Avril
Annonces La pandémie nous a obligées à reconvertir notre atelier de chapelets: nous fabriquons des masques monastique, grâce à l'ATC de Paris. On peut lire sur son site: Le masque : 5 euros (double épaisseur de tissu en coton) |
|
|
30 avril
Les temps sont mauvais ! Augustin, sermon 25,3-6
Il est bon de se rappeler l'enseignement de saint Augustin quand on traverse une grosse épreuve, pour la lire à la lumière de l'Ecriture.
|
|
|
Heureux donc, « heureux l'homme que vous avez instruit, Seigneur ! » Je parle, je crie, j'explique. Qui me comprend? Je le sais: c'est « l'homme heureux que vous avez instruit, Seigneur; » c'est l'homme à qui Dieu parle au coeur : et celui-là est heureux, même quand je me tais, car « vous l'avez instruit, Seigneur, et vous lui avez enseigné votre loi. »
Que vient-il ensuite? Nous avons chanté encore: « Et vous lui avez enseigné votre loi; afin de l'adoucir par les jours mauvais, jusqu'à ce que la fosse se creuse pour l'impie. » Celui donc qui est instruit parle Seigneur, celui à qui le Seigneur enseigne sa loi, celui-là s'adoucit au moyen des jours mauvais, jusqu'à ce que la fosse se creuse pour l'impie. Voici ce que c'est.
Il y a des jours mauvais. N'est-il pas vrai que, depuis le moment où nous avons été chassés du paradis, nous passons ici des jours mauvais? Nos ancêtres ont déploré le temps de leur vie, leurs ancêtres avaient aussi gémi sur leur époque. Nul n'a jamais trouvé bons les jours qu’il a vécu. La postérité envie les anciens jours ; la vieillesse aussi avait regretté les temps, dont elle n'avait pas eu l'expérience et qui lui plaisaient parce qu'elle ne les connaissait pas. En effet, le temps présent a toujours des rigueurs; ce n'est pas qu'on les sente plus vivement; mais le coeur en est blessé chaque jour. Ne vous arrive-t-il pas souvent de dire chaque année à l'époque du froid, que jamais il n'a fait si froid, que jamais il n'y a eu tant de tempêtes ? Dieu cependant en est toujours fauteur. Mais « heureux l'homme que vous avez instruit, Seigneur, pour l'adoucir durant les jours mauvais, jusqu'à ce que la fosse se creuse pour l'impie.»
Il y a des jours mauvais. Les jours mauvais sont-ils ceux que forme le cours du soleil ? Les mauvais jours sont produits par les hommes mauvais ; c'est ainsi presque partout, le petit nombre des bons gémit au milieu de la foule des mauvais. Et les justes mêmes? Les méchants rendront les jours mauvais. Et les justes? Sans compter ce qu'ils ont à souffrir des hommes pervers au milieu desquels ils gémissent, ne portent-ils pas aussi en eux-mêmes des jours mauvais Qu'ils rentrent en eux-mêmes, qu'ils s'examinent, qu'ils se considèrent avec attention; et sans sortir de là ils trouveront des jours mauvais. Ils ne veulent pas la guerre, ils cherchent la paix, et qui ne la cherche pas ? Or quoique personne ne veuille la guerre, quoique tous cherchent la paix, le juste même tourne les regards sur soi et il y trouve la guerre. Quelle guerre, diras-tu? « Heureux l'homme que vous avez instruit, Seigneur, et à qui vous avez enseigné votre loi. » Voici un homme qui me demande quelle guerre le juste souffre en lui-même, enseignez-lui votre loi, faites-lui dire par votre Apôtre : « La chair convoite contre l'esprit, et l'esprit contre la chair (1). » Et comment rejeter cette, chair si la guerre se déclare, si, ce qu'à Dieu ne plaise, l'ennemi fait invasion? L'homme fuit et de quelque côté qu'il aille, il traîne avec lui la guerre. Je ne parle pas ici du méchant; le bon lui-même, le juste expérimente ce que dit l'Apôtre : « La chair convoite contre l'esprit, et l'esprit contre la chair. » Durant cette guerre comment les jours peuvent-ils être heureux ?
Il est donc des jours mauvais, mais c'est pour nous adoucir. Quoi! pour nous adoucir? Oui, si nous ne nous irritons point contre la divine justice ; si nous lui disons : « Il m'est bon que vous m'ayez humilié, afin que j'apprenne vos jugements ; » vous m'avez chassé du paradis, vous m'avez éloigné de la béatitude; je suis dans l'angoisse, dans les gémissements et mes gémissements ne vous sont point inconnus. Mais « il m'est bon que vous m'ayez humilié, afin que j'apprenne vos jugements. » J'apprends, durant les jours mauvais, à rechercher les jours heureux. — Que sont ces jours heureux? Ne les cherchez point pour le moment ? Croyez-moi, ou plutôt croyez-le avec moi, vous ne les trouveriez point. Les jours mauvais passeront, puis viendront les jours heureux; ils viendront pour les bons, car aux méchants sont réservés des jours plus malheureux encore.
