonie plus intensément, Jésus priait; et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre (Lc 22,44).
Par suite de la vue de l'horreur de mes crimes, et du déshonneur qui est rendu à votre Père par eux, je vous vois réduit, ô bon Jésus, dans une étrange agonie et dans une douleur si extrême que la violence de la douleur rend votre bénite âme triste jusqu'à la mort et vous fait suer jusqu'au sang en telle abondance que la terre en est baignée.
Ne détourne pas de nous ta miséricorde, Seigneur, lorsque nous confessons nos péchés.
La Flagellation
Pilate prit Jésus et il le fit fouetter (Jn 19,1).
Si la chair de Jésus est la chair de Marie, qui peut nier que toutes les plaies dont cette très sainte chair a été couverte ne sont que les plaies de Marie? Qui peut douter que cette divine Marie, n'ayant qu'un cœur et qu'une volonté avec son Fils Jésus, n'ait offert avec lui toutes ces choses à Dieu pour la même fin pour laquelle il les lui offrit, c'est-à-dire notre Rédemption.
Accorde aux malades, Seigneur, de t'offrir leurs souffrances pour le salut de tous les hommes.
Le Couronnement d’épines
Les soldats tressant une couronne avec des épines, la placèrent sur la tête de Jésus et l'enveloppèrent d'un manteau de pourpre (Jn 19,2).
Marie nous a donné son Fils unique lorsque, le voyant entre les mains de ses ennemis, lié comme un scélérat, accusé injustement, moqué, méprisé, bafoué, couvert d'ordures, meurtri de coups, couronné d'épines, elle ne proféra pas la moindre plainte contre les bourreaux et contre les pécheurs.
Apprends-nous, Seigneur, à porter avec courage les épreuves de la vie.
Le Portement de croix
Portant lui-même la croix, Jésus sortit vers le lieu dit du Crâne (Jn 19,17).
Ayant chargé la croix sur ses épaules, Jésus commença à marcher vers le Calvaire; et Marie, suivant ses vestiges pleins de sang, lavait le chemin avec autant de larmes que son Jésus versait de sang; et elle n'était pas moins chargée de la croix très douloureuse qu'elle souffrait en son cœur qu'il ne l'était de celle qu'il portait sur ses épaules.
Aux pauvres que tu as associés à ta croix accorde, Seigneur, force et patience.
Le crucifiement et la mort de Jésus
Jésus disait: «Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font» (Lc 23,34).
Entre plusieurs grands miracles que le Sauveur a fait sur le Calvaire, le plus signalé est le miracle de bonté et de charité qu'il fait en faveur de ceux qui le crucifient, en priant son Père de leur pardonner.
Accorde ton pardon avec largesse à tous ceux qui sont morts, ferme les yeux sur leurs péchés.
18 février
Tentation de Jésus au désert Mc 1, 12-15 |
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Tentation de Jésus par le Satan (Mc 1, 12-13)
Jeté dehors par l'Esprit
12 Et aussitôt l'Esprit le jette dehors au désert.
13 Et il se trouvait dans le désert quarante jours, mis à l'épreuve par le Satan,
et il se trouvait avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Aussitôt que la voix du Père eut retenti après le baptême de Jésus, dévoilant la mission confiée à Jésus, l'Esprit jette Jésus dehors, au désert. Jean vivait dans le désert, maintenant Jésus y part dans l'obéissance. «Aussitôt», mot cher à Marc, montre l'urgence qu'il y a pour Jésus d'accomplir cette mission.
Pourquoi l'Esprit le jette-t-il dehors? hors de quel lieu? «Jeter dehors» sera utilisé par Jésus à propos des esprits impurs et du lépreux guéri, qu'il jette dehors. Etant donné que cette action de l'Esprit se situe juste après sa propre manifestation et la parole du Père, il semble que l'Esprit le jette en quelque sorte hors de cette communion qui existe entre Jésus, le Père et l'Esprit. Il doit sortir, partir, pour accomplir le dessein bienveillant du Père et attirer tous les hommes dans cette communion. Il est sorti du Père et venu dans le monde et c'est ce qui s'actualise par l'action de l'Esprit.
L'Esprit le jette au désert, lieu de l'épreuve, mais aussi lieu des épousailles. C'est ce double volet du désert qui est ensuite décrit par Marc. D'un côté la mise à l'épreuve par le Satan, de l'autre la familiarité avec les bêtes sauvages et la soumission des anges. Les deux dimensions sont introduites par: il se trouvait.
