4 juin
Solennité de Pentecôte Explication du Veni Sancte Spiritus
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Le Veni Sancte Spiritus est la séquence de la messe de Pentecôte, composée par Paul Langton, archevêque de Cantorbery au XIe siècle. C'est une pièce de plain-chant en vers mesurés et rimés, qu'on appelle aussi prose parce qu'elle se chante aux messes solennelles, après l'alleluia.
Le poème est composé de cinq strophes de deux tercets chacune. La première et la troisième strophes appellent la venue de l'Esprit, et chacune est suivie d'une strophe qui l'explicite. La dernière strophe sert de conclusion en quelque sorte.
Viens, Esprit Saint, en nos cœurs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres,
viens, dispensateurs des dons,
viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos;
dans la fièvre, la fraîcheur;
dans les pleurs, le réconfort.
O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.
A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient
donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu,
donne le salut final,
donne la joie éternelle.
Amen.
Strophe 1. Toute l'Eglise supplie instamment l'Esprit, comme en un cri, de venir: «Viens» est répété quatre fois.
Dans le premier tercet l'invocation s'adresse à l'Esprit Saint, en la fête de la Pentecôte. L'Esprit vient dans la célébration sacramentelle, mais nos cœurs doivent le recevoir, l'accueillir, s'ouvrir à ses bienfaits. D'où l'appel intense pour que son inhabitation en nous s'approfondisse.
Esprit Saint (Jn 14,26) est devenu le nom de la troisième personne de la Trinité. Saint Basile explique pourquoi ce nom lui est donné: «On le nomme Esprit, comme "Dieu est Esprit" (Jn 4,26) et "le Christ Seigneur est l'Esprit de notre face" (Lm 4,20). On le dit Saint, comme le Père est Saint et Saint le Fils. C'est d'ailleurs de lui, que la créature reçoit sa sanctification; l'Esprit, lui, possède la sainteté par plénitude de nature, aussi n'est-il pas sanctifié, mais sanctifiant.» Sanctifiant, il prépare les saints. Ainsi son nom veut dire: l'Esprit qui fait les saints.
Saint Augustin, quant à lui, donne deux raisons pour expliquer ce nom d'Esprit Saint. «L'Esprit Saint, parce qu'il est commun aux deux premières personnes, reçoit lui-même pour nom propre une appellation commune aux deux. Le Père en effet est Esprit, le Fils aussi est Esprit; le Père est saint, le Fils aussi est saint.» La seconde raison est liée à la signification des deux mots. «Dans le monde corporel, dit-il, le mot esprit paraît évoquer une sorte d'impulsion et de motion: en effet on donne ce nom au souffle et au vent. Or, le propre de l'amour est de mouvoir et pousser la volonté de l'aimant vers l'aimé. Quant à la sainteté, on l'attribue aux choses qui sont ordonnées à Dieu. Donc, parce qu'il y a une personne divine qui procède par mode d'amour, de l'amour dont Dieu est l'objet, c'est à bon droit qu'on l'appelle l'Esprit Saint.»
L'Eglise demande à l'Esprit Saint de venir en nos cœurs. Ce dernier mot se retrouve à la fin du deuxième tercet et forme une inclusion. Le cœur, c'est le lieu intime où se fait la rencontre avec l'Esprit qui y fait germer le salut. Comme l'a écrit Jean-Paul II dans son encyclique Dominum et vivificantem, «l'Esprit Saint, dans son lien mystérieux de divine communion avec le Rédempteur de l'homme, est celui qui assure la continuité de son œuvre: il reçoit ce qui est du Christ et le transmet à tous, il entre sans cesse dans l'histoire du monde en venant dans le cœur de l'homme.»
Dans le premier tercet, la divinité de l'Esprit est soulignée: il est en haut, dans le ciel, et de là il peut envoyer un rayon de sa lumière. Le ciel est un symbole qui dit le monde de Dieu, Dieu lui-même. Quant à la lumière, elle dit aussi la divinité: «Lumière est le Père, lumière le Fils, lumière l’Esprit Saint. [...] Les trois en effet sont une seule lumière, unique, non séparée» (Syméon). Grégoire de Nazianze a écrit de même, en parlant du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, qu'ils sont une «triple lumière, qui s’unit en une unique splendeur». L'Esprit Saint est Dieu et, pour nous faire participer à sa propre lumière, pour nous transfigurer, il envoie un rayon de sa lumière dans notre cœur. Parler d'un rayon fait penser à la lumière éclatante du soleil.
Dans le premier tercet, l'Eglise invoque l'Esprit en reconnaissant sa divinité, et dans le deuxième, elle le contemple comme la source de bienfaits à notre égard — ce qui restera le thème de toute la suite du poème —; il est appelé père des pauvres, dispensateur des dons, lumière de nos cœurs. C'est donc l'Esprit Saint pour nous, qui est invoqué maintenant et la supplication s'intensifie: les trois versets commencent par «Viens».
«Père des pauvres» désigne le Saint-Esprit comme bienfaiteur (Jb 29,16), et le vocable suivant le confirme: «dispensateur des dons». En criant à Dieu notre désir le plus profond, nous lui demandons de faire ce qu'il nous a promis: nous combler de ses dons. Cette prière creuse notre désir, élargit sa capacité et le purifie. C'est aux pauvres que le Saint-Esprit communique ses dons: il faut être vidé de tout ce qui nous éloigne de Dieu, pour pouvoir recevoir les dons qu'il veut déverser en nous. Comme le dit saint Augustin: «Par le Don, qui est le Saint-Esprit, une multitude de dons sont distribués en propre aux membres du Christ.» Il s'agit ici des dons en général.
«Lumière de nos cœurs» est lui aussi un titre qui renvoie à l'immanence. L'Esprit, lumière transcendante, est aussi une lumière immanente. Le premier tercet en effet demandait au Saint-Esprit d'envoyer sa lumière divine du haut du ciel, ce qui évoquait la transcendance de l'Esprit, maintenant le poète regarde cette lumière comme nous illuminant à l'intérieur de nous-mêmes. Saint Basile explique ce qu'il advient du cœur touché par la lumière de l'Esprit: «De même que des corps transparents scintillent lorsqu'un rayon de lumière tombe sur eux, devenant lumineux et irradiant eux-mêmes d'un nouvel éclat, de même les âmes pneumatophores, illuminées par l'Esprit Saint, deviennent elles-mêmes spirituelles, déversant la grâce sur autrui.»
Strophe 2. Le premier tercet regroupe trois noms donnés à l'Esprit qui, comme ceux du tercet précédent, indiquent sa bienveillance pour les hommes: il est consolateur, hôte de nos âmes, fraîcheur. Le deuxième tercet de la strophe s'attarde sur un domaine où s'exerce sa bonté, les épreuves de la vie: la fatigue du corps ou de l'esprit, la chaleur du jour, les pleurs de la tentation ou du désespoir. Il y apporte repos, fraîcheur, réconfort.
De même que le prophète Isaïe annonçait la consolation pour le peuple d'Israël exilé (cf. Is 40,1), l'Esprit encourage les fidèles à tenir bon des les épreuves, il est présent en eux pour les soutenir, hôte au seuil de l'intériorité de tout homme.
Strophe 3 et 4. Alors que les deux premières strophes ont un lien entre elles, les deux suivantes forment un tout: un autre aspect de l'action de l'Esprit en nous y est mis en lumière.
C'est un «Viens», un nouvel appel de l'Eglise pour la venue de l'Esprit, qui donne sa force au premier tercet de la troisième strophe. Ce «Viens» s'adresse à nouveau — comme dans la première strophe — à l'Esprit lumière, plus précisément à la «lumière bienheureuse», la lumière divine qui remplit nos cœurs; elle est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. L'action divine de cette lumière est ici purificatrice. Le péché, le mal, sont présents au plus profond du cœur de l'homme et seul l'Esprit Saint peut les dévoiler. Il fait la vérité au fond de la conscience de chacun. Sans cette action de l'Esprit, point de conversion possible.
Le poète semble avoir une vision très pessimiste de la nature humaine: sans l'Esprit, «il n'est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti»; mais une lecture attentive du deuxième tercet, montre que «perverti» ne doit pas s'entendre de la nature humaine en tant que telle, mais se rapporte à ce qui est dans l'homme; cet adjectif renvoie donc à la concupiscence, à la nature blessée inclinée au mal.
Mais le don de la rédemption est inséparable du don de la vérité de la conscience. En effet, si l'Esprit dévoile la profondeur du mal qui est au fond de nos cœurs, c'est pour apporter le salut. Il lave ce qui est souillé en actualisant sans cesse la grâce du baptême, il baigne ce qui est aride en faisant germer, grâce à sa rosée, les semences de bien présentes dans nos cœurs; il guérit ce qui est blessé en actualisant en nous l'action du Christ médecin venu pour nous rendre la santé (salus), pour guérir nos blessures. Les blessures dont il est question ici sont les blessures du cœur; elles sont d’ordre spirituel. Le péché laisse en nous des blessures.
Le tercet suivant continue à énumérer l'action bienfaisante et régénératrice de l'Esprit. Il assouplis ce qui est raide, ce qui rappelle la nuque raide du peuple d'Israël qui a désobéi au Seigneur dans le désert (Ex 32,9; 33,5). Il réchauffe ce qui est froid: il fait brûler du feu de la charité la foi sans ardeur. Il rend droit ce qui est faussé, en remettant sur le chemin des commandements de Dieu celui qui s'en écarte, en assurant la rectitude des actes humains.
Strophe 5. Après avoir demandé les dons nécessaires pour faire face aux épreuves de la vie, puis ceux qui nous mettent sur le chemin de la conversion, l'Eglise demande maintenant les dons proprement spirituels pour ceux qui ont la foi, une foi faite de confiance dans l'Esprit, Esprit du Père et du Fils, Esprit Saint, Esprit Don. Cette prière est en elle-même une confession de foi. L'Eglise supplie donc maintenant non seulement pour des dons variés adaptés aux diverses circonstances de la vie, mais pour recevoir «les sept dons du Saint-Esprit que sont la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Ils appartiennent en leur plénitude au Christ, Fils de David (cf. Is 11,1-2). Ils complètent et mènent à leur perfection les vertus de ceux qui les reçoivent. Ils rendent les fidèles dociles à obéir avec promptitude aux inspirations divines» (CEC 1831).
Après avoir demandé dans les troisième et quatrième strophes la régénération de ce que le mal avait abîmé en nous, l'Eglise demande dans le dernier tercet de la séquence, de faire croître en nous le bien et de le conduire à son achèvement. Le mérite et la vertu, qui nous conduisent à la gloire, sont fondamentalement un don de Dieu auquel nous coopérons; le salut final n'est autre que la plénitude de la vie avec Dieu après notre mort, c'est l'entrée dans la communion trinitaire à laquelle le Père nous a «prédestinés» de toute éternité. Ce salut nous apportera une joie éternelle, la joie du ciel qui est comme l’éternelle récompense de Dieu pour les bonnes œuvres accomplies avec la grâce du Christ (cf. CEC 1821).
En conclusion, on peut dire que la prière du Veni Sancte Spiritus est une prière à l'Esprit Saint comme lumière: lumière divine, lumière de nos cœurs, lumière active dans nos cœurs. C'est l'action de l'Esprit en nous qui en est le thème central, développé selon plusieurs harmoniques.