En effet je vous demande à mon tour: « Quel est l'homme qui désire la vie? » Je sais que tous les coeurs me répondent : Eh ! quel est l'homme qui ne la désire point ? J'ajoute : « Et qui aime à voir des jours heureux ? » Tous vous me répondez encore : Eh ! quel est celui qui n'aime pas à voir des jours heureux ? C'est bien : vous voulez la vie, vous voulez des jours heureux. Quand je disais : « quel est l'homme qui désire la vie? chacun me répondait, je n'en doute pas : C'est moi. « Quel est l'homme qui veut voir des jours heureux? » Chacun encore né dit-il pas en silence : C'est moi ? Écoute donc ce qui suit : « Préserve ta langue de toute parole mauvaise. » Dis donc : Oui. Tu cherches le pardon; je vais te le trouver.
Ce qui est passé est passé: si tu as été méchant, rapporteur, accusateur, calomniateur, médisant; c'est assez. Que tout cela passe avec les jours mauvais; toi seulement ne passe pas avec eux. Car la peux te retenir pour n'être pas emporté. Les choses humaines passent comme un fleuve; comme un fleuve s'écoulent les jours mauvais: Pour n'être pas entraîné, saisis le bois. Les flots se précipitent: car « toute chair n'est que de l'herbe et toute beauté charnelle est comme la fleur des champs. » Tout passe, tout se précipite : « l'herbe se dessèche, la fleur tombe. » Où m'arrêter ? « La parole du Seigneur demeure éternellement. »
28 avril
La face cachée de la vie des moniales (suite) L'obéisssance pascale |
||
Les huit vices présents en nous sont un héritage d’Adam ; ils nous attirent vers le mal. Nous péchons, lorsque nous leur donnons notre acquiescement et les mettons en œuvre par nos paroles ou nos actes. Mais le Seigneur est venu nous en guérir en se faisant homme comme nous — et pour nous — jusqu’à mourir sur une croix.
La guérison spirituelle commence par un regard porté sur le Christ, non sur son « moi ». Lui m’a aimée jusqu’à se faire semblable à moi pour me frayer un chemin de salut. Il vient faire de tout ce qui est en moi, même le mal, un chemin de vie. Et il me montre par où marcher : il suffit de contempler sa croix. Ce regard demande un complet retournement du cœur, car ce qui est vu est en quelque sorte le monde à l’envers.
Comment le Seigneur a-t-il aimé ? En prenant un chemin incompréhensible et apparemment absurde. On le frappe et il se tait ; il a raison et il ne défend pas sa doctrine ; on l’acclame et il se retire ; on le rejette et il pardonne, etc. C’est un comportement de fou ! Et pourtant cette humilité, cette miséricorde, sont les remèdes aux blessures les plus profondes de mon cœur, bien plus profondes que celles de ma psychologie. Le dos tourné à Dieu, le dos tourné aux frères, voilà la blessure du cœur. Face à la croix où se dévoile un amour sans limites, les soupçons, la colère, la jalousie, le désir d’avoir l’estime de tout le monde, le désir de plaire, apparaissent sous leur vrai jour : un obstacle à l’amour, à l’amour véritable qui est un amour tourné vers l’autre, qui pousse à donner sa vie pour ses frères !
S’abaisser, obéir, pardonner, comme le Seigneur l’a fait, devient tout à coup attirant ; non pas pour être psychologiquement équilibré, non pas pour être bien dans sa peau, non pas pour ne plus souffrir de ses blessures, non pas pour être en bonne santé, mais pour aimer celui qui nous a aimés. Comment l’aimer, sans aimer ce qu’il a aimé, le chemin qu’il a choisi ?
Il est vrai que sur ce chemin de salut, bien des blessures psychologiques sont guéries par surcroît, car le regard change. L’attitude des autres n’est plus l’occasion de faire sortir une agressivité sans retenue, de bouillir de colère, de les juger ; mais elle devient le chemin idéal pour ressembler au Seigneur, pour partager son humilité, pour porter sur eux un regard d’amour semblable au sien, pour goûter la profonde douceur qu’il y a à mettre ses pas dans les siens.
Humilité, miséricorde, pardon, ne sont plus seulement des mots : ils pénètrent jusque dans le corps en quelque sorte pour guérir tout l’être. C’est marcher sur le chemin de la vie, le chemin de la paix. (à suivre)
26 avril
|
« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain »
|
|
24 avril
La pandémie nous a obligées à reconvertir notre atelier de chapelets: nous fabriquons des masques monastique, grâce à l'ATC de Paris. On peut lire sur son site:
"Pour s'associer à l'effort national, des communautés monastiques lancent l’opération « Masques monastiques », avec le soutien de l'Artisanat Monastique. Nous proposons des masques barrières en coton, lavables et ré-utilisables, destinés au grand public (fabriqués selon modèles et recommandations AFNOR).
