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Juillet

Pensées spirituelles pour chaque jour du mois

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30 juillet

 

17ème dimanche du Temps Ordinaire

Mt 13, 44-52
Suite des paraboles du Royaume



Le trésor caché et la perle précieuse (Mt 13, 44-46)

44 Le Royaume des cieux est semblable à un trésor qui a été caché dans le champ que, ayant trouvé, un homme cache; et, à cause de sa joie, il part et vend tout ce qu'il a, et achète ce champ.

45 De nouveau: le Royaume des cieux est semblable à un homme marchand cherchant de belles perles; 46 ayant trouvé une seule perle précieuse, s'en allant, il a vendu tout ce qu'il avait et l'a achetée.

 

La parabole du trésor caché et celle de la perle précieuse sont bâties de façon parallèle.
Tout d'abord, le Royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ. Normalement un trésor découvert appartient pour moitié au propriétaire du champ et pour moitié à celui qui l'a trouvé. Mais l'homme qui a découvert ce trésor est tellement comblé de joie qu'il le veut tout entier. Aussi il le cache à nouveau et achète le champ avec le prix de tous ses biens qu'il a vendus. On peut juger par là quel trésor représente le Royaume des cieux: il est d'un si grand prix, qu'il doit être préféré à tout; tout doit lui être sacrifié.

La parabole de la perle précieuse, quant à elle, met en scène un marchand en quête de belles perles pour les acquérir. Il fait donc le tour des pêcheurs de perles. La découverte de la perle précieuse entre toutes, n'est donc pas le fruit du hasard, comme le trésor caché, mais d'une recherche. Lorsqu'il a enfin trouvé la perle désirée, ce marchand vend lui aussi tous ses biens pour l'acheter… Il cesse par là d'être marchand!

Le Royaume des cieux est donc non seulement de grand prix, mais aussi très précieux. Pour le posséder, il faut un dépassement. Une fois découvert, une fois Jésus rencontré, il n'est plus possible de rester attaché à ce qui empêcherait de répondre à son appel. Cette réponse en effet doit être radicale. Elle concerne tout spécialement les disciples appelés par Jésus à tout quitter (4, 20.22; 8, 18-22; 9, 9).


Le filet jeté à la mer (Mt 13, 47-50)

47 De nouveau: le Royaume des cieux est semblable à un filet jeté dans la mer, où se rassemblent toutes espèces de poissons. 48 Quand il est rempli on le remonte sur le rivage et, s'asseyant, on ramasse les beaux dans des paniers, mais les pourris, on les jette dehors. 49 Ainsi en sera-t-il à la fin du monde: les anges sortiront et sépareront les mauvais des justes, 50 et ils les jetteront dans la fournaise de feu; là seront les pleurs et les grincements des dents.

La parabole du filet jeté à la mer est assez proche, jusque dans les termes employés, de l'explication de la parabole de l'ivraie. Un filet est donc «jeté à la mer où se rassemblent toutes espèces de poissons», bons et mauvais, tout comme dans le Royaume du Fils de l'homme se trouvaient blé et ivraie. Quand le filet est rempli, les pêcheurs le tirent sur le rivage et trient les poissons; il y en a de bons et de mauvais ce qui n'est pas sans rappeler aussi, non seulement le blé et l'ivraie mêlés dans le champ, mais aussi les bons et les mauvais arbres dont Jésus a parlé dans l'enseignement qu'il a donné sur la montagne (7, 34). Le tri entre les deux sortes de poissons se fera à «la fin du monde» (13, 49; cf. 13, 39). Ce tri sera fait par les anges (13, 41.49) qui sépareront mauvais et justes (13, 41.43.49). Le sort réservé aux méchants est le même dans les deux paraboles: ils seront jetés «dans la fournaise de feu là où seront les pleurs et les grincements de dents» (13, 42.50; cf. 8, 12). Le tri ne pourra se faire que lors du jugement eschatologique, lorsque le filet sera ouvert pour en retirer les poissons.


Conclusion: parabole du scribe disciple (Mt 13, 51-52)

51 Avez-vous compris tout cela? Ils lui disent: oui. 52 Il leur dit: c'est pourquoi tout scribe fait disciple du Royaume des cieux est semblable à un homme maître de maison qui tire de son trésor des choses neuves et des vieilles.

L'entretien de Jésus avec ses disciples, à la maison, se termine par un dialogue. Jésus les interroge, bien qu'il connaisse les pensées de leurs cœurs. «Avez-vous compris tout cela?», c'est-à-dire le sens de toutes les paraboles, celles qu'il a expliquées et les autres. Les disciples acquiescent; l'intelligence leur a été donnée. Et Jésus conclut avec une petite parabole. Il met en scène un scribe devenu disciple du Royaume des cieux, donc de Jésus. Il diffère des scribes des Pharisiens axés sur les traditions des Anciens, mais il est lui-même docteur, habilité à enseigner. Son enseignement n'est pas emprisonné dans une observance rigide des commandements de la Torah ou des prescriptions des Anciens. Ce scribe a appris de Jésus que la Loi trouve son accomplissement dans la charité, il a intégré l'enseignement qu'il a donné sur la montagne. Ceci est valable de tout disciple: «tout» scribe, dit Jésus. Et comme un maître de maison, il tire donc de son trésor du neuf et de l'ancien, car il a intégré la révélation apportée par le Fils de l'homme, qui éclaire la Loi ancienne. «Les choses neuves et les choses anciennes» font penser à l'épouse du Cantique des Cantiques qui avait réservé pour le bien-aimé «les fruits nouveaux comme les anciens» (Ct 7, 14). C'est cet enseignement neuf et ancien que le scribe-disciple est appelé à transmettre.

La parabole a son sens en elle-même, et il est difficile de comprendre comment Jésus la rattache à la réponse que les disciples viennent de lui donner. Elle est en effet introduite par «C'est pourquoi», ce qui laisse penser qu'elle découle de ce qui précède. On peut cependant comprendre que, parce que les disciples ont été capables de comprendre les paraboles restées hermétiques aux scribes des Pharisiens qui entendent sans comprendre, Jésus en conclut que c'est possible pour n'importe quel disciple qui l'accueille dans sa vie, qui met en lui sa foi. C'est ce qui leur permettra d'enseigner.

28 juillet

 

Prier le Rosaire
avec Louis Marie Grignion de Montfort

Mystères glorieux


 

 

La résurrection

Jésus dit alors: «Marie!» Elle se tourne vers lui et lui dit: «Rabbouni!» ce qui veut dire: «Maître» (Jn 20,16).

Par la douceur de ses paroles, Jésus attira comme avec un appât ses Apôtres à sa suite, il guérit les malades les plus incurable et il consola les plus affligés. Il ne fit que dire à Marie-Madeleine toute désolée ce seul mot: Marie, et il la combla de joie et de douceur.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, l'amour de Dieu et la ferveur dans votre service.

 

L’Ascension

Après ces paroles, ils le virent s'élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée (Ac 1,9).

Depuis qu'il a fallu que la Sagesse éternelle entre dans le ciel par la Croix, il est nécessaire d'y entrer après lui par le même chemin.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, un désir ardent du ciel notre chère patrie.

 

La Pentecôte

Ils furent tous remplis de l'Esprit Saint (Ac 2,4).

Quand le Saint-Esprit, l'Epoux de Marie, l'a trouvée dans une âme, il y vole, il y entre pleinement, il se communique à cette âme abondamment et autant qu'elle donne place à son Epouse.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, la descente du Saint-Esprit dans nos âmes.

 

L’Assomption

Le Puissant a fait pour moi de grandes choses, saint et son nom (Lc 1,49).

Marie est la Mère de tous ses membres du Christ en sorte que c'est elle qui les engendre, les porte dans son sein et les met au monde de la gloire, par les grâces de Dieu qu'elle leur communique.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, une tendre dévotion pour une si bonne Mère.

 

Le Couronnement de Marie

Etreins la sagesse et elle t’élèvera, elle fera ta gloire si tu l’embrasses; sur ta tête elle posera un diadème de grâce, elle t’offrira une couronne d’honneur (Pr 4,8-9).

Marie est la Reine du ciel et de la terre par grâce, comme Jésus en est le Roi par nature et par conquête. Or, comme le royaume de Jésus-Christ consiste principalement dans le cœur ou l'intérieur de l'homme, de même le royaume de la très sainte Vierge est principalement dans l'intérieur de l'homme.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, la persévérance dans la grâce et la Couronne de la gloire.

25 juillet

 

Neuvième Mardi de saint Dominique
Thierry d'Apolda (XIIIe siècle)

De la confirmation de lʼOrdre des Prêcheurs, obtenue par la bienheureuse Vierge.



65. Lorsque lʼhomm e de Dieu, Dominique, eut parlé à ses frères, dʼaprès lʼordre du Souverain Pontife, de la règle qu ʼils avaient à choisir, il repartit pour Rome, sous la con duite de Dieu qui le dirigeait en tout. Sur ces entrefaites, le seigneur Pape Innocent III mourut et Honorius lui succéda dans la dignité du Siège apostolique. Le serviteur de Dieu sʼemploya auprès du nouveau Vicaire de Jésus-Christ, pour quʼil confirmât lʼOrdre des Prêcheurs contre les ennemis de lʼEglise. Etant, selon sa coutume, à veiller dans lʼéglise, Dominique vit le Fils de Dieu, assis à la droite de son Père, se lever, dans sa colère, pour exterminer tous les pécheurs de la terre et faire périr tous ceux qui opéraient lʼiniquité. Il se tenait dans les airs, le visage terrible, et il brandissait contre le monde plongé dans la malice trois lances: la première pour transpercer les têtes hautaines des orgueilleux, la seconde pour arracher les entrailles des hommes cupides, la troisième pour percer les hommes adonnés aux plaisirs de la chair. Personne ne pouvait résister à sa colère, lorsque la douce Vierge-Mère se présenta et, embrassant ses pieds, le supplia de pardonner à ces hommes qu ʼil avait rachetés, et de tempérer sa justice par la miséricorde.
«— Ne voyez-vous pas, lui dit son Fils, combien dʼaffronts on mʼinflige? Ma justice ne peut plus laisser tant de mal impuni.»
66. «— Vous qui connaissez tout, lui dit sa Mère, vous savez qu ʼil y a un moyen de les ramener à vous. Jʼai un serviteur fidèle que vous enverrez dans le monde pour leur annoncer vos paroles, et ils se convertiront à vous, qui êtes le Sauveur de tous les hommes. Jʼai aussi un autre serviteur que je lui donnerai pour aide, afin quʼil travaille comme lui.
«— Voici que je me suis apaisé, répondit son Fils, en regardant votre visage. Mais, montrez-moi ceux que vous voulez destiner à cette grande mission.»
Alors la Reine sa Mère présenta le bienheureux Dominique à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et le Seigneur dit à sa Mère: «— II fera bien, et avec zèle, ce que vous avez dit. Elle présenta aussi saint François, que le Seigneur loua également. Saint Dominique considéra attentivement dans cette vision ce compagnon quʼil ne connaissait pas auparavant, et le lendemain, lʼayant trouvé dans lʼéglise, il le reconnut parce quʼil l'avait vu dans la nuit, et se jetant à son cou, il le serra dans ses bras avec une sainte effusion et lui dit:— Vous êtes mon compagnon, vous courrez à mes côtés; tenons-nous ensemble, et nul ne pourra prévaloir contre nous.» II lui raconta ensuite la vision qu ʼil avait eue et, depuis ce moment, ils ne furent plus quʼun cœur et quʼune âme dans le Seigneur, ce qu ʼils recommandèrent aussi à leur postérité dʼobserver à jamais.