31 mai
Fête de la Visitation Sermon de Bossuet |
Voici l'accomplissement de l'œuvre de Dieu dans les âmes qu'il a choisies. Il les purifie par l'humilité; il les enflamme par les désirs; enfin lui-même il se donne à elles, et leur amène avec lui une paix céleste. Ce sont les chastes délices de cette sainte et divine paix, qui réjouissent la sainte Vierge en Notre Seigneur, et qui lui font dire d'une voix contente: Mon âme exalte le nom du Seigneur, et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur. Certainement son âme est en paix, puisqu'elle possède Jésus-Christ. Et c'est aussi pour cette raison que ne pouvant assez expliquer cette paix inconcevable des âmes pieuses, je m'adresse à la sainte Vierge; et je vous prie d'en apprendre d'elle les incomparables douceurs, en parcourant ce sacré cantique qui ravit aujourd'hui le ciel et la terre. Mais pour en comprendre la suite, il faut vous représenter comme en raccourci les instructions qu'il contient, que nous examinerons ensuite en détail.
Vous avez vu, âmes chrétiennes, Jésus-Christ s'approchant des hommes; vous avez vu sainte Elisabeth qui se juge indigne de le recevoir, et vous avez vu le saint Précurseur dans l'impatience de l'embrasser. Marie a ressenti ces deux mouvements; mais elle est maintenant élevée plus haut. Elle a été saisie au commencement de cette crainte que l'humilité inspire; elle a été troublée à l'abord de l'ange: elle était bien éloignée de croire qu'elle fût digne d'être mère, puisqu'elle s'est si humblement reconnue servante: Voici la servante. A cette crainte respectueuse ont bientôt succédé les désirs, et elle a assez souhaité Jésus-Christ. Et n'est-ce pas ce qui lui a fait dire avec tant d'ardeur: Qu'il me soit fait selon votre parole? Mais maintenant qu'elle le possède, qu'elle le porte dans ses entrailles, elle s'abandonne à des mouvements plus divins. Cette paix qui surpasse tout entendement, dont elle jouit avec lui, la remplit d'une joie inconcevable, qui éclate enfin en ces mots : Mon âme glorifie le Seigneur.
Voilà donc cette paix divine, qui doit faire notre partage, et dont il faut vous entretenir. Mais comme je ne puis vous en expliquer les incomparables douceurs, apprenez-les de la sainte Vierge, en parcourant avec moi les points principaux de cet admirable cantique dont la ravissante harmonie charme aujourd'hui le ciel et la terre; vous y verrez un ordre admirable.
Pour bien entendre une vérité, il faut la chercher jusque dans sa cause et la reconnaître dans ses effets: et aussi les paroles de la sainte Vierge nous vont expliquer par ordre et la cause et les effets de cette paix céleste et divine. Voyous donc avant toutes choses quelle a été la cause de cette paix, qui réjouit son esprit en Notre Seigneur, «C'est, dit-elle, qu'il m'a regardée, c'est qu’il a daigné arrêter les yeux sur mon néant et sur ma bassesse»: Parce qu'il a regardé l'humilité. Entendons ceci, chrétiens: apprenons de la sainte Vierge que ce qui fait naître dans les cœurs cette paix céleste que le monde ne peut donner, c'est le regard particulier de Dieu sur les justes: Mes yeux sont sur le juste. Mais afin de nous en convaincre, je vous prie d'abord de considérer ce que veut dire la paix.
[…]
Pour cela, je partage ce cantique en trois. Marie nous dit avant toutes choses les faveurs que Dieu lui a faites. Il a, dit-elle, regardé mon néant; il m'a fait de très grandes choses, il a déployé sur moi sa puissance. Elle parle secondement du mépris du monde, et considère sa gloire abattue: Dieu a dissipé les superbes; Dieu a déposé les puissants: et pour punir les riches avares, il les a renvoyés les mains vides. Enfin elle conclut son sacré cantique, en admirant la vérité de Dieu et la fidélité de ses promesses: Il s'est souvenu de sa miséricorde, ainsi qu'il l'avait promis à nos pères. Voilà trois choses qui semblent bien vagues, et n'ont pas apparemment grande liaison: néanmoins elle est admirable, et je vous prie de le bien entendre. Car il me semble que le dessein de la sainte Vierge, c'est d'exciter les cœurs des fidèles à aimer la paix que Dieu donne. Pour leur en montrer la douceur, elle leur en découvre d'abord le principe, principe certainement admirable; c'est le regard de Dieu sur les justes, sa bonté qui les accompagne, sa providence qui veille sur eux: Il a regardé l'humilité de sa servante; c'est ce qui fait naître la paix dans les saintes âmes. Mais parce que l'éclat des faveurs du monde et les vaines douceurs qu'il promet, les pourraient détourner de celles de Dieu, elle leur montre secondement le monde abattu et sa gloire détruite et anéantie. Enfin comme ce renversement des grandeurs humaines et l'entière félicité des âmes fidèles ne nous paraît pas en ce siècle, de peur qu'elles ne se lassent d'attendre, elle affermit leur esprit dans la paix de Dieu par la certitude de ses promesses. Voilà l'ordre et l'abrégé du sacré cantique: peut-être ne paraît-il pas encore assez clair; mais j'espère bien, chrétiens, que je vous le ferai aisément entendre.
Considérons donc avant toutes choses le principe de cette paix, et comprenons-en la douceur par la cause qui la fait naître. Dites-la-nous, ô divine Vierge, dites-nous ce qui réjouit votre esprit en Dieu. «C'est, dit-elle, qu'il m'a regardée, c'est qu'il lui a plu de jeter les yeux sur la bassesse de sa servante»: Parce qu'il a regardé l'humilité de sa servante. Il nous faut entendre ce que signifie ce regard de Dieu, et concevoir les biens qu'il enferme. Remarquez dans les Ecritures que le regard de Dieu sur les justes signifie, en quelques endroits, sa faveur et sa bienveillance; et qu'il signifie, en d'autres passages, son secours et sa protection. Dieu ouvre sur eux un œil de faveur; il les regarde comme un bon père, toujours prêt à écouter leurs demandes; c'est ce que veut dire le Roi-Prophète: Les yeux de Dieu sont arrêtés sur les justes et ses oreilles sont attentives à leurs prières, voilà le regard de faveur. Mais le même Prophète nous expliquera dans un autre Psaume, le regard de protection: Voilà, dit-il, que les yeux de Dieu veillent continuellement sur ceux qui le craignent, et cela pour quelle raison? pour préserver leur âme de la mort et les faire vivre au temps de la famine. Voilà ce regard de protection par lequel Dieu veille sur les gens de bien, pour détourner les maux qui les menacent. C'est pourquoi le même David ajoute aussitôt: Notre âme attend après le Seigneur, parce qu'il est notre protecteur et notre secours. Une âme assurée de ce double regard, que peut-elle souhaiter pour avoir la paix? C'est ce que veut dire la très sainte Vierge, lorsqu'elle nous apprend que Dieu la regarde.
En effet c'est elle qui est singulièrement honorée de ce double regard de la Providence: Dieu l'a regardée d'un œil de faveur, lorsqu'il l'a préférée à toutes les autres femmes: et que dis-je à toutes les femmes? mais aux anges, mais aux séraphins, et à toutes les créatures. Le regard de protection a veillé sur elle, lorsqu'il en a détourné bien loin la corruption du péché, les ardeurs de la convoitise et les malédictions communes de notre nature: c'est pourquoi elle chante avec tant de joie. Ecoutez comme elle célèbre la faveur de Dieu: Il a fait pour moi de grandes choses lui qui est puissant: il m'a, dit-elle, comblée de ses grâces. Mais voyez comme elle se loue de sa protection: Son bras a montré en moi sa puissance, il m'a remplie de ses grâces et m'a fait de si grandes choses, que nulle créature ne les peut égaler, ni nul entendement les comprendre: Il a fait pour moi de grandes choses. Mais s'il a ouvert sur moi ses mains libérales pour combler mon âme de biens, il a pris plaisir d'étendre son bras pour en détourner tous les maux: Il a montré sa puissance. C'est donc particulièrement l'heureuse Marie qui est favorisée de ces deux regards de bienveillance et de protection: parce qu'il a regardé l'humilité.
Mardi 30 mai
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Chaque mardi, entre les deux fêtes de saint Dominique, nous le prions plus particulièrement. Nous vous proposons donc, au fil des mardis, une lecture de la Vie de saint Dominique par Thierry d'Apolda, dominicain du XIIIe siècle: elle est très peu connue.
Dominique, humble serviteur de Jésus-Christ, choisi pour annoncer lʼEvangile de Dieu, sobre, pieux et juste dans sa conver sation, devenu digne de partager le sort des saints dans la lumière, est vraiment une lumière du monde. Il apparut brillant comme lʼétoile du matin au milieu de la nue ; et par les rayons de son innocence, de sa pudeur, de sa modestie, de sa simplicité, il éloigna de lui toutes les ténèbres d'une enfance frivole, d ʼune jeunesse désordonnée, d ʼune con cupiscence rebelle.
Sʼappliquant à lʼétude de la sagesse, aux œuvres de miséricorde, à lʼaccomplissement parfait des observances canoniales, comme une lumière resplendissante, il s ʼavança semblable à la lune arrivée aux jours de sa plénitude, illuminant les autres et lui-même; et, comme un soleil levant, sʼélevant jusqu ʼà la perfection du jour dans les hauteurs des dons de Dieu, il institua lʼOrdre des Prêcheurs, qui, dans le rayonnement de sa vertu, a promené de tous côtés ses regards, éclairant les ténèbres, fécondant ce qui était stérile, réchauffant ce qui était froid, rallumant la flamme dans ce qui était tiède.
Maintenant transfiguré par lʼEsprit de Dieu de clarté en clarté, il resplendit glorieux dans la patrie, après avoir déjà resplendi admirablement dans son pèlerinage par la grâce et, plus humblement, par son origine et sa naissance en Espagne. En quel temps le Seigneur fit-il lever sur les enfants de la terre les rayons de cet astre éclatant? C ʼest ce que va nous apprendre la suite.
11. Lorsque le grand seigneur Pape Alexandre III siégeait à Rome sur la Chaire de saint Pierre, et que l ʼempereur Frédéric, premier du nom, gouvernait le monde, dans une petite ville dʼEspagne, nommée Calaroga, au diocèse dʼOsma, lʼan de lʼIncarnation du Seigneur 1170, un homme nommé Félix avait épousé une femme nommée Jeanne.
Selon le monde, ils étaient de condition honorable, et devant Dieu ils se distinguaient par leur piété chrétienne. Prévenus des dons de la munificence divine, ils méritèrent d ʼêtre bénis dans les enfants très saints qui furent le fruit de leur union. Jeanne donna, en effet, par la grâce de Dieu, à Félix, son mari, deux fils qui, après avoir fait leurs études et avoir mené une conduite irréprochable, franchirent les degrés du sacerdoce. Lʼun dʼeux se donna au soin des pauvres dans un hôpital: lʼhumilité, les œuvres de miséricorde et les autres vertus le rendirent célèbre pen dant sa vie, et après sa mort on dit qu ʼil a brillé par ses miracles. Lʼautre, quittant le siècle, entra en religion; il y servit Dieu pendant longtemps dʼune manière exemplaire: cʼétait un homme saint et contemplatif qui
fit une mort bienheureuse. Tels sont les fruits que porte une bonne
terre. L'un, en sʼappliquant aux œuvres de
miséricorde, exhale une odeur de grâce; lʼautre, en contemplant la vérité, reçoit un
avant-goût de lʼéternelle félicité.