L'épreuve de Jésus dura quarante jours. Quarante jours, c'est la durée de l'épreuve d'Israël marchant à travers le désert (Nb 14, 34); c'est aussi celle du voyage d’Élie dans le désert (1 R 19, 8). Quarante, c'est le temps d'une expérience spirituelle. La quarantaine de Jésus au désert est une mise à l'épreuve qui prend un visage particulier: elle vient du Satan, l'adversaire, le diviseur, l'accusateur — celui qui accuse l'homme devant la cour céleste. C'est le Satan du livre de Job qui résonne en filigrane (Jb 2), ainsi que le serpent du livre de la Genèse (Gn 3, 1-7).
Jésus, en descendant dans le Jourdain pour y recevoir le baptême, s'était uni toute l'humanité; il s'est montré comme le nouvel Adam venu pour réconcilier toute la création avec le Père. Il est maintenant mis à l'épreuve par le Satan comme le premier Adam. Mais à la différence d'Adam et d'Eve, Jésus reste fidèle à la parole du Père et ne se laisse pas prendre au piège du Satan. Comme Job il connaîtra la souffrance, mais ne sera pas vaincu. Jésus passe par un chemin d'épreuve, de vérification et de purification; il se montre capable d'écouter la voix du Père; il obéit à son Père.
Le désert, lieu de la réconciliation
Jésus se trouvait mis à l'épreuve dans le désert et il se trouvait en même temps avec les bêtes sauvages, servi par les anges. Les deux sont simultanés: restant fidèle à son Père, il transforme le désert en lieu paradisiaque, en lieu de réconciliation. En lui, l'homme revient déjà au paradis dont il avait été expulsé. Jésus est le messie davidique qui rétablit la paix, qui restaure l'harmonie entre l'homme et la nature (Is 11, 6-8) qui avait été brisée par le péché (Gn 3, 17-19), et aussi l'harmonie entre le ciel et la terre: les anges le servaient. La parole du psalmiste se réalise: «Le Seigneur donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins. Ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte les pierres» (Ps 90, 11-12).
Le Royaume de Dieu s'est approché (Mc 1, 14-15)
14 Après que Jean ait été livré, Jésus vient en Galilée proclamant l'évangile du Royaume de Dieu 15 et disant que le temps est accompli et que le Royaume de Dieu s'est approché: «Convertissez-vous et croyez en l'évangile».
Après la mort de Jean Baptiste, Jésus commence à prêcher l'évangile de Dieu, l'évangile du Royaume de Dieu, selon certains manuscrits. «Le Royaume, comme l’écrit si bien J. Radermakers, n'est pas la projection d'un idéal de fraternité humaine, le rêve d'un amour qui se fait et se défait au gré des désirs de chacun, l'utopie d'une société sans classe. Le Royaume, c'est le Christ, c'est se laisser mener vers le Père, dans une communauté de vie et de destin avec le Fils bien-aimé, souffrant nos souffrances d'hommes et nous livrant avec lui à l'amour de Dieu.» Le Royaume de Dieu, c'est Dieu qui règne dans les cœurs.
En effet, «le temps est accompli», car le dessein bienveillant de Dieu, caché en Dieu de toute éternité et qui s'est peu à peu dévoilé dans le temps, franchit une nouvelle étape. Le temps de la préparation est achevé; la promesse faite par Dieu au peuple d'Israël a trouvé son accomplissement dans la venue de Jésus. Le Fils de Dieu s'est fait homme; il est l'ange du Grand Conseil qui s'est tenu en Dieu avant la création du monde, il est le messager de son dessein bienveillant chargé d'annoncer ce dessein aux hommes.
«Le temps est accompli» et cet accomplissement s'accompagne d'une nouveauté radicale: «le Royaume de Dieu s'est approché». Le roi en personne — le Grand Roi, le Très Haut — s'est approché de son peuple. L'ange avait annoncé à Marie à propos de son enfant: «Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin» (Lc 1, 32-33). C'est bien Dieu qui s'est approché, qui a eu l'initiative de s'approcher des hommes: ce n'est pas l'homme qui s'est approché de Dieu par ses propres forces. Le Royaume de Dieu, c'est donc la présence de Dieu au milieu de son peuple. C'est toujours Dieu qui fait le premier pas pour venir vers nous.