67. Toute la suite et la connaissance de cette vision nous ont été transmises par saint François, à qui notre bienheureux Père lʼavait communiquée avant la confirmation de son Ordre. Fortifié et rassuré par elle, le serviteur de Dieu, Dominique, se présenta au Vicaire de Jésus-Christ, pour lui demander, selon le projet et le plan quʼil en avait conçus, la confirmation de lʼOrdre des Prêcheurs et tout ce quʼil désirait obtenir et, par la grâce de Dieu, il obtint, en effet, la satisfaction complète de ses désirs. Si lʼon prend la peine de considérer attentivement la marche de cette grande affaire, on sera saisi dʼadmiration et d ʼétonnement en voyant quʼun homme humble et dʼune pauvreté extrême, dénué de tout secours humain, ait pu réussir, seul et si facilement, à mener à bien cette sainte entreprise, malgré toutes les difficultés, auprès du Saint-Siège apostolique et de lʼauguste assemblée des cardinaux. Mais en réalité, ce ne fut pas lʼindustrie humaine, mais bien la puissante sagesse de Dieu qui fit toutes ces choses comme elle voulut, par lʼentremise de son humble serviteur, selon que lʼavait demandé et obtenu lʼauguste prière de la Mère de Dieu.

68. Exaltons donc de tout notre pouvoir la puissance, la clémence, la diligence de cette Médiatrice du monde, de la Vierge Mère de Dieu.
— Sa puissance, car, par un seul mot de supplication, elle a pu arrêter la colère du Juge tout-puissant, qui avait aiguisé son glaive comme la foudre et qui avait saisi dans sa main le jugement; elle lʼa empêché de dévorer les impies comme la paille et de les brûler jusquʼau fond des enfers. — Sa clémence; qui pourrait en douter, lorsqu ʼelle intercéda sans relâche avec tant dʼhumilité, tant de miséricorde, tant d ʼinstances pour ceux qui allaient périr? Cʼest cette clémence quʼattendent les pécheurs pour ne pas périr; cʼest elle qui est prêchée aux justes pour les faire avancer; cʼest elle qui est annoncée aux pauvres, pour quʼils aillent enseigner et quʼils portent des fruits.
— Quant à la sollicitude de votre diligence envers nous, ô notre Souveraine, nous lʼéprouvons non seulement en ce que vous arrêtez la fureur de notre puissant Juge, et que vous intervenez, pleine de clémence pour nous, auprès de votre Fils, mais encore en ce que vous avez procuré pour tous les hommes des moyens de salut, et que vous avez destiné au monde des apôtres si agréables à votre Fils et aussi saints que savants.

69. Ce sont, en effet, des hommes tout à fait choisis que ces saints, Dominique et François. La vénérable Mère les offre à son Fils, en les louant de leur fidélité, et son Fils les accepte, en approuvant le témoignage qui leur est rendu, et les envoyant comme des agneaux au milieu des loups, il les conserve par sa protection.
Bénissons donc, frères bien-aimés, le Père et la Mère avec le Fils et le Saint-Esprit, dont nous voyons sur nous les desseins impéné trables et dont nous éprouvons la tendre bienveillance. — Irrité par les péchés de son peuple, le Fils se laisse toucher par les prières de sa douce Mère, et dans sa colère il se souvient de sa miséricorde, et il nous laisse une semence divine, sans laquelle nous aurions été comme Sodome et nous aurions péri comme Gomorrhe. Etant sortis de cette semence bénie, jetons de profondes racines dans le sol et faisons croître du fruit sur nos branches, afin qu ʼon reconnaisse toujours en nous le sentiment de notre propre indignité et le désir de lʼimmuable éternité. Nous sommes de la race des serviteurs de Dieu, sur laquelle demeurent les bénédictions du ciel, de cette race quʼa bénie le Seigneur pour quʼelle croisse et qu'elle acquière lʼhéritage de la terre des vivants avec les doux qui sont appelés heureux, et quʼelle se rende maîtresse des portes de ses ennemis, cʼest-à-dire des démons. Embrassons donc avec amour et imitons incessamment les exemples illustres de ce Pères si glorieux, avec leurs vertus éminentes et leur foi, afin que nous-mêmes, devenant dignes dʼêtre imités, nous méritions dʼêtre comptés avec leur postérité parmi les enfants de Dieu.

70. Tandis donc que le Saint était dans la basilique de Saint-Pierre, répandant ses prières en présence du Seigneur, pour la conservation et la dilatation de lʼOrdre, que sa droite propageait par lui, la main de Dieu se fit sentir sur lui, et il vit tout à coup les glorieux princes des Apôtres, Pierre et Paul, qui venaient à lui; le premier, Pierre, semblait lui remettre un bâton, et Paul, un livre, et ils lui disaient: «Va! prêche! tu es choisi de Dieu pour ce ministère.» — En un instant, il vit ses enfants dispersés dans tout le monde, sʼavançant deux à deux, et prêchant aux peuples la parole de Dieu.

23 juillet

 

16ème dimanche du Temps ordinaire

Mt 13, 24-43


La croissance du Royaume (Mt 13, 24-33)


Après la parabole du semeur sur l'origine du Royaume des cieux: l'accueil de la parole du Royaume, Jésus propose trois paraboles sur sa croissance. Il s'adresse toujours aux foules. Cela n'est pas dit, mais on peut le comprendre d'après le verset 34, car Jésus laisse alors les foules auxquelles il parlait jusque là.

L'ivraie (Mt 13, 24-30)

24 Jésus leur proposa une autre parabole.
Le Royaume des cieux a été comparé à un homme qui a semé une belle semence dans son champ. 25 Pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema par-dessus de l'ivraie au milieu du blé et s'éloigna. 26 Quand l'herbe germa et fit du fruit, l'ivraie apparut aussi. 27 Venant auprès [de lui], les serviteurs du maître de maison lui dirent: Seigneur, n'est-ce pas de la belle semence que tu as semée dans ton champ? Comment donc y a-t-il de l'ivraie? 28 Celui-ci leur déclara: Un ennemi a fait cela. Les serviteurs lui dirent alors: Veux-tu que nous allions la recueillir? 29 Celui-ci leur déclare: Non. De peur qu'en recueillant l'ivraie, vous ne déraciniez le blé ensemble avec elle. 30 Laissez-les croître tous les deux ensemble jusqu'à la moisson, et au temps de la moisson je dirai au moissonneurs: Recueillez d'abord l'ivraie et liez-la en bottes pour la brûler, mais le blé, rassemblez-le dans mon grenier.

Jésus propose maintenant aux foules quatre paraboles sur le Royaume des cieux. Tout d'abord la parabole de l'ivraie. Elle commence comme la parabole du semeur, mais avec quelques précisions supplémentaires: la semence est du blé, et c'est une belle semence. Toutefois ce n'est pas le devenir de cette semence qui est au cœur de la parabole. L'action d'un ennemi est centrale. Un ennemi, donc, profitant du sommeil des hommes — le semeur et ses serviteurs —, sème de l'ivraie sur le champ de blé ensemencé. Les deux sortes de grains poussent ensemble sans qu'il soit possible de les distinguer au début de leur croissance. Mais lorsque l'épi se forme, les serviteurs se rendent compte de la présence de l'ivraie et en informent le maître qui ne s'étonne pas: il sait que c'est une ennemi qui l'a fait, mais il n'en précise pas le nom. Il a cependant confiance dans sa semence de bonne qualité; il sait que l'ivraie n'empêchera pas les épis de parvenir à maturité. Il interdit donc d'arracher l'ivraie, de peur que du blé soit arraché en même temps. Il patiente donc jusqu'à la moisson. Alors, il sera possible de séparer sans dommage le blé de l'ivraie. L'ivraie sera brûlée et le blé rassemblé dans le grenier.


Le grain de moutarde (Mt 13, 31-32)

31 Il leur proposa une autre parabole, disant:
Le Royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde que, prenant, un homme sema dans son champ; 32 alors que c'est la plus petite de toutes les semences, quand elle a grandi, elle est la plus grande des plantes potagères et elle devient un arbre, au point que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches.

La graine de moutarde est une toute petite graine qui donne une grande plante, la plus grande du potager. Jésus va jusqu'à dire qu'elle devient un arbre aux nombreuses branches, au-delà de la croissance habituelle. Les oiseaux du ciel peuvent donc y nicher, ce qui n'est pas sans rappeler le cèdre d'Ez 17, 22-23 et la vision de Nabuchodonosor (Dn 4, 9.18). L'un se rapporte à la gloire d'Israël, l'autre à un règne futur. Il n'y a donc aucune proportion entre les débuts modestes du Royaume des cieux, que voient les apôtres: une petite graine sans apparence, et ce qu'il est appelé à devenir.


Le levain (Mt 13, 33)

33 Il leur parla une autre parabole.
Le Royaume des cieux est semblable à du levain que, prenant, une femme cacha dans trois mesures de farine jusqu'à ce que tout ait levé.

La parabole du levain montre comment le Royaume des cieux est un ferment dans le monde: il fait lever la pâte du monde qui devient lui-même Royaume des cieux. Comme il y avait disproportion entre la taille du grain de moutarde et l'arbre qu'il devient, il y a aussi disproportion entre le levain et la grande quantité de pâte qu'il fait lever. La mesure — le seah — correspond à environ quinze litres de matière sèche. Trois mesures équivallent  donc à quarante-cinq litres, soit un épha, ce qui est énorme pour une ménagère.


Le sens des paraboles (Mt 13, 34-35)

34 Jésus parlait tout cela aux foules en paraboles et il ne leur parlait de rien sans paraboles, 35 afin que s'accomplisse ce qui fut dit par le prophète, disant: J'ouvrirai ma bouche en paraboles, je profèrerai des [choses] cachées depuis la fondation du monde.