12. Le Seigneur ajouta encore aux témoignages de sa miséricorde à leur égard. La mère, en effet, sur le point dʼenfanter un fils doué d ʼune grâce plus excellente encore, eut, avant de concevoir, une vision céleste, où Dieu lui révéla ce que devait être ce fruit de ses entrailles. Il lui sembla voir dans son sein un chien qui portait dans sa gueule un flambeau, et qui, s ʼéchappant de son sein, embrasait le monde des flammes qui sortaient de sa gueule. A la suite de cette vision, la grâce de Dieu visita Jeanne et, inondant le fruit de ses entrailles, il lui fit reproduire un germe qui multipliât en elle les germes de sainteté. Enfin, le temps de ses couches arriva, et elle mit au monde un fils qui fut lʼhonneur de ses frères et la joie de sa mère. Elle se réjouit dans le Seigneur, en voyant et en portant dans ses bras celui qui lui avait été montré dans sa vision prophétique. Porté aux fonts baptismaux selon lʼusage, lʼenfant nouveau-né fut sanctifié par la béné diction sacerdotale, et marqué de lʼonction salutaire du chrême. Il fut baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et par lʼinspiration de Celui dont le nom est le Seigneur (Dominus), il fut appelé Dominique. Une noble dame, sa mère spirituelle, eut aussi une vision, où cet enfant béni, Dominique, lui apparut portant sur le front une étoile radieuse, dont la splendeur illuminait le monde entier de ses rayons.
13. Examinez maintenant cet enfant glorieux. Il est engendré par Félix, son père. Jeanne, sa mère par la grâce de Dieu, l'en fante, le nourrit, le soigne. Il renaît par le baptême, et reçoit le nom de Dominique. Il sera lʼenfant de la grâce, lʼamant passionné de la divinité, lʼhéritier de lʼéternelle félicité. Avant sa naissance, un signe véridique le présage; à sa seconde naissance, le nom qu ʼon lui donne révèle sa grandeur, et une étoile radieuse fait resplendir son visage. Il répand tant de feux de sa torche enflam mée quʼil embrase le monde entier. Son nom glorieux fait trembler ses adversaires. La lumière dont il rayonne illumine les âmes plongées dans les ténèbres du péché, et le fait briller parmi les astres du ciel. Il brûle du feu de la charité; il jouit dʼune autorité incontestée; la lumière de la science l'en toure de son éclat. Même dans sa naissance, cet enfant bien heureux représente, annonce, prophétise lʼOrdre illustre dont il sera le père et le chef. La torche enflammée dans la gueule du chien, cʼest la prédication embrasant le cœur des pécheurs pour la pénitence. La puissance con tenue dans son nom, cʼest lʼautorité surnaturelle qui réconciliera les âmes à la grâce. Lʼétoile radieuse de son front, cʼest la clarté de la doctrine qui conduira à la sagesse. Ce serait se tromper grossièrement que de croire que tout cela nʼait pas été disposé de toute éternité pour signifier à lʼavance ce que le ciel se proposait dans le temps.
14. Cependant, la mère du saint nourrit son fils avec soin; elle lʼallaite, elle le sèvre, elle le voit grandir avec joie. Lorsqu ʼil était encore au berceau, un essaim dʼabeilles vint un jour voltiger autour de sa bouche, — emblème de la divine sagesse qui devait couler plus tard de ses lèvres. Une fois sevré et éloigné du sein maternel, il commença à sʼabreuver aux mamelles de la grâce. Aussi, dès quʼil le put, avant même dʼêtre sorti de sa première enfance, il apprit, à lʼexemple de ses parents, à visiter les églises et à honorer Dieu. Encore tout petit enfant, il quittait souvent son lit, et comme sa couche lui semblait trop molle, il étendait sur la terre nue ses membres délicats. Plus tard il conserva assidû ment pendant sa vie cette habitude de son enfance. Il grandit donc sous la garde de ses pieux parents, qui le nourrissaient religieusement; et tout enfant encore, un vénérable archi-prêtre, son oncle, lʼinstruisit et lʼéleva avec le plus grand soin. Dans leur intention religieuse et prudente, ce saint enfant lui était confié surtout pour être formé aux fonctions ecclésiastiques.
15. La grâce de Dieu vint seconder les saints désirs de ses pieux serviteurs. On vit dès lors en lui un enfant plein de talent, docile, doué d ʼune belle âme, vrai vase de grâce et trésor de science. Se perfectionnant de plus en plus dans la pratique des choses de Dieu, ce vénérable enfant faisait sa demeure dans les églises, il récitait les psaumes avec les clercs; il chantait les hymnes, entourait les autels, assistait dévotement aux saints mystères, et servait les prêtres et les ministres de Jésus-Christ.
Ainsi, comme un vase tout neuf, cette âme dʼenfant sʼimprégnait, dans ces exercices, dʼune odeur de sainteté quʼelle devait conserver toute sa vie. Déjà la main de lʼArtiste suprême commençait à sʼen faire un vase d ʼélection, pour y verser les dons de sa bénédiction. Enfant prédestiné, il garda son innocence, aima la pureté et observa la discipline. Pudique dans ses sens, il était très réservé dans ses actes. Ces vertus et les autres quʼil pratiqua dans la seconde période de sa vie, selon que lʼonction divine les lui suggérait, il les observait déjà, même étant tout petit enfant; ses actions nʼavaient rien de puéril; il portait un cœur de vieillard, et sous les traits d ʼun enfant se cachait la sagesse vénérable dʼun homme à cheveux blancs. Dès le berceau, en effet, il montra des dispositions si excellentes, que lʼon put hardiment conjecturer qu ʼune telle enfance donnerait quelque chose de grand, en rapport avec la sainteté de ses premières années.
28 mai
Septième dimanche Homélie de saint Jean Chrysostome |
«Mon Père, l'Heure est venue, glorifiez votre Fils, afin que votre Fils vous glorifie».
Par ces paroles, le divin Sauveur nous montre encore qu'il ne va point à la mort malgré lui. Comment irait-il malgré lui à la mort et involontairement, lui qui la demande et prie pour cela, lui qui l'appelle la gloire, non seulement de celui qui doit être crucifié, mais encore de son Père? Car c'est là ce qui est arrivé: non seulement le Fils a été glorifié, mais encore le Père. Avant la croix, les Juifs ne connaissaient même pas le Père: «Israël», dit le Seigneur, «ne m'a point connu»; mais après la croix, tout l'univers a accouru.
Jésus-Christ nous apprend ensuite de quel genre de gloire et de quelle manière il glorifiera son Père: «Comme vous lui avez donné puissance sur tous les hommes, afin que nul de tous ceux que vous lui avez donnés ne périsse». Faire continuellement du bien, c'est là en quoi Dieu fait consister sa gloire. Que veut dire ceci: «Comme vous lui avez donné puissance sur tous les hommes?» Par là, le Sauveur montre que la prédication ne sera point renfermée dans la Judée seulement, mais qu'elle se répandra dans tout le monde; et il jette les premiers fondements de la vocation des gentils. Comme il avait dit: N'allez point vers les gentils, et comme il devait dire dans la suite: Allez et instruisez tous les peuples, il fait voir que c'était aussi la volonté de son Père, attendu que cela choquait et scandalisait extrêmement les Juifs et même les disciples. En effet, quand dans la suite les gentils se joignaient à eux, ils ne les souffraient pas patiemment, «et ils ne les reçurent de bon cœur et avec joie» que lorsqu'ils eurent reçu la grâce et les instructions du Saint-Esprit; car cette union déplaisait fort aux Juifs.
[…]
«Mon Père, glorifiez-moi en vous-même de la cette gloire que j'ai eue en vous, avant que le monde fût».
Et où est cette gloire? Qu'il ait été sans gloire devant les hommes à cause de la chair dont il s'était revêtu, soit; cela n'est point étonnant - mais pourquoi demande-t-il à être glorifié devant Dieu? Le Sauveur parle ici de son incarnation, et il veut dire que sa nature charnelle n'a point encore été glorifiée, qu'elle n'a point encore acquis l'incorruptibilité, qu'elle n'a point encore participé au trône royal. Voilà pourquoi il n'a pas dit: Glorifiez-moi sur la terre, mais «en vous-même». Nous aussi nous participerons à cette gloire selon la mesure qui nous est propre, si nous sommés vigilants. Voilà pourquoi saint Paul dit: «Pourvu toutefois que nous souffrions avec lui, afin que nous soyons glorifiés avec lui ». Donc ils sont dignes de toutes nos larmes, ceux qui, ayant en perspective une si grande gloire, se dressent à eux-mêmes des embûches par leur lâcheté et leur assoupissement. Et, n'y eût-il point d'enfer, ils seraient encore les plus misérables de tous les hommes, puisque pouvant régner avec le Fils de Dieu et jouir de sa gloire, ils se privent volontairement eux-mêmes d'un bien si grand et si excellent. Et, en effet, fallût-il subir mille morts, livrer tous les jours mille corps et mille vies, ne devrions-nous pas souffrir toutes ces choses pour acquérir une gloire si brillante et si immense?
Mais maintenant nous ne méprisons même pas les richesses: ces richesses, qu'un jour enfin il nous faudra quitter, même malgré nous. Nous ne méprisons point les richesses, qui nous accablent d'une infinité de maux et les multiplient chaque jour; qui resteront ici, et qui ne sont point à nous. Nous ne faisons que gérer des biens dont nous n'avons pas la propriété, encore que nous les tenions de nos pères. Mais lorsque l'enfer s'ouvrira sous nos pieds, comment pourrons-nous supporter ce ver qui ne meurt point, ce feu qui ne s'éteint point, et ce grincement de dents? Jusques à quand différerons-nous d'ouvrir les yeux? Jusques à quand passerons-nous nos jours dans des querelles, dans des contestations et des guerres, dans des entretiens vains et inutiles? Nous cultivons la terre, nous engraissons nos corps, et nous négligeons notre âme nous n'avons aucun soin du nécessaire, et nous nous inquiétons pour des choses frivoles et superflues. Nous construisons de magnifiques mausolées, nous achetons de superbes palais, nous nous faisons accompagner d'un grand cortège de domestiques de toute nation; nous préposons des intendants et des surintendants à la garde de nos terres, de nos maisons, de nos trésors; et nous n'avons aucun soin de notre âme, et nous la laissons dans l'abandon! Quelle sera la fin de toutes ces choses? Avons-nous plus d'un ventre à remplir? Avons-nous à entretenir plus d'un corps? Pourquoi donc tant de tracas et de tumulte? Cette âme, que le Seigneur nous a donnée, pourquoi la divisons-nous, pourquoi la partageons-nous entre tant d'offices et de ministères, nous créant à nous-mêmes de cruelles servitudes? Celui qui a besoin de beaucoup de choses est esclave de beaucoup de choses, quoiqu'il semble être au-dessus: il est lui-même serviteur de ses serviteurs, et il en dépend plus qu'ils ne dépendent de lui, se faisant un autre genre de servitude plus dure que la leur. Il est esclave d'une autre manière, n'osant aller ni à la place ni au bain sans ses domestiques et ses serviteurs; mais eux, ils vont souvent de tous côtés sans leur maître. Celui qui semble être le maître n'ose sortir de sa maison, s'il n'a son monde avec lui; et s'il paraît même un instant hors de chez lui sans son cortége, il se croit ridicule.
25 mai
Ascension
Explication de l'icône de l'Ascension
vénérée au monastère
«Sans quitter le sein paternel, partageant sur terre notre humanité, très doux Jésus, tu remontes en ce jour vers le ciel glorieusement, depuis la montagne des oliviers; relevant par compassion notre nature déchue pour l'asseoir à côté du Père avec toi; les puissances incorporelles dans les cieux, frappées d'admiration et d'effroi, magnifient 1'amour dont tu
aimes les humains»
(Premières Vêpres de l'Ascension
rite byzantin).
Au centre de cercles concentriques représentant le ciel
(mandorle), le Christ bénit de la main droite et de la gauche il tient un rouleau: celui-ci représente la Parole que Jésus a enseignée sur terre, la Loi d'Amour. Il porte une tunique blanc et or. On le voit ainsi vêtu sur les icônes de la Transfiguration et de la Résurrection. La couleur lumineuse de la tunique exprime le corps glorieux du Christ (2 Co 3, 4; 1 Go 15, 42; Ep 1,18).