L'annonce de l'évangile demande une réponse: la conversion et la foi. Ce n'est plus seulement la conversion des mœurs, la pénitence, que prêchait Jean Baptiste. Il faut croire, non pas des vérités nouvelles que Jésus annoncerait, mais croire «en» l'évangile. Il s'agit d'une relation de confiance, de l'adhésion à quelqu'un dans l'amour: l'évangile, c'est Jésus lui-même qui vient nous donner sa vie en partage, faire de nous des fils du Père. Cela demande une conversion. Toute la suite de l'évangile de Marc montrera que cette conversion est plus difficile que celle demandée par Jean en vue du baptême dans l'eau, car croire que Jésus est le Fils de Dieu relève de l'impossible, à vues humaines.
Comment naît et grandit cette foi? En se mettant à la suite de Jésus, d'où le récit de l'appel des premiers disciples, mis par Marc en tête de la première partie de son évangile.
15 février
Mystère lumineux |
Le Baptême
Jésus vint de la Galilée au Jourdain, auprès de Jean, pour être baptisé par lui (Mt 3,13).
En votre baptême, Seigneur, vous vous chargez de nos péchés pour en porter le jugement et la pénitence devant votre Père, au désert et en la croix: et dans notre baptême vous nous en déchargez, les lavant et effaçant dans votre précieux sang.
Ouvre les yeux obscurcis par le péché, par l'eau de ton baptême.
Cana
Le vin venant à manquer, la mère de Jésus dit à Jésus: «Ils n'ont pas de vin» (Jn 2;3).
Le cœur très libéral de Marie est toujours disposé pour faire du bien à tous, semblable à celui de son Fils; il donne ce qu'on lui demande et plus qu'on ne lui demande. Il donne même sans qu'on lui demande, ainsi qu'elle a fait aux noces de Cana, procurant une grâce qu'on ne lui avait pas demandée.
Que l'intercession de ta Mère, Seigneur, nous garde purs de tout péché.
L’Annonce du Royaume
L'Esprit du Seigneur est sur moi; il m'a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé proclamer aux captifs la liberté (Lc 4,18).
Entre les divines qualités que le Saint-Esprit donne à notre très adorable Sauveur dans les Livres, une des plus considérables est celle qui est marquée dans ces paroles, qu'il lui fait dire: «Dieu m'a établi sur sa sainte montagne de Sion en qualité de Roi et de Prédicateur, pour prêcher ses divins commandements.» C'est ici la principale fonction de sa mission. C'est pour cela, dit-il, que je suis envoyé. Mon Père m'a envoyé pour évangéliser les pauvres.
Répands ton évangile, Seigneur, parmi les peuples qui n'ont pas encore entendu ta parole de vie.
La Transfiguration
Après la transfiguration, les apôtres se turent et ne rapportèrent rien de ce qu'ils avaient vu, en ces jours-là (Lc 9,36).
Il est dit au sujet de la transfiguration que les disciples gardèrent en eux-mêmes la paroles comme Marie «gardait toutes ces paroles dans son cœur» pour en témoigner selon le lieu et le temps selon qu'il est écrit: «Le cœur du sage comprend le moment de publier.»
Seigneur, accorde à tous les prêtres de persévérer dans la contemplation de ton Mystère, pour annoncer la Bonne Nouvelle avec ardeur et avec joie.
L’Eucharistie
Ayant pris du pain et ayant rendu grâces, Jésus le rompit et le dona aux disciples en disant: «Ceci est mon corps donné pour vous» (Lc 22,19).
Notre-Seigneur Jésus-Christ a voulu se renfermer dans le sacrement de la Sainte Eucharistie par un amour infini vers nous, pour demeurer toujours ici-bas avec nous, pour se donner à chacun de nous, et pour être le pain et la vie de nos âmes.
Comble de grâces ton Eglise, Seigneur, elle qui célèbre chaque jour les saints Mystères avec foi.
11 février
6ème dimanche du Temps ordinaire (B) Mc 1, 40-45
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40 Un lépreux vient près de lui, le suppliant et tombant à genoux; et lui dit:
«Si tu veux, tu peux me purifier».
41 Irrité contre lui, il étendit la main sur lui, le toucha et lui dit:
«Je le veux, sois purifié»,
42 et aussitôt la lèpre s'éloigna de lui, et il fut purifié.