Sous forme de paraboles, Jésus enseignait aux foules le devenir du Royaume des cieux, promis à un grand développement, malgré l'œuvre de l'ennemi qui cherche à en entraver la croissance. Jésus parlait donc aux foules des secrets du Royaume en paraboles, comme il en avait l'habitude, et Matthieu en donne la raison en citant non plus le prophète Isaïe, mais le prophète Asaph. Il est en effet appelé prophète dans le deuxième livre des Chroniques: «Le roi Ezéchias et les princes dirent aux lévites de chanter au Seigneur les psaumes tant du roi David que du prophète Asaph» (2 Ch 29, 30). Le prophète avait donc annoncé: «J'ouvrirai ma bouche en paraboles, je profèrerai des choses cachées depuis la fondation du monde» (Ps 78, 2). Les paraboles servent à une révélation voilée de choses cachées.

Explication de la parabole de l'ivraie (Mt 13, 36-43)

36 Laissant alors les foules, il vint vers la maison. Et ses disciples vinrent auprès de lui en disant: Explique-nous la parabole de l'ivraie du champ. 37 Répondant, il dit:
Qui sème la belle semence est le Fils de l'homme, 38 le champ est le monde, la belle semence [ce sont] les fils du Royaume; l'ivraie [ce] sont les fils du Mauvais, 39 l'ennemi qui l'a semée est le diable, la moisson est la fin du monde, les moissonneurs sont des anges. 40 Comme l'ivraie est recueillie et brûlée au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde; 41 le Fils de l'homme enverra ses anges et ils recueilleront hors de son Royaume tous les scandales et ceux qui font l'iniquité, 42 et ils les jetteront dans la fournaise de feu; là seront les pleurs et les grincements des dents. 43 Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le Royaume de leur Père.
Qui a des oreilles, qu'il entende.

Jésus était sorti de la maison pour s'adresser aux foules (13, 1), il quitte maintenant le bord de la mer et vient à la maison. Comme dans la barque (13, 10), les disciples viennent auprès de lui. Ils veulent connaître le sens de la parabole de l'ivraie — l'ivraie est donc le point central de la parabole — qui demande un éclaircissement. Jésus leur en donne une explication allégorique: chacun des éléments de la parabole revêt un sens particulier; pas tous cependant, car le dialogue entre le semeur et ses serviteurs est passé sous silence: la patience de Dieu n'apparaît plus, et l'accent est mis sur la moisson.
Le semeur donc, c'est le Fils de l'homme: titre que Jésus s'est déjà donné plusieurs fois (9, 6; 10, 23; 12, 8.32). La belle semence, ce sont les fils du Royaume, ceux qui ont entendu et compris la parole, ceux qui ont été semés dans la belle terre (13, 28), c'est-à-dire ses disciples. Le champ du Fils de l'homme, c'est le monde entier. Jusque là, Jésus a envoyé ses disciples uniquement en Israël (10, 5-9), mais il sait qu'ils iront dans le monde entier. L'ivraie, ce sont les fils du Mauvais, ceux en qui le Mauvais (6, 13) a ravi la parole du Royaume semée dans leur cœur. Le Mauvais, c'est l'ennemi, le diable que nous avons déjà vu à l'œuvre lors des tentations de Jésus au désert (4, 1-11). Fils du Royaume et fils du Mauvais cohabitent donc ensemble dans le champ du monde jusqu'à la moisson, jusqu'au jour du jugement (cf. Jr 51, 32). Les anges alors feront le tri entre le froment et l'ivraie. Ils commenceront par enlever du Royaume du Fils de l'homme les scandales qui font tomber et qui sont inévitablement présents dans le monde; ils enlèveront aussi ceux qui font l'iniquité, c'est-à-dire ceux qui prétendent être de Jésus sans mettre sa parole en pratique (7, 23). Tout cela sera jeté dans le feu (cf. 7, 19): on pense à la fournaise de feu où Nabuchodonosor a jeté Daniel et ses compagnons (Dn 3, 6). Là seront les pleurs et les grincements de dents (cf. 8, 12). Les justes, quant à eux, passeront du Royaume du Fils de l'homme (13, 41) au Royaume de leur Père (13, 43); ils seront inondés de lumière. La comparaison avec le soleil sera employée aussi par Matthieu pour décrire le visage de Jésus lors de la transfiguration (17, 2; cf. Si 50, 7; Dn 12, 3). Malachie avait annoncé qu'au jour du jugement, on verrait la différence entre un juste et un méchant (Mal 3, 18).
Le Royaume des cieux, d'après l'explication donnée par Jésus de la parabole de l'ivraie, est le Royaume du Fils de l'homme dans le monde, l'Eglise, qui, après le jugement, apparaîtra comme le Royaume du Père.
Jésus termine ainsi: «Qui a des oreilles, qu'il entende». C'est la troisième fois qu'il exhorte celui qui a des oreilles à entendre (11, 15; 13, 9). Il faut entendre et comprendre, la parole doit transformer le cœur.

22 juillet

 

Fête de sainte Marie-Madeleine

Son éloge par François Pétrarque

(1304-1374)



Douce amie d'un Dieu, sois touchée de nos larmes,
prête l'oreille à nos humbles prières,
et procure-nous le salut éternel:
car tu le peux.
Ce n'est point en vain qu'il t'a été donné
de toucher les pieds sacrés de Jésus,
de les laver de tes larmes,
de les essuyer de tes cheveux,
d'y imprimer tes lèvres,
et de répandre sur la tête du Sauveur
des parfums précieux.
Ce n'est point en vain qu'après sa résurrection
le Christ, roi du ciel,
te fit l'insigne honneur de te rencontrer la première,
de te faire entendre sa voix
et de te montrer ses membres divins.
Ah! c'est qu'il t'avait aperçue au pied de la croix,
pleine de courage en face de cet horrible instrument de supplice,
bravant les reproches d'une multitude en fureur,
et ses railleries plus cruelles que les verges,
désolée et intrépide tout ensemble,
appliquant tes doigts sur les clous ensanglantés,
arrosant de tes larmes ses blessures,
te frappant la poitrine et t'arrachant les cheveux:
il t'avait aperçue,
alors que la crainte avait mis en fuite ses lâches disciples.
Voilà pourquoi il te visita la première,
il s'offrit d'abord à tes regards.
Puis, lorsque quittant la terre,
il fut retourné au ciel,
durant deux fois trois lustres il te nourrit dans cette grotte,
non des aliments grossiers dont se nourrissent les mortels:
des mets célestes, la rosée de ses grâces te suffirent.
Cette demeure, ce rocher aux parois humides,
cet antre ténébreux,
te procura plus de délices
que n'eussent fait les palais dorés des rois,
les campagnes couvertes de moissons.
Là, recluse volontaire,
sans autre vêtement que ta longue chevelure,
tu passas trois fois dix hivers,
invincible au froid comme à la peur.
La faim, le froid, la dureté de ta couche
s'adoucirent par l'amour et par l'espérance.
Là, invisible aux yeux des hommes,
mais environnée des chœurs angéliques,
et ravie en extase sept fois chaque jour,
tu méritas d'entendre d'une oreille mortelle
les harmonies célestes et les cantiques de la patrie.

20 juillet

 

Prier le Rosaire
avec Louis Marie Grignion de Montfort

Mystères douloureux


L’Agonie

Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi(Mt 26,38).

Pardon de tant de souffrances, O Jésus agonisant, Puisque nos propres offenses Vous mettent dans ce tourment. Ah! c'est nous, ô pécheurs, Qui méritons ces douleurs.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, la contrition de nos péchés.

 

La Flagellation
Pilate leur relâcha donc Barabbas; quant à Jésus, il le fit flageller, et le leur livra pour qu'il soit crucifié (Mt 27,26).

Considérez qu'il endure Cet effroyable tourment Sans qu'il s'en plaigne ou murmure, Tant son amour est ardent. C'est pour nous, ô pécheurs, Qu'il endure ces douleurs.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, le détachement des biens du monde, la mortification de nos sens.

 

Le Couronnement d’épines

Avec des épines, les soldats tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête (Mt 27,29).

O Jésus très pitoyable, Par les injustes mépris, Voyez d'un œil favorable A vos pieds des cœurs contrits, Car c'est nous, ô pécheurs, Qui lui causons ces douleurs.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, le mépris du monde.

 

Le Portement de croix

Jésus, portant lui-même sa croix, sortit en direction du lieu dit: Le Crâne, ou Calvaire(Jn 19,17).

Si la moindre douleur du Fils de Dieu est plus estimable que si tous les anges et les hommes étaient morts et anéantis pour nous, quelle doit être notre douleur, notre reconnaissance et notre amour pour lui, puisqu'il a souffert pour nous tout ce qu'on peut souffrir, et avec une affection extrême, sans y être obligé! Ayant devant soi la joie, il a porté la croix.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, la patience dans toutes nos croix.

 

Le crucifiement et la mort de Jésus

Ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un de chaque côté, et Jésus au milieu (Jn 19,18).

La Sagesse a épousé la croix avec des amours ineffables dans son Incarnation. Enfin elle est venue au comble de ses désirs. Elle a été souillée d'opprobres; elle a été attachée et comme collée à la croix, et elle est morte avec joie, dans les embrassements de sa chère amie, comme dans son lit d'honneur et de triomphe.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, la conversion des pécheurs, la persévérance des justes et le soulagement des âmes du purgatoire.

18 juillet

 

Huitième Mardi de saint Dominique
Thierry d'Apolda (XIIIe siècle)

Des révélations par lesquelles lʼOrdre des Prêcheurs fut annoncé.


56. Alors, deux hommes vertueux de Toulouse sʼoffrirent à saint Dominique: cʼétait Frère Thomas, homme gracieux et éloquent, et Frère Pierre Deselan, qui lui fit présent des belles maisons quʼil possédait à Toulouse. Alors ceux qui étaient avec le serviteur de Dieu, Dominique, commencèrent à se conformer à la manière de vivre des religieux. LʼOrdre des Frères Prêcheurs nʼétait pas encore fondé, mais déjà lʼidée en existait, et lʼon sʼoccupait de lʼétablir dans les délibérations. Bien des personnes avaient eu des révélations de Dieu sur cet Ordre futur, et dans les prédictions que leur inspirait lʼesprit prophétique, ils en avaient félicité lʼEglise. Car cʼest un fait attesté par lʼEcriture que, quand Dieu se prépare à faire quelque chose dʼimportant, il a lʼhabitude de le manifester par son Esprit, de mainte et mainte manière, aux élus et aux prophètes, ses serviteurs. Ainsi pour cet Ordre choisi entre tous ses élus, il daigna montrer dʼavance, dʼune manière merveilleuse, plusieurs particularités dont jʼai cru agréable et utile dʼinsérer ici quelques-unes.