Cette opération est doublement solidaire : solidarité citoyenne pour répondre à la demande actuelle et solidarité envers les communautés monastiques, qui pour certaines ont perdu 85% de leurs ressources (hôtellerie monastique, artisanat, etc...). "
Le masque : 5 euros (double épaisseur de tissu en coton)
23 avril
Prier le Rosaire |
La Résurrection
Dieu l'a exalté et lui a donné le nom au-dessus de tout nom (Ph 2,9).
La divinité du Verbe assista aux souffrances de son corps, mais après sa Résurrection, elle changea en lumière les ténèbres de son humanité et la rendit immortelle (Prières, 20,7).
Que la lumière du Seigneur pénètre dans les familles brisées pour y faire renaître l'amour.
L’Ascension
Ce Jésus, qui a été enlevé d'auprès de vous vers le ciel, reviendra de la même manière que vous l'avez vu y partir (Ac 1,11).
Lorsque mon Fils retourna vers moi, quarante jours après sa résurrection, le pont s’éleva de la terre, c’est-à-dire de la société des hommes. Il monta jusqu’au ciel par la vertu de ma nature divine et se fixa à ma droite, ainsi que l’ange le dit aux disciples le jour de l’Ascension, lorsqu’ils étaient comme morts, parce que leurs cœurs avaient quitté la terre pour le ciel avec la sagesse de mon Fils (Dialogues, 29,1).
Que les chrétiens s'éveillent à l'attente du retour du Seigneur.
La Pentecôte
Je reviendrai vers vous, je ne vous laisserai pas orphelins ; mais je vous enverrai le Consolateur (Jn 14,18).
Lorsqu’il fut monté vers moi, avec son corps qui ne se sépara jamais de la divinité, j’envoyai aux hommes le grand maître, le Saint-Esprit, qui vint avec ma puissance, avec la sagesse du Fils, et avec sa clémence; car il est une même chose avec moi le Père et avec mon Fils; il complète la voie de la doctrine que ma vérité avait laissée dans le monde (Dialogues, 29,2).
Que le souffle missionnaire conduise beaucoup de jeunes à se mettre au service de l'évangile.
L’Assomption
Il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l'incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu de l'immortalité (1 Co 15, 53).
Rien ne manque à la béatitude dont l’âme déborde et qu’elle épanchera sur son corps (Dialogues, 41,10).
Que l'espérance soit vive au cœur des mourants en contemplant Marie dans sa gloire.
Le Couronnement de Marie
Toutes les générations me diront bienheureuse, car le Puissant a fait pour moi de grandes choses (Lc 1,48-49).
Ô Marie, soyez bénie entre toutes les femmes, pendant tous les siècles, car vous nous avez donné votre substance (Prières, 11,15).
Qu'une totale confiance en la Sainte Vierge, notre mère, soit notre boussole au milieu des bouleversements accélérés du monde.
21 avril
La face cachée de la vie des moniales (suite) Regarder vers la croix du Christ |
||
Pour des moniales, le travail continue - même si les activités extérieures ne peuvent plus se faire comme auparavant à cause du confinement -, car il est avant tout intérieur.
Traverser toutes les embûches cachées au fond de son cœur sans se décourager demande une grande patience. Les épreuves abondent, en effet, provenant non seulement de l’extérieur mais aussi de l’intérieur. On peut se dire : c’est si peu de chose de se mettre en colère, de perdre patience dans la contradiction, etc., etc. ; mieux vaut vivre tranquille plutôt que de combattre sur ce qui, après tout, fait partie du quotidien de la vie et dont presque personne ne se préoccupe.
Mais l’important est de continuer le combat et, pour cela, de garder son regard sur la croix du Seigneur. Peu importe les épines du chemin, les buissons à traverser, les intempéries à supporter : marcher derrière le Seigneur qui a porté sa croix, donne le courage d’avancer en portant la sienne. Lui a enduré des calomnies, des insultes, des outrages, des coups, avec une grande patience, sans murmurer, sans se mettre en colère ; et par son comportement, il nous a montré ce que veut dire : aimer en vérité.
Alors, c’est finalement une chance de recevoir des coups, de se heurter à des paroles dures, à des refus qui nous contrarient. Sans cela, comment serait-il possible d’apprendre la charité vraie, la compassion vraie ? et aussi la vraie prière. Car, tant que le cœur se replie sur lui-même et rumine des pensées contre les autres, il ne peut être tourné vers Dieu ; il ne peut donc pas l’invoquer et le louer. La croix du Seigneur permet de se décentrer de soi, d’avoir un autre regard sur les événements qui nous touchent ; elle nous rejoint au fond de l’épreuve pour donner force et courage. Il faut la garder sans cesse devant les yeux, pour ne pas se décourager quand le combat intérieur est difficile.