«Ayant accompli en notre faveur ton oeuvre de salut, après avoir uni les cieux et la terre, et les hommes avec Dieu dans la gloire, ô Christ notre Dieu, tu montas vers le ciel sans pour autant nous délaisser, mais restant toujours parmi nous et disant à ceux qui conservent ton Amour: "Je suis toujours avec vous" (Mt 28, 20)» (Matines Ascension, Kondakion).
Deux Anges s'entretiennent avec le Christ :
«Lorsque tu arrivas sur le Mont des Oliviers, ô Christ, parachevant le dessein bienveillant de ton Père, les Anges furent émerveillés dans les cieux» (Litie).
Sur l'icône les anges aux vêtements rouge et brun, couleur de sang et couleur de glaise, représentent la nature humaine. Aux deux grands moments de l'histoire de notre salut, des habitants du ciel descendent sur la terre: l'Ange de l'Annonciation, l'Ange de la Passion. Jésus remonte au ciel, marqué par les blessures de la Crucifixion.
Quant aux deux Anges vêtus de blanc (Actes l, 9-11), ils rappellent ceux de la Résurrection (Lc 24, 4 et Jn 20, 12) et représentent la nature divine descendue parmi nous. Ils sont vêtus de tuniques éblouissantes de lumière et ils annoncent aux apôtres le Retour du Christ en gloire, la Parousie, la fin des temps.
«Des Anges au splendide vêtement volèrent à 1f entour des Apôtres en disant : Hommes de Galilée, comme Jésus l'Homme-Dieu s'est éloigné de vous, il reviendra de nouveau, en sa divino-hamanité, pour juger les vivants et les morts, accordant aux fidèles la rémission des péchés et la grâce du salut"» (Premières Vêpres, Litie).
«Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu» (S. Athanase).
Juste au-dessous du Christ et dans le même axe que Lui, se trouve Marie la Sainte Mère de Dieu:
«Pour accomplir, Seigneur en ta bonté le Mystère caché de tout éternité, tu vins avec tes disciples au mont des Oliviers, en compagnie de celle qui t'enfantas, Seigneur et Créateur de l'univers; car, étant mère, elle a souffert plus que tous en ta Passion, et mérita de goûter la suprême joie de te voir glorifié dans ta chair; et nous-mêmes, prenant part à cette joie en ce jour de ta céleste Ascension, nous glorifions, Seigneur ta miséricorde envers nous» (Premières Vêpres, Litie).
Ainsi chante la Tradition Orientale et c'est pourquoi l'iconographe représente Marie au milieu des Apôtres. Si l'on trace une ligne verticale au milieu de l'icône, reliant Jésus et sa Mère, et une ligne horizontale suivant le contour de la montagne et des oliviers, on obtient une croix:
«Seigneur, j'ai entendu ta voix, j'ai reconnu la puissance de
ta Croix puisque, par elle, fut ouvert le Paradis et j'ai dit "Gloire à ta puissance, Seigneur"» ( Matines 4e Ode).
«En ta chair, ô notre Dieu, tu as souffert, des morts tu es ressuscité triomphant de la mort, en gloire tu es monté vers le ciel» (Apostiches).
«Nous prosternant devant ta Passion,
Nous vénérons ta sainte Résurrection,
Et nous glorifions ton Ascension» (Ile Vêpres).
La sainte Mère de Dieu, au milieu des Apôtres, est immobile et paisible. D'une main levée, elle témoigne de sa Foi et calme les inquiets; de l'autre, elle intercède pour tous. Bien droite dans une attitude de prière, avec les Apôtres qui lèvent la tête vers les anges et font de grands gestes, elle représente l'Eglise sur laquelle Jésus va envoyer son Esprit le jour de la Pentecôte pour la vivifier et la lancer à travers le monde:
«Comme un baptême où les péchés sont effacés, recevez l'Esprit soufflant la flamme en fraîche rosée, vous les enfants que l'Église rend lumineux!» ( Matines, be Ode).
«O Christ, lorsqu'élevant les mains tu bénis ta Mère et tes disciples, venus ensemble à Béthanie, et qu'à leur vue la nuée lumineuse t'enleva, tu montas dans la gloire et tu apparus à la droite du Père dans les cieux, recevant la même adoration» ( Deuxièmes Vêpres ).
A toutes les Heures de la Liturgie, l'Orient chantera:
«Dans la gloire tu t'élèves, ô Christ notre Dieu, comblant tes disciples de joie par la promesse du Saint- Esprit, leur donnant force et de tes mains les bénissant car tu es le Fils de Dieu, le Rédempteur du monde» (Apolitikion).
Mais un autre tropaire traduit la joie mêlée de crainte :
«Rédempteur du monde, ô Christ notre Dieu, les Apôtres contemplant ta divine exaltation, te magnifiaient dans la crainte et l'allégresse»(9e Ode).
L'icône fait partie de la Liturgie et sur elle, on doit pouvoir lire le Mystère de la Fête. C'est pourquoi l'Apôtre Paul est représenté à la gauche de la Mère de Dieu alors que Pierre est à sa droite. Pierre et Paul, fondements de 1'Eglise. Ainsi, ils sont Douze bien que Matthias n'ait pas encore été choisi, mais ce n'est pas une icône historique, c'est une icône liturgique ( Ac 1, 13-24). Puisqu'il a vu le Christ ressuscité sur le chemin de Damas (Ac 9, 5; 22, 6; 26, 15), Paul mérite de représenter tous ceux qui confessent le Christ. L'iconographie fait éclater les limites du temps et de l'espace.
Les Apôtres sont vêtus de couleurs différentes et sont dans des attitudes très diverses: tout ceci symbolise les différentes langues utilisées pour annoncer la bonne nouvelle, l'Evangile, en des pays différents et par des moyens très divers.
«Nous glorifions ta condescendance envers nous...
Seigneur qui remplis d'une ineffable joie au jour de ton Ascension tes disciples et la Mère de Dieu qui t'enfantas; donne-nous aussi, par leur prière, la joie de tes élus, et la grâce du salut» (Premières Vêpres).
«Venez tous les fidèles,
Gravissons la sublime montagne des Oliviers,
Et là, comme les Apôtres réunis,
Elevons nos coeurs et nos esprits
Pour contempler le Seigneur s'élevant.
Et dans l'action de grâces crions-lui joyeusement :
Gloire, Seigneur, à ta divine Ascension» (Deuxièmes Vêpres).
24 mai
Fête de la translation
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Saint Dominique avait voulu être enterré sous les pieds de ses frères dans l’église du couvent de Bologne où il était mort. Le grand nombre de guérisons obtenues par son intercession a incité les frères à choisir pour son corps un lieu plus digne. La translation de ses reliques fut le premier acte de son procès de canonisation, dont le Pape Grégoire IX venait de décider l’ouverture. La translation eut lieu à Bologne le 24 mai 1233, mardi de la Pentecôte, à l’occasion de la célébration annuelle du Chapitre Général ; l’on y chanta le bel Introit ‘Accipite iucunditatem gloriae vestrae’, ‘Accueillez avec joie votre gloire’.
Prière de Jourdain de Saxe, dominicain du XIIIe siècle, à saint Dominique
Très saint prêtre de Dieu,
confesseur chargé de gloire,
prédicateur de génie, toi l'élu du Seigneur,
ô très bienheureux et saint père Dominique,
toi qui sus plaire à Dieu et t'en faire aimer aux jours de ta vie mortelle,
toi, également glorieux par ta vie, ta doctrine et
tes miracles,
nous nous réjouissons de t'avoir comme avocat à la
cour de notre Dieu:
nous ne pouvons pas en choisir de plus conciliant et de plus sympathique.
C'est vers toi, homme vénérable entre tous les saints
et les élus de Dieu,
que, du plus profond de cette vallée de larmes, je fais monter mon cri.
Je t'en prie, ô mon tendre ami,
ne te refuse pas à ma pécheresse, à ma pauvresse d'âme:
elle n'est guère reluisante.
Ne manque pas à mon âme si misérable,
si malheureuse,
ô toi l'âme trois fois heureuse
et trois fois bénie de cet homme de Dieu.
Ce n'est pas toi seulement, Dominique, que la grâce
a conduit au repos bienheureux,
au lieu de la tranquillité et de la gloire du ciel.
Cette grâce a conduit une multitude d'autres âmes
à la même béatitude,
en leur proposant tes douces exhortations,
la doctrine la plus sûre, la prédication la plus fervente.
Ainsi donc, bienheureux Dominique, le temps est
venu.
Si tu es vraiment la tendresse faite homme,
écoute mon cri.
Je viens à toi comme un pauvre et un suppliant,
un neurasthénique, un vrai moribond.
Que tes mérites et tes tendres prières
me donnent la vie, la santé et une abondante bénédiction.
Je sais, oui, je sais que tu peux tout cela.
Et non seulement tu le peux, mais tu le veux.
J'espère en l'immense miséricorde de notre Sauveur.
Il ne te refuse rien.
Tu es le familier de Jésus, ton bien-aimé, choisi
entre mille.
Un ami, et un ami comme lui, ne refuse rien à celui qu'il aime.
Toi qui dans ta jeunesse n'a pas connu d'autre amour
que l'amour de celui qu'on nomme l'époux des vierges,
qui lui fus consacré au jour de ton baptême
et fus alors rempli du Saint-Esprit.
Toi qui as offert ton corps comme une hostie vivante, sainte et agréable à Dieu.
21 mai
Sixième dimanche Jean 14, 15-21 Homélie de saint Augustin
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Je prierai le Père, et il vous donnera un autre paraclet, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous.
Celui qui aime a déjà l'Esprit Saint, et l'ayant, il mérite de l'avoir encore à un degré plus éminent et ainsi son amour augmente. Les disciples avaient donc déjà l'Esprit Saint que le Seigneur leur promettait, et sans lequel ils n'auraient pu l'appeler Seigneur. Mais cependant ils ne l'avaient point encore, dans le sens que le Seigneur le leur promettait. Il est donc vrai de dire qu'ils l'avaient et qu'ils ne l'avaient pas, puisqu'ils ne l'avaient pas encore au degré où ils devaient l'avoir: ils l'avaient bien un peu, mais ils devaient l'avoir davantage. Ils l'avaient d'une manière cachée, ils devaient le recevoir ouvertement. Et ce qui était de nature à augmenter la grandeur du don qui leur était promis, c'est qu'ils devaient savoir pertinemment qu'ils possédaient le Saint-Esprit. C'est de ce don que parle l'Apôtre, lorsqu'il dit: «Pour nous, nous avons reçu, non pas l'esprit de ce monde, mais l'Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les dons que Dieu nous a faits». Car ce n'est pas une seule fois, mais deux fois, que Notre Seigneur répandit l'Esprit Saint sur ses Apôtres d'une manière visible. En effet, peu après sa résurrection, il leur dit en soufflant sur eux: «Recevez l'Esprit Saint». Parce qu'il le leur donna en ce moment, est-ce qu'il ne leur envoya point plus tard celui qu'il leur avait promis? Ou bien, n'était-ce pas le même qu'il répandit sur eux par son souffle et qu'ensuite il leur envoya du haut du ciel? C'est donc une nouvelle question de savoir pourquoi cette donation visible du Saint-Esprit a été renouvelée deux fois: ce fut peut-être à cause du double précepte de l'amour de Dieu et du prochain; comme il voulait nous montrer que ce double amour est l'effet du Saint-Esprit, l'infusion de cet Esprit a été renouvelée deux fois d'une manière apparente. Il peut y avoir de ce fait d'autres raisons, mais nous ne sommes pas au moment de chercher à les connaître; car nous prolongerions ce discours outre mesure. Tenons seulement pour constant que sans l'Esprit Saint nous ne pouvons ni aimer Jésus-Christ, ni garder ses commandements, et que nous ferons ces deux choses plus ou moins parfaitement, selon que nous aurons reçu ce même Esprit avec plus ou moins d'abondance. C'est pourquoi ce n'est pas inutilement que l'Esprit Saint est promis, non seulement à celui qui ne l'a pas, mais même à celui qui le possède déjà: par là, celui qui ne l'a pas encore commencera à l'avoir, et celui qui l'a déjà, le possédera en de plus larges proportions. En effet, si l'Esprit Saint ne pouvait s'obtenir à un degré moindre par les uns, et à un degré plus élevé par les autres, le saint prophète Elisée n'aurait pas dit au saint prophète Elie: «Que l'esprit qui est en toi soit doublé en moi».