57. Donc, un vénérable évêque de lʼEglise d ʼOrange, de lʼOrdre des moines blancs, homme de grande religion et de beaucoup dʼactes de vertu, était honoré par les peuples comme un saint. Il excellait singulièrement par la grâce de la prédication et par la ferveur de la foi, non seulement dans son diocèse, mais aussi dans d ʼautres lieux. Prêchant un jour en public, il prononça ces paroles: Je vous annonce la parole de Dieu comme je sais, mais bientôt viendront à vous de vrais prédicateurs, qui en auront la mission, la science, le nom et la vie.» Pour annoncer avec la solennité convenable lʼOrdre des Frères Prêcheurs, il ne fallait pas moins quʼun Pontife et un pré dicateur enflammé de zèle. Egalement, le vénérable Père Etienne, prieur de la Chartreuse du diocèse de Lyon, homme dʼune grande sainteté, prédit à ses Frères lʼOrdre des Prêcheurs, et il leur demanda, avec une tendre affection, d ʼavoir toujours pour cet Ordre un grand amour et un grand respect. — Cʼest ce quʼils firent; car ils ont toujours accordé à l'Ordre des distinctions et des égards particuliers.

58. Lʼabbé et le fondateur du monastère de Floral écrivit aussi, en plusieurs endroits de ses livres, au sujet de l ʼOrdre des Prêcheurs. Décrivant cet Ordre et son habit, il avertit ses Frères que lorsque cet Ordre surgirait, après sa mort, ils le reçussent avec beaucoup de dévouement et dʼhonneurs. Et, en effet, ceux-ci, obéissants, allèrent avec la croix, en procession, au-devant des premiers Frères de cet Ordre qui vinrent chez eux. Que tous ceux que Dieu a daigné placer dans cet Ordre songent avec quelle dévotion et quelle ferveur ils doivent sʼy comporter, puisque la divine Providence a fait ordonner par ses serviteurs, même à des étrangers, de lʼentourer de tant dʼaffection! Quʼils songent aussi combien ces personnages étaient graves, combien leurs offices étaient relevés, combien leur sainteté était sublime, eux dont le témoi gnage digne de foi a si bien établi la dignité et lʼutilité de lʼOrdre des Prêcheurs.

59. A cela s ʼajoutent encore dʼautres témoi gnages, non moins vrais, de pieux fidèles. Avant lʼinstitution de lʼOrdre, il y avait un moine qui menait une vie très sainte. Ce moine étant tombé malade, fut ravi en extase, et il resta ainsi sans sentiment et sans mou­vement pendant trois jours. — En revenant à lui, il ne voulut dire à personne ce qu ʼil avait vu. Quelque temps après, ayant vu les Frères Prêcheurs à lʼéglise, il sʼinforma soigneu sement de leur office, de leur religion, de leur nom; et après le sermon, les prenant à part, il leur dit, en présence de personnes honorables: Je ne dois plus taire maintenant ce que Dieu m ʼa révélé dans sa bonté et ce que jʼavais gardé dans le silence jusquʼà présent. Ayant été une fois ravi en extase, pendant trois jours et trois nuits, je vis Notre-Dame, la Mère de Dieu, Marie, à genoux, les mains jointes, suppliant son Fils pour le genre humain, afin qu ʼil lʼattendît encore à pénitence. Après avoir donné plusieurs fois des refus à sa pieuse Mère, comme elle insistait toujours, il lui répondit: — Ma Mère, que puis-je ou que dois-je faire de plus pour les hommes? Je leur ai envoyé les patriarches et les prophètes pour les sauver, et ils se sont bien peu corrigés. Je suis venu moi-même, jʼai envoyé mes apôtres, et ils mʼont mis criminellement à mort, moi et mes apôtres. Jʼai envoyé des martyrs, des docteurs, des confesseurs en grand nombre, ils ne les ont pas écoutés non plus. Enfin, comme il ne convient pas que je vous refuse quelque chose, je leur donnerai mes prédicateurs, pour qu ʼils soient éclairés et amendés par eux, sinon, je me vengerai dʼeux et je marcherai contre eux.»

60. Dans le temps où douze abbés de lʼOrdre de Cîteaux avaient été envoyés par le Pape Innocent III prêcher contre les hérétiques albigeois, quelquʼun, qui avait été ressuscité des morts, fut interrogé par un de ces abbés sur ce quʼil avait vu. «Jʼai vu, répondit-il, Notre-Dame, la Vierge Marie, à genoux, pendant trois jours de suite, devant son Fils, et priant pour son peuple. Son Fils lui rappelait les bienfaits qu ʼil avait accordés au monde, et le mal que le monde lui avait fait en retour.
— Et comment, disait-il, puis-je épargner encore de tels ingrats?
— Mon bon Fils, reprenait la Vierge, ne les traitez pas selon leurs mérites, mais selon votre douceur.
Enfin, vaincu par les prières de sa Mère, le Fils lui dit:
— Sur votre désir, je vais leur faire en core cette miséricorde. Je leur enverrai des prédicateurs qui les exhorteront à la pénitence et, sʼils se convertissent de leur injustice, je ne me souviendrai plus de toutes leurs iniquités.»

61. L ʼannée de lʼIncarnation du Seigneur 1215, lorsque les princes et les prélats, revêtus de dignités ecclésiastiques, se rendaient de toutes les parties du monde au concile général de Rome, le serviteur très dévot du Christ, Dominique, se joignit au vénérable et saint évêque de Toulouse, Foulques, qui s ʼy rendait aussi. Ils étaient tellement unis par la charité et conduits par lʼesprit de Jésus, quʼils brûlaient du zèle le plus ardent pour le salut des âmes. Regardant donc le temps comme favorable, ils résolurent de sʼouvrir au Souverain Pontife du dessein quʼils avaient conçu et délibéré depuis longtemps de fonder lʼOrdre des Prêcheurs. Lorsquʼils eurent exposé avec respect et humilité, comme il convenait, devant le Christ du Seigneur, les vœux de leur cœur, le dispensateur de Dieu parut dʼabord y opposer quelque résistance.

62. La nuit suivante, le vicaire de Jésus-Christ vit en songe lʼéglise de Latran, qui, ébranlée dans ses jointures, menaçait ruine. Pendant qu ʼil la regardait, tout triste et effrayé, le serviteur de Dieu arrivait du côté opposé, et il soutenait sur ses épaules tout lʼédifice près de crouler. Etonné de cette vision étrange, le sage Pontife, dans sa prudence, en comprit bientôt la signification, et il accepta joyeusement la proposition qui lui avait été faite et recommanda même ce pieux projet. Il exhorta le pieux Dominique à retourner vers ses frères et, après avoir délibéré avec eux, à choisir une règle déjà approuvée sur laquelle ils établiraient lʼOrdre qu ʼils voulaient fonder; après quoi il reviendrait le trouver, et il en obtiendrait la confirmation quʼil désirait.

63. Après la célébration du concile, le serviteur de Dieu retourna auprès de ses frères et leur fit part des paroles du Souverain-Pontife. Ceux-ci, ayant invoqué le Saint-Esprit, choisirent à lʼunanimité la règle de saint Augustin, qui avait été un prédicateur éminent, eux-mêmes devant être prédicateurs. Ils y ajoutèrent seulement, sous forme de cons$titutions, quelques coutumes de vie plus austères, auxquels ils sʼastreignirent. Et pour ne pas trouver dʼempêchement dans leur office de prédicateurs, ils résolurent de renoncer dès lors aux possessions terrestres et de faire lʼabandon de tous revenus temporels. On construisit aussitôt, auprès de lʼéglise de Saint-Romain de Toulouse, que le bien heureux Foulques, évêque de cette ville, leur avait assignée, un cloître contenant des cellules pour étudier et aussi un dortoir assez commode. Les Frères étaient au nombre de seize environ.

64. Il y avait à Toulouse, en ce temps-là, un maître qui enseignait la théologie, distingué par sa naissance, par sa science, par sa renommée. Un matin, avant le jour, tandis quʼil préparait sa leçon, accablé dʼun profond sommeil, il appuya un peu sa tête sur sa chaire et sʼendormit. Il lui sembla à ce même moment quʼon lui présentait sept étoiles. Etonné au suprême degré, il admirait cet étrange cadeau, lorsque, tout à coup, elles augmentèrent en lumière et en grandeur, de telle sorte qu ʼelles illuminèrent tout le pays et le monde. Sʼéveillant de son sommeil, il aperçut lʼaurore qui se levait et, appelant ses serviteurs pour porter ses livres, il entra dans lʼécole. Et voilà que le bienheureux Dominique avec six de ses compagnons, revêtus du même habit, s ʼapprochèrent humblement du maître, lui disant quʼils étaient des Frères qui prêchaient lʼEvangile aux fidèles et contre les infidèles, dans les contrées de Toulouse, et lui apprenant aussi quʼils étaient venus pour assister à son cours et quʼils écouteraient ses leçons dʼun coeur avide, car ils le désiraient vivement. Ce professeur eut pendant longtemps ces dits Frères pour familiers et pour amis, et il les instruisit comme ses écoliers. Et se rappelant la vision qu ʼil avait eue, et dont il fit lʼapplication au bienheureux Dominique et à ses compagnons, étoiles lumineuses qu ʼil vit bientôt rayonner dʼun immense éclat de réputation et de savoir, il conçut pour eux une grande vénération, et il les entoura constamment depuis lors dʼun sentiment de très tendre affection.

16 juillet

 

15ème dimanche du temps ordinaire
(Année A)

Mt 13, 1-9


Le maître parle en paraboles (Mt 13, 1-3)

13 1 En ce jour-là, Jésus sortit de la maison et s'assit auprès de la mer; 2 et des foules nombreuses s'assemblèrent auprès de lui, en sorte qu'il monte s'asseoir dans une barque sur la mer, et toute la foule se tenait debout sur le rivage. 3 Et il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles disant:

Le chapitre 13, consacré à l'enseignement en paraboles, n'a pas de lien avec ce qui précède; «En ce jour-là» est une notation temporelle très vague; cette expression signifie un temps indéfini, comme souvent dans l'Ecriture, et non la journée où s'est passé ce qui précède. Quant à la maison dont Jésus sort, on ne sait de laquelle il s'agit et où elle se trouvait. Par contre le lieu où il va est mieux déterminé: au bord de la mer de Galilée; il s'assied sur le rivage, dans l'attitude du Maître qui s'apprête à enseigner. Des foules s'approchent, si nombreuses que Jésus va s'asseoir à quelque distance d'elles, dans une barque sur la mer. Elles restent massées sur le rivage et Jésus leur donne un enseignement, nouveau dans son style: il est entièrement sous forme de paraboles. La première est la parabole de celui qui sème.


