Janvier
29 janvier
« Heureux les pauvres de cœur » (Mt 5, 1-12a)
|
GRADATION ADMIRABLE DES HUIT BÉATITUDES
Saint Augustin, dans le commentaire du Sermon sur la montagne
Voilà quelles sont les huit béatitudes ; car ensuite le Sauveur s'adresse en particulier à ceux qui étaient là, en disant : « Vous serez heureux lorsque les hommes vous maudiront et vous persécuteront, » tandis que plus haut il s'adressait à tout le monde. En effet, il n'a pas dit : « Bienheureux les pauvres d'esprit, » parce qu'à vous appartient le royaume des cieux, mais : « parce qu'à eux appartient le royaume des cieux ; » il n'a pas dit : « Bienheureux ceux qui sont doux, » parce que vous posséderez la terre, mais: « parce qu'ils posséderont la terre. » Et ainsi du reste, jusqu'a la huitième sentence : « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, « parce qu'à eux appartient le royaume des cieux. » Mais désormais il parle à ceux qui étaient présents, bien que ce qu'il a dit plus haut s'adressât aussi à eux, et que tout ce qu'il paraît leur dire spécialement convienne également à ceux qui étaient absents ou devaient naître dans la suite. C'est pourquoi il faut porter une sérieuse attention à ce nombre de huit. La première béatitude est celle qui provient de l'humilité : « Bienheureux les pauvres d'esprit» c'est-à-dire ceux qui ne sont point enflés, dont l'âme se soumet à l'autorité divine, et craint d'être livrée au supplice après la mort, bien qu'elle puisse peut-être s'estimer heureuse en cette vie. De là elle arrive à la connaissance des saintes Ecritures, où elle doit se montrer douce par esprit de piété, pour ne pas s'exposer à blâmer ce que des ignorants traitent d'absurde et devenir indocile par d'opiniâtres discussions. Dès lors elle commence à comprendre par quels noeuds elle est enchaînée à ce siècle au moyen de l'habitude et du péché; par conséquent, dans ce troisième degré, qui est celui de la science, elle pleure la perte du souverain bien, en se voyant retenue à l'autre extrémité. Le quatrième degré est celui du travail, des violents efforts que l'âme fait pour s'arracher au plaisir empoisonné qui la captive. Là on a faim et soit de la justice et le courage est grandement nécessaire, parce qu'on ne quitté pas sans douleur ce qu'on possède avec joie. Dans le cinquième degré, on donne à ceux qui ont persévéré dans le travail un conseil pour s'en délivrer; car, sans le secours d'une puissance supérieure, personne n'est capable de se débarrasser de misères si grandes et si compliquées ; et ce conseil si juste, c'est de venir en aide à la faiblesse d'un inférieur, si l'on veut recevoir du secours d'un supérieur ; par conséquent : « Bienheureux les miséricordieux, parce qu'ils obtiendront miséricorde. » Le sixième degré consiste dans la pureté du coeur qui, forte de la conscience des bonnes oeuvres, est capable de contempler le souverain bien, qui n'est viable que pour l'intellect serein et pur. Le septième est la sagesse même, c'est-à-dire la contemplation de la vérité, qui pacifie l'homme tout entier, et le rend semblable à Dieu; d'où cette conclusion: « Bienheureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés enfants de Dieu. » La huitième béatitude rentre, pour ainsi dire, dans la première ; aussi dans l'une et l'autre nomme-t-on le royaume des cieux.
Bienheureux les pauvres d'esprit parce qu'à eux appartient le royaume des cieux », puis Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, parce qu'à eux appartient le royaume des cieux ». C'est déjà dire : « Qui nous séparera de l'amour du Christ ? » Est-ce la tribulation ? est-ce l'angoisse? est-ce la persécution ? est-ce la faim ? est-ce la nudité ? est-ce le péril ? est-ce le glaive ? » Il y a donc sept degrés dans le travail de la perfection ; car le huitième résume tout dans la gloire, fait voir ce qui est parfait et revient au premier, afin de parfaire les autres degrés par le premier et le dernier.
24 janvier
Mystères glorieux
|
La Résurrection
Pierre entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête (Jn 20, 6-7).
Au jour de la résurrection, le Christ Jésus a laissé dans le tombeau les linceuls, qui sont le symbole de nos infirmités, de nos faiblesses, de nos imperfections; il sort triomphant du sépulcre; sa liberté est entière, il est animé d'une vie intense, parfaite, qui fait vibrer toutes les fibres de son être. En lui, tout ce qui est mortel est absorbé par la Vie (Dom Marmion).
Prions pour les mourants qui se préparent à entrer dans la Vie.
L’Ascension
Jésus fut élevé pendant que les apôtres le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux (Ac 1, 9).
