Juin
25 juin
12ème dimanche du « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps » (Mt 10, 26-33) |
Nous avons, en ce dimanche, la suite du second discours de Jésus selon l’évangile de Matthieu: le discours sur la mission. Les directives données par Jésus à ses apôtres dépassent les Douze et s'adressent aussi à tous les disciples et même à tout homme.
Ne pas craindre... (Mt 10, 24-31)
26 Ne les craignez pas; car rien n'a été voilé qui ne sera dévoilé et caché qui ne sera connu. 27 Ce que je vous dis dans la ténèbre, dites[-le] dans la lumière, et ce que vous entendez à l'oreille, proclamez[-le] sur les terrasses.
28 Et ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut perdre et l'âme et le corps dans la géhenne. 29 Est-ce qu'on ne vend pas deux moineaux pour un dixième de drachme, et pas un d'entre eux ne tombe sur la terre sans votre Père. 30 Les cheveux de votre tête aussi ont été comptés. 31 Ne craignez donc pas; vous l'emportez sur tous les moineaux.
Jésus ajoute: «Ne les craignez pas», ce qu'il répètera deux fois dans le paragraphe suivant (v. 28.31). «Les» renvoie à tous ceux qui persécuteront les disciples de Jésus. Ces derniers seront donc persécutés mais ils ne doivent pas craindre leurs persécuteurs. Pourquoi? La vérité de l'enseignement de Jésus, voilée encore car c'est sa mort et sa résurrection qui en donneront la clé de compréhension, sera mise au grand jour; pour l'instant elle est méconnue, mais un jour elle deviendra manifeste; elle sera connue de tous par la prédication des apôtres. En effet tout ce que Jésus leur a enseigné dans l'intimité du groupe apostolique, ils doivent le faire connaître, le proclamer haut et fort.
Les disciples ne doivent pas craindre ceux qui les persécutent à cause de leurs paroles, car ils ne peuvent s'en prendre qu'au corps, et non à l'âme. Il en est un autre, par contre, qu'il faut craindre: celui qui conduit à une perte éternelle, Beelzéboul. Il conduit à la Géhenne l'âme et le corps. Jésus revient sur la mise à mort des disciples lors des persécutions, avec une image: celle des moineaux. En effet, on peut se demander pourquoi Jésus les laisse mourir, pourquoi il ne leur vient pas en aide, même s'il les assure que leur âme ne peut être atteinte par leurs persécuteurs. Le sort des moineaux apporte une réponse. Les moineaux sont animaux sans valeur: deux sont vendus pour un dixième de drachme. Or aucun ne tombe pas mort sur la terre «sans votre Père». Comment entendre cela? Sans que votre Père le sache, sans que votre Père ne le permette. Et sans transition, Jésus passe des moineaux aux cheveux: le Père les a tous comptés, chacun est important pour lui et pourtant un cheveu est encore plus insignifiant qu'un moineau. Le Père prend donc soin de tout, jusque dans les moindres détails. Alors pourquoi craindre face à la mort violente? Elle ne vient pas de ce que le Père se désintéresse des disciples de Jésus; s'il permet la mort d'un moineau, combien plus sait-il pourquoi il permet la mort des disciples!
Conclusion de foi (Mt 10, 32-33)
32 Donc tout [homme] qui se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai aussi pour lui devant mon Père qui est dans [les] cieux; 33 par contre qui me reniera devant les hommes, moi aussi je [le] renierai devant mon Père qui est dans [les] cieux.
Le verset 32 commence par «Donc», ce qui marque un lien avec tout ce qui précède sur les persécutions qui atteindront ceux qui annoncent Jésus. Tout homme qui confessera le Christ dans les persécutions, sera confessé par lui devant son Père. Mais celui qui, par peur, le reniera, Jésus aussi le reniera devant son Père qui est dans les cieux.
22 juin
Prier le rosaire avec Mystère glorieux |
La Résurrection
Elle aperçoit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus (Jn 20, 12).