L'origine du Royaume (Mt 13, 3-9)

3 Voici que celui qui sème est sorti pour semer. 4 Et pendant qu'il semait, il tomba [des grains] le long du chemin, et les oiseaux venant les dévorèrent. 5 Et d'autres tombèrent sur la pierraille là où il n'y avait pas de terre abondante et aussitôt ils ont levé parce qu'il n'y avait pas de terre abondante; 6 le soleil s'étant levé, ils furent brûlés et comme ils n'avaient pas de racine, ils furent desséchés. 7 Et d'autres tombèrent dans les épines et les épines montèrent et les étouffèrent. 8 D'autres tombèrent dans la belle terre et donnèrent du fruit, un cent, un soixante, un trente pour un.
9 Celui qui a des oreilles, qu'il entende.

Jésus met en scène «Celui qui sème», ce qui indique une fonction: on peut penser que semer était son travail habituel. On ne sait qui sème, mais il lance ses grains à pleine main, sans parcimonie, si bien que les semences tombent sur des terrains fort divers: le long du chemin qui borde le champ, sur la pierraille présente dans certaines parties du champ, dans les épines aux endroits où le champ n'est pas bien entretenu, et bien sûr sur la belle terre. C'est le contact entre les grains et le terrain qui intéresse surtout Jésus dans sa parabole. On peut remarquer qu'il présente les terrains en allant du plus mauvais au meilleur, et il montre comment chacun accueille la graine d'une façon particulière. Le chemin, transformé en terre battue à force d'être piétiné par les hommes et les bêtes, ne laisse pas les graines s'enfoncer; elles restent en surface si bien que les oiseaux les dévorent. Le terrain pierreux n'a qu'une fine couche de bonne terre et même certains cailloux affleurent en surface; le grain peut germer, mais ne peut enfoncer profondément ses racines, si bien que le soleil dessèche les jeunes pousses. Le terrain porteur d'épines n'est pas plus favorable à la culture. Les épines, bien enracinées, poussent rapidement, plus vite que ne germe les graines; elles finissent donc par en empêcher la croissance. La belle terre par contre, meuble et riche, permet l'enfouissement des grains; ils germent donc et donnent des plantes vigoureuses qui portent du fruit, bien que de façon diverse. Le rendement est de cent, soixante ou trente pour un.
Jésus conclut: «Celui qui a des oreilles, qu'il entende». Il reprend ici ce qu'il avait déjà dit aux foules après les avoir invitées à accueillir Jean pour ce qu'il est: Elie qui doit venir (11, 45). Avoir des oreilles, c'est être capable d'accueillir des paroles entendues comme la belle terre accueille les grains. Mais il en est peu, en réalité, dont les oreilles du cœur sachent écouter et comprendre.

14 juillet

 

Prier le Rosaire
avec Louis Marie Grignion de Montfort

Mystères lumineux


Le Baptême

Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui (Mt 3,13).

Nous devons être à Jésus Christ et le servir, non seulement comme des serviteurs mercenaires, mais comme des esclaves amoureux qui, par un effet d'un grand amour, se donnent et se livrent à le servir en qualité d'esclaves. Avant le baptême nous étions esclaves du diable; le baptême nous a rendus esclaves de Jésus Christ.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, de nous garder en état de grâce.

 

Cana

Sa mère dit aux serviteurs: «Faites tout ce qu'il vous dira»(Jn 2,5).

Jésus-Christ a voulu commencer ses miracles par Marie: il a sanctifié saint Jean dans le sein de sa mère sainte Élisabeth, par la parole de Marie; aussitôt qu'elle eût parlé, Jean fut sanctifié, et c'est son premier et plus grand Miracle de grâce. Il changea, aux noces de Cana, l'eau en vin, à son humble prière, et c'est son premier miracle de nature.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, de faire grandir en nous la confiance en la volonté de Dieu.

 

L’Annonce du Royaume

L'Esprit du Seigneur est sur moi; il m'a oint pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres; il m'a envoyé proclamer aux captifs la liberté(Lc 4,18).

Tantôt pour trouver l'homme, la Sagesse court dans les grands chemins; tantôt elle monte sur la pointe des plus hautes montagnes; tantôt elle vient aux portes des villes; tantôt elle entre jusque dans les places publiques, criant le plus haut qu'elle peut: «O hommes! ô enfants des hommes! c'est à vous que je crie depuis si longtemps; c'est vous que je désire; c'est vous que je cherche; c'est vous que je réclame. Ecoutez, venez à moi; je veux vous rendre heureux.»

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, la conversion intérieure, la sainteté.

 

La Transfiguration

De la nuée, une voix disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour; écoutez-le!» (Mt 17,5).

En la beauté souveraine de la Sagesse, Dieu le Père a pris ses complaisances dans l'éternité et dans le temps, comme ce grand Dieu l'assura lui-même expressément, le jour de sa transfiguration. C'est cette lumineuse et incompréhensible clarté dont les Apôtres virent quelque peu des rayons de sa transfiguration, qui les pénétrèrent de douceur et les jetèrent dans l'extase.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, de nous faire entrer dans la contemplation.

 

L’Eucharistie

Pendant le repas, Jésus prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit et le donna à ses disciples, en disant: «Prenez, mangez: ceci est mon corps» (Mt 26,26).

Voulant d'un côté montrer son amour pour l'homme jusqu'à mourir en sa place afin de le sauver, et ne pouvant de l'autre se résoudre à quitter l'homme, la Sagesse trouve un secret admirable pour mourir et pour vivre tout à la fois, et demeurer avec l'homme jusqu'à la fin des siècles: c'est l'invention amoureuse de l'Eucharistie.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, l'amour de l'eucharistie.

11 juillet

 

Septième Mardi de saint Dominique
Thierry d'Apolda (XIIIe siècle)

Prédication dans le Lauragais
(suite)


45. Le bienheureux Dominique resta pendant dix ans dans différents endroits de la province de Narbonne, surtout aux environs de Carcassonne et de Fanjeaux, combattant lʼhérésie et relevant la foi catholique. Appliqué à sauver les âmes, il se donnait tout entier au ministère de la prédication, et il supporta joyeusement, pour lʼamour de Notre Seigneur, bien des mépris, des affronts, des ignominies et des angoisses. Dans ce temps-là, lʼillustre prince Simon, comte de Montfort, qui combattait les hérétiques avec le glaive matériel, et le confesseur de Jésus-Christ, Dominique, qui les combattait avec le glaive de la parole de Dieu, se lièrent intimement entre eux et contractèrent une étroite amitié. On lit dans lʼhistoire de ce prince quʼun jour, les catholiques discutant avec les hérétiques, Dominique écrivit sur un cahier quelques preuves de la foi et il les remit à un hérétique pour quʼil réfléchît sur ce sujet.

46. Pendant la nuit, les hérétiques étant assis auprès du feu, cet homme présenta le cahier quʼavait écrit le serviteur de Dieu. Ils se dirent alors: «Mettons ce cahier au feu, pour savoir de quel côté est la vérité.» On le jeta aussitôt au feu, et, après y être resté un certain temps, il sʼélança du foyer, parfaitement intact. Alors lʼun deux, plus obstiné, sʼécria: «Jetons lʼy une seconde fois, nous reconnaîtrons mieux la vérité.» On lʼy jeta une seconde fois, et une seconde fois il en sortit sans être brûlé. Tout le monde était dans la stupeur; mais lʼhérétique, endurci dans sa perfidie, dit encore: «Quʼon le jette au feu une troisième fois, et alors nous verrons la vérité dʼune manière indubitable» On jette le cahier au feu une troisième fois, et cette fois encore il nʼen éprouve aucune lésion; il sʼélança hors du brasier comme les premières fois. A la vue de ce prodige, ces misérables ne se convertirent pas, mais ils se défendirent sévèrement les uns aux autres dʼen jamais parler aux fidèles. Il nʼy eut quʼun chevalier, qui avait assisté à cette scène, qui, se rendant à lʼévidence de la foi, fit part de ce miracle insigne aux catholiques.

47. Un soir, le serviteur du Tout-Puissant, revenant dʼune conférence avec les hérétiques, en compagnie dʼun Frère convers de lʼOrdre de Cîteaux, très dévot, arriva à une église et la trouva fermée. Ils se mirent à prier à la porte, et tout à coup, sans que les portes sʼouvrissent, ils se trouvèrent miraculeusement à lʼintérieur. Alors, rendant grâce à Dieu, ils passèrent toute cette nuit à célébrer ses louanges. Tandis que saint Dominique prêchait dans une paroisse, on lui présenta un homme qui était depuis longtemps tourmenté par le démon. Lʼhomme de Dieu, par la puissance de ses oraisons, le délivra du démon; et il rendit aussi à la santé, par les prières quʼil adressa à Dieu, dʼautres malades atteints de diverses infirmités. Un autre possédé, tourmenté par plusieurs démons, lui fut présenté. Le Saint, ayant pris une étole, en entoura dʼabord son cou, puis le cou du démoniaque, en ordonnant aux démons de ne plus tourmenter cet homme à lʼavenir.

48. Pendant que le prince très chrétien, comte de Montfort, faisait le siège de Toulouse avec les croisés, des pèlerins dʼAngleterre, qui se rendaient à Saint-Jacques-de-Compostelle, voulant éviter dʼentrer dans la ville à cause de lʼexcommunication dont elle était frappée, prirent une barque pour traverser la Garonne. Mais leur grand nombre (ils étaient environ quarante) fit chavirer la barque; ils enfoncèrent tellement dans lʼeau quʼon ne voyait plus même leurs têtes. Le saint de Dieu, Dominique, était alors en prière dans une église voisine du fleuve. Aux cris des pèlerins, qui se noyaient, et de lʼarmée qui les entourait, il accourut en toute hâte et, voyant le péril que couraient ces hommes, ému de compassion, il se jeta tout de son long par terre, les mains étendues en forme de croix, et pleurant amèrement il cria vers le Seigneur pour quʼil délivrât ces pèlerins de la mort. Au bout de quelques instants, sa prière finie, il se releva, et se tournant vers le fleuve, avec toute la confiance quʼil puisait en Dieu, il dit à haute voix: «Je vous ordonne au nom du Christ de venir tous au rivage.» Chose étonnante! mais qui venait de Celui qui seul fait les prodiges, aussitôt, à sa voix, les naufragés, qui avaient été cachés si longtemps sous lʼeau, reparurent au-dessus, à la vue de tous ceux qui étaient présents à ce triste spectacle. Alors on accourut de toutes parts, leur tendant des lances et des piques, et on les retira tous des flots; ils étaient tous sains et saufs, et ils bénirent la clémence du Sauveur et les mérites de son bienheureux serviteur Dominique.