Lorsque Notre Seigneur monta au ciel, le Père éternel le reçut avec ces paroles: «Sois le bienvenu, mon glorieux Fils; je vois ma gloire dans ta puissance, ma louange dans ta victoire, mes merveilles dans ton Ascension. L'épouse sans tache que tu m'amènes, t'appartiendra toujours, et vous ne serez jamais séparés… Ton âme sera l'épouse intime de nos trois personnes» (Sainte Mechtilde).
Qu'en contemplant l'ascension du Seigneur, nous sachions découvrir la grandeur de l'homme qui a trouvé place en Dieu.
La Pentecôte
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent (Ac 2, 2).
En descendant sur les apôtres, l'Esprit Saint répand en eux cet amour qui est lui-même. Il faut que les apôtres soient remplis d'amour pour qu'en prêchant le nom de Jésus, ils fassent naître l'amour de leur Maître dans l'âme de leurs auditeurs: il faut que leur témoignage, dicté par l'Esprit, soit si plein de vie qu'il attache le monde à Jésus Christ (Dom Marmion).
Nous t'en prions, Seigneur, que le feu de l'Esprit brûle nos cœurs et fasse de nous des témoins.
L’Assomption
J'ai cherché partout le repos, mais c'est à l'héritage du Seigneur que je m'arrêterai (Si 24,7).
Voici que la Reine des vierges gravit le céleste chemin. Voici qu'autour d'elle s'avance la claire légion des anges et derrière elle, célébrée, la cohorte des vierges saintes. A tous il est bon de croire; brillant du céleste diadème, voici qu'Il court à sa rencontre; le Christ, le Christ naquit d'elle! (Odilon de Cluny).
Face à notre mort, que nous soyons fermes dans l'espérance d'aller à la rencontre du Seigneur.
Le Couronnement de Marie
Le Puissant a fait pour moi de grandes choses, saint et son nom (Lc 1,49).
Ô ma souveraine, vous êtes la reine de tous les saints, la reine des esprits angéliques, la reine des riches et des pauvres, des grands et des petits. D'où vient tant de puissance? C'est que vous êtes la mère de notre sauveur, l'épouse de Dieu, la reine du ciel et de tous les éléments. C'est auprès de vous que je cherche un refuge (Saint Anselme).
Par Marie, notre protectrice, prions pour tous les peuples; qu’ils recherchent, dans un esprit de paix et de joie, un avenir et une justice pour tous.
22 janvier
3ème dimanche du temps ordinaire Il vint habiter à Capharnaüm pour que soit accomplie la parole d’Isaïe (Mt 4, 12-17) |
12 Entendant que Jean avait été livré, il se retira vers la Galilée. 13 Et abandonnant Nazareth, venant, il habita à Capharnaüm, au bord de la mer, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali, 14 pour que s'accomplisse ce qui fut dit par Isaïe le prophète disant: 15 Terre de Zabulon et terre de Nephtali, chemin de la mer, au-delà du Jourdain, Galilée des nations, 16 le peuple dans la ténèbre a vu une grande lumière, et pour ceux qui étaient assis dans le pays et l'ombre de la mort une lumière s'est levée sur eux.
17 Dès lors, Jésus commença à proclamer et à dire: Convertissez-vous car le Royaume des cieux s'est approché.
Jésus est resté en Judée un certain temps, non précisé, jusqu'à ce que Jean ait été livré. Il rentre alors en Galilée à Nazareth, mais pour s'installer rapidement à Capharnaüm. Pour situer cette ville, Matthieu fournit deux renseignements: elle était «au bord de la mer, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali». Ces deux qualificatifs sont choisis par Matthieu car il y voit la réalisation d'une prophétie d'Isaïe: «Naguère, la honte atteignit la terre de Zabulon et la terre de Nephtali, mais finalement, l'honneur sera rendu au pays qui s'étend vers la mer, ou au-delà du Jourdain, au district des gentils… Le peuple qui marchait dans l'obscurité voit une grande lueur; ceux qui habitaient une terre ténébreuse, la lumière rayonne sur eux» (Is 8, 23-9, 1). Matthieu modifie légèrement le texte d'Isaïe. La terre de Zabulon et la terre de Nephtali gardent leurs deux caractéristiques propres, mais Capharnaüm n'était pas mentionné par le prophète.
Puis Matthieu introduit la prédication de Jésus par «Dès lors». Cette expression renvoie à ce qui précède: d'une part Jean a été livré et d'autre part Jésus s'est installé à Capharnaüm. Effectivement la proclamation de Jésus prend le relais de celle de Jean: son contenu est le même; mais la prophétie d'Isaïe lui donne un éclairage nouveau: elle est élargie aux nations païennes.
20 janvier
Mystères douloureux
|
L’Agonie
Entré en agonie, Jésus priait avec plus d'insistance (Lc 22, 44).
Une charité intense m'animait, dit le Seigneur, au temps de ma vie mortelle, quand pour le salut des hommes je supportais dans mon corps les angoisses, les souffrances, les épouvantes de la Passion et de la mort (Sainte Gertrude).