La croix nous aide à tourner notre regard vers le Seigneur, au lieu de le porter sur soi. Elle apprend à aimer, au lieu de chercher à être aimé, même si l’un n’exclut pas l’autre. Le regard sur la croix permet d’associer notre combat à la passion du Seigneur, toute tournée vers l’amour de tous. Le regard sur la croix détourne l’attention de ses blessures, ce qui paralyse le combat spirituel. Il unit nos souffrances quotidiennes à celles de Jésus, et quand l’épreuve aura fait son œuvre, avoir souffert sera perçu comme une grande joie. (à suivre)
19 avril
|
Doute de Thomas |
|
16 avril
Prier le Rosaire |
L’Agonie
La sueur de Jésus devint comme des caillots de sang tombant sur la terre (Lc 22,44).
Elle sentait son amour se renouveler au sein de Dieu, et cette sainte flamme de l’amour devenait si ardente, qu’elle désirait changer en sueurs de sang ces sueurs que causaient à son corps les violences de son âme, parce que l’union de son âme avec Dieu était plus grande que l’union de son âme et de son corps. La force de l’amour la baignait de sueurs, mais elle en avait honte, car c’était son sang qu’elle aurait voulu voir couler (Dialogues, 19,2).
Que la contrition de nos péchés grandisse devant l'amour qui est allé jusqu'à verser son sang.
La Flagellation
Pilate prit Jésus et il le fit fouetter (Jn 19,1).
Au dernier jour de son existence, il fut dépouillé de ses vêtements et flagellé à la colonne […] Dans l’ivresse de son amour, il fit avec son Sang précieux un bain au genre humain (Traité de la Providence, 151,8).
Que l'amour ne quitte pas le cœur de ceux qui souffrent persécutions et mépris.
Le Couronnement d’épines
Les soldats tressant une couronne avec des épines, la placèrent sur la tête de Jésus et l'enveloppèrent d'un manteau de pourpre (Jn 19,2).
L'âme s’aime, elle aime les créatures et les choses créées plus que moi ; elle fait d’elle un dieu et me poursuit de ses nombreux péchés, et tout cela parce qu’elle oublie le bienfait de ce sang de mon Fils répandu avec tant d’amour (Dialogues, 33,4).
Que beaucoup de chrétiens redécouvrent la puissance destructrice du péché dans leur vie.
Le Portement de croix
Portant lui-même la croix, Jésus sortit vers le lieu dit du Crâne (Jn 19,17).
Les pauvres cœurs ambitieux livrés ont pour seul fondement l'amour d'eux-mêmes, parce qu'ils ne veulent pas supporter la fatigue et suivre la voie des opprobres, des abaissements et de la pauvreté volontaire qu'a suivie le bon et doux Jésus (Lettre 28,2).
Que la Vierge Marie nous soutienne dans les épreuves de chaque jour.
Le crucifiement et la mort de Jésus
Le Christ Jésus s'abaissa lui-même, devenant obéissant jusqu'à la mort, la mort de la croix (Ph 2,8).
Et vous, Jésus, notre réconciliateur, notre réformateur, notre rédempteur, Verbe et Amour du Père, vous êtes intervenu entre l’homme et son Créateur, et vous avez changé la guerre qui les séparait en une paix profonde. Vous avez puni la désobéissance d’Adam et nos iniquités sur votre corps sacré, en vous faisant obéissant jusqu’à la mort ignominieuse de la Croix (Lettre 1,4).
Que tous les peuples cheminent vers la paix et la réconciliation.
14 avril
La face cachée de la vie des moniales (suite) Pas de mensonge |
||
Chercher à être vrai, à être fidèle à ce que la conscience montre comme vrai, c’est l’attitude de celui qui cherche vraiment le Seigneur qui est la vérité même. C’est le contraire du mensonge. Il est pourtant nécessaire parfois de taire ce que l’on sait, avec des motivations pures, sans que ce soit un mensonge. Mais la recherche du bien d’autrui ne peut être un prétexte pour mentir.
Pourquoi en arrive-t-on à dire le contraire de ce que l’on perçoit comme vrai, à user du faux ? Les raisons sont diverses : nuire au prochain par jalousie, vengeance ou vaine gloire, est certainement la principale.
Et comment se manifeste le mensonge ? de trois manières, comme les autres vices : par pensée, par parole, par action.
La première passe par la pensée ; elle se traduit par des soupçons qui poussent à croire que tout ce qui se dit ou se fait, se rapporte à soi. Les soupçons, à leur tour, engendrent les médisances, la curiosité, les murmures, la liberté de juger et de condamner les autres. Le jugement téméraire est une façon de mentir ; il consiste à imaginer ce qui a pu pousser quelqu’un à faire ou à dire quelque chose ; il est engendré par la malveillance ou de la vaine gloire.
Le mensonge en parole, est souvent un rejeton de la vaine gloire. Celui qui veut être admiré déprécie les autres. Craignant de leur déplaire, plus que de plaire à Dieu en disant la vérité, il se laisse aller à dire ce qui lui attirera l’approbation d’autrui. Et finalement, sa parole ne sera plus crédible pour personne.
Il est encore possible de mentir par sa façon d’agir, lorsque les actes contredisent les paroles.