[...]
Quand Jésus dit: «Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet», il montre qu'il est lui-même un Paraclet. Paraclet est un mot qui, en latin, signifie avocat; or, il est dit de Jésus-Christ: «Nous avons pour avocat auprès du Père Jésus-Christ le juste». Ainsi, quand Jésus-Christ a dit que le monde ne pouvait pas recevoir le Saint-Esprit, il a parlé dans le même sens que l'Apôtre en ce passage: «La prudence de la chair est ennemie de Dieu; car elle n'est pas soumise à la loi et ne peut l'être». C'est comme si nous disions: L'injustice ne peut être juste. Par le monde, en cet endroit, Jésus entend ceux qui aiment le monde d'un amour qui ne vient pas du Père. C'est pourquoi à l'amour de ce monde que nous avons tant de peine à diminuer et à détruire en nous, est opposé l'amour de Dieu qui est répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné. «Le monde ne peut donc recevoir cet Esprit, parce qu'il ne le voit pas et ne le connaît point». Car l'amour du monde n'est pas doué de ces yeux invisibles par lesquels on voit le Saint-Esprit, parce qu'il ne peut être vu que d'une manière toute spirituelle.
«Mais vous», dit Notre Seigneur, «vous le connaîtrez, parce qu'il restera avec vous et qu'il sera en vous». Il sera en eux pour y demeurer; il n'y demeurera pas pour y être; car il faut être en un lieu avant d'y demeurer. Mais afin que les disciples n'entendent pas ces paroles : «Il demeurera avec vous», en ce sens qu'il demeurerait visiblement auprès d'eux, à la façon dont un étranger demeure chez son hôte, il explique ces mêmes paroles en ajoutant: «Il sera en vous». Il se voit donc d'une manière invisible; s'il n'est pas en, noua, nous ne pouvons le connaître; car ainsi voyons-nous en nous-mêmes notre propre conscience. Nous voyons le visage d'un autre, nous ne voyons pas le nôtre; nous voyons notre conscience, et nous ne voyons pas celle d'autrui. Mais notre conscience ne peut être ailleurs qu'en nous, tandis que l'Esprit Saint peut très bien être sans nous; c'est pourquoi il nous est donné, afin d'être aussi en nous. Mais nous ne pouvons le voir et le connaître comme il veut être vu et connu, que s'il est en nous.
18 mai
Mois de Marie Marie au cénacle
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Au Cénacle aussi, à Jérusalem, dans « la chambre haute » où les disciples de Jésus « se tenaient habituellement » (Ac 1, 13) dans un climat d’écoute et de prière, Marie est présente, avant que les portes ne s’ouvrent en grand et qu’ils ne commencent à annoncer le Christ Seigneur à tous les peuples, enseignant à observer tout ce qu’il avait prescrit (cf. Mt 28, 19-20). De la maison de Nazareth à celle de Jérusalem, en passant par la croix où son fils lui confie l’apôtre Jean, les étapes du chemin de Marie sont marquées par sa capacité à conserver avec persévérance un climat de recueillement, pour méditer tous les événements dans le silence de son cœur, devant Dieu (cf. Lc 2, 19-51) et pour, dans sa méditation devant Dieu, comprendre la volonté de Dieu et devenir capable de l’accepter intérieurement. La présence de la Mère de Dieu avec les Onze, après l’Ascension, n’est pas alors une simple annotation historique d’un événement du passé, mais elle revêt une signification de grande valeur, parce qu’avec eux, Marie partage ce qu’il y a de plus précieux : le souvenir vivant de Jésus dans la prière ; elle partage cette mission de Jésus : conserver la mémoire de Jésus, et ainsi conserver sa présence.
Marie, qui a déjà reçu l'Esprit Saint pour enfanter le Verbe incarné, partage avec toute l’Eglise l’attente de ce don pour que «le Christ soit formé» dans le cœur de tous les croyants.
La dernière mention de Marie dans les deux écrits de saint Luc est liée au jour du samedi : c’est le jour du repos de Dieu après la création, le jour du silence après la mort de Jésus et de l’attente de la résurrection. Et c’est dans cet épisode que s’enracine la tradition de vénérer la Vierge Marie le samedi. Entre l’ascension du Ressuscité et la première pentecôte chrétienne, les apôtres et l’Eglise se rassemblent avec Marie pour attendre avec elle le don de l’Esprit Saint, sans lequel on ne peut devenir des témoins. La Vierge Marie, qui l’a déjà reçu pour enfanter le Verbe incarné, partage avec toute l’Eglise l’attente de ce don pour que « le Christ soit formé » (Ga 4, 19) dans le cœur de tous les croyants. S’il n’y a pas d’Eglise sans Pentecôte, il n’y pas non plus de Pentecôte sans la Mère de Jésus, parce qu’elle a vécu de manière unique ce dont l’Eglise fait l’expérience chaque jour sous l’action de l’Esprit Saint. Saint Chromace d’Aquilée commente ainsi cette mention dans les Actes des apôtres :
« L'Église se réunit dans la chambre haute avec Marie, qui fut la Mère de Jésus, et ses frères. Donc, on ne peut parler d'Église si Marie, la Mère du Seigneur, n'y est avec ses frères : car l'Église du Christ est là où l'on prêche que le Christ s'est incarné de la Vierge ; et l'on n'entend l'Evangile que là où prêchent les Apôtres, frères du Seigneur. » (Sermo 30, 1 : SC 164, 135).
Le concile Vatican II a voulu souligner de manière particulière ce lien qui se manifeste visiblement dans la prière commune de Marie avec les apôtres, dans le même lieu, dans l’attente de l’Esprit Saint. La constitution dogmatique Lumen Gentium affirme :
« Mais Dieu ayant voulu que le mystère du salut des hommes ne se manifestât ouvertement qu’à l’heure où il répandrait l’Esprit promis par le Christ, on voit les Apôtres, avant le jour de Pentecôte, « persévérant d’un même cœur dans la prière avec quelques femmes dont Marie, Mère de Jésus, et avec ses frères » (Ac 1, 14) ; et l’on voit Marie appelant elle aussi de ses prières le don de l’Esprit qui, à l’Annonciation, l’avait déjà elle-même prise sous son ombre. p» (n. 59). Le lieu privilégié de Marie est l’Eglise, où elle est « saluée comme un membre suréminent et absolument unique..., modèle et exemplaire admirables pour celle-ci dans la foi et dans la charité » (ibid., n. 53) ».
16 mai
Mois de Marie Apparition de Jésus ressuscité à sa mère
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Durant le mois de mai, qui coïncide en grande partie avec les cinquante jours du temps liturgique de Pâques, les pieux exercices doivent mettre en évidence la participation de la Vierge Marie au mystère pascal (cf. Jn, 19, 25-27) et à l’événement de la Pentecôte (cf. Ac 1, 14), qui inaugure le chemin de l’Église, c’est-à-dire un itinéraire qu’elle-même, en participant à la nouveauté inaugurée par le Ressuscité, parcourt sous la conduite de l’Esprit Saint (Directoire sur la piété populaire et la liturgie).
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Si toutes les créatures de l'univers furent couvertes de tristesse le jour de la passion du Fils de Dieu; si le soleil s'obscurcit, si la terre trembla, si les rochers se fendirent, si les sépulcres s'ouvrirent, si le voile du temple se déchira au spectacle de la mort cruelle que souffrait leur créateur; toutes les créatures sont aussi dans l'allégresse au jour de sa résurrection, en le voyant plein de vie et de gloire; le ciel est dans la joie et il ouvre entièrement ses portes jusque-là fermées, pour y recevoir même des malfaiteurs. L'enfer est dans la joie, car il lâche les prisonniers que le Prince de ce sombre royaume y retenait captifs en expiation de la faute originelle. La terre est dans la joie, car elle voit paraître ce fruit admirable et précieux dont parle Isaïe, quand le Fils de l'homme se relève de sa couche funèbre, quand elle voit paraître ressuscité le premier-né d'entre les morts, le prince des rois de la terre. Quedire des serviteurs fidèles du divin Maître, de sa très sainte Mère, de ses apôtres, de ses disciples et des pieuses femmes que sa mort avait tant affligés! Avec leur Maître chéri étaient ressuscités leurs espérances, leur vie, leur gloire, leur apostolat, leur justice, et tous les autres biens que le Christ leur avait promis.
De toutes les apparitions diverses du ressuscité, celle dont le souvenir offre le plus de douceur et de dévotion est celle dont fut honorée, selon toute vraisemblance, la sainte Vierge, Notre-Dame, qui, après Jésus, avait bu la principale partie du calice de la passion. Encore que les évangélistes n'en fassent point mention, le doute sur ce point est inadmissible. Comment le Sauveur qui est apparu à tous ses disciples et aux saintes femmes, aurait-il oublié sa très sainte Mère qui, plus que tout autre, avait mérité cette faveur; qui plus que toute autre l'aimait, le désirait, et sentait, avec les angoisse de la passion, le vide de son absence? D'autant plus que la multitude des douleurs dont les siens sont affligés sert de mesure aux consolations que le Seigneur leur dispense. Si, pendant qu'il était sur la croix, plongé dans un abîme de douleurs, Jésus n'oublia pas sa mère un seul instant, et s'il apporta à sa douleur le seul soulagement possible en cette conjoncture, en le confiant au plus fidèle ami qu'il eût alors dans le monde; comment, dans la gloire de son triomphe, lui refuserait-il le bonheur de le voir ressuscité, après avoir traversé de si épaisses ténèbres? Ce qui se passa entre un tel fils et une telle Mère, les transports et les ravissements de leurs cœurs bienheureux, quelle plume serait capable de le décrire? Plus les choses sont élevées, plus elles se dérobent à nos regards, plus elles échappent à la portée et à la compréhension de nos entendements.
On peut croire également avec raison que plusieurs saints patriarches qui étaient ressuscités, visitèrent avec le Seigneur sa sainte mère, soit pour la féliciter de la résurrection de son fils, soit pour la remercier d'avoir été la médiatrice à qui ils étaient redevables d'un si grand bienfait. Les écrivains sacrés racontent que ces saints, après leur résurrection, vinrent à Jérusalem où ils se montrèrent et apparurent à plusieurs personnes; pouvaient-ils bien ne pas visiter celle qui était en partie la cause de leur délivrance? L'Ecriture sainte raconte que, lorsque Judith eut mené à bonne fin son entreprise, qu'elle eut tranché la tête d'Olopherne, dissipé la puissance des Assyriens, rendu la liberté à sa patrie, le souverain Pontife vint de Jérusalem avec les anciens de la cité, pour la voir, et que tous s'écrièrent d'une commune voix: Vous êtes la gloire de Jérusalem, vous êtes la joie d'Israël, vous êtes l'honneur de notre peuple, vous avez accompli une œuvre virile, et votre cœur n'a pas faibli. Aussi serez-vous à jamais bénie. Et tout le peuple répondit: Amen, Amen (Jdt 15,10-12). Si de telles louanges étaient dues à la femme qui trancha la tête d'Olopherne, quelles louanges méritera cette autre femme célèbre que le Seigneur, dès l'origine du monde, avait destinée à briser la puissance et la tyrannie du démon? Si les Juifs firent avec tant d'ardeur le voyage de Jérusalem à Béthulie pour voir cette pieuse héroïne, avec quelle joie les saints patriarches et les saints prophètes durent venir contempler l'étoile de Jacob, la tige de Jessé, celle qui avait été annoncée par tant de magnifiques oracles.