Souviens-toi, Seigneur, des migrants qui vivent dans l'angoisse pour un lendemain incertain.
La Flagellation
Alors Pilate ordonna d'emmener Jésus pour le flageller (Jn 19, 1).
Pendant que mes ennemis me flagellaient avec une fureur extrême, j'exhalais devant mon Père céleste une prière si efficace que beaucoup, parmi mes bourreaux, se convertirent dans la suite (Sainte Mechtilde).
Jette un regard de tendresse, Seigneur, sur ceux qui sont torturés, sur les chrétiens persécutés pour leur foi.
Le Couronnement d’épines
Les soldats tressèrent une couronne avec des épines, et la lui mirent sur la tête (Jn 19, 2).
Tandis qu'ils enfonçaient dans ma tête une couronne d'épines, moi, pour chacune des pointes qui me déchirait, je plaçais à leur propre couronne une pierre de grand prix (Sainte Mechtilde).
Mets dans nos cœur, Seigneur, la grâce de savoir pardonner et de vouloir du bien à ceux qui nous font du mal.
Le Portement de croix
Jésus, portant lui-même sa croix, sortit en direction du lieu dit: Le Crâne, ou Calvaire (Jn 19, 17).
Ô très doux Jésus, par toutes les douleurs que tu as supportées, je t'en conjure, aie pitié de moi, pauvre pécheur (Sainte Gertrude).
Prions pour les enfants qui ne reçoivent pas de formation humaine et chrétienne et qui sont entraînés dans le mal.
Le crucifiement et la mort de Jésus
Un des soldats avec sa lance lui perça le côté (Jn 19, 34).
La lance ouvrit mon côté; alors mon cœur versa le breuvage du salut aux hommes qui, en Adam, avaient tous bu la boisson de mort; et il le leur versa afin que ces infortunés deviennent tous enfants de l'éternité bienheureuse, en moi qui suis la Vie (Sainte Mechtilde).
Fais-nous entrer plus avant, Seigneur, dans le mystère d'amour de ton cœur transpercé.
15 janvier
2ème dimanche du temps ordinaire « Voici l’Agneau de Dieu, |
Extrait de la Chaîne d'Or de saint Thomas d'Aquin
29 Le lendemain, voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; 30 c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. 31 Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » 32 Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. 33 Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” 34 Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
S. Chrys. (Hom. 17 sur S. Jean.) Plusieurs peut-être n’avaient pas prêté grande attention aux premiers discours de Jean-Baptiste, il multiplie donc coup sur coup les témoignages pour les rendre plus attentifs : « Le lendemain, dit l’Evangéliste, Jean était encore là avec deux de ses disciples. » — Bède. (hom. pour la vigil. de S. And.) Jean se tenait encore là, parce qu’il s’était élevé dans la pratique des vertus à une telle hauteur, qu’il ne pouvait en être renversé par aucune tentation, par aucune épreuve. Ses disciples étaient avec lui, parce qu’ils suivaient les enseignements de leur Maître avec un cœur plein de docilité et de constance.
S. Chrys. (hom. précéd.) Mais pourquoi Jean-Baptiste, au lieu de parcourir toute la Judée pour annoncer Jésus en tous lieux, se tient-il sur les bords du Jourdain, attendant pour le faire connaître, que le Sauveur vienne le trouver ? Parce qu’il réservait cette mission aux oeuvres mêmes de Jésus-Christ. Considérez d’ailleurs combien cette conduite fut plus utile à l’édification des âmes. Jean-Baptiste ne fit que jeter une petite étincelle, et on vit aussitôt s’allumer un grand incendie. Si un autre eût parcouru la Judée pour annoncer Jésus-Christ, on eût pu l’accuser d'agir par un motif tout humain, et sa prédication eût donné lieu à mille soupçons. C’est pour cette raison que les prophètes et les Apôtres ont annoncé Jésus-Christ lorsqu’il n’était pas présent, les uns avant son avènement et son incarnation, les autres après son ascension. Mais voyez comme Jean-Baptiste rend témoignage non seulement de la voix, mais des yeux : « Et regardant Jésus qui s’avançait, il dit : Voici l’Agneau de Dieu. » — Théophile. Il regarde Jésus, comme-pour exprimer par son regard les sentiments de joie et d’admiration que lui fait éprouver la présence de Jésus-Christ.