Quoi qu’il en soit, le menteur a un cœur double. Ses paroles ne sont pas l’écho de son être profond, il ne veut pas faire voir ce qui est fragilité et faiblesse en lui, mais il se plaît à parler de tout ce qui est sujet de gloire. Le grand moyen pour lutter contre le mensonge est de dompter sa langue, car c’est elle qui sert à le propager. (à suivre)
12 avril
|
Les disciples courent au tombeau
|
|
10 avril
|
Passion du Seigneur Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Jn 18, 1 – 19, 42)
|
|
Sermon de saint Augustin
« Qui est mort ? Le Fils unique […]. Il est venu prendre notre mort, promettre sa vie. Il est venu dans la région où nous sommes étrangers prendre ce qui y abonde, les opprobres, les coups de fouet, les soufflets, les crachats sur la face, les affronts, la couronne d’épines, la suspension au gibet, la mort. Cela abonde en notre région ; c’est pour de telles marchandises qu’il est venu. Qu’a-t-il donné ? qu’a-t-il reçu ? Il a donné ses exhortations, il a donné sa doctrine, il a donné la rémission des péchés ; il a reçu des affronts, la mort, sur la croix. Il nous a apporté les biens de cette région, et il a pris les maux de notre région. Cependant, il nous a promis que nous serions là d’où il est venu ; et il a dit : Mon Père, je veux que là où je suis, ils soient eux-mêmes avec moi (Jn 17, 24). Quelle dilection nous a précédés ! parce que là où nous étions, il a été avec nous ; là où il est, nous serons avec lui. Ô homme mortel, qu’est-ce que Dieu t’a promis ? que tu serais victorieux pour l’éternité » (En. in Ps. 148, 8).
9 avril
|
Jeudi saint « Il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1-15)
|
|
L'eucharistie
Méditiation de Louis de Grenade, o.p.
"L'amour est une aliénation et un égarement de soi-même, qui provient de ce que la personne est toute enlevée et transportée en l'objet qu'elle aime. Et Notre Seigneur Jésus Christ nous a fait paraître le principal effet de l'amour en ce divin Sacrement: il l'a expressément établi dans le dessein de nous incorporer à lui et faire une même chose avec lui; et dans ce même dessein, il l'a insitué sous l'espèce d'un aliment. Parce que, comme il se fait une mêm chose de l'aliment et de celui qui le mange, ainsi il ne se fait qu'une même chose de Jésus Christ et de la personne qui le reçoit dignement; comme lui-même l'a déclaré dans ces termes: Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui (Jn 9,26). Ce qui se fait par la communication d'un même esprit qui, demeurant en tous les deux, fait qu'il y a comme un seul coeur et une même âme en ces deux personnes: il s'ensuit une même manière de vivre, et après, une même gloire, quoiqu'en des degrés différents. Que pourrait-on apprécier ou estimer plus que cela?
Ce qui a donné le nom de communion à ce Sacrement parce qu'en lui, Dieu nous communique non seulement sa précieuse chair et son divin sang, mais il nous fait aussi présent de tous les travaux et de tous les mérites qui ont été acquis par le sacrifice de cette même chair et de ce même sang."
8 avril
Prier le Rosaire |
Le Baptême
Il advint qu'en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean (Mc 1,9).
Le Christ ôte dans le baptême la mort du péché, et rend la vie de la grâce. Le mort respire aussitôt, et en signe de vie, il rejette ses péchés par une humble confession (Traité sur la Providence, 140,10).
Que les convertis s'ouvrent à la grâce du baptême et persévèrent dans la foi.
Cana
Tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant (Jn 2,10).
Le vin, c’est le sang sorti de la vigne véritable. Ce sang est si pur et si parfait, qu’aucun défaut de celui qui l’administre ne peut en altérer la vertu (Traité de la discrétion, 24,4).
Que la Vierge Marie soit le soutien des ministres du Corps et du Sang du Seigneur.
L’Annonce du Royaume
L'Esprit du Seigneur est sur moi ; il m'a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé proclamer aux captifs la liberté (Lc 4,18).
Vous étiez plongés dans d’épaisses ténèbres, vous étiez éloignés du sentier de la vérité; il vous a éclairés des splendeurs de sa lumière, et vous a ramenés dans la voie droite par sa parole et son exemple (Traité de la Perfection, 10).
Que tous les chrétiens qui participent à la nouvelle évangélisation transmettent fidèlement ce que l'Eglise a reçu.
La Transfiguration
Jésus fut transfiguré devant ses disciples et sa face brilla comme le soleil (Mt 17,2).
Nous voyons la lumière dans la lumière; sa chaleur détruit toute négligence et toute tiédeur du cœur […] afin que le soleil puisse entrer avec la justice dans la maison de l’âme, qui rend gloire à Dieu, et louange au Verbe, la Parole du Père. […] Ainsi fait celui qui a fixé l'œil de son intelligence sur ce doux et glorieux Soleil, car il a vu à sa lumière qu’il n'y a pas d'autre moyen de montrer l'amour que nous devons avoir pour Dieu (Lettre 102,6).