La Résurrection de notre Rédempteur fut bien notre fête, parce qu’elle nous a ramenés à l’immortalité; elle fut aussi la fête des anges, puisqu’en nous faisant revenir au Ciel, elle a complété leur nombre. Un ange est donc apparu en vêtements blancs en ce jour qui est en même temps sa fête et notre fête, car tandis que la Résurrection du Seigneur nous ramène au Ciel, elle répare les pertes subies par la patrie céleste (S. Grégoire).
Affermis notre désir, Seigneur, de te contempler un jour dans ta gloire.
L’Ascension
Jésus fut élevé pendant que les apôtres le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux (Ac 1, 9).
Notre Rédempteur a été vainqueur de la mort; il l'a détruite en ressuscitant, et manifesté la gloire de sa Résurrection en montant au ciel. Notre Rédempteur s’en retournait là où il était déjà; il s’en revenait de là où il demeurait, puisque lors même qu’il montait au ciel par son humanité, il contenait à la fois la terre et le ciel par sa divinité (S. Grégoire).
Répands, Seigneur, ta grâce en nos cœurs afin que l’espérance de la vie éternelle nous habite chaque jour.
La Pentecôte
Des langues comme de feu apparurent aux apôtres et, se partageant, et il s'en posa une sur chacun d'eux (Ac 2, 3).
Le Saint-Esprit est venu tout à coup avec bruit sur les disciples et il a changé les esprits de ces êtres charnels, les rendant tout amour pour lui. Et tandis que des langues de feu paraissaient au-dehors, leurs cœurs au-dedans devenaient de flamme, car recevant Dieu sous la forme de ce feu apparent, ils se mirent à brûler d’un amour très doux (S. Grégoire).
Mets en nos cœurs, Seigneur, une ardente charité qui fasse de nous des artisans d'unité.
L’Assomption
Le Christ voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée (Ep 5, 27).
Marie pénètre tout entière dans la joie de son Maître, quand, admise dans la patrie éternelle et associée aux chœurs des anges, elle goûte intérieurement la joie de la récompense (S. Grégoire).
Par Marie, accueille, Seigneur, tous les défunts dans la joie éternelle.
Le Couronnement de Marie
Toutes les générations m’appelleront bienheureuse (Lc 1, 48).
Saint Grégoire le Grand a eu, au sujet de saint Benoît, une belle expression que nous pouvons appliquer aussi à Marie: il dit que son cœur est devenu si grand que toute la création peut entrer dans ce cœur. Cela est encore plus vrai pour Marie… En Dieu, il y a de l’espace pour l’homme, Dieu est proche et Marie, unie à Dieu, est très proche, elle a un cœur aussi large que celui de Dieu (Benoît XVI).
Seigneur, par Marie, nous te présentons toutes nos intentions. En ta bonté, daigne les exaucer.
16 juin
Prier le rosaire avec Mystère douloureux |
L’Agonie
Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s'avança, et leur dit: Qui cherchez-vous? Ils lui répondirent: Jésus de Nazareth. Jésus leur dit: C'est moi (Jn 18, 4-5).
Au moment de sa Passion, n’a-t-il pas montré ce qui était en son pouvoir, tout en supportant cependant jusqu’au bout ce pour quoi il était venu? Car dès qu’il eut dit aux persécuteurs qui le cherchaient: C’est moi, leur orgueil se trouva renversé par ces seuls mots, et il tombèrent tous à terre (S. Grégoire).
Que tes souffrances, Seigneur, creusent en nous l'humilité.
La Flagellation
Pilate délivra Barrabas, et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié (Mt 27, 26).
L'abaissement de la divinité est donc notre relèvement. C'est à un prix aussi élevé que nous sommes rachetés, c'est à de si grands frais que nous sommes guéris (S. Grégoire).
Guéris notre péché, Seigneur; que nous ne soyons pas insensibles à tout ce que tu as souffert pour nous.
Le Couronnement d’épines
Les soldats tressèrent une couronne d’épines et la mirent sur sa tête (Mt 27, 29).
Il n’a pas cherché le succès en ce monde; il a supporté les opprobres et les dérisions, il a enduré les crachats, le fouet, les soufflets, la couronne d’épines et la croix. Et puisque c’est l’attirance des biens matériels qui nous a fait perdre la joie intérieure, il nous a montré par quelles amertumes il faut y revenir (S. Grégoire).