S. Augustin. (Traité 7 sur S. Jean.) Jean était l’ami de l’Epoux, il ne cherchait point sa propre gloire, mais rendait témoignage à la vérité, aussi ne voulut-il point retenir près de lui ses disciples et les empêcher de suivre le Seigneur, et c’est lui, au contraire, qui leur montre celui qu’ils devaient suivre en leur disant : « Voici l’Agneau de Dieu. » — S. Chrys. (hom. 17 sur S. Jean.) Il ne leur fait pas de longs discours, il n’a qu’une chose en vue, c’est de les amener et de les unir à Jésus-Christ, il savait que pour le reste, ils n’auraient pas besoin de son témoignage. Pourquoi encore Jean-Baptiste ne s’adresse-t-il pas à ses disciples en particulier, mais leur dit-il publiquement devant tout le peuple : « Voici l’Agneau de Dieu. » En se déterminant à suivre Jésus-Christ, par suite d’un enseignement qui s’adressait à tous, leur résolution fut beaucoup plus ferme et plus constante, et ce ne fut pas eu considération de leur Maître, mais dans leur intérêt, qu’ils s’attachèrent au Sauveur. Remarquons encore que le discours de Jean-Baptiste ne contient aucune prière, aucune instance, il se contenta d’exprimer son admiration à la vue de Jésus-Christ, de faire connaître la grâce qu’il apporte an monde, et de quelle manière il doit purifier les âmes, deux choses que signifie le nom d’Agneau. Il l’appelle l’Agneau avec l’article δ άμνός, c’est-à-dire l’Agneau par excellence. — S. Augustin. (Traité 7 sur S. Jean.) Le Sauveur est en effet l’Agneau proprement dit, le seul qui soit sans péché, dont on n’a pas en besoin de laver les souillures, mais qui a été sans souillure aucune. Il est par excellence l’Agneau de Dieu, parce que ce n’est que par le sang de cet Agneau, que les hommes ont pu être rachetés. C’est cet Agneau que redoutent les loups, et qui a donné la mort au lion après que lui-même avait été mis à mort. — Bède. Il s’appelle encore Agneau, parce qu’il devait nous laisser en don gratuit sa toison pour nous en faire une robe nuptiale, c’est-à-dire qu’il a voulu nous laisser les exemples de sa vie, pour nous communiquer les saintes ardeurs de la charité. Alcuin. Dans le sens figuré, Jean s’arrête, c’est-à-dire que la loi cesse, et Jésus vient, c’est-à-dire la grâce de l’Evangile, à laquelle la loi elle-même rend témoignage. Jésus se met en marche pour réunir ses disciples. — Bède. Cette marche de Jésus représente la divine économie de l’incarnation, par laquelle il a daigné venir jusqu’à nous, et nous laisser les exemples d’une vie sainte.
11 janvier
Mystères lumineux
|
Le Baptême
Jésus priait, après avoir été baptisé (Lc 3, 21).
Ô bienheureuse entre toutes les femmes, c'est le fruit de vos entrailles qui me rétablit quand j'étais perdu, et m'introduisit de l'exil de la misère dans la patrie de la béatitude dans la régénération de son baptême. Il m'accorda toutes ces grâces, les unes encore en espérance, les autres déjà en réalité (Saint Anselme).
Par l'intercession de la Vierge toute pure, que nous restions dans la grâce de notre baptême.
Cana
Mon heure n'est pas encore venue (Jn 2, 4).
Marie voyait dans le miracle sollicité, l'inauguration du ministère de son Fils. Elle n'ignorait pas quel devait en être le terme. Elle lui disait pourtant: «Vous vous devez au monde. Je ne vous retiendrai plus. Vous ne cesserez pas d'être mon fils. Je serai toujours, en dépit des formes extérieures, plus à vous; vous, plus à moi. Je sais bien qui vous êtes, mais eux ne le savent pas: dites-le leur» (Dom Delatte).
Prions pour tous ceux qui doutent dans l'épreuve. Que Marie soit pour eux une étoile dans leur nuit.
L’Annonce du Royaume
Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu; il disait: «Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle» (Mc 1, 14-15).
On remarque des ressemblances entre la prédication du précurseur et celle du Messie. De part et d'autre, la même recommandation: la pénitence, et le même motif de la pénitence: l'approche du Royaume de Dieu. En quoi consiste-t-il? c'est l'Eglise ou l'humanité nouvelle. Ce règne est d'abord intérieur (Dom Delatte).
Que la mère de miséricorde nous obtienne une grâce de componction et de conversion.
La Transfiguration
Jésus fut transfiguré devant eux; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière (Mt 17, 2).
Dans l'éclat glorieux d'un instant nous est manifesté ce à quoi avait droit, dès le premier instant de l'Incarnation, Notre Seigneur Jésus Christ, ce dont il se dépouillait volontairement pour remplir son office de rédempteur (Dom Delatte).
Que nos multiples occupations ne nous détournent pas de la contemplation de la beauté du Christ.
L’Eucharistie
Jamais plus je ne mangerai la Pâque jusqu'à ce qu'elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu (Lc 22, 16).
L'accomplissement de la Pâque dans le Royaume de Dieu est l'eucharistie célébrée dans l'Eglise. Le corps pris dans le sein de la Vierge-Mère est, pour la contemplation de l'Eglise, un objet d'une beauté, d'une blancheur indescriptibles, parce qu'il est la nourriture céleste symbolisée par la manne (Dom Vonier).