Que la contemplation du Seigneur ne quitte pas le cœur des baptisés.
L’Eucharistie
Ma chair est vraie nourriture et mon sang est vraie boisson (Jn 6,55).
Votre miséricorde vous a forcé à faire encore davantage pour l’homme : vous vous êtes donné en nourriture, afin que nous ayons un secours dans notre faiblesse, et que, malgré notre oublieuse ignorance, nous ne perdions pas le souvenir de vos bienfaits ; tous les jours vous vous offrez à l’homme dans le Sacrement de l’autel, dans le corps mystique de la sainte Église (Dialogues, 29,5).
Que les jeunes trouvent leur joie à participer à la messe dominicale.
6 avril
La face cachée de la vie des moniales (suite) La mort, stimulant spirituel |
||
La tradition monastique a beaucoup insisté sur le bienfait d’avoir la mort présente devant les yeux : « Le marchand guette la terre ferme, et le moine l’heure de la mort. » Car le souvenir de notre condition de pécheur doit aller de pair avec le souvenir de notre finitude.
La Règle de saint Benoît place ce conseil parmi les « instruments des bonnes œuvres » : « Avoir chaque jour la mort devant les yeux. » Il ne s’agit pas d’une obsession maladive, mais de la reprise de 1 Co 15, 31 : « Chaque jour, je risque la mort. » Saint Paul, comme les martyrs, avait chaque jour la mort présente devant les yeux, à cause des persécutions dont il était l’objet. Il n’avait pas besoin de se mettre la mort devant les yeux.
Pourquoi cette attitude ? Parce que cette pensée joue un rôle pédagogique. Notre vie quotidienne, en effet, est conditionnée par ce que nous espérons après la mort. Pour ceux qui n’espèrent rien, la vie sera souvent une vie de jouissance. C’est bien ce que disait saint Paul aux Corinthiens : « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (1 Co 15,32). Les chrétiens, eux, attendent que le Seigneur réalise sa promesse de les faire vivre en lui : leur vie, dynamisée par cette attente, est un combat, une mort quotidienne, pour s’ajuster à cette vie dès maintenant.
Croire à la promesse du Seigneur donne un but à l’existence. Cela donne tout d’abord la force de porter les difficultés de l’existence, y compris ce que nous avons à souffrir de la part des autres. Tout cela est passager au regard de ce qui nous sera donné après la mort. Il ne s’agit pas de fuir la réalité, mais de la mettre à sa place, sans l’absolutiser. Avoir la mort devant les yeux, ou encore « être crucifié avec le Christ » (Ga 2,19), c’est plus qu’une force pour mettre le quotidien à sa place. C’est surtout se considérer comme mort : ne pas souffrir des injures qui nous sont faites, n’avoir ni envie ni jalousie, ne pas désirer posséder plus que ce qui est nécessaire, ne pas avoir d’orgueil. La pensée de la mort contribue ainsi à purifier le cœur, à le maintenir dans la vigilance.
Elle fait prendre conscience de la précarité de toutes choses : à chaque instant, tout peut être brisé. Et pourtant la pensée de la mort n’engendre pas le désespoir, car nous sommes plus que ce que nous avons ou faisons. Une part de nous-même transcende tout cela. La mort nous conduit ainsi à réfléchir au sens de notre vie : il est transcendant et nous sommes appelés à l’éternité. Si la mort met un terme à tout notre agir, c’est que nous sommes faits pour plus grand, pour quelque chose qui ne finit pas. (à suivre)
5 avril
|
(Jn 11, 3-7.17.20-27.33b-45)
|
|
3 avril
Prier le Rosaire |
L’Annonciation
Jésus Christ, de condition divine, […] s'est vidé de lui-même prenant condition d'esclave, devenant semblable aux hommes (Ph 2,6-7).
La grandeur de la Divinité s’abaissa jusqu’à la terre de votre humanité, et c’est cette union qui fit ce pont et rétablit la route. Pourquoi mon Fils s’est-il fait lui-même le chemin? C’est pour que vous puissiez jouir de la vie éternelle avec les anges. Mais pour acquérir le bonheur, il ne suffit pas que mon Fils soit devenu un pont, il faut encore vous en servir (Dialogues 22,3).
Que le souci du bien-être et du confort n'obscurcisse pas nos yeux au point d'oublier la vie éternelle qui nous a été donnée.
La Visitation
Marie partit en hâte vers la région montagneuse; elle pénétra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth (Lc 1,39-40).
L’âme qui aime son Créateur veut aussi aimer ce qu’il aime; et, en voyant qu’il aime la créature, elle est forcée par le feu de sa charité, de l’aimer et de la servir avec zèle et empressement; et les services qu’elle ne peut rendre à Dieu, qui n’a pas besoin de nous, elle veut les rendre au prochain (Lettre 138,2).