43 L'ayant rudoyé, Jésus aussitôt le jeta dehors 44 et lui dit:
«Vois, ne dis rien à personne, mais va toi-même te montrer au prêtre et apporte pour ta purification ce qui est prescrit par Moïse, en témoignage pour eux».
45 Etant sorti, il commença à proclamer beaucoup et à divulguer la Parole, si bien que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais il restait dehors dans des lieux déserts; et on venait près de lui de partout.
Jésus est maintenant à l'écart de la ville, seul, et un lépreux s'approche: il a certainement entendu parler de ce que Jésus a accompli en Galilée, de sa puissance divine. Qui d'autre que Dieu, en effet, peut jeter dehors un esprit impur et mettre les démons dehors de sa propre autorité?
Le lépreux s'approche donc de Jésus, le Saint de Dieu, comme l'a dit l'esprit impur (1, 24). Il défie Jésus par cette attitude, car un lépreux, d'après la Loi (Lv 13, 46) devait demeurer loin des habitations et des gens en bonne santé pour éviter la contagion. En Lc 17, 12, on voit les lépreux s'arrêter à distance et Jésus ne les touche pas. Jésus s'irrite donc devant cette attitude qui va à l'encontre de ce que la Loi prescrit au niveau de la pureté. D'après le Lévitique en effet, quand quelqu'un avait des taches sur la peau, il devait aller se présenter au prêtre et si celui-ci diagnostiquait la lèpre, la personne était déclarée impure (Lv 13, 3) et le lépreux devait crier: «Impur, impur», pour que les gens s'écartent de lui à son passage; le Lévitique prescrit: «Tant qu’il gardera cette tache, il sera vraiment impur. C’est pourquoi il habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp» (Lv 13, 45-46). Avec le lépreux, nous sommes dans un contexte d'impureté, comme avec l'homme qui avait un esprit impur. Les deux textes se répondent d'ailleurs: dans un cas il s'agit d'une impureté spirituelle, dans l'autre d'une impureté physique; mais la lèpre était liée aussi au péché. En effet, lorsqu'il constatait une guérison, le prêtre faisait un sacrifice pour le péché (Lv 14, 19). L'impureté de l'homme qui s'approche est donc aussi spirituelle.
Arrivé devant Jésus, le lépreux lui adresse une demande: être purifié. Après la prière d'intercession des apôtres pour la belle-mère de Pierre et la prière silencieuse de Jésus avant sa mission, c'est maintenant la prière de supplication du lépreux. Or Dieu seul pouvait purifier de la lèpre et du péché. Jésus ayant déjà accompli des miracles qui relèvent de la puissance de Dieu, le lépreux lui dit donc: «si tu le veux, tu le peux», car rien n'est impossible à Dieu. Jésus exauce immédiatement la prière qui lui est faite: il étend la main et touche le lépreux, comme il avait étendu la main et touché la belle-mère de Pierre; il fait un geste qui relève le défi que le lépreux lui a lancé. En effet, en touchant le malade, non seulement il ne se rend pas impur, mais il purifie jusqu'aux tréfonds de son être l'homme impur. Il purifie par son toucher: sa chair purifie la chair. Lui, le sans péché, n'est pas souillé par le péché, mais au contraire, le pécheur est purifié par sa sainteté — comme dans l'eucharistie. Le geste de Jésus est accompagné d'une parole: «Je le veux», qui est immédiatement efficace: la lèpre «s'éloigne»; elle est personnifiée.
Le lépreux s'était approché de Jésus, maintenant c'est la lèpre qui s'éloigne de lui: nous sommes là au cœur du récit.
Jésus, après s'être irrité de la demande, rudoie maintenant celui qu'il a guéri… ce qu'il avait fait à l'égard de l'esprit impur (1, 25). Jésus le rudoie pour qu'il ne dise rien; il savait bien en effet ce que l'homme voudrait faire: parler de son bienfaiteur à tout le monde. Il jette ensuite l'homme dehors, comme il l'avait fait pour les démons (1, 34). Il renvoie le lépreux au prêtre pour accomplir ce que la Loi prescrivait. «Je veux, sois purifié, […] va te montrer au prêtre», dit-il. Jésus ne veut pas que l'homme fasse des commentaires sur le comment de sa guérison. Q'il accomplisse simplement le sacrifice prescrit! cette attitude sera pour les prêtres un témoignage rendu au respect de Jésus pour la Loi. Jésus ne prend pas leur place.