Que nous ayons faim de l'eucharistie; qu'elle soit pour nous vrai pain de vie.
7 janvier
Epiphanie Mt 2, 1-12 |
Dans la Chaîne d'Or de saint Thomas d'Aquin
S. Augustin. Autant les Mages désirent trouver un Rédempteur, autant Hérode craint de rencontrer un successeur, comme l’indiquent les paroles suivantes : « Ce qu’ayant appris le roi Hérode, il fut troublé. » — La glose. On lui donne le nom de roi afin que, rapproché du roi que cherchent les Mages, il soit convaincu de n’être qu’un étranger. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Il est troublé de ce qu’un roi des Juifs vient de naître du sein du peuple juif lui-même, parce qu’il est Iduméen, et qu’il craint que le sceptre revenant aux mains des Juifs, il ne soit chassé par eux, et sa race à jamais exclue du trône. C’est ainsi que les grandes puissances sont en proie à de plus vives terreurs. Les branches des arbres plantés sur les hautes montagnes sont agitées par le moindre vent ; ainsi ceux qui sont élevés en dignité sont troublés par le bruit de la plus légère nouvelle ; ceux au contraire dont la condition est obscure, vivant comme dans une vallée profonde, jouissent presque toujours d’une parfaite tranquillité.
S. Augustin. (serm. 2 sur l’Epiph.) Quelle terreur inspirera un jour le tribunal du juge, alors que le berceau du petit enfant fait trembler les rois superbes sur leur trône ? Que les rois soient saisis de frayeur devant celui qui est assis à la droite du Père, puisqu’un roi impie a tremblé devant lui alors qu’il était encore suspendu au sein de sa mère. S. Léon, pape. (serm. 4 sur l’Epiph.) Cependant tes craintes sont superflues, ô Hérode, ton palais ne peut contenir le Christ, le maître du monde ne peut être resserré dans les limites étroites de ton royaume ; celui à qui tu veux défendre de régner dans la Judée étend son règne partout.
La glose. Peut-être n’est-ce pas seulement la perte de son trône qu’il craignait, mais encore la colère des Romains qui avaient décidé qu’aucun roi, de même qu’aucun dieu ne serait proclamé sans leur approbation.
S. Grég. (hom. 10 sur les Ev.) A peine le roi du ciel est-il né que le roi de la terre est en proie à l’agitation et au trouble : c’est qu’en effet les hauteurs de la terre sont confondues, lorsque les grandeurs du ciel viennent à se découvrir. — S. Léon, pape. (serm. 6 sur l’Ep.) Hérode dans cette circonstance joue le rôle du démon, et le démon après avoir été son instigateur se montre depuis son infatigable imitateur, car la vocation des Gentils fait son tourment, et son plus grand supplice est de voir tous les jours la destruction de son empire. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Tous deux sont troublés par des inquiétudes personnelles, tous deux craignent un successeur, l’un de son royaume de la terre, l’autre du royaume des cieux. Or voici que le peuple juif partage lui-même ce trouble, alors qu’il aurait dû se réjouir de cette nouvelle ; mais ce peuple en est troublé, parce que l’arrivée du Juste ne peut être un sujet de joie pour les impies ; ou bien ils étaient troublés dans la crainte qu’Hérode irrité contre le roi des Juifs ne déchargeât sa colère sur la nation dont il était sorti ; c’est pourquoi l’auteur sacré ajoute : « Et toute la ville de Jérusalem avec lui. » — La glose. La ville de Jérusalem voulait flatter celui qu’elle craignait, car le peuple favorise toujours plus qu’il ne le devrait ceux dont il supporte les violences. — suite. « Et ayant assemblé tous les princes des prêtres, » etc. Remarquez son empressement à chercher le Christ ; il veut, s’il le trouve, exécuter les projets qu’il dévoilera plus tard, et s’il ne le trouve pas, se ménager une excuse auprès des Romains. — S. Rémi. On les appelait scribes, non seulement parce qu’ils transcrivaient les livres de la loi, mais parce qu’ils interprétaient les Écritures, car ils étaient docteurs de la loi.
suite. « Il leur demanda où le Christ devait naître. » Remarquez qu’il ne dit pas : « Où le Christ est né, » mais « où le Christ devait naître. » Il les questionne avec astuce pour s’assurer s’ils se réjouissaient de la naissance de ce nouveau roi. Il lui donne le nom de Christ, parce qu’il savait que le roi des Juifs recevrait l’onction royale. — S. Chrys. (sur S. Matth.) Mais pourquoi cette question d’Hérode, s’il ne croyait pas aux Écritures ? Ou s’il y croyait, comment pouvait-il se flatter de pouvoir mettre à mort celui dont elles prédisaient la royauté ? Mais il était poussé par le démon qui sait que les Écritures ne peuvent mentir. Ainsi sont tous les pécheurs : ce qu’ils croient, il ne leur est pas donné de le croire parfaitement ; ils croient, tant est grande la puissance de la vérité, et ils ne croient point, aveuglés qu’ils sont par l’ennemi du salut. Car si leur foi était parfaite, ils ne vivraient pas comme devant rester éternellement en ce monde, mais comme devant en sortir après quelques instants de séjour.