14 mai
Cinquième dimanche Jésus leur dit: «Moi je suis le chemin, la vérité et la vie» (Jn 14, 6) |
Le Seigneur révèle ce qu'il avait annoncé à ses apôtres. D'abord le chemin et son terme.
Le chemin est le Christ lui-même, et c'est pourquoi il dit: Moi je suis le chemin, la vérité et la vie. Et cette affirmation n'est pas sans raison, car par lui nous avons accès auprès du Père, comme il est dit dans l'Épître aux Romains. Cela convient aussi à son propos: il veut montrer clairement le doute du disciple qui l'interroge.
Et parce que ce chemin n'est pas distant du terme mais lui est conjoint, il ajoute: La vérité et la vie; et ainsi lui-même est en même temps le chemin et le terme. Le chemin, certes, selon son humanité, le terme selon sa divinité. Ainsi donc, selon qu'il est homme, il dit: Moi je suis le chemin; et selon qu'il est Dieu, il ajoute: La vérité et la vie. Ces deux mots désignent de manière convenable le terme de ce chemin.
Car le terme de ce chemin est la fin du désir humain. Or l'homme désire avant tout deux choses: premièrement, la connaissance de la vérité, ce qui lui est propre; en second lieu la conservation de son être, ce qui est commun à toutes les réalités. Or le Christ est le chemin pour parvenir à la connaissance de la vérité, bien que cependant il soit lui-même la Vérité - Conduis-moi, Seigneur, dans ta vérité et que je marche dans ta voie. Le Christ est aussi le chemin pour parvenir à la vie, bien qu'il soit lui-même la Vie - Tu m'as fait connaître les chemins de la vie. Et c'est pourquoi il a désigné le terme de ce chemin par la vérité et la vie; ces deux mots ont été dits plus haut dans l'évangile de Jean à propos du Christ. Il a d'abord été dit qu'il est lui-même la Vie - En lui-même était la vie -, et ensuite qu'il est la Vérité, parce qu'il était la lumière des hommes, et que la lumière est la vérité.
[...] Ainsi donc le Christ s'est désigné lui-même comme le Chemin, et le chemin conjoint au terme: parce que lui-même est le terme ayant en lui tout ce qui peut être désiré, puisqu'il est la Vérité et la Vie.
Si donc tu cherches par où passer, accueille le Christ, parce qu'il est lui-même le Chemin - Voici le chemin, marchez-y. Et Augustin dit – «Avance par l'homme, et tu parviendras à Dieu.» II vaut mieux en effet boiter sur le chemin qu'avancer fermement en dehors du chemin. Car celui qui boite sur le chemin, même s'il avance peu, s'approche du terme; quant à celui qui marche en dehors du chemin, plus il court fermement, plus il s'éloigne du terme. Mais si tu cherches où aller, adhère au Christ, parce que lui-même est la Vérité à laquelle nous désirons parvenir - Ma bouche méditera ta vérité. Si tu cherches où demeurer, adhère au Christ parce que lui-même est la Vie - Celui qui me trouvera, trouvera la vie. Adhère donc au Christ si tu veux être en sûreté: en effet tu ne pourras pas dévier, parce qu'il est lui-même le Chemin. Aussi ceux qui adhèrent à lui ne marchent pas où il n'y a pas de route, mais par un chemin droit - Je te montrerai le chemin de la sagesse. Et, au contraire, il est dit de certains: Ils n'ont pas trouvé le chemin vers une cité habitée. De même on ne peut être trompé, parce que lui-même est la Vérité et enseigne toute vérité - Moi, je suis né et je suis venu dans le monde pour ceci: rendre témoignage à la venté. De même encore, on ne peut être troublé parce que lui-même est la Vie et donne la vie - Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie, et qu'on l'ait surabondante. Car, comme dit Augustin, le Seigneur dit : Moi je suis le chemin, l a vérité et la vie comme s'il disait : Par où veux-tu aller? Moi je suis le chemin. Où veux-tu aller? Moi je suis la vérité. Où veux-tu demeurer? Moi je suis la vie. En effet, comme le dit Hilaire, il ne conduit pas par des voies trompeuses, lui qui est le Chemin, il ne trompe pas par des mensonges, lui qui est la Vérité, il ne laisse pas dans l'erreur de la mort, lui qui est la Vie.
11 mai
Prier le Rosaire Mystères glorieux
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La Résurrection (Hilaire de Poitiers)
le Seigneur transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux (Ph 3, 21).
Après le sommeil de sa Passion, l'Adam céleste, au réveil de sa Résurrection, reconnaît dans l'Église son os, sa chair non plus créés du limon et prenant vie sous le souffle, mais croissant sur l'os et, de corps fait corps, atteignant sa perfection sous le vol de l'esprit.
Augmente en nous la foi, Seigneur, en la résurrection que tu nous a promise.
L’Ascension (M. Olier)
Les apôtres fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait (Ac 1, 10).
Notre Seigneur monta au ciel pour aller se perdre dans le sein de Dieu non seulement à la vue de la très sainte Vierge sa mère, mais encore sous les yeux de tous les apôtres par qui l'Église était représentée.
Garde vive dans ton Eglise, Seigneur, l'attente de ta venue dans la gloire.
La Pentecôte (Grégoire de Nazianze)
Jésus donna l’ordre à ses apôtres d'attendre que s’accomplisse la promesse du Père… c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés (Ac 1, 4.5).
Le Christ naît, l’Esprit le précède. Il est baptisé, l’Esprit rend témoignage. Il est tenté, l’Esprit le fait revenir en Galilée. Il accomplit des miracles, l’Esprit l’accompagne. Il est élevé au ciel, l’Esprit lui succède. Il est l’Esprit qui crée, recrée par le baptême et la résurrection, il est l’Esprit qui connaît toutes choses, qui enseigne, qui souffle où il veut et comme il veut.
Que chaque eucharistie soit pour nous Seigneur, une véritable effusion de l'Esprit.
L’Assomption (Pie XII)
Lorsque ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite: la mort a été engloutie dans sa victoire (1 Co 15, 54).
De même que la glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de la victoire sur le péché et la mort et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la Bienheureuse Vierge et de son Fils devait se terminer par la «glorification» de son corps virginal.
Confions les mourants à l'intercession de la Vierge Marie.
Le Couronnement de Marie (Pie XII)
Un grand signe apparut dans le ciel: une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles (Ap 12, 1).
L’auguste Mère de Dieu a obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être gardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils, déjà auparavant, après sa victoire sur la mort, elle fut élevée dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel où, Reine, elle resplendirait à la droite de son Fils, Roi immortel des siècles.
Que la maternelle protection de la Vierge Marie nous soutienne dans le combat de chaque jour.
8 mai
Patronnage de la Vierge Marie sur l'Ordre des Prêcheurs
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Commentaire du bienheureux Humbert de Romans sur les constitutions de l'Ordre.
Notre Ordre a la bienheureuse Vierge Marie pour patronne spéciale.
D'après certains événements du début de notre Ordre nous avons beaucoup de raisons nous suggérant que la bienheureuse Vierge Marie est la patronne spéciale de notre Ordre. D'après des récits que j'ai entendus de mes oreilles et beaucoup d'autres qui sont consignés dans les «Vies des frères», il apparaît qu'elle est la Mère spéciale de cet Ordre voué à louer, bénir et prêcher son Fils, Ordre qu'elle a suscité, qu'elle propage et qu'elle défend.
Aussi le bienheureux Dominique lui recommandait-il l'Ordre dans ses prières, comme étant sa patronne spéciale, rapporte la «Légende nouvelle». Et de là vient que nous nous recommandons chaque jour à elle par une procession, comme au bienheureux Dominique en faisant mémoire de lui.
Beaucoup d'arguments contribuent à mettre en valeur son patronage.
Le patronage de ceux qui sont bien en cour est le meilleur, et tel est le cas de son patronage. Elle ne pourra perdre son influence parce qu'elle est la Reine des cieux, aussi lui attribue-t-on ces paroles: Dans Jérusalem est ma puissance. De même, plus on est familier du Seigneur dont on veut obtenir un bienfait, plus on dispose d'un patronage puissant; or peut-il y avoir plus grande familiarité qu'entre la Mère et son Fils? Comme elle est proche de lui, ou plutôt, comme elle lui est intime! C'est pourquoi l'on dit: La reine a pris place à sa droite. C'est-à-dire que dans cette cour elle est la plus familière avec toi.
De même, plus un homme est avisé pour obtenir et surveiller les affaires, plus son patronage est avantageux. Or, c'est son cas. La Mère montre à son Fils son cœur et son côté. Voyez quelle habileté! De même plus un homme est redouté de ses adversaires, plus son patronage est avantageux. Or elle est, pour les ennemis, «redoutable comme une armée rangée en bataille».
Il a donc un grand poids, son patronage, puisqu'elle est si puissante à la cour céleste, si familière avec le souverain de cette cour, aussi habile pour mener les affaires que redoutable aux ennemis. On peut beaucoup espérer ce que son patronage peut nous obtenir facilement.
Car elle n'est pas dure ou inflexible pour ceux qui recourent à elle; au contraire, on la trouve toute de douceur et de charme, pleine de mansuétude et de miséricorde. C'est pourquoi on lui dit: «Tu es douce». En outre on doit espérer davantage en son secours lorsqu'on se consacre davantage à l'indigent. Quant à elle, elle est toute dévouée aux pécheurs car c'est à leur occasion qu'elle a reçu tout ce qui la rend supérieure. C'est pourquoi on l'appelle «tige de Jessé», mot qui se traduit par «incendie» parce que Dieu est venu à elle en raison de l'incendie du grand amour qu'il porte au monde; et c'est pourquoi le monde a été cause de sa grandeur.
En outre elle a été donnée aux miséreux comme leur patronne et leur avocate; c'est ainsi que, par la providence divine, Esther fut élevée à la royauté pour devenir l'avocate du peuple juif. Ainsi devons-nous recourir avec confiance à la bienheureuse Vierge, puisqu'elle est chargée de gérer nos affaires. On espère davantage de son intervention dont la bonté maternelle a été maintes fois prouvée par l'expérience. D'innombrables exemples nous ont montré cette bonté. Car qui donc a recouru à elle et n'a pas été secouru? Touchée de compassion et toujours prête à rendre service, elle vient en aide à tous. C'est pourquoi on dit: «Pareille à l'olivier dans les champs» et non dans les jardins, car tous peuvent profiter de ses fruits. Et elle vient en aide dans tous les domaines: elle embrasse les besoins de tous dans son amour sans limites. Elle vient en aide partout. Elle vient en aide toujours. C'est pourquoi il est écrit: «Jusqu'au siècle à venir je ne cesserai pas» de venir en aide à tous.
Il est donc évident que l'on peut tout espérer de son secours si on l'invoque avec foi, puisqu'elle est douce et compatissante envers ceux qui recourent à elle. C'est pourquoi saint Paul nous dit: Approchons avec confiance du trône de sa grâce. Car elle est le trône de la grâce de Dieu, car c'est d'elle que de multiples grâces découlent vers les hommes. De même qu'on appelle trône du jugement celui dont émane le jugement, on appelle à juste titre trône de la grâce celui dont émane la grâce. Donc, parce que son patronage a une telle puissance et qu'on peut l'obtenir si facilement, il faut faire passer son patronage avant tous les autres. Et c'est pourquoi nous faisons chaque jour une procession en son honneur, afin de l'avoir chaque jour comme patronne au ciel. (Lectionnaire o.p., p. 126-129).