Lorsque nous sommes incompris, injustement traités, que la contemplation de ta passion nous fortifie.
Le Portement de croix
Portant lui-même la croix, Jésus sortit vers le lieu dit du Crâne (Jn 19, 17).
Le Seigneur est livré à ceux qui le haïssent. Pour insulter sa dignité royale, on l’oblige à porter lui-même l’instrument de son supplice… C’était pour les fidèles, un mystère étonnant: le vainqueur glorieux du démon présentait sur ses épaules, avec une patience invincible, le trophée de sa victoire, le signe du salut, à l’adoration de tous les peuples (S. Léon).
Donne, Seigneur courage et patience, à ceux qui porte la lourde croix de la maladie.
Le crucifiement et la mort de Jésus
Ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit: Lieu-du-Crâne (ou Calvaire). Alors ils le crucifient (Mc 15, 22-24).
Devant le Christ élevé en croix, il nous faut dépasser la représentation que s’en firent les impies, à qui fut destinée la parole de Moïse: Votre vie sera suspendue sous vos yeux, et vous craindrez jour et nuit, sans pouvoir croire à cette vie. Pour nous, accueillons d’un cœur libéré la gloire de la croix qui rayonne sur le monde (S. Léon).
Seigneur, que ta croix soit pour nous chemin de vie.
11 juin
Fête du Saint-Sacrement... avec des saints dominicains |
L'eucharistie tient une grande place dans l'Ordre dominicain, comme en témoigne les biographies des saints et saintes des débuts de l'Ordre des Prêcheurs. L'approche théologique et liturgique de saint Thomas d'Aquin côtoie l'approche mystique avec un caractère merveilleux, comme on le voit chez Saint Agnès de Montepulciano et la bienheureuse Imelda.
Saint Thomas d'Aquin (1225-1274)
En 1264, le Pape Urbain IV (1261-1264) a établi la Fête du Corps et du Sang du Christ. Il a demandé à saint Thomas d'Aquin, de composer les textes pour l'office et la messe de la fête.
Ces prières sont ancrées dans la Tradition; saint Thomas s'est appuyé sur les Ecritures et les Pères pour les rédiger. S'il a accepté cette commande du pape, c'est aussi parce que le Saint Sacrement était le centre de sa vie spirituelle.
A titre d'exemple nous donnons le texte d'une prière à dire après la communion:
Je te rends grâces,
Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel,
de ce que tu as daigné me rassasier du Corps et du Sang précieux
de ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,
moi pécheur, ton indigne serviteur,
sans aucun mérite de ma part,
mais par ta pure miséricorde.
Et je te supplie que cette sainte communion
ne soit pas pour moi un sujet de châtiment,
mais un titre salutaire de pardon.
Qu'elle me soit une armure de foi,
et un bouclier de bonne volonté.
Qu'elle soit l'expulsion de mes vices,
l'extinction de la concupiscence et des désirs impurs,
l'augmentation de la charité et de la patience,
de l'humilité et de l'obéissance, et de toutes les vertus;
une ferme défense contre les embûches de mes ennemis,
visibles aussi bien qu'invisibles,
un apaisement complet de ma chair comme de mon esprit,
une adhésion très ferme à toi,
Dieu unique et véritable,
un heureux achèvement de ma fin.
Et je te supplie de daigner me conduire,
moi pécheur, à ce banquet ineffable où,
avec votre Fils et le Saint-Esprit,
tu es pour tes saints la lumière vraie,
le rassasiement complet, la joie éternelle,
le bonheur consommé, la félicité parfaite.
Par le même Christ notre Seigneur.
Amen.
Sainte Agnès de Montepulciano (1268-1317)
Agnès est née en 1268 près de Montepulciano, en Toscane. Elle fonda, à Montepulciano, un monastère qui fut placé sous la direction des Frères Prêcheurs. Elle mourut en 1317.