suite. Ceux-ci répondirent : « Dans Bethléem de Juda. » — S. Léon, pape. (serm. 1 sur l’Epiph.) Les Mages guidés par un sentiment naturel crurent qu’ils devaient chercher dans la capitale du royaume le roi dont la naissance leur avait été révélée ; mais celui qui avait daigné prendre la forme d’un esclave, et qui était venu pour être jugé, et non pas pour juger, fit choix de Bethléem pour sa naissance et de Jérusalem pour sa passion. — Théodote. (serm. au conc. d’Ephèse.) S’il avait choisi Rome, la ville par excellence, on aurait pu croire que le changement qu’il a opéré dans le monde était dû à la puissance des citoyens romains ; s’il eût eu un empereur romain pour père on eût attribué ses succès à son pouvoir. Qu’a-t-il donc fait ? Il a choisi tout ce qui a le caractère de la pauvreté et de la bassesse, pour qu’il soit bien démontré que c’est la puissance divine qui a transformé le genre humain ; voilà pourquoi il a fait choix d’une mère pauvre, et d’une patrie plus pauvre encore, voilà pourquoi il naît dans l’indigence, et c’est ce que la crèche vint enseigner. — S. Grég. (hom. 8 sur les Ev.) C’est par suite d’un dessein providentiel qu’il naît à Bethléem, car Bethléem signifie maison du pain, et il a dit de lui-même : « Je suis le pain vivant descendu du ciel.
S. Chrys. (sur S. Matth.) Il semble que les princes des prêtres auraient dû cacher le mystère du roi prédestiné de Dieu, surtout en présence d’un roi étranger ; et cependant, non contents de publier les œuvres de Dieu, on les voit pour ainsi dire livrer ses mystères ; et non seulement ils les dévoilent, mais ils apportent à l’appui le témoignage du prophète. Il est écrit dans le prophète : « Et toi Bethléem, terre de Juda. » — La glose. (Mi 5.) L’Évangéliste rapporte cette prophétie telle qu’ils l’ont citée, en donnant plutôt le sens véritable que le texte même du prophète Michée. — S. Jérôme. On peut reprocher ici aux Juifs leur ignorance, car on lit dans le prophète Michée : « Et toi Bethléem Ephrata, » et non pas comme ils disent : « Et toi Bethléem, terre de Juda. » — S. Chrys. (sur S. Matth.) Il y a plus encore, c’est qu’en supprimant une partie de la prophétie ils sont devenus la cause du massacre des enfants. En effet la prophétie porte : « De toi sortira le roi qui gouvernera mon peuple d’Israël, et ses jours sont depuis les jours de l’éternité. » Si donc ils l’avaient citée dans son entier, Hérode réfléchissant que ce roi dont la naissance date des jours de l’éternité ne pouvait être un roi de la terre, ne serait pas entré dans une si grande fureur. — S. Jérôme. (sur S. Matth. et Michée dans la Glose.) Or voici le sens de cette prophétie : « Et toi Bethléem, terre de Juda, ou Ephrata » (elle est ainsi désignée parce qu’il y avait une autre Bethléem dans la Galilée), « quoique tu sois un petit bourg entre les villes de Juda, cependant c’est de toi que naîtra le Christ qui régnera sur Israël, et qui sera de la race de David. Cependant je lui ai donné naissance avant tous les siècles ; » c’est pour cela que le prophète ajoute : « Sa génération est dès le commencement, dès l’éternité, car au commencement le Verbe était en Dieu. » — La glose. Quant à cette dernière partie, les Juifs la supprimèrent comme nous l’avons dit, et ils changèrent le reste de la prophétie, soit par ignorance comme nous l’avons supposé, soit afin de rendre plus clair et plus évident le sens de cette prédiction pour Hérode, qui était un étranger ; ainsi pour le mot « Ephrata, » qui était un mot ancien et qu’Hérode pouvait ignorer, ils mettent : « Terre de Juda, » au lieu de lire : « la plus petite entre toutes les villes de Juda, » avec le prophète lui avait voulu faire ressortir le peu d’importance de cette ville relativement à l’immense multitude du peuple de Dieu, ils dirent : « Tu n’es pas la moindre entre les principales villes de Juda, » afin de montrer la grandeur que faisait rejaillir sur elle la dignité du roi qui devait naître dans son sein ; paroles qui reviennent à celles-ci : Tu es grande entre toutes les cités qui ont donné le jour à des princes. — S. Rémi. Ou bien on peut encore l’expliquer ainsi : « Quoique tu paraisses très petite au milieu des villes qui commandent aux autres, cependant tu ne l’es pas en réalité, car de toi sortira le chef qui conduira mon peuple d’Israël. » Ce chef, c’est le Christ qui conduit et gouverne le peuple fidèle.