La visite au prêtre est sous-entendue: Marc n'en parle pas. Il souligne par contre que l'homme guéri a rendu publique la Parole cachée. La guérison lui a fait retrouver sa place dans la société, et il parle aux gens qui l'entourent. Mais il ne parle pas de lui, il parle de ce qu'il a entendu. Or proclamer la Parole entendue, c'est le rôle du prophète. Jésus, quant à lui, va dans des lieux déserts: les rôles sont inversés, puisque Jésus était venu pour semer la Parole alors que le lépreux devait vivre loin des lieux habités.
10 février
Prier le Rosaire avec saint Jean Eudes Mystère joyeux |
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Le Christ, en entrant dans le monde, dit: «Me voici, mon Dieu; Je viens faire ta volonté » (He 10,6.7).
Dès le moment de son Incarnation, Jésus a fait profession d'obéissance à son Père, c'est-à-dire qu'il a fait profession de ne faire jamais sa volonté, mais d'obéir très parfaitement à toutes les volontés de son Père, et de mettre toute sa félicité et sa joie en cela.
Seigneur, que le peuple de la promesse accueille ton évangile et trouve sa joie dans l'obéissance à ta parole.
La Visitation
Mon âme exalte le Seigneur car il a jeté un regard sur l'humilité de sa servante (Lc 1,47-48).
Ayant entendu les louanges et les bénédictions dont sainte Elisabeth la combla, lors de la visite qu'elle lui rendait, non seulement Marie ne s'en attribua rien, mais elle en renvoya toute la gloire à Dieu, dans son divin cantique.
Réjouis, Seigneur, le cœur des mourants en leur donnant d'espérer leur naissance au ciel.
La Nativité
Marie enfanta son fils premier-né, l'enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire (Lc 2,7).
Ô Jésus, très aimable enfant, vous naissez par amour, en amour et pour l'amour. Et vous aimez plus votre Père éternel, au moment de votre naissance, que tous les Anges et les hommes ensemble ne le pourraient aimer durant toute l'éternité.
Fortifie, Seigneur, la foi des chrétiens dans ton incarnation; garde-les dans l'action de grâces.
La Présentation de Jésus
Siméon bénit Dieu et dit: «Mes yeux ont vu ton Salut que tu as préparé à la face de tous les peuples» (Lc 2,28.30).
Vous avez eu la joie, Marie, d'offrir Jésus au temple de son Père éternel, et de le voir connu et adoré par le juste Siméon et par la prophétesse Anne. Enflammée par l'amour de ce très noble Jésus, votre âme s'élevait et se transportait en sa divine Majesté.
Que notre foi et notre amour soient chaque jour un sacrifice de louange qui te soit agréable.
Le Recouvrement de Jésus au Temple
Marie dit à Jésus: «Enfant, pourquoi nous as-tu fait cela? Vois, ton père et moi, nous te cherchions angoissés» (Lc 2,48).
Ayant égaré son Jésus, Marie a souffert une affliction indicible durant les trois jours où il resta dans le Temple de Jérusalem; elle le cherchait partout avec beaucoup de douleur.
Apprends à tous les hommes, Seigneur, à chercher d'abord le Royaume de Dieu.
4 février
5ème dimanche du Temps ordinaire (B) Mc 1, 29-39
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29 Et étant aussitôt sorti de la synagogue,
Jésus vint dans la maison de Simon et d'André avec Jacques et Jean. 30 La belle-mère de Simon était couchée, étant fiévreuse et aussitôt, ils lui parlent d'elle. 31 S'approchant, il la fit réveiller en saisissant sa main; et la fièvre la quitta, et elle les servait.
32 Le soir venu, quand le soleil se coucha,
on portait près de lui tous les malades et les possédés de démons; 33 et la ville entière était rassemblée près de la porte.
34 Et il soigna de nombreux malades de maladies variées et il jeta dehors des démons nombreux, et il ne laissait pas parler les démons, parce qu'ils le connaissaient.
35 Et au matin, alors qu'il faisait totalement nuit, s'étant levé il sortit et s'éloigna vers un lieu désert et là il priait.
36 Et Simon alla à sa recherche, ainsi que ceux qui étaient avec lui; 37 ils le trouvèrent et lui dirent: «Tous te cherchent». 38 Et il leur dit: «Allons ailleurs dans les bourgades voisines, pour que là aussi je proclame; c'est pour cela, en effet, que je suis sorti».