49. Lʼillustre Dominique, ce grand prédicateur, rempli de la grâce de Dieu, éprouvé et parfait dans toute vertu, passait donc aux yeux des hommes pour très saint, et il en avait la réputation. Les hérétiques, excités par lʼenvie, le tournaient en ridicule et blasphémaient ce saint de Dieu. Mais la vénération de tous les fidèles sʼaccroissait à son égard, et les archevêques, les évêques et les autres prélats des églises de ce pays le regardaient comme digne de tout honneur à cause de son éminente sainteté. Aussi la dignité épiscopale lui fut offerte parles chapitres de trois églises cathédrales. Mais lui, préférant sʼhumilier avec les humbles, plaça la pauvreté du Christ au-dessus des trônes et des empires, et il refusa les évêchés de Béziers, de Conserans et de Comminges, et ne voulut pas accepter leurs chaires. Il voulait être libre de tout lien, pour pouvoir être le serviteur de tous. Riches et pauvres, juifs et païens, comme il y en a beaucoup en Espagne, il se montrait aimable à tous, et tous lʼaimaient, à lʼexception des hérétiques et des ennemis de lʼEglise, quʼil convainquait dans ses conférences et quʼil combattait dans ses sermons. Il les exhortait aussi, avec une bienveillance toute gracieuse, à se convertir.

50. Demeurant à Carcassonne, dans la maison de lʼévêque, il sʼappliqua avec ardeur, pendant tout un Carême, à la prédication. Et comme lʼévêque, absent, lʼavait établi son vicaire, il sʼacquittait avec le plus grand soin de sa charge pour le spirituel. Etant donc sorti un jour du palais de lʼévêque quʼil remplaçait, lʼhomme de Dieu vint à un monastère appelé Castres, où lʼabbé lʼinvita à dîner. Il y entra. Mais comme lʼheure du repas se faisait attendre, le Saint, selon sa coutume, entra à lʼéglise pour y prier. Dans la ferveur de la prière, son corps fut élevé de terre, pendant que son esprit était élevé vers Dieu. Lʼheure du repas étant arrivée, ou cherchait partout où pouvait être lʼinvité. Ne lʼayant pas trouvé dans les différents endroits où on le cherchait, un des clercs qui assistait lʼabbé sortit aussi pour se mettre en quête de lui et, en entrant par hasard dans lʼéglise, il aperçut le Saint miraculeusement élevé entre le ciel et la terre.

51. Hors de lui dʼétonnement, il restait là, admirant et attendant lʼissue quʼaurait ce phénomène extraordinaire. Enfin, peu à peu, le corps qui planait sʼabaissa vers la terre et, descendant de ses hauteurs, il se remit en communication avec les sens extérieurs. Alors celui qui lʼavait vu, sʼapprochant du Saint, lui dit: «Seigneur, lʼheure du repas est passée, et mon abbé attend toujours votre présence.» Le Saint, comme sʼil se fût éveillé dʼun doux sommeil, lui dit: «Me voici, jʼarrive, comme vous me lʼaviez dit.» Plus tard, ce clerc, qui avait vu dans le saint de Dieu ce prodige de dévotion et de sainteté que nous venons de rapporter, quitta tout pour suivre le Bienheureux. Lʼadorable providence de Dieu, dans ses admirables desseins, avait destiné ce grand homme aux habitants de ce pays, pour rallumer parmi eux la charité refroidie dans un grand nombre de cœurs, et faire rayonner de la lumière de la doctrine évangélique la vérité de la foi, offusquée par les faussetés des hérétiques: cʼétait un flambeau ardent et luisant dans un endroit obscur.

52. Lʼillustre prince Simon, comte de Montfort, combattait alors pour la foi catholique, et le comte de Toulouse, qui lui résistait avec lʼaide du roi dʼAragon, commençait à prendre le dessus. Un Frère convers Cistercien, qui était là, sʼapprochant de saint Dominique, lui dit: «Maître Dominique, est-ce que tous ces maux nʼauront pas de fin?» Et comme Dominique se taisait, le religieux le pressant de nouveau, le Saint finit par lui dire, en présence du Frère Etienne: «Oui, la malice de ces Toulousains finira, mais ce ne sera pas encore de si tôt. Le sang dʼun grand nombre sera encore versé, et un roi périra dans une bataille.» Ceux qui lʼentendaient craignant quʼil ne parlât du roi de France qui venait de reprendre la guerre contre les Albigeois, il leur dit: «Ne craignez pas pour le roi de France; cʼest un autre roi, et bientôt, qui succombera dans les vicissitudes de cette guerre.» Le témoin de ce miracle, entra plus tard dans l'Ordre et fut un des fondateurs du couvent de Castres, où il mourut en odeur de sainteté.

53. Lʼannée suivante, en effet, le roi dʼAragon périt sur le champ de bataille. Plût à Dieu quʼil nʼeût pas succombé en portant les armes jusquʼau dernier moment contre lʼEglise! Le Saint, illuminé par lʼesprit prophétique, connut et prédit longtemps dʼavance ces événements. — Ce nʼétait pas étonnant.— Pendant tout le Carême, il avait jeûné au pain et à lʼeau et nʼétait pas même entré dans son lit. Et lorsque Pâques arriva, il était plus frais et plus vigoureux quʼauparavant. Le fils aîné de Philippe-Auguste, Louis VIII, dit que Dieu le nourrissait, en effet, à lʼintérieur, dʼun aliment invisible, et son âme se remplissait de la douceur de Dieu, comme de graisse et de chair; cʼétait cette surabondance qui réconfortait la faiblesse de sa chair et qui purifiait la sérénité de son esprit, pour lui faire connaître les mystères de lʼavenir.

54. Quelques hérétiques ayant été pris et convaincus dans le pays de Toulouse, furent remis au jugement séculier, parce quʼils refusaient de retourner à la foi, et condamnés au feu. Dominique regarda lʼun dʼeux avec un cœur initié aux secrets de Dieu, et il dit aux officiers de la cour: « Mettez à part celui-ci et gardez-vous de le brûler.» Puis, se tournant vers lʼhérétique avec une grande douceur: «Je sais, mon fils, quʼil vous faudra du temps, mais enfin vous deviendrez bon et saint.» Chose aimable autant que merveilleuse! Cet homme demeura vingt ans encore dans lʼaveuglement de lʼhérésie; après quoi, touché de la grâce, il revint à la foi et demanda lʼhabit de Frère Prêcheur, sous lequel il vécut bien et mourut dans la fidélité.

55. Le comte de Montfort, dont nous avons déjà parlé, avait pour le confesseur du Christ, Dominique, une si tendre affection, et il portait un si grand respect et une si grande vénération à sa sainteté, quʼil voulut que lui-même baptisât sa fille et bénît le mariage de son fils. Du consentement de ses héritiers, il lui assigna aussi, avec une munificence vraiment princière, pour lui et pour ceux qui se joindraient à lui dans lʼœuvre du salut, un bourg fort célèbre, nommé Cassamiel. Il eut aussi lʼéglise du bourg de Fanjeaux, et dʼautres possessions dʼoù il pouvait tirer de quoi sʼentretenir, lui et les siens. Lʼévêque de Toulouse, de son côté, homme vertueux et saint, très zélé pour la foi, qui avait pour saint Dominique une tendre affection, heureux de voir paraître cette nouvelle lumière, lui assigna, du consentement de son chapitre, pour sʼacheter des livres et dʼautres choses nécessaires, la sixième partie de tontes les dîmes de son diocèse.

9 juillet

 

De la caserne au monastère

9 juillet 1889


Le 9 juillet 1989, les moniales dominicaines quittaient la caserne de Neumours (actuel CAT de l'Envol) où elles avaient passé un an après leur départ d'Arles, et s'installaient dans leur beau monastère enfin terminé pour l'essentiel. Journée de joie et d'action de grâces d'être enfin face à la grotte de Massabielle pour toujours.

Le 9 juillet 2017, nous fêtons dans la joie, comme chaque année depuis 128 ans, l'anniversaire de l'entrée de nos premières soeurs dans notre monastère. Nous invitons tous ceux qui le voudront à se joindre à notre action de grâces:

Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !

Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.

Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,
pour les siècles des siècles.
Amen.

8 juillet

 

Anniversaire

de notre doyenne!


Nous fêtons aujourd'hui les 95 ans de soeur Marie-Noël! Joie pour toute la communauté rassemblée autour d'elle.

7 juillet

 

Prier le Rosaire
avec Louis Marie Grignion de Montfort

Mystères joyeux

Les intentions de prière sont extraites des Méthodes pour dire le Rosaire, de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, sauf pour les mystères lumineux.

Mystères joyeux

L’Annonciation

Sois sans crainte, Marie… Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils; tu lui donneras le nom de Jésus (Lc 1, 20-31).

Dieu le Père a communiqué à Marie sa fécondité pour lui donner le pouvoir de produire son Fils et tous les membres de son corps mystique. Dieu le Fils est descendu dans son sein virginal, comme le nouvel Adam dans le paradis terrestre, pour y prendre ses complaisances et pour y opérer en cachette des merveilles de grâce.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de Marie, une profonde humilité.

La Visitation

Marie dit alors: «Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur» (Lc 1, 46-47).

De même que la sainte Vierge, par son beau cantique Magnificat, renvoya à Dieu les louanges et les bénédictions que lui donna sainte Elisabeth sur son éminente dignité de Mère du Seigneur, de même elle renvoie promptement à Dieu les éloges et les bénédictions que nous lui donnons par le salut angélique.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre saint Mère, la charité envers notre prochain.

La Nativité

Les bergers se hâtèrent d'aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire (Lc 2,16).

Ce très aimable Sauveur a un visage si doux qu'il charmait les yeux et les cœurs de ceux qui le voyaient. Les pasteurs qui vinrent le voir dans l'étable étaient tous si charmés de la douceur et de la beauté de son visage, qu'ils demeuraient des jours entiers comme hors d'eux- mêmes à le regarder.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, le détachement des biens du monde, le mépris des richesses et l'amour de la pauvreté.

 

La Présentation de Jésus

Syméon dit à Marie sa mère: «Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël… Et toi-même, ton cœur sera transpercé par un glaive» (Lc 2,34-35).

Voyez, à côté de Jésus-Christ, un glaive perçant qui pénètre jusqu'au fond le cœur tendre et innocent de Marie, qui n'avait jamais eu aucun péché, ni originel ni actuel. Que ne puis-je m'étendre ici sur la Passion de l'un et de l'autre, pour montrer que ce que nous souffrons n'est rien en comparaison de ce qu'ils ont souffert!

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de Marie, le détachement des biens du monde, une grande pureté de corps et d'esprit.