S. Chrys. (hom. 1 sur S. Matth.) Remarquez avec quelle exactitude s’exprime le prophète ; il ne dit pas : « Il sera dans Bethléem, » mais : « Il sortira de Bethléem, » pour indiquer ainsi que cette ville ne serait témoin que de sa naissance. » Comment peut-on rapporter cette prophétie à Zorobabel, comme quelques-uns le prétendent ? Sa naissance ne date pas du commencement ni ses jours de l’éternité ; Il n’est pas non plus sorti de Bethléem, puisqu’il n’est pas né dans la Judée, mais à Babylone. Une raison non moins forte c’est que la prophétie ajoute : « Tu n’es pas la plus petite, parce que de toi sortira, » car aucun autre que le Christ n’a rendu célèbre le bourg où il est né, et depuis sa naissance on vient des extrémités de la terre visiter l’étable et la crèche où il est né. Si le prophète ne dit pas : « De toi sortira le Fils de Dieu ; » mais : « De toi sortira le chef qui conduira mon peuple d’Israël, » c’est que dans les commencements il fallait condescendre à la faiblesse des Juifs, ne pas les scandaliser, mais les attirer en leur faisant connaître ce qui avait rapport au salut du genre humain. Il faut prendre dans un sens figuré les paroles suivantes : « Qui conduira mon peuple d’Israël, » c’est-à-dire ceux qui doivent croire d’entre les Juifs. Si tous ne se sont pas rangés sous la conduite du Christ, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Le prophète n’a rien dit des Gentils et c’est encore pour ne pas scandaliser les Juifs. Voyez cependant comme tout est ici admirablement disposé. Les Juifs et les Mages s’instruisent mutuellement. Les Mages apprennent aux Juifs qu’une étoile annonce le Christ dans l’Orient, et les Juifs enseignent aux Mages que dans les temps anciens les prophètes l’ont prédit afin qu’affermis par ce double témoignage ils recherchent avec une foi plus ardente celui que révélaient à la fois l’éclat de l’étoile et l’autorité des prophéties. — S. Augustin. (serm. sur l’Epiph.) L’étoile qui conduisit les Mages au lieu où se trouvait le Dieu fait enfant avec la Vierge sa mère, aurait pu les conduire directement jusqu’à la ville même de Bethléem ; cependant elle se cacha, et ne reparut que lorsque ayant demandé aux Juifs dans quelle ville le Christ devait naître, ils en eurent obtenu cette réponse : « Dans Bethléem de Juda. » Les Juifs dans cette circonstance furent semblables aux ouvriers qui construisirent l’arche de Noé, et qui ne laissèrent pas de périr dans les eaux du déluge, après avoir fourni à d’autres le moyen de se sauver ; ou bien encore, semblables aux pierres milliaires placées sur les routes, ils se contentèrent d’indiquer le chemin, sans pouvoir marcher eux-mêmes. Ceux qui cherchaient n’eurent pas plus tôt appris ce qu’ils demandaient qu’ils partirent aussitôt, tandis que les docteurs les enseignèrent et restèrent immobiles. Les Juifs ne cessent de nous offrir tous les jours le même spectacle. Lorsque nous apportons aux païens des témoignages évidents de l’Écriture pour leur prouver que Jésus-Christ a été prédit bien longtemps avant sa naissance, Il en est quelques-uns qui tiennent ces témoignages pour suspects et comme inventés peut-être par les chrétiens, et qui préfèrent s’en rapporter aux exemplaires qui sont entre les mains des Juifs ; ces païens font comme les Mages autrefois, ils laissent les Juifs lire et relire sans aucun fruit leurs Écritures, et s’empressant de venir adorer avec foi Jésus-Christ.
5 janvier
Mystères joyeux
|
L’Annonciation
Qu'il m'advienne selon ta parole (Lc 1, 38).
La sainte Trinité toute entière avec la puissance de la divinité, le bon vouloir de l'humanité, la noble conformité du Saint-Esprit, pénétrant dans le corps virginal de Marie, entra dans son âme embrasée par la bonne volonté; elle s'établit dans le cœur de sa chair très pure et s'unit avec tout ce qu'il y trouva, en sorte que la chair de l'une devint la chair de l'autre, et ainsi fut formé dans son sein un enfant parfait, et ainsi fut-elle véritablement mère de sa chair, tout en restant une vierge immaculée (Sainte Mechtilde).
Par Marie, Reine des familles, nous te prions, Seigneur, pour tous les enfants à naître et pour leurs mères.
La Visitation
Marie, se levant, partit sans retard dans la montagne, pour une ville de Juda; elle entra dans la demeure de Zacharie et salua Elisabeth (Lc 1, 39).