Que l'exemple de Marie entraîne les chrétiens à sortir de l'individualisme et à se mettre au service de leurs frères.
La Nativité
Les bergers découvrirent Marie et Joseph et le nouveau-né couché dans une mangeoire (Lc 2,16).
En le contemplant pauvre et humilié, songe que c’est un Dieu fait homme et revêtu de la bassesse de votre humanité. Vois cet aimable Verbe naissant dans une étable pendant que sa Mère, la bienheureuse Vierge Marie, était en voyage, pour vous montrer, à vous qui êtes voyageurs, que vous devez vous arrêter dans l’étable de la connaissance de vous-même, afin d’y renaître lorsque la grâce m’aura fait naître dans vos âmes (Traité de la Providence, 151,6).
Que l'Eglise soit servante et pauvre, comme son Sauveur.
La Présentation de Jésus
Les parents de Jésus amenèrent l' enfant au Temple de Jérusalem pour le présenter au Seigneur (Lc 2,22).
Je t’ai enseigné comment mes serviteurs doivent s’offrir à moi en sacrifice; ce sacrifice doit être à la fois et corporel et spirituel. Le vase n’est pas séparé de l’eau quand on la présente au maître. L’eau sans le vase ne pourrait lui être présentée, et le vase sans l’eau lui serait inutile. Vous devez donc m’offrir le vase de toutes les peines que je vous envoie, sans en choisir le lieu, le temps et la mesure, qui dépendent de mon bon plaisir (Traité de la discrétion, 12,2).
Que les chrétiens sachent reconnaître la volonté de Dieu dans leur vie quotidienne.
Le Recouvrement de Jésus au Temple
Les parents de Jésus le cherchaient parmi leurs parents et connaissances.… Ne l'ayant pas trouvé ils revinrent à Jérusalem, le recherchant sans cesse (Lc 2,44-45).
Je ne regarde pas la créature, mais les saints désirs, et je me montre à l’âme avec la même perfection qu’elle me recherche; [lorsqu'elle] me cherche dans la sagesse de mon Fils, je la satisfais en l’offrant aux regards de son intelligence (Traité de la discrétion, 61,3-4).
Que la recherche de Jésus dans les familles contribue à leur paix et à leur unité.
1er avril
|
25ème homélie de saint Jean Chrysostome sur la Genèse. |
Voyez comme le récit du déluge est fait pour augmenter la terreur, pour ajouter à l'horreur du sinistre ! Le déluge se répandit pendant quarante jours et quarante nuits, et la terre fut remplie d'eau, et l'arche s'éleva au-dessus de la terre, et l'eau s'accrut et couvrit toute la surface de la terre, et l'arche était portée sur l'eau ; l'eau s'accrut et grossit prodigieusement au-dessus de la terre.
Vous voyez quel soin prend l'Ecriture pour montrer la grande quantité des eaux, l'inondation grossissant chaque jour. Et l’eau s'accrut, dit le texte, prodigieusement, et toutes les plus hautes montagnes qui sont sous le ciel furent couvertes. L'eau s'éleva de quinze coudées, et inonda toutes les montagnes. Le Dieu de bonté fit bien de fermer l'arche pour épargner au juste ce spectacle ; car si nous, après un si grand nombre d'années, après tant de siècles écoulés, au seul récit de l'Ecriture, nous sommes saisis d'épouvante et de stupeur, qu'aurait éprouvé ce juste, si ses regards avaient vu cet effroyable abîme ? aurait-il pu supporter, un seul moment, ce spectacle ? Ne serait-il pas aussitôt, rien qu'en l'entrevoyant, tombé sans vie, glacé, absolument incapable de résister à cette affreuse image ?
Méditez ici, considérez, mes bien-aimés, ce qui nous arrive, quand une pluie médiocre tombe sur nos têtes ; nous sommes dans les angoisses, et nous désespérons, pour ainsi dire, et de l'univers et de notre vie. Qu'aurait éprouvé ce juste, s'il avait vu, à cette prodigieuse hauteur, les eaux montant toujours ? L'eau, dit le texte, s'éleva au-dessus des montagnes, de quinze coudées. Rappelez-vous ici, mes bien-aimés, les paroles du Seigneur, quand il disait : Mon Esprit ne demeurera pas avec les hommes de cette génération, parce qu'ils ne sont que chair ; et encore : La terre est corrompue et remplie d'iniquités ; et encore : Dieu vit la terre et elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie (Gn VI, 3,11,12). Le monde entier avait donc besoin d'être complètement purifié ; il fallait en laver toutes les taches, supprimer tout le ferment de la première malignité, ne laisser, de cette malignité aucune trace, renouveler, pour ainsi dire, les éléments ; un bon ouvrier, qui voit un vase que ronge une rouille invétérée, le jette au feu, en fait disparaître toute trace de rouille, et rend au vase sa première beauté : c'est ce qu'a fait le Seigneur notre Dieu ; il a purifié le monde entier par ce déluge ; il l'a délivré de la malice des hommes, de la corruption dès longtemps amassée et profonde ; il en a renouvelé la face ; il l'a rétabli, il l'a rendu plus beau, ne permettant pas qu'il restât la moindre trace de ce qui le souillait auparavant. L'eau s'éleva au-dessus des montagnes, dit le texte, de quinze coudées. Ce n'est pas sans dessein que l'Ecriture nous fait ce récit ; elle veut nous apprendre que, non seulement les hommes, les bêtes de somme, les quadrupèdes, les reptiles furent engloutis, mais, avec eux, et les oiseaux du ciel, et tous les animaux qui vivaient sur les montagnes : je veux dire les animaux sauvages et tous les autres êtres dépourvus de raison. Voilà pourquoi le texte dit : L’eau s'éleva au-dessus des montagnes de quinze coudées. C'est pour vous apprendre que l'arrêt de Dieu a été accompli en réalité. En effet, Dieu avait dit : Je n'attendrai plus que sept jours, et je ferai pleuvoir le déluge sur la terre, et j'exterminerai de dessus la terre toutes les créatures que j'ai faites, depuis l'homme jusqu'aux animaux, depuis les reptiles jusqu'aux oiseaux du ciel. (Gn VII, 4).