 

Le Recouvrement de Jésus au Temple

Au bout de trois jours les parents de Jésus le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi (Lc 2,46).

A l'âge de douze ans, le Fils de Dieu disputa au milieu des docteurs avec tant de sagesse, qu'il ravit en admiration tous ses auditeurs.

Seigneur Jésus, nous vous demandons par l'intercession de votre sainte Mère, la véritable sagesse.

4 juillet

 

Sixième Mardi de saint Dominique
Thierry d'Apolda (XIIIe siècle)

Prédication dans le Lauragais


33. Lʼévêque Diego quitta cette vie pour aller vivre dans le Christ. A la nouvelle de sa mort, tous ceux qui étaient restés dans ces contrées pour prêcher, se sentant comme privés de leur chef et de leur prince, sʼen retournèrent chez eux. Alors le vrai confesseur de Jésus-Christ, le bienheureux Dominique, qui avait été son fils dans le Seigneur, se leva à sa place, et tous ses Frères, unis à leur Père qui était au ciel, lʼaidèrent de leurs mérites et de leurs prières, et ils combattirent avec joie le combat de la foi contre les hérétiques. Semblable au lion de la tribu de Juda dans ses œuvres, il se servait pour combattre non pas dʼarmes charnelles, mais dʼarmes spirituelles.

34. Autour de lui se réunit aussi la vaillante armée des croisés, avec ceux qui fuyaient le mal et tous les volontaires de la foi. Les chrétiens catholiques se joignirent à eux et leur de renfort. Dʼaprès lʼordre du Souverain Pontife Innocent III, en effet, on prêchait la croisade contre les hérétiques, et les fidèles prenaient la croix. Le vaillant Simon, comte de Montfort, prince très chrétien, père des orphelins, défenseur des veuves, tuteur des pupilles, bienfaiteur des pauvres, protecteur des églises, se mit avec eux et défendit constamment la foi catholique contre les hérétiques. Lorsque cet illustre prince vit lʼathlète du Christ, Dominique, mener une vie si innocente et si digne dʼéloges devant Dieu et devant les hommes, il conçut la plus vive affection pour lui et le prit en grande vénération à cause de sa sainteté. Lʼhomme de Dieu, Dominique, parcourait, en effet, les villages, les châteaux et les cités, prêchant la parole de Dieu.
Il savait merveilleusement tonner contre le vice, attaquer lʼhérésie, défendre la foi, exhorter les chrétiens à la vertu. Ses paroles brûlaient comme des torches ardentes, car il était venu dans lʼesprit et la vertu dʼElie. Aussi les hérétiques lui en voulaient à cause de sa justice, et frémissaient contre lui; ils tournaient en ridicule la simplicité de ce docteur de la vérité; ils lui lançaient des crachats, de la boue et dʼautres ordures; ils lui attachaient même de la paille par derrière pour se moquer de lui. Et lui sʼen allait joyeux et tressaillant de bonheur, parce quʼil avait été trouvé digne de souffrir des affronts pour Jésus-Christ.

35. II arriva en ce temps quʼune discussion solennelle devait avoir lieu avec les hérétiques; lʼévêque du diocèse se préparait à sʼy rendre en grande pompe. Alors lʼhumble héraut du Christ lui dit: «Ce nʼest pas ainsi, Seigneur mon Père, ce nʼest pas ainsi quʼil faut agir contre les enfants de lʼorgueil. Les adversaires de la vérité doivent être confondus par des exemples dʼhumilité, de patience, de religion et de toutes les vertus, non par le faste de la grandeur et le déploiement de la gloire du siècle. Armons-nous de la prière, et, faisant reluire en notre personne des signes dʼhumilité, avançons-nous nu-pieds au-devant de Goliath».
Lʼévêque se rendit à ce pieux conseil, et tous se déchaussèrent. Or, comme ils nʼétaient pas sûrs de leur chemin, ils rencontrèrent un hérétique quʼils croyaient orthodoxe et qui promit de les conduire droit à leur but. Mais il les engagea par malice bois plein dʼépines, où leurs pieds se blessèrent, et bientôt le sang coula tout le long de leurs jambes. Alors lʼathlète de Dieu, patient et joyeux, exhorta ses compagnons à rendre grâces de ce quʼils souffraient, en leur disant: Confiez-vous dans le Seigneur, mes très chers frères, la victoire nous est assurée, puisque voilà nos péchés qui sʼexpient par le sang. Lʼhérétique, touché de cette admirable patience et des discours du Saint, avoua sa malice et abjura lʼhérésie.

36. Lorsquʼils arrivèrent au rendez-vous, les hommes au cœur droit éprouvèrent une grande joie; les pervers, au contraire, nʼéprouvèrent que de la confusion et de la tristesse. Aussi les impies avaient le cœur déchiré, et ils grinçaient des dents contre le serviteur de Dieu; ils en voulaient à sa vie, et ils formaient contre lui des projets homicides, condamnant dʼavance son sang innocent. Mais Dieu se jouait de leur malice, et, au lieu de le livrer entre leurs mains, il le glorifiait par des œuvres merveilleuses.
Un jour, le Saint, dans les fréquentes courses quʼil faisait pour prêcher, passa à gué le petit fleuve appelé lʼAriège. Au beau milieu, pendant quʼil relevait ses vêtements, les livres quʼil portait dans son sein tombèrent. Bénissant Dieu de cet accident, il fit connaître à une dame pieuse la perte quʼil avait faite de ses livres. Trois jours après, un pêcheur, qui sʼimaginait retirer de lʼeau un énorme poisson suspendu à son hameçon. Ce qui rend ce miracle encore plus étonnant, cʼest quʼil nʼy avait pour les préserver ni étoffe, ni cuir, ni quoi que ce soit; mais il y avait les mérites de Dominique. La pieuse dame renvoya ces livres au Saint, à Toulouse, avec une grande joie.

37. Il arriva aussi que, dans ses courses évangéliques, il eut à passer, dans ces mêmes contrées, une rivière quʼil traversa en compagnie de plusieurs autres. Le batelier, quand on fut à lʼautre bord, lui demanda avec instance un denier pour sa peine. «Je suis, répondit Dominique, un disciple de Dieu et un serviteur de Jésus-Christ; je nʼai ni or ni argent; mais je vous promets pour récompense le royaume du ciel.» Le bateler, faisant fort peu de cas de cette promesse, insistait avec plus de force. Et il se mit à tirer le Saint par la chape, en lui disant: «Ou vous laisserez la chape, ou vous me paierez mon denier.» Dominique, levant les yeux au ciel, se recueillit un moment en lui-même, puis, regardant la terre, il montra au batelier une pièce dʼargent que la Providence venait de lui envoyer, et lui dit: «Mon frère, voilà ce que vous demandez, prenez-le et laissez-moi aller en paix.»

38. Un jour que le serviteur de Jésus-Christ était en voyage, un religieux qui, par la sainteté, était bien de la même famille que lui, mais qui lui était tout à fait étranger par la langue, se joignit à lui. Affligé de ne pouvoir pas se consoler ni sʼencourager mutuellement par lʼéchange des divines paroles, il supplia instamment le Seigneur de faire en sorte que lʼun comprît la langue de lʼautre. Ainsi, pendant trois jours que dura le voyage, ils purent se comprendre et se consoler lʼun lʼautre par des entretiens variés, et ils en rendirent grâces à Dieu. — Il était tout à fait convenable, en effet, que le Saint-Esprit accordât le don de parler diverses langues à celui dont la langue pleine de douceur et la doctrine salutaire devaient être pour le monde la clef des cieux, ouvrant les portes éternelles. Enfin, le même Dieu qui avait conservé le corps et lʼâme du Saint à lʼabri de la concupiscence charnelle, pouvait bien aussi conserver ses livres intacts au milieu des eaux. — Ainsi le prédicateur de la foi est favorisé du don des langues; le pauvre volontaire de Jésus-Christ est gratifié du prix de son passage; la fleur de sa pureté est récompensée par la conservation miraculeuse de ses livres.

39. Le prêtre de Dieu, Dominique, homme apostolique en tout, resta longtemps dans ces contrées de Toulouse, défendant la foi et combattant lʼhérésie, fortifiant lʼEglise par ses paroles, ses exemples et ses miracles. Des témoins iniques sʼinsurgèrent contre lui; la synagogue de Satan et des ennemis redoutables en voulurent à sa vie. Une fois que ces hommes cruels, de leurs langues sacrilèges, lui faisaient des menaces de mort, il leur répondit dʼun cœur intrépide: «Je ne suis pas digne du martyre, je nʼai pas encore mérité cette mort.» Il avait une soif indicible de boire le calice de la Passion. Aussi, ayant à passer par un lieu où il savait que des embûches lui avaient été préparées, il sʼy engagea gaiement et en chantant. Etonnés de sa constance, les satellites de lʼAntéchrist lui demandèrent, pour le tenter: «Est-ce que vous nʼavez pas peur de la mort? Quʼauriez-vous fait, si nous vous avions pris?» — Lʼathlète du Christ, brûlant de lʼamour du martyre, leur répondit: «Je vous aurais priés de ne pas me donner la mort trop vite, et de ne pas me tuer dʼun seul coup, mais de me couper les membres un à un, et, après en avoir mis les morceaux mutilés devant moi, de finir par mʼarracher les yeux, en me laissant ainsi à demi mort me rouler dans mon sang.» — Ô âme bienheureuse, en qui la charité parfaite non seulement chassait la crainte de la mort, mais encore versait un amour inouï de la souffrance et des longues tortures!

40. Imitateur de Jésus-Christ, il était prêt aussi à donner sa vie pour le prochain. Un hérétique, quʼil sʼefforçait de ramener de lʼerreur à la foi, lui ayant dit: «Je nʼai pas dʼailleurs le nécessaire, et cʼest dʼeux que je le reçois; cʼest pour cela que je suis obligé de mʼattacher à eux», le Saint, ému de compassion au fond de ses entrailles, se disposa à se vendre pour lui donner de quoi vivre et délivrer ainsi ce malheureux du péché dont il était lʼesclave. Il avait vraiment pris la croix de Jésus-Christ, celui qui affrontait ainsi généreusement la mort pour son amour, et qui se soumettait sans hésiter à un esclavage perpétuel pour le salut du prochain. Cʼest que dans son cœur brûlait une charité telle que personne nʼen peut avoir de plus grande, et qui lui faisait désirer de ressembler parfaitement à Dieu et devenir conforme à lʼimage du Fils de Dieu.