Depuis l'incarnation, les œuvres et les démarches de Notre-Dame sont les œuvres et les démarches commune d'elle et de son Fils. C'est une communion douce et continue. Elle appartient toute à ce sacrement de pureté, de beauté, de tendresse, qui repose dans son sein (Dom Delatte).
Que les visiteurs de prison et d'hôpitaux soient comme des sacrements de Jésus.
La Nativité
Marie mit au monde son fils premier-né (Lc 2, 7).
C'est Dieu qui engendra celui par qui tout a été fait; c'est Marie qui enfanta celui par qui tout a été sauvé. C'est Dieu qui engendra celui sans qui rien n'existe; c'est Marie qui enfanta celui sans qui rien n'est bon. Oh! le Seigneur est véritablement avec celle à qui il permit que l'univers fût si redevable en même temps qu'à lui (Saint Anselme).
Que les chrétiens n'oublient pas de s'émerveiller et de rendre grâces pour la naissance du Fils de Dieu.
La Présentation de Jésus
Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur (Lc 2, 22).
Vous apportez au Temple, ô Vierge, pour y être purifié avec vous, le Dieu qui, en s'incarnant dans votre sein, ne fit qu'accroître les honneurs de votre virginale intégrité. Vous apportez au Temple, pour y être purifié avec vous, celui qui s'étant fait notre pontife, suivant l'ordre de Melchisédech, compatit tous les jours à nos infirmités et nous est miséricordieux (Saint Anselme).
Par Marie, accorde-nous, Seigneur, la grâce de reconnaître notre péché avec une grande confiance; purifie-nous.
Le Recouvrement de Jésus au Temple
Pourquoi me cherchiez-vous? Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des choses de mon Père? (Lc 2, 49).
Le Seigneur s'étonne doucement qu'ils l'aient cherché, surtout avec cette anxiété, alors que ce qu'ils savaient de lui auraient dû les rassurer. Le Messie ne peut pas être perdu; il ne peut qu'être occupé aux intérêts de son Père (Dom Delatte).
Que nous sachions te chercher Seigneur et nous laisser trouver par toi.
1er janvier
La Mère de Dieu
|
Sermon de saint Augustin
Jésus-Christ naît d'une Vierge; quel éclat ne jette pas sur le monde cette naissance du Sauveur! En la méditant avec piété, nous mettons un. terme à nos péchés, et, rejetant les habitudes criminelles de nos mauvaises actions, nous nous unissons à la vie nouvelle, nous renaissons avec Jésus-Christ naissant. De même qu'aujourd'hui, pour sauver le monde, Jésus-Christ est sorti du sein de Marie, de même le genre humain sort aujourd'hui du sein de Marie, c'est-à-dire des entrailles de l'Église, créé de nouveau par les sacrements mystiques et spirituels, et paraît à la lumière avec Jésus-Christ, et s'élance dans la voie qui mène au salut. Je vous parle ainsi, mes frères, parce que tous nous célébrons aujourd'hui en commun la naissance du Sauveur. Trop peu de chrétiens cherchent à se rendre compte du but et de l'auteur de cette naissance; car si ce mystère était toujours présent à notre esprit, nous ne pécherions jamais; et cependant tous disent: C'est aujourd'hui la naissance du Seigneur; applaudissons par des bonnes œuvres, réjouissons-nous dans le Seigneur par des actions saintes, dépouillons notre malice à l'arrivée de Jésus-Christ et montrons-nous bons en toutes choses. Et pourtant, malgré ce langage, ils n'ont d'autres préoccupations que de satisfaire aux besoins de la chair et du sang, ils mêlent leur joie à des actions criminelles, tandis que leur âme, pour laquelle aucun bien n'est à négliger, reste privée de toute nourriture spirituelle, et tous leurs soins sont pour le corps, auquel ils n'osent imposer aucune privation en faveur de leur âme. Ceux qui célèbrent aussi indignement la naissance de leur Sauveur, est-il étonnant qu'ils soient comparés à des animaux sans raison, qui n'ont d'autre joie qu'à repaître leur corps? Si donc nous sommes des fidèles et des chrétiens, rappelons-nous quel est Celui qui a daigné naître aujourd'hui, et à la vue de sa grandeur infinie, nous changerons promptement notre vie, parce que dans cette naissance nous reconnaîtrons Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est notre vie véritable et éternelle. Renonçons à nous-mêmes et commençons à vivre pour Celui qui a daigné pour nous non seulement naître, mais encore mourir. Contemplez sa grandeur, pénétrez-vous de sa mansuétude, afin que vous méritiez de concevoir son infinie majesté. Aujourd'hui paraît pour nous à la lumière le suprême arbitre de la liberté, l'auteur de toute équité, le promoteur de la justice, le destructeur de l'orgueil, le principe de l'humilité, celui qui dissipe la discorde, nous ramène la paix, triomphe de la mort et nous procure la rédemption et la vie.