7 mai
Quatrième dimanche Journée mondiale de prière
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Seigneur, Tu appelles les jeunes au bonheur.
Ils portent en eux une grande soif d'aimer et de se donner.
Nous croyons que tu as un appel particulier pour chacun;
il se découvre dans l'expérience de la rencontre personnelle avec toi
et l'écoute des besoins et des cris du monde.
Seigneur, fais de nos familles, nos diocèses, nos communautés, nos mouvements
des lieux où les jeunes feront l'expérience de la prière et du service.
Fais naître chez chacun le désir de te suivre humblement
et d'oser répondre en vérité et en liberté à l'appel que Tu lui adresses.
Donne aux communautés paroissiales l'audace d'éveiller,
l'énergie d'appeler, la patience d'accompagner
- particulièrement ceux que tu appelles au ministère de prêtre ou à la vie consacrée -
et la sagesse pour aider au discernement.
Seigneur, tu fais de ton Église une communauté d'appelés pour appeler.
Donne-nous de proposer à tous la bonne nouvelle de la vocation. Amen.
Prière pour l'année 2017
Merci de prier avec nous pour les vocations de notre communauté...
4 mai
Mois de Marie
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Prière pour le mois de Marie
Très douce Vierge Marie, nous voici dans le mois qui vous est plus particulièrement consacré, est nous venons vous demander la grâce de vous honorer, de vous aimer, de vous prier, de vous imiter de toute notre âme: c’est le moyen le plus sûr de plaire à notre Père céleste, d’appartenir à Notre-Seigneur Jésus-Christ, de demeurer dans la docilité au Saint-Esprit, de conserver une fidélité inébranlable à la Sainte Église catholique. Très douce Vierge Marie, vous êtes la mère de notre foi : c’est à vous que Dieu a confié cette lumière infiniment haute qui fait participer notre intelligence aux mystères que votre Fils nous a révélés. Très douce Vierge Marie, vous êtes la mère de la Sainte Espérance : chaque jour, dégagez notre esprit de l’attrait et de la fascination des choses d’ici-bas pour l’établir dans le désir et la quête des biens éternels. Chaque jour, délivrez-nous de la mortelle confiance en nous-mêmes, pour nous faire placer cette confiance dans la toute-puissance divine et dans votre bonté maternelle. Très douce Vierge Marie, vous êtes la mère du bel Amour, la mère de l’infinie charité de Dieu incarné: inspirez toutes nos pensées, toutes nos intentions, tous nos désirs, toutes nos paroles, toutes nos actions. Ainsi nous répondrons dignement à l’amour que la Trinité Sainte nous porte dans son éternité bienheureuse. Très douce Vierge Marie, après l’hiver du péché, soyez le printemps de notre vie. Ainsi soit-il.
Prier le Rosaire Mystère douloureux
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L’Agonie (P. Lev Gillet)
Jésus revient vers ses disciples et les trouve endormis; il dit à Pierre: «Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller seulement une heure avec moi?» (Mt 26, 40).
Nous avons dormi pendant l'agonie du Seigneur; nous l’avons abandonné; nous l’avons renié par nos péchés multiples. Et cependant, si peu préparés, si impurs que nous soyons, Jésus nous invite à entrer dans la joie pascale.
Remplis nos cœurs de componction, Seigneur, et d'un vrai repentir.
La Flagellation (Saint Bernard)
Pilate fit flageller Jésus et il le livra pour qu’il soit crucifié (Mt 27, 26).
Regarde-le donc sous des haillons sales, meurtris de coups, couverts de crachats, mortellement pâle. Il s'est fait lui-même péché. O homme, reconnais là combien sont graves tes blessures puisqu'il n'y a que celles de Notre Seigneur Jésus-Christ qui puisse les guérir.
Nous te prions, Seigneur, pour les âmes du purgatoire: conduis-les dans la plénitude de ta lumière.
Le Couronnement d’épines (Père P. Madros, Patriarcat Latin de Jérusalem)
Avec des épines, les soldats tressèrent une couronne, et la posèrent sur sa tête (Mt 27, 29).
Il est ressuscité, le mort, celui qui est «libre entre les morts» et libérateur des morts, l’homme qui sans se plaindre avait ceint la déshonorante couronne d’épines, cet homme, ressuscité, a ceint le diadème de la victoire sur la mort.
Dans les épreuves, apprends-nous à regarder tes souffrances et à demeurer dans l'espérance.
Le Portement de croix (Saint Ephrem)
Portant sa croix, Jésus sortit en direction du lieu dit Le Crâne ou Calvaire (Jn 19, 17).
Notre Seigneur s'est soumis à la mort et il l'a subie volontairement pour la détruire malgré elle. Il est sorti en portant sa croix sur l'ordre de la mort. Mais il a crié sur la croix et il a tiré les morts des enfers, quoique la mort s'y refusât.
Nous te prions pour les martyrs de notre temps qui portent leur croix unis à ta passion.
Le crucifiement et la mort de Jésus (M. Olier)
Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère: «Femme, voici ton fils.» Puis il dit au disciple: «Voici ta mère» (Jn 19, 26-27).
Par ces paroles: voilà votre Fils, Jésus semble dire à Marie: «Voilà une personne qui est pure, vierge et sainte, et qui pendant le reste de votre vie mortelle vous représentera tel que je suis en vérité, et même tel que je serai après ma résurrection, dans ma vie immortelle.»
Que la Vierge Marie soutienne de sa tendresse les agonisants, tous ceux qui meurent seuls et abandonnés.
30 avril
Troisième dimanche Sermon de saint Augustin sur l'évangile
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Aujourd'hui c'est dans l'Évangile tel que l'a écrit saint Luc que nous est présenté ce récit de la résurrection du Seigneur. Vous venez d'entendre la rencontre que fit le Seigneur après sa résurrection de deux de ses disciples qui voyageaient ensemble et qui s’entretenaient de ce qui venait d'arriver, la question qu'il leur adressa en ces termes: «Quels sont ces discours que vous échangez, et pourquoi êtes-vous tristes?» et tout cela n'est rapporté que par saint Luc.
Jésus donc leur apparut; ils le voyaient et ne le reconnaissaient pas. Le Maître marchait avec eux sur la voie publique, ou plutôt il était lui-même leur voie; mais eux ne marchaient pas en lui et il les en trouva égarés. Quand il était avec eux, avant sa passion, ne leur avait-il pas tout prédit, annoncé qu'il souffrirait, qu'il mourrait et qu'il ressusciterait le troisième jour? Il leur avait tout prédit, mais sa mort leur avait fait tout oublier; en le voyant attaché à la croix ils se troublèrent jusqu'à perdre le souvenir de ses enseignements, l'attente de sa résurrection, et jusqu'à ne tenir plus à ses promesses.
«Nous espérions, disent-ils, que c'était lui qui devait racheter Israël». Vous l'espériez, chers disciples? Vous ne l'espérez donc plus? Comment! le Christ est vivant; et en vous la foi est morte? Oui, le Christ est vivant, mais il a trouvé la mort dans le cœur de ses disciples qui le regardent sans le voir, qui le voient sans le reconnaître. Car, s'ils ne le voyaient réellement pas, comment pourraient-ils entendre ses questions et y répondre? Ils le considéraient comme un compagnon de voyage, lui qui était leur guide suprême; et c'est ainsi qu'ils le voyaient sans le reconnaître. «Leurs yeux étaient retenus pour qu'ils ne le reconnaissent pas». Ils n'étaient pas retenus pour qu'ils ne le voient pas, mais pour qu'ils ne puissent le reconnaître.
A quel moment le Seigneur voulut-il qu'on le reconnaisse? Au moment de la fraction du pain. Nous aussi, nous en sommes sûrs, en rompant le pain nous reconnaissons le Seigneur. S'il ne voulut se dévoiler qu'en ce moment, c'était en vue de nous qui, sans le voir dans sa chair, devions manger sa chair. Toi donc, qui que tu sois, toi qui es vraiment fidèle, toi qui ne portes pas inutilement le nom de chrétien, toi qui n'entres pas sans dessein dans l'église, toi qui entends la parole de Dieu avec crainte et avec confiance, quelle consolation pour toi dans cette fraction du pain! L'absence du Seigneur n'est pas pour toi une absence; avec la foi tu le possèdes sans le voir.
Tout en conversant avec lui, ces disciples, au contraire, n'avaient pas la foi, et pour ne l'avoir pas vu sortir du tombeau, ils ne croyaient pas qu'il puisse ressusciter; ils avaient perdu la foi, ils avaient perdu l'espérance, et c'étaient des morts qui marchaient avec un vivant, des morts qui marchaient avec la Vie même. La Vie marchait bien avec eux, mais elle n'était pas rentrée encore dans leurs cœurs.
A ton tour donc, si tu veux avoir la vie, fais ce qu'ils firent pour arriver à reconnaître le Seigneur. Ils lui donnèrent l'hospitalité; le Seigneur semblait vouloir aller plus loin, ils le retinrent, et après être parvenus au terme de leur propre voyage, ils lui dirent: «Demeurez avec nous, car le jour est sur son déclin». Toi aussi, arrête l'étranger, si tu veux reconnaître ton Sauveur. L'hospitalité leur rendit ce que l'infidélité leur avait fait perdre, et le Seigneur se montra à eux au moment de la fraction du pain. Apprenez donc quand est-ce que vous devez rechercher le Seigneur, le posséder, le reconnaître; c'est quand vous mangez. Les fidèles voient dans cette lecture quelque chose de bien supérieur à ce qu'y voient ceux qui ne sont pas initiés.
Le Seigneur Jésus se fit donc reconnaître, et il disparut aussitôt après. S'il les quitta de corps, il resta avec eux par la foi; et, si aujourd'hui encore il est pour toute l'Eglise absent corporellement et résidant au ciel, c'est pour élever la foi. Eh! où serait la tienne, si tu ne connaissais que ce que tu vois? Si tu crois au contraire ce que tu ne vois pas, quels transports lorsque tu seras en face de la réalité! Fortifie donc ta foi, puisque tu verras un jour: oui, arrivera ce que nous ne voyons pas; oui cela arrivera; mais en quel état seras-tu trouvé alors? On dit parmi les hommes: Où est-il? Quand et comment sera-t-il? Quand, quand viendra-t-il? N'en, doute pas, il viendra; il viendra même malgré toi. Malheur à ceux qui ne croiront pas! Pour eux, quelle frayeur, et pour les croyants, quelle allégresse! Les fidèles seront dans la joie, et les infidèles dans la confusion. Les fidèles s'écrieront: Grâces vous soient rendues, Seigneur: c'est la vérité que nous avons entendue, que nous avons crue, que nous avons espérée, nous la voyons maintenant.
------ N.B. : Le lapin de Pâques
Le lapin est le symbole de l'abondance, du renouveau. Il était déjà un symbole de fécondité et de vie trois mille cinq cents ans avant Jésus Christ! Mais c'est seulement vers le XVe siècle qu'il est associé à la fête de Pâques.
La tortue de Pâques
Il existe de nombreuses tortues dans l'île de Pâques où elles sont considérées comme envoyées par les dieux. Après la seconde guerre mondiale les tortues sont introduites dans la fabrication du chocolat de Pâques.