41. Il sʼattachait donc, de toute la force des deux hommes qui sont en nous, par ses gémissements, ses veilles, ses jeûnes, ses affections, ses prières, ses prédications, ses travaux, le jour et la nuit, en insistant à temps et à contretemps, pour se rendre digne du don de Dieu, à se dépenser et à se prodiguer pour le salut des âmes, à consommer enfin son sacrifice par la gloire du martyre. Cʼest pourquoi il avait résolu de passer outre-mer, sʼil parvenait enfin à obtenir de la volonté de Dieu la grâce quʼil ambitionnait si ardemment. Mais le Dieu tout-puissant qui inspire les saints désirs sait exaucer la prière de ceux qui le craignent, et leur accorder avec bienveillance ce quʼils demandent, sans sʼéloigner cependant des dispositions insondables de sa Providence. Comme il gouverne toutes choses par une action mystérieuse, quʼil prend soin surtout de ses fidèles et quʼil aime tendrement ses élus, il plaça ce saint vase dʼélection au milieu de sa vaste maison, de manière à le rendre honorable et utile, afin de verser par son entremise le breuvage de la vie de la grâce, et de concourir ainsi au salut dʼun grand nombre dʼâmes, sans cependant le priver de la couronne du martyre. De même que le disciple quʼaimait Jésus, saint Jean lʼévangéliste, le principal de tous, a bu le calice du Seigneur, quoiquʼil nʼait pas versé son sang, parce que son cœur nʼa pas fait défaut à la Passion, de même saint Dominique, à raison du très ardent désir quʼil avait des souffrances, nʼa pas été non plus privé de la couronne du martyre.

42. En outre, il crucifiait sa chair tous les jours et il mortifiait ses membres par des austérités excessives, et. son esprit par une douleur pleine de compassion pour les âmes qui périssaient sans cesse. Il y avait dans son cœur un désir étonnant et presque incroyable du salut de tous. Cʼest pourquoi il alla loger chez certaines dames nobles, qui sʼétaient laissé séduire par les faussetés de lʼhérésie, afin de les ramener à lʼEglise. À lʼentrée du Carême, il se fit donner à leur insu des cilices, dont il se revêtit avec son compagnon. Et comme on leur préparait un lit pour la nuit, il dit: «Ce nʼest pas sur un lit, cʼest sur des planches que nous coucherons.» Or, leur sommeil était très court, car, selon sa coutume, il passait la nuit à veiller. Ce fut de cette manière que, pendant tout le saint temps du Carême, cet homme innocent fit pénitence avec rigueur pour les péchés des autres; il se contenta de pain et dʼeau froide et jeûna ainsi tous les jours jusquʼà Pâques. Aussi, quʼarriva-t-il? Cʼest que ces nobles dames, par les mérites du Saint, abandonnèrent leurs erreurs et revinrent à la foi de lʼEglise, avec lʼaide de la grâce.

43. Pendant quʼil prêchait dans ces mêmes contrées de Toulouse, Dieu opéra encore pour lui cette autre merveille. Prêchant un jour au bourg appelé Fanjeaux, après avoir bien prouvé la foi catholique, et démontré de toutes manières la perfidie des hérétiques, il resta à lʼéglise après son sermon, pour y. prier selon sa coutume. Et voilà que neuf dames nobles du même pays, entrant à lʼéglise, se jetèrent à ses pieds et lui dirent: «Serviteur de Dieu, soyez-nous en aide. Si ce que vous avez prêché aujourdʼhui est vrai, voilà bien du temps que notre esprit est aveuglé par lʼerreur; car ceux que vous appelez hérétiques, nous les appelons bons hommes, et nous avons cru en eux jusquʼà présent, et nous leur étions attachées de tout notre cœur. Maintenant nous ne savons plus que penser. Serviteur de Dieu, ayez donc pitié de nous, et priez le Seigneur votre Dieu quʼil nous fasse connaître la foi dans laquelle nous vivions, nous mourions et nous soyons sauvées.»

44. Lʼhomme de Dieu, sʼarrêtant un instant pour prier en lui-même, leur dit au bout de quelque temps: «Ayez patience et attendez sans crainte; je crois que le Seigneur, qui ne veut la perte de personne, va vous montrer quel maître vous avez servi jusquʼà présent.» En effet, elles virent tout à coup sʼélancer du milieu dʼelles un énorme chat noir de la grosseur dʼun chien, aux yeux démesurés et flamboyants; sa langue était longue, large, sanglante et pendait jusquʼau milieu du corps; il avait la queue écourtée et redressée. De quelque côté quʼil se tournât, cʼétait un spectacle hideux, une infection suffocante. Après sʼêtre tourné ça et là pendant une heure auprès des dames, il sʼélança sur la corde qui pendait de la cloche, et, grimpant le long de cette corde, il disparut enfin, en laissant derrière lui des traces infectes de son passage. Dominique, se tournant alors vers ces pauvres femmes épouvantées, les rassura en leur disant: «Vous pouvez juger, à cette figure que Dieu a fait apparaître devant vous, quel est celui que vous suiviez en suivant les hérétiques.» Ces femmes, rendant grâces à Dieu, se convertirent parfaitement à la foi catholique; plusieurs même dʼentre elles entrèrent chez les Sœurs de Prouille et y prirent lʼhabit. Ainsi le serviteur de Dieu, faisant lʼœuvre dʼévangéliste, et embrassant tous les travaux, ramena au sein maternel de lʼEglise les premières de ces femmes par lʼexemple de sa rigoureuse pénitence, et les dernières par la parole dʼune doctrine très fidèle et par la manifestation de la fourberie diabolique.

2 juillet

Treizième dimanche

du Temps ordinaire

Mt 10; 37-42

Jésus indique à ses disciples les exigences de la mission. Après avoir expliqué su'il sera source de division, au sein même des familles, il les invite à renoncer même aux affections légitimes.

Renoucement aux affections légitimes (Mt 10, 37-39)

37 Qui aime père ou mère plus que moi
n'est pas digne de moi; et
qui aime fils ou fille plus que moi
n'est pas digne de moi.
38 Et qui ne prend pas sa croix et ne suit pas derrière moi,
n'est pas digne de moi.

39 Qui a trouvé son âme la perdra
et celui qui a perdu son âme à cause de moi la trouvera.

Celui qui veut maintenir la paix à tout prix en préférant père ou mère, fils ou fille à Jésus, n'est pas digne de lui. Aucun amour ne peut être mis en balance avec l'amour que le disciple porte à Jésus. Bien sûr, les liens d'affection familiale ne s'opposent pas à l'amour envers Jésus, mais si cette affection devient un obstacle, elle doit être sacrifiée. C'est le cas lorsqu'elle empêche une fidélité totale à l'enseignement donné par Jésus: elle ne peut faire reculer dans les difficultés, dans la persécution qui conduit à la mort.
En effet, n'est pas digne de Jésus celui qui ne prend pas sa croix et ne le suit pas. Cela sous-entend que Jésus aussi porte sa croix. Mais les disciples ne peuvent pas encore comprendre toute la portée de cette affirmation. Jésus n'a pas encore annoncé comment il mourrait. Ils peuvent cependant comprendre que Jésus aura une lourde épreuve à porter, une lourde croix et une mort douloureuse. Eux-mêmes connaîtront la même chose, et c'est ce qu'il importe à Jésus de leur dire maintenant. Ils doivent le suivre jusque là.

Jésus termine en expliquant aux disciples que leur attitude à son égard engage leur éternité.
Qui a trouvé son âme la perdra, dit-il. Perdre son âme renvoie à la Géhenne; c'est la damnation éternelle. L'âme est à comprendre comme le principe de la vie naturelle, mais aussi comme la possibilité pour l'homme de vivre avec Dieu. C'est la vie au sens plénier. Mais quelle est la portée de l'opposition «perdre sa vie» et «trouver sa vie»? Le psaume 48 peut nous aider à comprendre. Il montre le néant des richesses dont le riche a rempli sa vie, car le riche finira au shéol sans ses richesses: «Son âme que, pendant sa vie il bénissait, ira rejoindre la lignée de ses pères qui plus jamais ne verront la lumière» (Ps 48, 19-20). Ce riche avait trouvé sa vie en quelque sorte: les richesses possédées rejaillissaient sur elle, toutes ses richesses matérielles et spirituelles. Jésus lui oppose celui qui a perdu sa vie à cause de lui, c'est-à-dire qui est persécuté et mis à mort. Celui-là trouvera la vie tout autrement, il trouvera la vie auprès du Père.


Récompense promise (Mt 10, 40-42)

40 Qui vous accueille
m'accueille,
et qui m'accueille,
accueille celui qui m'a envoyé.

41 Qui accueille un prophète en qualité de prophète
recevra une récompense de prophète,
et qui accueille un juste en qualité de juste,
recevra une récompense de juste,
42 et qui fera boire une coupe d'eau fraîche à un seul de ces petits en qualité de disciple,
amen, je vous dis, pas de danger qu'il perde sa récompense.

Jésus a menacé de châtiment ceux qui n'accueilleront pas (10, 14) ceux qu'il a envoyés (10, 5); ils seront plus sévèrement châtiés que Sodome et Gomorrhe! (10, 15). Puis il s'est étendu longuement sur les persécutions que ses apôtres et ses disciples auront à subir. Il termine par ceux qui les accueilleront en tant qu'envoyés de Jésus. Ceux-là accueillent Jésus en personne, lui qui est lui-même envoyé; et, à cause de cela, c'est le Père lui-même qu'ils accueillent, même si le Père n'est pas nommé explicitement par Jésus.
Accueillir un apôtre ou un disciple de Jésus, c'est en fait une véritable confession de foi. Saint Hilaire commente: «Ces paroles expriment le ministère de médiateur du Christ: car parti de Dieu, lorsque nous le recevons, ils nous transmet Dieu lui-même; et, par cet ordre de grâces, recevoir les apôtres, c'est recevoir Dieu lui-même, parce que le Christ est en eux, et Dieu dans le Christ».
Non seulement ceux qui accueillent les envoyés de Jésus, accueillent le Père, mais ils recevront une récompense proportionnée à la qualité de celui qu'ils accueillent: chaque envoyé, en effet, a reçu une mission propre. S'ils le reçoive en qualité de prophète, ils participeront à la récompense que recevra le prophète; si c'est en qualité de juste, ils participeront à la récompense que recevra un juste. En effet, ayant accueilli un prophète ou un juste, ils ont participé d'une certaine façon, grâce à leur accueil, à la mission qui leur était confiée. Jésus leur donne donc de participer à la même récompense. Une récompense est promise aussi à tout homme qui donne un simple verre d'eau fraîche à un «petit», un simple disciple, parce qu'il est un disciple envoyé par Jésus; car en posant ce geste, il participe modestement à la mission de Jésus. Et Jésus laisse entendre que la récompense ne sera pas insignifiante, même si le geste posé est très petit.

Neuvaine pour les vocations

Neuvaine pour les vocations dans notre communauté. Merci de prier avec nous.

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Films sur le monastère

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