C’est par Raymond de Capoue que nous connaissons la vie d’Agnès. Il a rassemblé des souvenirs recueillis auprès de quatre sœurs qui l’avaient connue environ cinquante ans avant leurs dépositions… Agnès est présentée comme une sainte dominicaine: on trouve dans sa vie la dévotion au crucifié et à l’Enfant Jésus, une large place donnée à la Vierge Marie, l’attachement à la communion eucharistique, le zèle apostolique. Le tout sous forme d’apparitions, de visions, de dons charismatiques, comme chez beaucoup de saints dominicains. Mais le biographe n’avait que des renseignements indirects et l’extraordinaire s’allie au merveilleux.
Un dimanche, alors qu’Agnès était dans une sorte d’extase, elle se souvint qu’il lui fallait aller à la messe. Mais ne pouvant s’arracher aux douceurs de sa prière, un ange vint lui apporter la communion et elle put continuer sa prière sans être privée de la participation aux divins mystères célébrés à l’église. Ceci se reproduisit dix fois.
On trouve chez d’autres saintes, un ange qui apporte la communion, en particulier chez Agnès de Langeac. Mais l’ange cessa de le faire pour elle quand on lui accorda la permission de communier souvent. Ici, le côté merveilleux de l’événement l’emporte sur le sens ecclésial: la préférence est donnée aux douceurs de l’extase plutôt qu'à la participation à la célébration liturgique…
Bienheureuse Imelda Lambertini (1322-1333)
Madeleine Lambertini (qui deviendra Imelda en religion) était la fille du comte Egano Lambertini et de Castora Galuzzi, son épouse. Elle est née en 1322 à Bologne.
Encore enfant, elle fabriquait des petits autels devant lesquels elle priait, et son plus grand désir était de communier. Elle désirait aussi devenir dominicaine. A l'âge de dix ans, ses parents l'autorisèrent à rentrer au monastère de la ville à l'âge de dix ans, elle y prit le nom d'Imelda.
Toute petite déjà, elle était d'une grande piété, et se fabriquait de petits autels devant lesquels elle priait longuement. Son plus cher désir était de recevoir la communion. Mais à cette époque, les enfants n'étaient autorisés à communier qu'à partir de l'âge de quatorze ans. Par ailleurs, elle demandait instamment à ses parents de lui permettre d'intégrer le monastère des Dominicaines de Bologne. Les soeurs y accueillaient des enfants qui n'étaient pas tenues à l'observance de toute la Règle; elle y entra donc comme novice et reçut le nom d'Imelda. Elle suppliait les Religieuses et son Confesseur de la laisser communier, mais ils refusèrent, car elle n'avait pas l'âge requis. Un jour l'enfant se rendit à la chapelle avec les Sœurs, le coeur rempli de tristesse. Mais, au moment de la Communion, une hostie s'éleva hors du ciboire et vint s'arrêter au-dessus de la tête d'Imelda. Le Prêtre s'approcha avec la Patène et la recueillit avant de la donner à l'enfant, stupéfié par le prodige dont il était témoin. Imelda se prosterna, et quand ses moniales vinrent la relever pour l'entraîner hors de l'église, elles la trouvèrent morte, le visage extatique.
9 juin
Prier le rosaire avec Mystère lumineux |
Le Baptême
Moi, je baptise dans l’eau; mais au milieu de vous, se trouve quelqu’un que vous ne connaissez pas (Lc 3, 16).
C’est dans l’eau que Jean baptise. Impuissant à pardonner les péchés, il lave par l’eau le corps des baptisés, mais ne lave pourtant pas l’esprit par le pardon. Pourquoi donc baptise-t-il, s’il ne remet pas les péchés par son baptême?… Lui qui avait été le précurseur du Christ par sa prédication, il le devenait également en administrant un baptême qui était l’image du sacrement (S. Grégoire).
Convertis notre cœur, Seigneur; que nous laissions se déployer en nous la grâce de notre baptême.
Cana
Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là (Jn 2, 1).
Le Père fit des noces pour le roi son Fils en lui associant la sainte Eglise par le mystère de l’Incarnation. Le sein de la Vierge Mère fut le lit nuptial de cet Epoux… Le Dieu incarné est en effet sorti comme un époux de la chambre nuptiale, en quittant le sein non altéré de la Vierge pour s’unir à l’Eglise (S. Grégoire).
Prions pour l'Eglise; qu'à travers elle, les incroyants puissent découvrir le Sauveur.