L'Ecriture nous fait ce récit, non seulement pour nous apprendre à quelle hauteur les eaux sont parvenues, mais pour nous faire voir, en même temps, qu'aucun animal absolument, soit bête féroce, soit bête de somme, n'a été épargné, mais que tout a été supprimé avec le genre humain. […] Voyez comme, une fois, deux fois, à mainte reprise, le texte nous enseigne que la destruction a été générale, universelle ; qu'aucun être vivant n'y a échappé ; que tout a été étouffé sous les flots, aussi bien tous les hommes que tous les animaux. Il ne demeure que Noé seul, et ceux qui étaient avec lui dans l'arche, et les eaux couvrirent la terre pendant cent cinquante jours (Ibid. 24). Pendant ce grand nombre de jours, dit le texte, les eaux restèrent à cette merveilleuse hauteur ; considérez encore ici la grandeur d'âme de l'homme juste et l'excellence de son courage. Que n'a-t-il pas éprouvé dans l’âme en concevant, en voyant, pour ainsi dire, par la pensée, les corps des hommes, des animaux domestiqués, des animaux purs ou impurs, subissant la mort commune à tous, mêlés ensemble, sans aucune différence, indistinctement ? En outre, qu'a-t-il éprouvé, quand il réfléchissait en lui-même sur le monde dévasté, sur cette vie pleine de douleurs, de toute part dépourvue de toute consolation, sans aucun entretien, sans aucun aspect pour charmer les yeux, quand il ignorait combien de temps il lui faudrait supporter la vie dans cette prison ? Tant que le fracas des eaux, que le tourbillon des vagues retentit à son oreille, il sentait chaque jour grandir en lui l'épouvante. Quelles douces pensées pouvaient récréer celui qui voyait, cent cinquante jours durant, toujours le même niveau des ondes, les flots portés à cette hauteur, et rien pour indiquer qu'ils commençassent si peu que ce fût, à s'abaisser. Mais, sachez-le bien, il supportait tout avec courage, parce qu'il connaissait la toute-puissance du Seigneur ; il ne doutait pas de cette vérité, que le Créateur de la nature fait tout, transforme tout comme il lui plaît ; et l'homme juste se résignait â sa condition. C'est que la grâce de Dieu vivifiait, fortifiait son courage, lui procurait une consolation suffisante, prévenait en lui les défaillances, ne lui permettait pas de concevoir une pensée qui ne fût pas virile, qui ne fût pas généreuse. Ce juste avait commencé par montrer tout ce qui dépendait de lui, je veux dire, le zèle de la vertu, la vigueur de la justice, l'excellence de la foi ; bientôt il obtint l'abondance des dons du Seigneur, c'est-à-dire la patience, la force, la douceur de la parfaite résignation, le don de supporter le séjour dans l'arche ; sans indisposition, sans dégoût, sans se plaindre de la cohabitation avec tous ces animaux.
Imitons donc ce juste, nous aussi, je vous en conjure. Hâtons-nous, empressons-nous de contribuer de notre part, afin de nous rendre nous-mêmes dignes aussi des présents du Seigneur. S'il attend les occasions qui viennent de nous, ce n'est que pour nous montrer toute sa munificence. Donc, il ne faut pas que notre indolence nous prive de ses dons ; soyons pleins de zèle, mettons la main à l'œuvre du salut; prenons résolument la route qui mène à la vertu, afin que nous puissions, aidés du secours d'en haut, atteindre promptement à notre fin bienheureuse; suspendons-nous à l'espérance en le Seigneur, que ce soit là, pour nous, comme une ancre sûre et solide ; ne regardons pas ce que la vertu a de labeurs, mais voyons après les labeurs, calculons les récompenses, tout fardeau nous sera léger.
Pour regarder l'index du mois de mars, cliquez ici !