29 avril
Sainte Catherine de Sienne Prière faite à Rome, le jeudi 5 avril 1379 |
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O notre Résurrection! notre Résurrection! puissante et éternelle Trinité, faites donc éclater mon âme! O Rédempteur! notre Résurrection! Trinité éternelle! Feu qui brûlez toujours, qui ne vous éteignez jamais, qui ne pouvez diminuer quand même vous vous communiqueriez à toute la terre! O Lumière qui donnez la lumière, je vois dans votre lumière, et je ne puis rien voir sans vous, parce que vous êtes Celui qui êtes, et moi je suis celle qui ne suis pas! Je connais par vous mes besoins, ceux de l'Église et du monde! C'est parce que je les connais que je vous conjure d'ébranler, d'enflammer mon âme pour le salut du monde; non pas que je puisse porter quelque fruit par moi-même, mais je le puis par la vertu de votre charité, qui est la source de tout bien.
Oui, dans l'abîme de votre charité, l'âme agit pour son salut et pour celui du prochain, comme votre divinité, ô éternelle Trinité, nous a sauvés au moyen de notre humanité bornée, qui nous a procuré un bien infini. C'est par cette vertu toute puissante de votre divinité qu'a été créé tout ce qui participe à l'être, et qu'a été donné à l'homme le bien spirituel et temporel qui se trouve en lui. Ce bien, vous avez voulu que l'homme le cultive par son libre arbitre.
O Trinité, Trinité éternelle! votre lumière nous fait connaître que vous êtes le jardin parfait qui renfermez les fleurs et les fruits. Vous êtes une fleur de gloire qui vous glorifiez et qui fructifiez vous-même! Vous ne pouvez rien recevoir d'un autre: sans cela vous ne seriez pas le Tout-Puissant, l'Eternel! Celui qui vous donnerait ne paraîtrait pas venir de vous. Mais vous êtes votre gloire et votre fruit; ce que vous offre votre créature vient de vous; si elle ne recevait rien, elle ne pourrait rien vous rendre.
26 avril
Prier le Rosaire Mystère lumineux
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Jésus fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Et aussitôt, en remontant de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe (Mc 1, 9-10).
S'il est vrai que, régénéré par le baptême et par l'Esprit Saint, l'homme devient participant de la divinité, il faudra également admettre, qu'après la résurrection, il deviendra cohéritier du Christ.
Prions pour tous ceux qui se préparent à recevoir l'effusion de l'Esprit par la confirmation.
Cana (M. Olier)
On manqua de vin. La mère de Jésus lui dit: «Ils n’ont pas de vin» (Jn 2, 3).
Certains ont pensé que la sainte Vierge en demandant le changement de l’eau en vin, qui devait manifester aux Apôtre la divinité de son Fils, lui demandait dans un sens plus relevé la substitution de la loi de grâce, figurée par le vin, à la loi ancienne, figurée par l’eau. Jésus-Christ aurait répondu: «Pourquoi me faites-vous cette demande? le temps où je dois substituer la vérité aux figures, la grâce à la Loi, n’est point venu encore, puisque ce n'est que par ma mort et ma résurrection que je dois vous procurer ce bienfait.»
Garde-nous, Seigneur, vigilants dans l'attente de la plénitude du salut promis.
L’Annonce du Royaume (M. Olier)
Le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire (Jn 11, 44).
Ces aveugles, ces sourds, ces muets et les autres qu'il guérissait, représentaient à son esprit le genre humain dans l'état où l'avait réduit le premier péché de l'homme. Les résurrections qu'il opérait, entre autres celle de Lazare, qui eut lieu quatre jours après sa mort, figuraient la résurrection spirituelle du genre humain, enseveli depuis quatre mille ans dans l'ombre de la mort du péché.
Partage-nous, Seigneur, ta compassion pour les pécheurs.
La Transfiguration (Benoît XVI)
Jésus fut transfiguré devant eux; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière (Mt 17, 2).
La Transfiguration est un moment anticipé de lumière qui nous aide également à considérer la passion de Jésus avec le regard de la foi. Elle est un mystère d’amour extraordinaire de Dieu; elle est l’exode définitif qui nous ouvre la porte vers la liberté et la nouveauté de la Résurrection, qui nous sauve du mal.
Pour les chrétiens persécutés, pour les familles exilées: que la lumière du Christ soit un phare au milieu de leurs ténèbres.
L’Eucharistie (M. Olier)
Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde (Jn 6, 51).
L'eucharistie nous préserve de la mort spirituelle, c'est-à-dire du péché, si nous voulons conserver cette vie divine; et, de plus, elle devient pour nous un gage certain de la gloire dont nos corps seront revêtus au jour de la résurrection.
Augmente en nous, Seigneur, la foi en la puissance de l'eucharistie, germe de résurrection pour nous.
25 avril
Nous apprenons la naissance d'un bébé de soeur Marie de Nazareth, Jérémie! Rendons grâces à Notre-Dame du Prompt Secours.
23 avril
Dimanche |
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Allons! Célébrons la fête en accord avec la saison! Car tout concourt à la beauté de cette fête et tout participe à la joie. De fait, regarde le monde visible: la reine des saisons escorte le roi des jours et, prenant sur ses propres biens, fait largesse de ce qu'elle a de plus beau et de plus agréable. Maintenant le ciel est plus radieux, maintenant le soleil est plus haut, plus doré; maintenant le cercle de la lune est plus lumineux, le choeur des astres plus pur; maintenant les flots concluent une trêve avec les ravages, les nuages avec le soleil, les vents avec l'air, la terre avec les plantes, les plantes avec les regards. Tout chante un hymne à Dieu et le célèbre par des voix sans voix; pour toutes choses, en effet, Dieu est remercié par moi, et de la sorte l'hymne des créatures devient mien, dès lors que je leur emprunte le motif de ma louange. Et pour le dire plus brièvement encore, c'est maintenant le printemps du monde, le printemps de l'Esprit; le printemps pour les âmes, le printemps pour les corps; le printemps visible, le printemps invisible.
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20 avril
Explication de l'icône de la résurrection vénérée au monastère
Le Christ est ressuscité des morts,
Par sa mort il a vaincu la mort
A ceux qui sont dans les tombeaux
Il a donné la vie!
Trois fois de suite, au rite oriental, le prêtre chante cette acclamation, puis il la répète entre chacun des quatre versets.
A la septième fois, les portes de l'église s1ouvrent, et le cortège lumineux pénètre dans l'église étincelante, symbolisant la victoire du Christ sur la mort, et l'entrée des justes dans le Paradis retrouvé.
«C'est maintenant le Jour insigne et saint, unique dans les semaines, le roi et le seigneur des jours, la FETE des fêtes!... la Solennité des solennités, dans lequel nous bénissons le Christ dans tous les siècles» (Matines de Pâques, Ode 8).
«O Pâque grande et très sainte! O Christ, Sagesse et Verbe et Puissance de Dieu! Donne-nous de communier à toi avec plus de vérité au jour sans soir de ton Royaume» (Ode 9).
Le Christ éblouissant, arrache d'un geste puissant Adam et Eve gisant dans la tombe:
«Du tombeau, comme d!un sommeil, ô Seigneur, tu es sorti le troisième jour; ta force divine terrassa les gardiens de l'Enfer et tu éveillas nos premiers parents, car tu es le Dieu de nos pères, à Toi seul bénédiction et haute gloire!» (3e Dimanche de Carême, 7).
«L'Hadès demande à ses serviteurs: Quelle peine traverse mon esprit? Je suis contraint de rejeter Adam et ses fils, ceux que j'avais reçus de l'arbre défendu, car un Nouvel Arbre les conduit pour entrer à nouveau dans le Paradis!» (Ikos, 3e Dimanche de Carême).
Le Christ est entouré d'une grande auréole ovale (mandorle), symbolisant le ciel et son rayonnement:
«Celui qui est dans la lumière éternelle, pourquoi le cherchez-vous chez les morts comme homme? Voyez les suaires, courez, annoncez au monde que le Seigneur est ressuscité après avoir donné la mort à la mort car II est le Fils du Dieu qui sauve le genre humain» (Hypacoï, Pâques, Ode 3).
Remarquer sur l'icône, le regard plein de tendresse que le Christ miséricordieux pose sur Adam. Et celui-ci, éperdu de confiance et de reconnaissance, se laisse empoigner par le Nouvel Adam qui le vivifie:
«Jésus s'étant levé du tombeau comme il l'avait prédit, nous a donné la Vie éternelle et sa grande pitié» (1ère Ode).
«Tu t'es endormi dans ta chair comme un mortel, ô Roi et Seigneur et tu t'es relevé le troisième jour; tu as ressuscité Adam; tu as réduit la mort à néant, ô Pâque de l'incorruptibilité! Salut du monde!» (Exapostilaire, Matines de Pâques).
Sous les pieds du Christ, l'icône montre une caverne symbolisant l'enfer. On y voit un vieil homme enchaîné, image de la Mort:
«En ce jour, l'Enfer se lamente et s'écrie: "Mon pouvoir est détruit. J'avais accepté cet Homme après sa mort, comme l'un des mortels et je ne puis en aucune façon le retenir, mais avec lui, je vais être dépouillé de beaucoup d'âmes dont j'étais le roi. Moi qui depuis toujours possédais les morts, voici que Lui, les ressuscite tous!"» (Pâques, 1ères Vêpres).
«En ce jour, l'Enfer se lamente et s'écrie: "Mon pouvoir est englouti, le Pasteur a été mis en Croix, et Adam s'est relevé! Je suis dépouillé de ceux sur qui je régnais et, tous ceux que j'ai dévorés dans ma puissance, je les renvoie tous! Le Crucifié a vidé tous les tombeaux, la puissance de la mort n'a plus de force. Gloire, Seigneur, à ta Croix et à ta Résurrection"» (1ères Vêpres).
La Mort est vaincue par le Christ qui fait voltiger les portes des Enfers, les chaînes, les verrous, les clés...
«Tu es descendu au plus profond de la terre et tu as brisé les verrous éternels retenant les captifs, et le troisième jour, ô Christ, tu t'es levé du tombeau» (Ode 6).
«Dans le tombeau tu descendis, Source de Vie et notre Dieu et tu as fait éclater les serrures et les verrous pour ressusciter les morts qui chantaient joyeusement: Gloire à ta Résurrection, ô Christ notre Sauveur tout-puissant!» (Ode 9, 5ème Dimanche de Carême).
A gauche, sur l'icône, derrière Adam, on reconnaît Jean-Baptiste le Précurseur qui vient de mourir à cause d'Hérodiade; auprès de lui, David et Salomon s'entretiennent des prophéties: «Voici le Jour que fit le Seigneur, Jour d'allégresse et de joie! (Ps 117,24); Nous les vivants, bénissons Dieu! (Ps 113,18); II a fait des merveilles! (Ps 97)».
A droite, sur l'icône, derrière Eve, nous voyons Abel, le premier homme qui connut la mort, puis les prophètes et les justes: ils attendent le Libérateur et chantent:
«Brisant la mort, ô Christ, tu t'es levé comme un Roi tout-puissant, nous rappelant des antres de l'Enfer pour nous conduire en terre d'immortalité vers le bonheur du Royaume des cieux» (Ode 6 du 3ème dimanche de Carême).
On voit sur l'icône, les rochers qui s'inclinent, épousant la forme de la mandorle, car la Création tout entière s'unit à la joie de la Résurrection:
«Que les cieux se ré jouissent! c'est juste! Que la terre soit dans l'allégresse! Que le monde soit en fête, le monde entier, le vsible et l'invisible, car il est ressuscité le Christ, l'éternelle Joie!» (Pâques, 1ère Ode).
«Maintenant, tout est rempli de lumière, ciel, terre et enfers. Que toute créature fête donc la Résurrection du Christ en qui est notre force!» (3ème Ode).
«Où est ton aiguillon, ô mort? Où est ta victoire, ô enfer?
Le Christ est ressuscité et tu as été précipité.
Le Christ est ressuscité et les démons sont tombés.
Le Christ est ressuscité et les anges sont dans la joie.
Le Christ est ressuscité et la Vie gouverne.
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