L’Annonce du Royaume
Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés (Mt 11, 5).
Les miracles visibles n’éclatent aux yeux de ceux qui les voient que pour les attirer vers la foi aux réalités invisibles, et leur faire sentir, à travers ce qui s’accomplit d’admirable au-dehors, que ce qui se trouve au-dedans l’est encore beaucoup plus (S. Grégoire).
Prions pour que, par les yeux de la foi, nous sachions reconnaître les merveilles que tu opères autour de nous.
La Transfiguration
Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis tout mon amour; écoutez-le! (Mt 3, 17).
Que personne donc ne craigne de souffrir pour la justice, ni ne mette en doute la récompense promise; car c'est par le labeur qu'on parvient au repos, par la mort qu'on parvient à la vie… Qu'il s'agisse de pratiquer les commandements ou de supporter l'adversité, la voix du Père que nous avons entendue tout à l'heure doit retentir sans cesse à nos oreilles (S. Léon).
Rends-nous dociles, Seigneur, à ta Parole; qu'elle transforme nos cœurs.
L’Eucharistie
Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés (Mt 26, 28).
Ce qu’est le sang de l’agneau, vous avez appris à le connaître pour en avoir bu. Ce sang, on en met sur les deux montants de la porte lorsqu’on ne l’absorbe pas seulement par la bouche du corps, mais aussi par celle du cœur. On met le sang de l’agneau sur les deux montants de la porte quand, recevant pour son salut le sacrement de la Passion du Seigneur, on pense aussi de tout son esprit à l’imiter (S. Grégoire).
Seigneur, que la communion à ton corps et à ton sang soit source de réconciliation dans nos vies.
4 juin
Solennité de la Trinité |
37 % de ceux qui se disent catholiques, d'après un sondage de La Croix fait en 2007, croient en la Trinité. C'est la croyance aux miracles qui remporte le plus large suffrage: 64 %. Les miracles, en effet, sont tangibles tandis que la Trinité paraît invisible et inaccessible. Saint Augustin déjà, au IVe siècle, se heurtait à des difficultés sur cette question dans la catéchèse qu'il donnait aux catéchumènes. Certains, en effet, avaient tendance à dire que le Père et le Fils sont deux dieux. En effet, l'unité du Père et du Fils par la Charité qu'est l'Esprit Saint, est absolument incompréhensible: c'est un mystère que nous rejoignons uniquement dans la foi. Augustin a donc essayé de le faire percevoir à ses catéchumènes à l'aide de symboles, et il peut nous aider encore aujourd'hui.
Il évoque donc devant eux l'unité de la première communauté chrétienne pour leur faire entrevoir quelque chose de l'unité du Père et du Fils. La foi, explique-t-il, mais la foi vive, c'est-à-dire animée par la charité, a uni les premiers chrétiens dans l'unité de la beauté, c'est-à-dire dans une totale harmonie. Pourtant cette charité n'a pu réduire la multiplicité de ceux qu'elle rassemble. L'unité qu'elle engendre demeure sur fond de diversité. Cette unité produite par la charité est cependant absolument admirable. Alors que dire de la Charité qui en Dieu unit si totalement le Père et le Fils qu'ils sont un seul Dieu, sans aucune diversité et dans une totale égalité'? Augustin explique:
«Tu t'étonnes de ce que le Père et le Fils sont appelés un seul Dieu? Il est dit dans les Actes des Apôtres: “Les croyants avaient une seule âme et un seul coeur”. Les âmes étaient nombreuses, la foi les avait faites une. Il y avait tant de milliers d'âmes; elles s'aimèrent, et les âmes nombreuses sont une seule âme; elles aimèrent Dieu dans le feu de la charité, et de la multitude elles en vinrent à l'unité de la beauté. Si la charité a fait de tant d'âmes une seule âme, quelle Charité est en Dieu où ne se trouve aucune diversité, mais l'égalité totale? Si sur la terre et chez les hommes il a pu y avoir une telle charité que de tant d'âmes elle a fait une seule âme, là où le Père a toujours été inséparable du Fils et le Fils du Père, est-ce que tous les deux ont pu être autre chose qu'un seul Dieu? Mais on a pu dire de ces âmes qu'elles sont beaucoup d'âmes et une seule âme; de Dieu au contraire, en qui se trouve une union ineffable et souveraine, on peut dire qu'il est un seul Dieu, mais non qu'il est deux dieux» (Sermon aux catéchumènes sur le symbole, 2, 4).