39 Et il alla proclamer dans leurs synagogues, dans la Galilée entière, et il jetait les démons dehors.
Jésus vient d'enseigner dans la synagogue de Capharnaüm où il a chassé un esprit impur qui savait qui il était. Aussitôt, il sort, fuyant une popularité naissante.
Il vient chez Pierre et André avec ses quatre premiers disciples. La belle-mère de Pierre étant malade, ses disciples «aussitôt», parlent d'elle à Jésus, comme l'a fait Marie à Cana. Ils intercèdent auprès de Jésus qui s'approche de la malade. S'approcher, c'est un mouvement qui fait partie de l'être de Jésus; il s'est approché de nous en prenant une chair semblable à la nôtre. La belle-mère de Pierre avait de la fièvre, mais elle attendait autre chose de Jésus: il la fit réveiller, dit Marc. Or c'est ce verbe qu'il emploie pour dire que Jésus est ressuscité (16, 6). Jésus lui tend la main, comme il la tendra à Adam et Eve lorsqu'il ira à leur rencontre aux enfers. En rendant la santé à cette femme, Jésus la fait venir à la vie, à sa vie.
La vie qu'il donne à la belle-mère de Pierre, beaucoup viennent la chercher près de lui. On lui porte TOUS les malades et possédés. Et TOUTE la ville se rassemble au coucher du soleil, lorsque le sabbat prend fin et que commence une nouvelle semaine: le jour UN. Jésus se manifeste comme le messie en répondant à l'attente des malades; tous cependant ne sont pas guéris, bien que beaucoup le soient. Il chasse aussi des esprits impurs. Il peut paraître étrange qu'il y ait autant de possédés dans une si petite ville! On dirait que Jésus les attire comme un aimant. Et encore une fois, Marc souligne que les démons savent qui est Jésus, alors que la foule ne le connaît pas encore pour ce qu'il est. Mais Jésus les empêche de parler. Cependant, si les démons connaissent Jésus, ils n'ont pas foi en lui. On peut s'étonner que certains commentateurs, aujourd'hui, réduisent ce que les évangélistes appellent les démons, les esprits impurs, aux tendances mauvaises qui sont en nous. Nous ne savons pas par nous-mêmes qui est Jésus, qu'il est le Fils de Dieu. Ce n'est pas par nos tendances mauvaises que nous pouvons le savoir, mais par la foi! Cette connaissance n'est pas spontanée chez les hommes, mais par contre les démons, eux, le savent.
Après avoir donné toute la soirée à ceux qui l'entourent, Jésus écourte son repos et part dans le désert. Il termine la nuit auprès de son Père, seul avec son Père dans la prière. Il lui parle dans la solitude. Il présente à son Père toutes ces brebis qui ont besoin d'un berger, il attend de lui l'accomplissement de la mission qu'il lui a confiée.
Alors que Jésus s'était approché de la belle-mère de Pierre, maintenant il s'éloigne. Pierre et ceux qui étaient avec lui se mettent donc à sa recherche. Ils ne comprennent pas que Jésus ne soit pas resté avec eux, pas plus d'ailleurs que ceux qui ont bénéficié de ses bienfaits. Tous le cherchent… comme l'épouse du Cantique, comme le fera Marie de Magadala au matin de la résurrection; comme l'ont fait les parents de Jésus pendant trois jours à Jérusalem: ils l'ont cherché et ils l'ont trouvé dans le Temple, occupé aux affaires de son Père. Les disciples de Jésus le trouvent aussi près de son Père: dans le silence de la prière.
Les disciples sont les porte-parole de ceux à qui il a manifesté sa bonté. Tous cherchent Jésus pour le retenir, mais Jésus ne se laisse pas retenir. Il entraîne ailleurs: il sort sans cesse. Après être sorti de la synagogue, il est sorti de la maison de Pierre; il est le semeur sorti pour semer (4, 3). Après avoir manifesté le Père par ses gestes, il veut manifester son dessein bienveillant par la parole. Il part donc proclamer la Parole dans les synagogues de la Galilée entière et y joint des expulsions de démons: comme bien souvent chez Marc, parole et acte vont de pair. Etre avec Jésus ce n'est pas l'accaparer pour soi, c'est être entraîné avec lui dans sa mission: mettre le feu sur la terre.