Pour Augustin, il ne peut y avoir de contemplation de la Trinité en dehors de l'expérience de la communion fraternelle: «À cet Un (la Trinité qui est un seul Dieu), rien ne nous conduit, si ce n'est d'avoir, si nombreux que nous sommes, un seul coeur» (S., 103, 3).
La concorde est un authentique chemin de la contemplation chrétienne, de la contemplation de la Trinité.
En effet, «Dieu est amour» (1 Jn 4, 8.16) et «L'amour vient de Dieu» (1 Jn 4, 7). La présence de l'amour dans notre coeur est donc présence de Dieu et il se trouve qu'en aimant son frère, on connaît Dieu plus que son frère: ce qui est présent à l'intérieur de nous-même est mieux connu que ce qui nous demeure extérieur. Notre frère, même lorsque nous l'aimons beaucoup nous reste extérieur, tandis que l'amour nous est intérieur, et il est présence de Dieu en nous.
Une seule condition pour cela: vider son coeur de l'orgueil. Par l'orgueil, en effet, on se met au centre, on ramène tout à soi, on est rempli de soi. C'est l'amour égoïste de soi.
Que personne ne dise: je ne sais quoi aimer. Qu'il aime son frère, il aimera ce même amour. Il connaît mieux en effet l'amour dont il aime, que son frère qu'il aime. Et voilà dès lors que Dieu lui est mieux connu que son frère: beaucoup mieux connu, parce que plus présent; mieux connu, parce que plus intérieur; mieux connu, parce que plus certain. Embrasse le Dieu amour et tu embrasseras Dieu par amour. C'est ce même amour qui associe tous les bons Anges et tous les serviteurs de Dieu par le lien de la sainteté et qui nous unit mutuelle-ment ensemble, eux et nous, en nous unissant à lui qui est au-dessus de nous. Plus nous sommes exempts de l'enflure de l'orgueil, plus nous sommes pleins d'amour. Et de quoi est-il plein, sinon de Dieu, celui qui est plein d'amour?» (De Trin., VIII, 7, 11- 8, 12 ; BA 16, p. 63).
Augustin conclut: voir la charité, c'est voir Dieu, c'est donc voir la Trinité, car notre Dieu est Trinité. Et comment pourrait-on le voir autrement qu'il n'est?
«Mais, dira-t-on, je vois la charité; autant que je le puis, je fixe sur elle le regard de l'esprit; je crois à la parole de l'Écriture: “Dieu est charité. Qui demeure dans la charité de-meure en Dieu” (1 Jn, 4, 16). Mais quand je vois la charité, je ne vois pas en elle la Trinité. Eh bien si! tu vois la Trinité, quand tu vois la charité» (De Trin., VIII, 8, 12 ; BA 16, p. 63-65).
Mais on peut faire une objection : voir l'amour est une chose, voir la Trinité semble bien en être une autre. Comment dire que voir l'amour, c'est voir la Trinité? Pour pouvoir répondre à cette question, il faut d'abord en poser une autre: Qu'est-ce que l'amour? Augustin le présente comme «une certaine vie qui unit deux êtres»:
«L'amour vient de quelqu'un qui aime, et par l'amour quelque chose est aimé. Et voici trois choses celui qui aime, ce qui est aimé, et l'amour même. Qu'est-ce donc que l'amour, sinon une certaine vie qui unit deux êtres ou tend à les unir: celui qui aime et l'être qui est aimé? Il en est ainsi, même dans les amours extérieures et charnelles; mais pour puiser à une source plus pure et plus limpide, foulons aux pieds la chair et élevons-nous jusqu'à l'âme. Qu'aime l'âme dans un ami, sinon l'âme? Et voici donc trois choses: celui qui aime, ce qui est aimé, l'amour» (De Trin., VIII, 10, 14 ; BA 16, p. 71).
L'expérience nous montre don que dans tout amour, il faut distinguer celui qui aime, ce qu'il aime et l'amour qui les unit. L'intuition spirituelle fait pressentir à Augustin que ce qui est vrai de tout amour, est vrai aussi du Dieu amour. Il ne cherche pas à démontrer
quoi que ce soit, mais à faire partager ce qu'il a saisi comme dans un éclai': si Dieu est amour, cela ne peut être que parce qu'il est Trinité. Sinon il serait autre que l'amour.
La charité en effet suppose altérité et réciprocité:
«Lorsque nous aimons la charité, nous l'aimons aimant quelque chose, par cela même que la charité aime quelque chose. Qu'aime donc la charité pour être aimée, elle aussi, comme charité? La charité, en effet, n'est pas, si elle n'aime rien. S'aimât-elle elle-même, il faut qu'elle aime autre chose pour s'aimer comme charité. Ainsi le mot, en signifiant quelque chose, se signifie aussi lui-même; mais le mot ne se signifie pas, s'il ne signifie qu'il signifie quelque chose. De même la charité: elle s'aime, certes; mais si elle ne s'aime pas comme aimant quelque chose, elle ne s'aime pas comme charité. Qu'aime donc la charité, sinon ce que nous aimons par charité? Or, cela, pour partir de ce que nous avons de plus proche, c'est notre frère» (De Trin., VIII, 8, 12 ; BA 16, p. 67).
Par la charité qui unit les membres du Corps du Christ, nous pouvons donc avoir dès maintenant une certaine vision de Dieu. En voyant la charité, c'est Dieu que nous contemplons bien que de façon encore voilée; nous entrons dans le mystère même de la Trinité qui est un mystère de communion.
2 juin
Prier le rosaire avec Mystère joyeux |
L’Annonciation
L’ange lui dit: «L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu» (Lc 1, 35).
Le Verbe s'est fait chair ne signifie pas que la nature divine ait été changée en chair, mais que le Verbe a pris une chair dans l'unité d'une seule personne; et, sous le nom de chair, il faut comprendre l'homme tout entier, auquel le Fils de Dieu s'est uni dans les entrailles d'une vierge féconde par l'Esprit Saint et restée toujours vierge (S. Léon).
Que l'Esprit Saint nous apprenne à laisser Jésus naître et grandir en nous.
La Visitation
Dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile (Lc 1, 36).
Pourquoi Marie n'aurait-elle point foi en la nouveauté de la conception annoncée, elle à qui est promis que l'efficacité viendra de la puissance du Très-Haut? Le témoignage d'un miracle préalable vient même confirmer sa foi, et la fécondité d'Elisabeth lui est apportée en preuve, afin que l'on ne doute pas que celui qui avait donné à une femme stérile la faculté de concevoir la donnerait aussi à une vierge (s. Léon).
Seigneur, fortifie notre foi lorsque nous avançons dans la nuit.
La Nativité
Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux: «Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître» (Lc 2, 15).
Il convient que le Seigneur naisse à Bethléem, car Bethléem signifie «Maison du pain». Et n’est-ce pas notre Rédempteur lui-même qui a déclaré: Je suis le pain vivant descendu du Ciel? Ainsi, le lieu de naissance du Seigneur a par avance reçu le nom de «Maison du pain», parce que devait y apparaître revêtu de chair celui qui rassasierait intérieurement les âmes des élus (s. Grégoire).
Que nous sachions te reconnaître, Seigneur, dans simplicité du pain eucharistique.
La Présentation de Jésus
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur: un couple de tourterelles ou deux petites colombes (Lc 2, 24).
Alors qu’il est le Seigneur et le Créateur des anges, le Christ est venu dans le sein d’une Vierge pour assumer notre nature qu’il a lui-même créée. Il n’a pas voulu naître en ce monde de parents riches, mais en a choisi de pauvres. C’est pourquoi, faute d’agneau à offrir pour lui, sa mère acquit de jeunes colombes et un couple de tourterelles pour le sacrifice (s.Grégoire).
Quand la pauvreté est au rendez-vous de nos vies, apprends-nous à reconnaître ta présence.